Dérivés de la Notice du 27 Décembre 1929 relative à l’organisation d'abris pour les réserves locales (DM 2817 2/4-S), tout en les simplifiant pour des raisons de coût, les abris caverne de la frontière Sud-Est font l'objet d'une notice spécifique, approuvée le 21 Octobre 1931 (DM 3590 2/4-S). Ils sont destinés à abriter une à deux sections et des personnels additionnels tout en bénéficiant de la protection favorable du terrain de montagne.
Ces abris de première ligne peuvent être complétés par un bloc pour arme automatique ou d'observation, là encore dans une logique de réduction des coûts. On parle alors d'abri actif. La limite entre ces abris actifs et la notion de petit ouvrage d'infanterie est donc relativement floue.
L’effectif pouvant être abrité est variable, selon la configuration, de 50 à 100 hommes.
Ces abris caverne CORF sont usuellement composés de plusieurs chambres pour 24 hommes (2 dans le cas typique d'un abri pour une sections), d'une ou plusieurs chambres d'officiers et de locaux communs et techniques permettant leur habitabilité, le tout accessible par deux coffres en surface desservant chacun un couloir de plain-pied légèrement ascendant - protection contre les gaz plus lourd que l'air et évacuation gravitaire des l'eau usées - ou un escalier descendant ou dans de rares cas un puits peu profond.
Protection : la règle est de les construire dans un degré de protection baissé d'une unité comparé aux ouvrages environnants. Ceci résulte en principe en une protection 2 pour les blocs d'entrée, mais parfois limitée à la protection 1 pour raison d'économie quand l'abri est en secteur moins vulnérable. Les locaux sont à une profondeur minimale variable - basée sur la protection 3 par sécurité - dépendant de la nature du terrain :
9 métres dans le roc dur
10 mètres sous calcaire tendre
12 à 15 mètres sous terrain de consistance moyenne
18 à 20 mètres sous terrain argileux
Ces épaisseurs peuvent être baissées de 20% (Protection 2) si possible.
A l'inverse du Nord-Est, où les abris CORF ne seront plus construits après 1933, le Sud-Est verra une poursuite de l'effort de protection des troupes d'intervalle jusqu'à la guerre via ce type de construction, ou alternativement au travers d'abris MOM en tôle métro (voir autre fiche). Cependant, les difficultés de chantier en haute altitude ou liées à la météorologie entraineront l'inachèvement d'un bon nombre de ces constructions.
Les coffres d'accès possèdent chacun une porte blindée de 1,95 x 1,00 m en deux parties pour permettre l'ouverture malgré la neige, des portes-sas étanches, et un (ou plus rarement plusieurs) créneau(x) FM de défense périphérique. Les entrées sont généralement non protégées par un fossé diamant, ni par cloche GFM. En haute montagne, un puits métallique triangulaire est fixé au gros oeuvre de la visière au dessus de l'une des entrées pour assurer un passage vers la porte en cas de hauteur de neige excessive.
La chicane d'entrée et le couloir d'accès à l'abri sont dimensionnés pour le passage d'un brancard. Les couloirs d'accès font 1,20m de large dans le cas des abris pour une section. Dans le cas des abris pour deux sections, l'un des accès est d' 1,50m de large pour autoriser une sortie plus rapide.
La protection contre les gaz se limite à la bonne étanchéité de l'ouvrage. En cas d'attaque de ce type, il était considéré que les conditions aérauliques montagnardes entraineraient un nettoyage rapide du nuage toxique. L'abri dument fermé étant supposé pouvoir tenir en autarcie - ventilation arrêtée - pendant plusieurs heures, il n'est pas prévu de système de filtration sur la ventilation. Notons que cette même approche avait été proposée initialement pour les abris du Nord-Est, mais rapidement abandonnée car déraisonnable. Cela a entrainé la généralisation des systèmes de filtration dans ces abris N-E.
Les locaux souterrains sont constitués de deux couloirs et une pièce principale perpendiculaire de 4 mètres de largeur, dans laquelle les chambres déjà évoquées sont organisées en long et parallèlement aux courbes de niveau. On trouve par ailleurs :
un local téléphonique,
une ventilation et un chauffage au charbon permettant de lutter contre l'humidité. L'extraction des gaz viciés (cuisine, lampes à pétrole, air de l'abri) intérieurs est assurée par un ventilateur à bras. Les abris pour deux section ou ayant des blocs actifs sont équipés d'une ventilation par compression avec chauffage de l'air, nécessitant une ventilation mécanisée et non plus manuelle. Dans tous les cas, l'évacuation des gaz ou air vicié se fait par un bloc cheminée bétonné séparé, placé au dessus de l'abri et pouvant permettre un tirage naturel partiel en cas d'arrêt de ventilation.
une usine électrique - usuellement avec deux groupes - uniquement dans les abris à ventilation par compression ou logeant plus d'une section. Dans ce cas, l'éclairage est lui-même électrique. L'air chaud du radiateur des moteurs contribue au chauffage de l'abri en hiver et est rejeté en été à l'extérieur via une canalisation spécifique. Les abris à ventilation simple à bras ne sont pas équipés d'usine électrique et l'éclairage utilise des lampes à pétrole ventilées.
un puits ou une source captée et des réserves d'eau pour deux jours dimensionnées à 10 l/homme/jour. En cas d'approvisionnement par captage externe, une réserve de secours pour dix jours est ajoutée.
une cuisine avec réserves de charbon et de vivres (4 jours de service et 10 jours de réserve),
un bloc WC et des lavabos,
une petite réserve à munitions/grenades et enfin une salle de pansements.
La cuisine et les latrines sont situées à côté des entrées pour minimiser les longueurs de canalisation. La pente du couloir permet une évacuation gravitaire aisée. Quand l'abri est à un niveau inférieur à ses entrées, il est équipé d'un égout.
Le couloir face aux chambres est équipé de bancs rabattables.
En cas de présence d'un bloc actif, l'accès en est assuré par un couloir ascendant, un escalier droit ou en colimaçon, ou un puits vertical à échelle, ou par une combinaison des ces différents moyens selon le dénivelé à rattraper.
La typologie des abris caverne CORF Sud-Est connait plusieurs variantes :
Les abris sont prévus pour une ou deux sections, donc avec un ou deux groupes de chambres pour 24 hommes.
Comme prévu dans la notice technique, les abris Sud-Est sont souvent associés à un bloc actif pour jumelage ou à un observatoire. Dans ces "abris actifs", considérés par certains comme des petits ouvrages, la présence d'une usine et d'une ventilation plus sophistiquée sont requis.
Présence d'un PC ou non dans les locaux souterrains.
Disposition effective des locaux souterrains.
Type et nombre de coffres d'accès : certains abris n'ont qu'une entrée défendue, l'autre étant réduite à une simple porte sur façade bétonnée. Ce cas de figure se trouve souvent dans les ouvrages inachevés. D'autres à l'inverse ont au moins une entrée équipée de cloche GFM petit modèle. Notons enfin le cas particulier de l'abri de la CROUPE du RESERVOIR qui n'a qu'une seule entrée.
Degré de protection de ces coffres d'accès.