Ligne Maginot - 155° Régiment d'Artillerie de Position (RAP)



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155° Régiment d'Artillerie de Position (RAP)

(155 RAP)






Le 155° Régiment d’Artillerie de Position (RAP) est le régiment d'artillerie de la Région Fortifiée de la Lauter (RFL) en temps de paix puis, à partir de septembre 1939, du Secteur Fortifié du Bas-Rhin (SFBR), devenue 103° Division d’Infanterie de Forteresse (103° DIF).

Insigne du 155° RAP

Insigne du 155° RAP



Au cours de ses nombreuses années de présence en Alsace, le régiment connaitra plusieurs réorganisations et changements d’affectation. Il participera aux combats de juin 1940 et accompagnera la 103° DIF dans sa retraite, partageant son destin.


Les origines du régiment

1919

Le 155° Régiment d’Artillerie à Pied (RAP) est recréé le 1er août 1919 à Strasbourg. Constitué de batteries issues de divers régiments dissous, il hérite du drapeau et des traditions du 5° Régiment d’Artillerie à Pied, dissous au même moment.
Placé sous le commandement du Col WASSER à sa création, le 155° Régiment d’Artillerie à Pied (RAP) est organisé en quatre groupes, composés chacun de trois batteries, numérotées de 1 à 12.

Les batteries n° 1 à 6 constituant le 1° et le 2° groupe sont issues du 160° Régiment d'Artillerie à Pied. Elles sont stationnées à Strasbourg dans les quartiers ESNON et ROUSSEAU. L’armement du 1° groupe se compose de canons de 120 et de 155 à traction hippomobile, tandis que celui du 2° groupe comprend des canons de 145/155 à traction automobile.

Le 3° groupe, comprenant les batteries n°7, 8 et 9, est issu du 175° Régiment d’Artillerie de tranchée. Il est équipé de canons de tranchée de 250.

  • La 7° batterie est chargée de la gestion du dépôt de munitions et de la récupération de matériel à Sundhoffen (Haut-Rhin).

  • La 8° batterie est mise à disposition du commandant de la place de MULHOUSE (Haut-Rhin).

  • La 9° batterie tient garnison à Noidans-les-Vesoul (Haute-Saône) et est affectée au dépôt de munitions de Vaivres, près de Vesoul.


Le 4° groupe, formé des batteries n°10, 11 et 12, est également issu du 160° Régiment d'Artillerie à Pied. Ce groupe est composé de travailleurs du génie et d’artificiers spécialisés dans la récupération de matériel de guerre.
  • La 10° batterie est positionnée à Laon et Barenton-sur-Aisne (Aisne).

  • La 11° batterie est détachée à Mutzig pour des opérations de récupération de matériel de guerre dans les Vosges

  • La 12° batterie est stationnée au camp de Valdahon.


  • Enfin, le Parc Hors Rang (PHR) est constitué à partir du dépôt du 5° Régiment d’Artillerie à Pied de Verdun et est basé en garnison à Strasbourg.

1919 -1920:

Les batteries n°7, 8 et 9 quittent leurs affectations respectives pour rejoindre le régiment à Strasbourg, où elles s’installent à la caserne Vauban. Pendant ce temps, le personnel des 1°, 2° et 3° groupes suit une formation sur les canons allemands de 105 mm sous tourelles, dans les anciens ouvrages fortifiés allemands situés aux environs de Strasbourg.


De 1920 à 1923:

En mars 1920, la 9° batterie, sous le commandement du Lt DUBRULLE, est détachée au Fort de Mutzig , où elle est chargée de la garde et de l’entretien de la place. La 10° batterie, quant à elle, est dissoute en mai pour être transformée en une compagnie d’ouvriers d’artillerie rattachée au 13° Régiment d’Artillerie. Pendant cette période, des écoles de feu pour les canons de 120 et 155 sont organisées au camp d’Oberhoffen (Bas-Rhin).

En juin 1920, le drapeau du régiment est transmis au Parc d’Artillerie de Vincennes. Cette opération permet d’y faire broder le numéro 155 ainsi que d’inscrire les batailles auxquelles le 5° RAP a pris part durant la guerre de 1914-1918.

Au cours de l’année 1921, le régiment subit plusieurs réorganisations. À la fin de l’année, il se compose comme suit:

  • État-major (EM) et (PHR) :
    Casernement à Strasbourg, Quartier Grand d’Esnon.


  • 1° Groupe :
    Composé des 1° et 2° batteries.
    Casernement à Strasbourg, Quartier Grand d’Esnon et Rousseau.


  • 2° Groupe :
    Composé des 4° et 5° batteries.
    Casernement à Strasbourg, Quartier Rousseau.


  • 3° Groupe :
    Composé des 7°, 8° et 9° batteries.
    Casernement à Strasbourg, Quartier Vauban.


  • L’année 1922 se déroule sans modifications dans la composition du régiment.

    Le 1 avril 1923, le régiment adopte officiellement la nouvelle dénomination suivante : « 155° R.A.P., à moyens hippomobiles réduits ». Les canons de 145/155 ainsi que le matériel automobile du 2° groupe sont transférés au parc d’artillerie annexe de Strasbourg. En échange, le 155° RAP reçoit des canons de 120 et 155 à traction hippomobile.
    La 9° batterie est par ailleurs dissoute et réorganisée en 21° batterie de DCA du 155° RAP, placée sous le commandement du Cne MAGNIEN.Cette nouvelle unité est stationnée à Strasbourg.

De 1924 à 1928:

En 1924, le Lcl BOY prend le commandement du régiment, succédant au Col WASSER parti à la retraite. Cette année-là, les écoles de feu se déroulent au camp de Tahure (Marne).

Le 21 janvier 1925, la 21° batterie de DCA du 12° RAP, basée à Haguenau, est rattachée au 155° RAP/ Elle forme la 22° batterie de DCA et devient avec la 21° batterie de DCA, un groupe DCA intégré au régiment.
Le 2 mars 1925, le Lcl KARCHER prend le commandement par intérim du régiment.

En septembre 1927, le Lcl BOY est promu colonel et affecté au 196° Régiment d’Artillerie à Bordeaux. Cependant, il reprend la direction du 155° RAP le 25 septembre 1928, avec le Lcl GIRARD pour second à partir du 25 décembre de la même année.

En octobre 1928, le drapeau du régiment est remplacé par un étendard.


De 1929 à 1931

Le 1 juin 1929, les unités de garnison stationnées à Strasbourg quittent leurs casernements pour s’installer ensemble au quartier Lizé Sud, situé à Starsbourg-Neudorf.

Le 21 juin 1930, le Lcl GROLLEMUND prend le commandement par intérim du régiment, à la suite de la nomination du Col BOY au poste de commandant de l’artillerie de la place de Strasbourg. En septembre de la même année, le Lcl GROLLEMUND est promu colonel.

En 1931, le ministre de la Guerre désigne la 1° batterie comme unité de tradition de l’ancien 6° Régiment d’Artillerie à Pied. À cette occasion, elle reçoit l’emblème de ce régiment, renforçant ainsi le lien avec son héritage historique.


De 1932 à 1934 :

Le 15 avril 1933, le 155° Régiment d’Artillerie à Pied est réorganisé. Sous le commandement du colonel GROLLEMUND et du lieutenant-colonel PRESTAT, il se compose comme suit:

  • État-major (EM) et PHR :
    Stationnés au quartier Dahlmann, à Haguenau.


  • 1° Groupe :
    Composé des 1°, 2° et 3° batteries
    Stationné au quartier Lizé Sud, à Strasbourg.


  • 2° Groupe :
    Composé des 4°, 5° et 6° batteries
    Stationné au quartier Dahlmann, à Haguenau.


  • 3° Groupe :
    Composé des 7°, 8° et 9° batteries
    Stationné au quartier Dahlmann, à Haguenau.


  • 4° Groupe :
    Composé des 10°, 11° et 12° batteries
    Stationné à BELFORT, réparti entre le fort de la Justice et le quartier Béchaud.


  • 5° Groupe :*
    Composé des 14° et 15° batteries, armées de canons de 75 automoteurs.
    Stationné au quartier Gérôme, à Sarrebourg.


  • 6° Groupe :*
    Composé des 16° et 17° batteries, armées de canons de 75 automoteurs.
    Stationné au quartier Gérôme, à Sarrebourg.


  • 7° Groupe :*
    Composé des 18° et 20° batteries, armées de canons de 155 C porté.
    Stationné au quartier Dessirier, à Sarrebourg.


  • * Les 5°, 6° et 7° groupes sont rattachés au Groupement Automobile de la Région Fortifiée de la Lauter dont l'état-major est stationné au quartier Gérôme, à Sarrebourg.

De 1935 à la mobilisation.

Dès 1934, les différentes inspections réalisées auprès du 155° RAP révèlent des insuffisances de moyens et un manque d’efficience dans son organisation.

À partir du 15 mars 1936, le 155° RAP subit une nouvelle réorganisation visant à regrouper l'artillerie d'ouvrage dans des groupes spécifiques. Il est alors composé de 7 batteries de position comptant 125 hommes chacunes et de 4 batteries d'ouvrage en comptant 175.
Son effectif théorique est de 75 officiers, 265 sous-officiers et 1375 hommes du rang.

  • Le 1° Groupe stationné à Strasbourg regroupe l'artillerie de position du SF Bas-Rhin.
    Il est composé de 3 batteries (1°, 2° et 3° batteries)

  • Le 2° Groupe, stationné dans le camp de sureté de Drachenbronn , regroupe l'artillerie des ouvrages du SF Haguenau (Ouvrage du Hochwald Hochwald , du Four à Chaux , de Schoenenbourg et l' observatoire de Hatten ).
    Il est composé de deux batteries (4° et 5° batteries)

  • Le 3° Groupe stationné à Bitche regroupe l'artillerie des ouvrages du SF Vosges (Ouvrages du Schiesseck , de l' Otterbiel et du groupement Hohékirkel .
    Il est composé de deux batteries, l'une d'entre elle devant être transférée ultérieurement dans le camp de sureté du Légeret.

  • Le 4° Groupe stationné à Haguenau regroupe l'artillerie de position du SF Haguenau.
    Il compte quatre batteries (10°, 11°, 12° et 13° batteries)


Le commandement du régiment est également confié au Col BALOUDART en 1935. À la date du 10 février 1936, l’effectif du régiment est de 75 officiers, 1 640 sous-officiers et hommes de troupe, ainsi que 86 chevaux.

En décembre 1937, une nouvelle réorganisation est prévue qui porte le nombre de groupes à six, chacun composé de deux batteries. Cette organisation se met en place à partir du 1 janvier 1938 :

  • Les 1° et 6° groupes forment le Groupement d’Artillerie du Bas-Rhin (GABR).

  • Le 2° groupe forme le Groupement d’Artillerie de Forteresse de la Lauter (GAFL).

  • Le 3° groupe forme le Groupement d’Artillerie de Forteresse des Vosges (GAFV).

  • Les 4° et 5° groupes composent l’Artillerie de la Région Fortifiée des Vosges (ARFL).


155° Régiment d'Artillerie de Position (RAP)- GABR

Insigne du GABR
1° et 6° groupes du 155° RAP

Insigne du 155° RAP - GAFL

Insigne du GAFL
2° groupe du 155° RAP

Insigne du GAFV

Insigne du GAFV
3° groupe du 155° RAP

155° Régiment d'Artillerie de Position (RAP)  - ARFL

Insigne de l'ARFL
4° et 5° groupes du 155° RAP



L’encadrement du régiment le 3 août 1939 est le suivant :

  • Etat Major
    PC à Haguenau
    - Chef de corps : Col PRESTAT
    - Adjoint du Colonel : Cne SABATIER
    - Trésorier : Cne PATAT
    - Chargé du matériel : Lt GOURNAY
    - Instruction : Cne DUMAS
    - Direction du parc : Cne JOLY
    - Transmission : Cne RIQUET
    - Réglage et Observation : Slt GROSS
    - Médecin : Cdt VILLAIN


  • 1° Groupe *
    stationné à Strasbourg
    Cne RICHEZ
    - 1° batterie : Lt DUQESNE
    - 2° batterie : Lt FORESTIER


  • 2° Groupe
    stationné à Drachenbronn :
    - Cne RODOLPHE
    - 4° batterie : Cne FAURE
    - 5° batterie : Cne CORTASSE


  • 3° Groupe
    stationné à Bitche
    - Commandement : Cne BOURVON


  • 4° Groupe
    stationné à Haguenau :
    - Commandant : Cne LECOMTE
    - 10° batterie : Cne AUBERT
    - 11° batterie : Cne de ROCHAS D’AIGLUN


  • 5° Groupe
    stationné à Haguenau :
    - Commandant : Cne CORNE
    - 12° batterie : Cne SARRE
    - 13° batterie : Cne BARTHE


  • 6° Groupe *
    stationné à Strasbourg
    Cne MAITRE
    - 16° batterie : Cne MALTRET
    - 17° batterie : Cne CARTHIEUX


* Les 1° et 6° groupes sont rattachés au détachement de Strasbourg placé sous le commandement du Lcl DUBAL

155° RAP - Section SOM

Section de réglage par coups fusants
Haguenau 1938




La mobilisation


Le 28 août 1939, le 155° RAP de paix se détriple et donne naissance aux 155°, 156° et 168° RAP du temps de guerre.
Le 155° RAP du temps de guerre est mis sur pied à Strasbourg par le CMA 60. Il est affecté au Secteur Fortifié du Bas-Rhin (SFBR) et occupe les positions de ce secteur ainsi que la forteresse de Mutzig. Le LtCol AGABRIEL en prend le commandement.

Le régiment est alors doté de 67 pièces d'artillerie, ce chiffre ne tenant pas compte de l'armement spécifique des ouvrages servis par les batteries du régiment ni de deux batteries de 120 C en réserve.

Le déploiement du régiment en temps de guerre rencontre certaines difficultés liées aux conditions difficiles de leurs installations, mais aussi à l'incorporation au sein du 155° RAP de mobilisés ayant une "mentalité trop civile". En effet, une unité du groupe de la S.T.H. comprend 70 % d'Alsaciens vivant dans un rayon de 20 à 25 km de leur stationnement.
De plus, les différentes visites d'inspection révèlent des insuffisances dans les dotations des troupes (couvertures, habillement) ainsi qu'en matériel (état médiocre du parc automobile alloué).



Historique du régiment

Les premiers mois de guerre sont principalement consacrés à l'instruction des troupes, notamment du personnel affecté à la défense du fort de Mutzig.
L'action de l'encadrement permet, au bout des quatre premiers mois de campagne, d'améliorer les conditions de vie de la troupe et, comme le souligne une note du Cne RENAUX de décembre 1939, de disposer d'une troupe dans un bon état d'esprit.


Mars 1940

En mars 1940, la dissolution du Secteur Fortifié du Bas-Rhin et la création de la 103° Division d’Infanterie de Forteresse (103° DIF), à laquelle le 155° RAP sera affecté, entraînent une nouvelle réorganisation du régiment qui compte désormais 9 batteries. Le 4°Groupe est dissous et affecté à la réserve générale.

  • Etat Major
    - Chef de Corps : Lcl AGABRIEL – PC Fort Pétain
    - Adjoint : Cne BABEL


  • 1° Groupe
    Sous-secteur d'Herrlisheim - PC Fort Pétain
    CE MICHEL
    - 1° batterie - 6 pièces de 155L modèle 1877 – Cne LAFITTE
    - 2° batterie - 6 pièces de 155L modèle 1877 – Cne SCHAEFFER
    - 1 SHT – Cne MOUTON


  • 2° Groupe
    Sous-secteur de Strasbourg ou Centre
    PC au Neudorf
    Cne Hubert MAITRE
    - 4° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897 – Lt NEFF
    - 5° batterie - 8 pièces de 155 L mle 1916 – Cne SOUSSELIER
    - 6° batterie - 9 pièces de 150T – Lt HALIEUX
    - 7° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897 – Cne CARTHIEUX
    - Batterie de 10 cm KiSL allemande de l' ouvrage Ney-Rapp (2 pièces)


  • 3° Groupe
    Sous-secteur d'Erstein ou Sud
    PC à Erstein
    Cne RENAUX
    - 8° batterie - 8 pièces de 145/155 L mle 1916 ( fort Joffre et ouvrage Joffre/Lefebvre ) – Cne GUTHAPFEL
    - 9° batterie - 9 pièces de 150T – Lt MAGET
    - Batterie de 10 cm KiSL allemande annexe au fort Uhrich (3 pièces)


  • 111° Batterie (Instruction)
    La batterie reste au fort de Mutzig


  • Eléments d'action d'ensemble
    Initialement dépendant directement de l’AD du SFBR, ces éléments sont ensuite rattachés au I/155° RAP
    - Batterie cuirassée des Cerisiers (4 pièces de 10 cm TK allemandes sous tourelles)
    - Batterie de 10 cm KiSL du polygone de Kronenbourg (2 pièces)
    - Deux sections de 75 en casemates allemandes au fort Ducrot


  • Autres unités rattachées :
    - Parc d'Artillerie 710 (PAD 710) : Cne Pierre de JOLY
    - 148° Cie d'Ouvriers d'Artillerie (PAD 148)
    - Section de Transport Auto Régimentaire (STAR) stationnée à Holtzheim


Comme pour l’ensemble des troupes du front nord-est, la période allant de septembre 1939 à mai 1940 est marquée par une grande tranquillité sur le plan militaire. En dehors des actions des corps-francs, l'activité du régiment se résume principalement à l'instruction des la troupe et aux travaux défensifs.


Du 10 mai au 15 juin 1940

À partir du 10 mai et de l’invasion allemande, le front s'anime.

Le 14 mai , les ponts routiers et ferroviaires de KehlL sont détruits respectivement à 18h33 et 18h36.

Dans la nuit du 15 au 16 mai, deux batteries de 75 du III/155° RAP ont l’honneur d'ouvrir le feu pour la première fois sur les positions ennemies sur la rive droite, en exécution de tirs de contre-préparation. L’activité de bombardement se généralise rapidement sur l’ensemble du front. Les batteries mobiles participent également chaque jour à des tirs d’harcèlement, en ouvrant le feu sur les mouvements observés côté allemand. Les consommations journalières varient entre 50 et 100 coups par secteur.
Malheureusement, la situation au niveau national se dégrade rapidement.

Le 15 mai, les Allemands percent à Sedan et Dinant, et dans les jours qui suivent, ils entament leur marche vers la mer, visant à encercler les troupes alliées du nord.
Malgré la détermination de certaines unités françaises, les contre-attaques ne parviennent pas à stopper l’avance allemande.
Après les combats de la poche de Dunkerque, la ligne de la Somme est franchie et, fin mai, les troupes allemandes concentrent leurs efforts vers l’Est, menaçant de prendre la Ligne Maginot à revers.

La réorganisation des armées françaises et la création de nouveaux groupes d'armées conduisent, entre le 1er et le 12 juin, à un repli des troupes de couverture de la Ligne Maginot.

Le 10 juin, la 3° batterie, attachée à la forteresse de Mutzig, est mise à disposition du 3° groupe avec des 75T pour occuper le secteur d’Erstein.

Entre le 1er et le 12 juin, les unités non organiquement rattachées à la 103° DIF sont évacuées du front.
Le 155° RAP devient l’unique artillerie restante de la 103° DIF et procède à la réorganisation de ses positions.

Le 12 juin au soir, l’état-major de la 5° Armée informe le commandant de la 103° DIF qu’il devra se replier dès le lendemain soir. À 19h, le Lcl AGABRIEL est convoqué par le Gal VALLEE, qui l'informe que tous les éléments du 155° RAP susceptibles d’être déplacés seront retirés du front. Il est également ordonné d’établir un plan d’embarquement pour les matériels des secteurs de Strasbourg et d’Erstein, prévoyant cinq gares d’embarquement : Hausbergen, Graffenstaden, Lingolsheim, Erstein et Benfeld.

Le 13 juin, en fin de matinée, le Lcl AGABRIEL reçoit l'ordre de préparer le transport de la plus grande quantité possible de munitions. Les pièces du 155° RAP étant dépourvues de caissons de munitions, leur transport avec les pièces s'avère impossible. Il est également décidé que le 1° groupe et l'EM resteront sur le secteur du Rhin, tandis que seuls le 2° et le 3° groupes, ainsi que la section STAR, effectueront leur mouvement de repli.
Sur le secteur de Strasbourg, où le 1° groupe reste stationné, le Cne MICHEL forme deux groupes d'appui :

Sous-secteur Nord (Commandant : Cne SCHAEFFER) :

  • 3 pièces à l’ouest de la cour d’Angleterre (Cne SCHAEFFER)

  • 3 pièces à la briqueterie de Souffelweyersheim (Lt BOYER)

  • 4° batterie, avec 4 pièces de 105 L, servant à la 5° batterie cuirassée des Cerisiers (Lt NEFF)

  • 2 pièces de 10 TK à l’ouvrage Ney-Rapp (5° batterie, Lt STUTZMANN)


Sous-secteur Sud (Commandant : Cne MOUTON) :

  • 3 pièces à la Maison Forestière du Bois de la Ganzau (Lt PAILLARD)

  • 3 pièces à Ostwald (Cne MOUTON)

  • 4 pièces de 10 TK de la 8° batterie au Fort Uhrich (Lt STENGER et Slt ARDANT)


La 1° batterie, sous les ordres du Cne LAFITTE, est positionnée sur le secteur d'Erstein avec ses 12 pièces de 155L Mle. Dépendant du 191° RAL pour ses déplacements, la batterie se retrouve sans moyen de transport après le retrait de ce régiment. Elle n'a pas de liaison avec l'infanterie et manque des dossiers nécessaires pour le secteur.
Trois pièces sont formées en section nomade près de Friesenheim. Deux autres pièces sont positionnées à Osthouse, à proximité de la route reliant Osthouse à Gerstheim. Une pièce s'étant couchée durant la nuit du 12 au 13 juin, la batterie se trouve dans l'incapacité de la relever, faute d'équipement approprié. Les six dernières pièces de la batterie sont positionnées sur le chemin menant au barrage d'Heussern.

Le constat établi par le Cne MICHEL au soir du 13 juin est que la dissémination de ses batteries, le manque de moyens de locomotion et la précarité des liaisons entraîneront de nombreuses difficultés.

Les groupes du 155° RAP en cours de repli rencontrent également des problèmes majeurs. La congestion du réseau ferré, due aux mouvements des troupes du front nord-est, crée une pénurie de rames. En conséquence, le 155° RAP ne pourra bénéficier que de trois trains. Le 2° groupe devra embarquer son matériel à Lingolsheim, tandis que le 3° groupe partira de Benfeld, réduisant au minimum le personnel, les chevaux et les moyens de traction.

Le mouvement débute dans la soirée du 13 juin, et le 3° groupe termine l'embarquement de son matériel à Benfeld dès le matin du 14 juin. Cependant, le déplacement des huit pièces de 145 du 2° groupe prend plus de temps.
Les rames de Benfeld et Lingolsheim formeront un unique train à 20h30 le 14 juin, transportant le matériel des deux groupes, comprenant :

  • 8 pièces de 145

  • 20 pièces de 75

  • 5 pièces de 150 T

  • 30 attelages

  • 2 tracteurs


En fin de journée, les canonniers quittent les secteurs. Le 2° groupe doit embarquer à Duttlenheim et le 3° groupe à Niedernai-Obernai. Les véhicules des deux groupes transportent un maximum de personnes, mais la priorité est donnée aux reconnaissances de groupes et de batteries. Le 3° groupe parvient à réquisitionner 7 camions et 2 voitures, qui formeront une colonne de ravitaillement en munitions.

Malgré un bombardement qui gêne les opérations et entraîne des blessés, le train du personnel du 2° groupe démarre à 16h30 sous le commandement du Cne BRIFFAUT. Le 3° groupe, en revanche, n'a aucune rame en attente à la gare d’Obernai et attend des ordres sur place.

Le 1°groupe resté sur le secteur du Rhin, affine ses positions malgré les difficultés relevées la veille, en repositionnant ses pièces. Les différentes batteries bombardent les marigots, les ouvrages de berges allemands ainsi que les nids de mitrailleuses.

L'opération Kleiner Bär débute.

Durant la matinée du 15 juin, le Lcl AGABRIEL reçoit l’ordre de remettre le commandement de l’artillerie stationnée sur le secteur du régiment au Cne MICHEL du 1° groupe et de rejoindre Mutzig avec l’EM et le STAR. Le Cne MICHEL quitte le fort Pétain pour s’installer au fort Ducrot. À 14h30, le Lcl AGABRIEL apprend que les troupes allemandes, sous le commandement du Gal DOLLMANN, ont franchi le Rhin entre Rhinau et Vieux-Brisach.

L’infanterie demande des tirs sur la rive droite de Rhinau et à Gerstheim afin de contrer l’avancée de la 557e ID. Les batteries d’Osthouse et d’Heussern participent à l'exécution des tirs. À partir de 14h, les batteries allemandes commencent à contre-attaquer. Les batteries du 1° groupe du 155° RAP soutiennent toute la journée l’infanterie et les casemates de berges. En fin de journée, les villages de Rhinau et de Boofzheim sont occupés par les Allemands. La liaison avec la casemate de Rhinau cesse vers 20h, mais les tirs se poursuivent toute la nuit sur l’ensemble du secteur du 1° groupe.
Dès 15h, le personnel du 3° groupe sous le commandement du Cne RENAUX reçoit l’ordre de se redéployer au fort de Mutzig pour servir les pièces allemandes de la forteresse. Leur mission : défendre l’accès à la vallée de la Bruche. En attendant les ordres, l’EM et le STAR restent à Gresswiller, tandis que le personnel du 2° groupe fait mouvement sur la route en direction de Heiligenberg.

À leur arrivée dans l’après-midi à la forteresse de Mutzig, le 3° groupe se retrouve face à des conditions catastrophiques :

  • Toutes les culasses ont été noyées dans les puits de la forteresse.

  • Le matériel électrique, assurant l’éclairage, la ventilation et l’alimentation en eau, a été détruit.

  • Le réseau téléphonique est endommagé.

  • Tous les plans de feu et la documentation de défense de la place ont été brûlés.


Le Cne RENAUX reçoit l’ordre d’interdire l’entrée de la vallée de la Bruche et se voit placé sous ses ordres :

  • Les éléments du 3° groupe du 155° RAP.

  • La 111° batterie d’instruction.

  • Le détachement du génie.


Les travaux de remise en état des pièces et des équipements de la place sont confiés au Lt BONNEAY de la batterie d’instruction.

À 20h10, un ordre est donné à l’ensemble de la 103° DIF de surseoir au mouvement de repli. La nouvelle mission de la division est de résister autant que possible dans la plaine, en arrière-garde du repli vers les Vosges.

Le 16 juin, malgré la dégradation de la situation sur le Rhin, le Lcl AGABRIEL reste sans instructions précises. Il décide de se rendre au PC de la division à Mutzig. Là, le Gal VALEE lui indique de quitter la 103° DIF et de partir à la recherche du train de matériel qui avait quitté le 14 juin en soirée la gare de Lingolsheim. L’objectif est de reconstituer les batteries et de se mettre à disposition du commandement le plus proche. Le train transportant le personnel du 2° groupe est cependant immobilisé à Rothau en raison de l’encombrement des voies. De plus, la position du train de matériel reste inconnue, malgré les démarches entreprises par le Lcl AGABRIEL.

Le Lcl AGABRIEL se rend à l’EM de la V° Armée à Gérardmer, où il apprend que tout le massif vosgien est encerclé par les allemands. Il est également informé que le train de matériel du 155° RAP a dû être redirigé vers Épinal et est désormais considéré comme perdu en raison de l’avance rapide des troupes allemandes.

Le personnel du 2° groupe, ainsi que la colonne auto, commencent leur mouvement vers Gérardmer via le Saut de Cuves. En chemin, ils sont mitraillés et bombardés au Col de Saales. Le régiment compte deux blessés et doit abandonner deux tracteurs d’artillerie. De nouvelles attaques surviennent, et le Cne Maître est blessé près de Provenchères.
Les officiers et les canonniers du 3° groupe commencent à s’instruire sur les pièces allemandes de la forteresse de Mutzig, qu'ils ne connaissent pas. À 17h, une escadrille allemande bombarde la vallée de la Bruche, entre Mutzig et Hersbach. Malheureusement, la forteresse ne dispose d'aucune défense anti-aérienne (DCA).

À 23 heures, l’EM et le STAR se positionnent à Xonrupt, tandis que le 2° groupe est installé à Gerbepal. Le Cne MAITRE est chargé de rassembler tous les éléments du régiment dans la région de Arrantes de Corcieux Vichibure.
Sur le front du 1° groupe, l’approche des troupes allemandes vers Sarrebourg oblige à dégager le champ de tir des casemates de 75 du Fort Ducrot, placé aux ordres du Lt COISSARD. Les informations venant de la 1° batterie, sur le secteur d’Erstein, restent vagues. Les ponts de l'Ill devant être détruits durant la nuit, l’ensemble des pièces positionnées en forêt est ramené à Osthouse. Trois pièces, toujours en état de fonctionner, sont mises en batterie et continuent de tirer sur Rhinau.

Le 17 juin est consacré à la recherche du matériel du 155° RAP. Le Lcl AGABRIEL retrouve le train près de Darnieulles. Le Lt MALLET lui informe que toutes les pièces de 75 ont été déchargées et que les huit pièces du 2° groupe ont été envoyées à Épinal. Les 12 pièces du 3° groupe devront suivre la même direction dès que des moyens de locomotion seront disponibles. Le reste du matériel est dirigé vers Corcieux pour être déchargé par le personnel du 155° RAP.

Le Lcl AGABRIEL tente de retrouver ses pièces durant la journée. Les pièces du 3° groupe se trouvent dans un hangar près d’Uxegney, tandis que les trois autres ont été envoyées à Dogneville. Il apprend également qu’une partie de son matériel a été mise à la disposition du 156° RAP. Le Lcl AGABRIEL doit organiser le rapatriement de son personnel près de ses pièces, désormais positionnées sur la Moselle. Le 2° groupe, se rassemblant à Arrantes de Corcieux, est envoyé sur la Moselle, ainsi que l’EMR et la STAR.

De retour à l’État-Major de la V° Armée, il apprend qu’il doit désormais se mettre aux ordres du Gal DECHAUX, commandant l’artillerie du XII° CA, dont le PC est situé à Rambervilliers.
Les batteries du 1° groupe continuent leur activité en Alsace. Vers 13h, l’annonce de la demande d’armistice par le Maréchal Pétain parvient au Fort Ducrot.
Le Cne MICHEL effectue une visite de ses positions et prend les mesures nécessaires pour organiser le repli, malgré le manque de moyens de locomotion. Les pièces de la Cour d’Angleterre se replient sur Strasbourg. Entre le 15 et le 17 juin, environ 6 000 coups ont été tirés sur le secteur de Strasbourg et 4 000 sur celui d’Erstein.
À la forteresse de Mutzig, les travaux de remise en état progressent rapidement. L’EM de la 103° DIF quitte la place pour établir son PC dans la vallée de la Bruche, à Lutzelhouse.

Le 18 juin, à 1h30 du matin, l’ordre de repli immédiat des troupes restées sur le Rhin est transmis. Les documents des secteurs sont brûlés, et les divers éléments du 1° groupe du 155° RAP commencent à se diriger vers Mutzig. Le repli se fait entre 3h et 5h sans incidents.

Arrivant à Mutzig, le Cne RENAUX demande au Cne MICHEL de remettre à sa disposition le détachement servant la batterie Ulrich. Sur ordre de la 103° DIF, le groupe laisse également 25 gradés et canonniers au dépôt de munitions de Still et prend position à Niederhaslach.

Au soir du 18 juin, le 3° groupe dispose :

  • De deux pièces de 120 de la 6° batterie, positionnées au carrefour des routes allant de la batterie à la caserne n°3.

  • De 6 pièces de 150 T au nord de la porte de Mutzig, de la 4° batterie.

  • De 4 pièces de 75 T au sud, pour battre les abords de Molsheim et la route d’Avolsheim, de la 4° batterie.


Sur le front des Vosges, le Chef d’État-major du XII° CA présente le mouvement offensif qui doit être mené le lendemain et demande aux 156° et 155° RAP de former des unités de marche avec les canons de 75 dont ils disposent.
Le même jour, le train transportant le reste du matériel arrive en gare de Corcieux, où les quatre pièces de 145 sont déchargées. Le 2° groupe, ainsi que les pièces de 145 tractées par les engins de la STAR, sont dirigés vers Fontenay. Le PC du régiment est stationné à Vichibure.

Le 19 juin, aucun ordre n’est envoyé du XII° CA. Les dépôts d’essence d’Épinal sont en flammes, et les Allemands relancent leurs offensives sur le front de la Moselle. Le mouvement offensif prévu le 18 juin est abandonné. Cependant, les reconnaissances menées par le 2° groupe pour retrouver le matériel perdu s’avèrent fructueuses.

Toutes les pièces de 75 du 2° groupe sont retrouvées, et les 12 pièces du 3° groupe ont pu être ramenées à Dogneville. Le 155° RAP prend part à la défense d’Épinal :

  • 8 pièces de 75 du 2° groupe sont mises en batterie sur le plateau de la Vierge, sous les ordres du Lt Villard.

  • 2 pièces de 75 du 2° groupe sont en batterie au nord du village de Dogneville, sous les ordres du Lt Mensburger.

  • 10 autres pièces sont stationnées à la lisière sud-ouest du bois de la Voivire, pour frapper les abords du pont de Golbey.

  • Les 12 pièces du 3°groupe sont positionnées en deux lignes anti-chars : la première ligne entre Dogneville et Golbey, la deuxième entre Villoncourt et Deyvillers.


Au cours de la journée, le Lcl AGABRIEL continue de chercher des instructions auprès du XII° CA. L’avance allemande se poursuit, et les pièces situées sur le plateau de la Vierge sont dépassées par l’ennemi.
N’ayant plus de liaison avec son homologue du 156° RAP et n’ayant reçu aucune nouvelle mission, le Lcl AGABRIEL décide de rendre inutilisables les quatre pièces de 145 et donne l’ordre à tous les éléments du II° groupe de se déplacer vers Mortagne.

Rejoignant son PC à Vichibure, il apprend que les cols des Vosges sont attaqués.
Le 19 juin en Alsace, la situation des armées françaises se dégrade rapidement. Le matin, le Col DUBAIL, commandant l'Artillerie Divisionnaire de la 103° DIF, ordonne au Cne MICHEL du 1° groupe de constituer ses canonniers en éléments d’infanterie. Les unités du secteur d'Erstein se replient également vers les Vosges. Cependant, le Cne MICHEL perd la liaison avec le Cne LAFITTE de la 1° batterie.

Le manque d'armement individuel complique l'équipement des hommes. Deux compagnies sont formées à partir des 2° et 4° batteries, chacune dotée d’une cinquantaine de mousquetons, de 20 revolvers et de deux FM. Le reste du personnel non armé se voit attribuer des pelles et des pioches.

La liaison est rétablie avec le Cne LAFITTE, qui a opéré son repli le 17 juin à partir de 18h. Bien que la position de Heussenr du Lt MERCIER continue de tirer, elle s’organise en compagnie auxiliaire à partir de cette date.
À 13h, les premiers détachements ennemis sont signalés au PC du fort de Mutzig. Les batteries françaises réagissent rapidement et commencent des tirs de réglage. À 14h45, l’artillerie arrête le mouvement des troupes allemandes qui sortaient de Duttlenheim. Dans l’après-midi, de nombreux véhicules allemands tentent de traverser les routes entre Entzheim et Obernai, mais sont stoppés par les tirs des batteries du fort. La consommation d’obus durant la nuit du 19 au 20 juin s’élève à 1 600 obus.

Le 20 juin, l'EM et le STAR se déplacent vers Langfosse. Les pièces de 75 du 2° groupe n'ont pas pu être déplacées et ont été dépassées par l'ennemi la veille. Des isolés rejoignent en permanence le village.
Le Lt VILLARD, affecté sur le plateau de la Vierge, réussit à rejoindre son unité. Installés le 19 juin l’après-midi sur la place des Vosges, à la caserne de la Vierge sur le plateau, les troupes font face à un feu nourri et à des attaques de blindés. L'encerclement étant imminent, le Lt VILLARD décide de détruire ses pièces.

Au soir, il devient évident que les éléments du 155° RAP, arrivés dans la région de Langfosse, ne disposent plus de moyens d’action. Le mouvement devient difficile à cause de l’encombrement des routes et le ravitaillement commence à poser un problème. L'absence de mission et l'éclatement des batteries ont dispersé les ressources du régiment.
En Alsace, le 1° groupe reçoit l’ordre de défendre le village de Niederhaslach avec ses deux compagnies. La 4° batterie s’établit face à l’est, à hauteur de Gresswiller, et la 2° batterie à la station de Heiligenberg-Molkirch. La 1° batterie se positionne en retrait à la lisière nord de la forêt.
Les troupes allemandes tentent des infiltrations. Le 226° RI, stationné à Westhoffen et soutenu par les 75 T du 2° groupe, subit un engagement sérieux. À la demande du 172° RIF, la forteresse de Mutzig effectue des tirs sur les passages de la Bruche à Ernolsheim.

Cinq camions de la CR partent le matin pour ravitailler en munitions les troupes d’infanterie et d’artillerie stationnées au Donon.

À 20h, l’ordre d’abandonner la forteresse est donné par le PC de la 103° DIF. À partir de 23h, le repli du 3° groupe du 155° RAP commence en direction de la Bruche, par la porte et la route de Dinsheim, en emportant tout le matériel d’artillerie disponible et les munitions. Ce mouvement est couvert par la 6° batterie, qui tire jusqu’à 23h45.

Le 21 juin, à 0h30, toutes les unités du 3° groupe, ainsi que la batterie d’instruction et le génie, ont quitté la place et arrivent à 4h du matin à Hersbach. Le Cne RENAUX met à la disposition du 226° RI l'artillerie qu'il possède.
Dans les Vosges, le Lcl AGABRIEL rejoint l'EM de la 30° Division. Le Gal DURON et le Gal FOURNIER lui informent du franchissement des cols vosgiens par les Allemands et de l'inéluctabilité de la situation. Effectivement, dans la journée, la poussée allemande se concentre sur les cols vosgiens.
À 12h30, la forteresse de Mutzig est bombardée violemment par l’aviation allemande. Les dépôts de munitions restants sautent.

Sur le secteur du 1° groupe, l’infanterie reçoit l’ordre de se replier. Le 1° groupe doit tenir ses positions jusqu’à minuit et commencer le mouvement de repli à partir de 22h en direction de Schirmeck. Le Cne MICHEL reçoit également l’ordre de détruire les éléments de franchissement des routes autour de Mollkirch durant le repli.

Le 22 juin, la situation devient encore plus désastreuse pour le 155° RAP dans les Vosges et en Alsace. Tous les réseaux routiers de la région sont embouteillés, ce qui complique encore les mouvements des troupes. Le régiment, stationné sur ses positions depuis le 20 juin, reçoit des ordres de défendre certaines routes et de tenir jusqu'à ce qu'un repli soit possible.
Le 1° groupe, notamment, reçoit l'ordre de barrer l'accès à la route du Donon. La 1° et la 4° batterie sont positionnées près de la carrière de Schirmeck, tandis que la 2° batterie se place au pied du massif de Fréconrupt. Le Cne Michel installe son PC à la filature de Vaquenoux, et la STH1 est affectée au village de Vaquenoux. De de violents combats ont lieu au nord et à l'ouest du Donon.

À 11h, les Lt Soulats et Mercier sont blessés en manipulant leurs armes.
Le Cne RENAUX, avec son 3e groupe, perd tout contact avec la division. Le Lt-Col du 226° RI lui ordonne de se retirer en direction des cols des Vosges. Les pièces de 120L sont abandonnées à cause des barrages routiers mis en place par l'infanterie.

À partir de 6h, la colonne commence à se déplacer, mais des reconnaissances signalent que le passage vers Saales est désormais bloqué, et que les Allemands ont atteint Saint-Blaise. La seule voie libre est celle menant au col de Donon.
Vers 11h, la colonne se remet en marche et se dirige vers "Les Hauts Fourneaux". On informe le Cne RENAUX que le PC de la 103°DIF est établi dans un ferme des environs et va rendre au Gal VALLEE.

Le 23 juin, le Lcl AGABRIEL apprend par un capitaine de chars française que la 3e armée a signé sa reddition la veille avec toutes les troupes de la région, et qu'un armistice est en cours de signature. Des rumeurs démoralisantes circulent parmi les troupes, alimentées par des soldats isolés qui ont abandonné leur équipement.

En Alsace, le Cne RENAUX prend le commandement de tous les éléments stationnés dans la région composés par le 1° et 3°groupe ainsi que la batterie d’instruction. On l’informe qu’un armistice a été signé la veille. Tous les documents militaires doivent être détruit et les fonds disponibles versés à l’intendance de la 103°DIF après règlement des soldes.

Le 24 juin, à 14h, un élément allemand approche des derniers cantonnements du 155° RAP stationné à Vanemont et invite le Lt-Col AGABRIEL à se rendre au commandement allemand à Corcieux. La reddition des éléments de l’EM, du STAR et du 2°groupe est actée à Corcieux, et le régiment, après avoir déposé les armes, se dirige vers Colmar via Plainfaing et le col du Bonhomme.

Le 25 juin, la reddition des éléments du 1° et 3° groupes à lieu à Schirmeck.

Le 27 juin, les troupes du Cne Michel commencent leur transfert vers la captivité, passant par Mutzig, puis Strasbourg.

Le 28 juin, elles arrivent à la caserne Lyautey à Strasbourg.

Le 16 juillet, une cérémonie de remise des Croix de Guerre a lieu en l’honneur des hommes du 155° RAP. Le 20 juillet, les officiers sont séparés de leurs hommes pour être envoyés en Allemagne.

Le Cne RENAUX décède en 1941 après de son retour de captivité. Son adjoint, le Cne Durand, demandera que plusieurs hommes, dont le Lt André Neff et le SLt Ernest Fritsch, soient cités pour leurs actions.

Le 155° RAP subit une désorganisation et un affaiblissement progressif durant l'offensive allemande, mais reste un symbole de la résistance jusqu'à sa reddition en juin 1940. Son histoire de courage et de dévouement demeure marquée par des moments de fierté et de sacrifice pour ses hommes.





Rédaction

Emmanuel Horny






Sources :

Wikimaginot.eu
ATF 40,
Hommes et histoire de la ligne Maginot
SHD Carton 34 N 619 :
- Lcl Prestat – Historique du 155°RAP 1919-1934 du 15/12/1934
- Lcl AGABRIEL – Marches et opérations du 155°RAP mai-juin 1940 du 01/09/1942
- Gal CARENCE – Anomalies sur les moyens et ressources du 07/01/1937
- Lt COISSARD – Extrait du Carnet de détail du 4°Groupe




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