Ligne Maginot - Section Technique du Génie



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Section Technique du Génie

(STG)






La Section Technique du Génie (STG) est le bureau d'étude central du Génie qui fut en charge de la définition de l'ensemble des spécifications et standards pertinents en particulier pour la construction de fortifications.

Sa mission principale dans le domaine de la fortification est de rechercher des modifications et améliorations à apporter dans la forme et l’aménagement des ouvrages et moyens de défenses pour mettre la fortification à hauteur des progrès réalisés dans l’artillerie, dans la technique industrielle et dans la technique de guerre de siège. Elle est entre autres exclusivement chargée de produire les plans, instructions et notices techniques ou règlements à appliquer en matière de construction de la fortification mais ne participe pas aux travaux à proprement parler.


Missions

Les missions de la STG sont, selon le décret de création, les suivantes :


"...recherche des modifications à apporter dans la forme et l'aménagement des ouvrages et moyens de défense pour mettre la fortification à hauteur des progrès réalisés dans l'artillerie, dans la technique industrielle et dans la technique de la guerre de siège;

élaboration des programmes et avant-projets pour la création, l'extension ou l'amélioration des bâtiments militaires et l'étude des dispositions techniques à adopter dans les instructions pour rendre les conditions d'installation des troupes meilleures;

codification et révision des règlements spéciaux tant pour les mettre d'accord avec la réglementation militaire générale que pour introduire dans l'administration du service, les simplifica­tions et perfectionnements désirables ;

révision des règlements et programmes d'instruction technique des troupes du génie;

examen des travaux particuliers des officiers, la réunion et la publication des mémoires et documents techniques
dont la vulgarisation intéresse le service, la rédaction des aide­ mémoire et des instructions officieuses ou officielles qui présentent un caractère technique;

études des questions d'un ordre quelconque non comprises dans les précédentes sur lesquelles le ministre juge utile de consulter la section…"


Pour remplir cette mission, la STG fut organisée en subdivisions traitant chacune un domaine particulier: formes de fortification, cuirassements, renseignements, éclairage et télégraphie, études spéciales...

En réalité, le rôle de la STG allait bien au-delà de la fortification mais touchait par exemple au matériel du Génie, aux méthodes de franchissement d'obstacles, aux destructions préparées, au méthodes de camouflage, aux casernements et baraquements, aux méthodes de défense passive, etc, etc.



Histoire

La STG est créée par décret le 1er Mars 1886, en succession du Dépôt des Fortifications dont elle prend partiellement la suite en se recentrant sur les missions d'étude. Les autres sections du Dépôt des Fortifications seront affectées à d'autres entités (Dépôt de la Guerre, Section géographique de l'Armée…). La STG est initialement rattachée directement au ministère, rare rescapée d'un effort de rationalisation des nombreuses commissions plus ou moins techniques précédemment créées de façon ad-hoc et jamais dissoutes. La création de la STG n'est pas unique puisqu'au même moment chaque arme se vit dotée d'une section technique propre, à rôle d'expertise purement consultative et sans pouvoir décisionnel. A ce moment, l'effectif de la STG se monte à 16 officiers et 16 auxiliaires civils (dessinateurs, etc).

En 1888, les sections techniques sont rattachées aux comités techniques correspondants de chaque arme, dont elles deviennent simplement les organes d'études. La STG à pour rôle alors de préparer les délibérations du Comité Technique du Génie, d'exécuter les études et recherches nécessaires et d'en rapporter les résultats pour prise de décision du ministre. Le service des cuirassements lui est fusionné à ce moment.

En 1901, la STG s'installe 39 Rue de Bellechasse à Paris, où elle restera jusqu'en 1940.

En Octobre 1910, la plupart des comités techniques sont supprimés, sauf celui du Génie. A cette date, la STG est composée de 33 officiers.

A partir de 1928 la STG sera chargée d'établir les plans et prescriptions détaillés nécessaires pour la construction de la ligne Maginot dont l’organisation générale avait été arrêtée par la CORF .

Entre 1921 et 1935, la STG voit son effectif varier de 21 à 36 membres au gré de la création de différents services rattachés (Service des cuirassements, Service du Matériel des Fortification, diverses inspections techniques…). Les choses se rationnalisent à nouveau ensuite : en particulier, en 1936 le service du matériel de la STG est détaché et absorbé par le service électrique de la Direction du Matériel du Génie pour former le Service Electromécanique du Génie (SEMG).

A compter de 1935, date à laquelle la CORF est dissoute, la Section Technique du Génie devient le prescripteur unique en matière de forme de la fortification. Elle proposera des notices, instructions et plans type pour les nouvelles constructions à mettre en chantier dont la réalisation est prévue par la MOM (Main d’Oeuvre Militaire) et dont la maitrise d'ouvrage sera dorénavant assurée par les Commandants des grandes unités occupant la position (BEF, RM...). Dans les faits, ceux ci utiliseront leur propres plans-type pour la construction des blockhaus dans leur secteurs, lesquels plans ne suivront pour la plupart plus que de très loin les préconisations élaborées par la STG

A la mobilisation, une partie de l'effectif militaire de la STG est muté aux Armées et remplacé par des réservistes. Le 4 Juin 1940, la STG se replie vers le Sud avec l'essentiel de ses archives les plus importantes. Elle disparait en Avril 1941, convertie en Section de Documentation du Génie.



Commandants de la STG entre 1925 et 1940 et organisation


Commandement de la STG

Liste des directeurs et chefs de la STG entre 1925 et 1940



La STG est dirigée par un duumvirat, composé d'un Directeur, de rôle essentiellement administratif, politique et de coordination, et d'un Chef, qui a un rôle technique interne de management des études et ressources et de garantie de qualité des documents produits.
Le directeur de la STG est de droit secrétaire du Comité Technique du Génie.

Certains de ces dirigeants de la STG eurent ensuite des carrières notables dans l'arme du Génie. Pour n'en citer que quelques uns :

- le Lt-Col ALLEAU devint en tant que général le directeur du Génie entre 1933 et 1938
- Le Col PHILIPPE devint Inspecteur général du Génie entre 1939 et 1940, ainsi que président de la CEZF ;
- le Col COTTENET devint général Inspecteur Techniques des Travaux du Génie en 1935.

Elle est subdivisée de la manière suivante :
- Secrétariat
- Études spéciales de projets et types de fortifications et de constructions militaires, instructions techniques, examens des travaux techniques des officiers, etc.
- Reconnaissances et renseignements,
- Cuirassements,
- Appareils d’éclairages électrique et de télégraphie des places de guerre,
- Études diverses demandées par le directeur du génie,
- Dessinateurs, atelier de photographie,
- Écritures et conservations des archives des fortifications,
- Bibliothèque provenant du dépôt de fortifications



Rôle dans le cadre de la ligne Maginot

La STG a eu un rôle tout à fait considérable de définition des méthodes et standards de la fortification moderne, en s'appuyant sur le résultat des nombreuses expérimentations qu'elle menait.

Elle a ainsi produit durant cette période des centaines de Notes, Notices, Instructions, Réglements … à l'usage des Directions de Travaux et Chefferies du Génie , auxquels s'ajoutent de très nombreux plans-types de constructions. Ce travail a largement profité aux constructions (ouvrages, casemates, ….) sous maitrise d'ouvrage de la CORF , mais a aussi eu un impact notable - bien que plus dilué - sur les constructions de fortification de campagne prises en charge par la MOM à partir de 1935. En amont, elle pouvait aussi prendre en charge des expérimentations et des recherches théoriques et pratiques quand les données nécessaires au dimensionnement des constructions manquaient. A ce titre, elle s'est chargée d'évaluer la résistance du béton aux moyens de destruction modernes (obus, bombes, chars…), de définir les standards et moyens de ventilation et de protection contre les gaz, etc... En lien avec le SEMG (Service Electromécanique du Génie) et le SMF (Service du Matériel des Fortifications), elle s'est chargée de l'intégration sous béton des équipements et cuirassements nouveaux conçus ou modifiés pour l'occasion.

Au-delà de cet important travail de spécification, la STG était systématiquement consultée pour commenter les plans d'implantations de constructions CORF, et plus généralement pour toute question d'ordre technique en provenance des armées sur la fortification.

Elle travaillait en liaison étroite avec les Sections Techniques de l'Artillerie et de l'Infanterie - au travers de la Délégation Permanente des Sections Techniques - pour la définition et l'intégration des armements spécifiques sous béton.



Bilan de l'impact de la STG

La limite de l'impact de la STG sur ce qui fut construit entre 1929 et 1940 tient à son rôle d'expertise purement et uniquement consultatif. Tant que les organismes centraux eurent le dernier mot en matière de fortification (période CORF pour simplifier), les préconisations de la STG furent assez rigoureusement suivies sur le terrain et son impact était relativement homogène tous fronts confondus.

Les choses changèrent assez largement après 1935. Le dernier mot revenant aux Régions Militaires (RM) puis aux armées après la mobilisation, la prise en compte des préconisations de la STG fut bien plus variable et dépendant du souci d'autonomie (et du sentiment d'expertise ou des idées bien arrêtées !) des commandements locaux. Conforté par la liberté donnée par la dissolution de la CORF et le transfert de responsabilité, le commandement local se substitua souvent à la STG avec pour résultat une anarchie certaine des formes de construction - et de cuirassements…- entre les différentes régions. Malgré une tentative de reprise en main à partir de 1937, ce manque d'homogénéité couta cher en 1939-40. A la décharge du commandement local, certaines préconisations générales de la STG restaient malgré tout assez théoriques et imprécises, laissant justement la porte grande ouverte aux interprétations. Les services centraux du Génie (STG et SEMG à égalité) eurent aussi le tort de se désintéresser pendant près de 3 ans de la question des cuirassements spécifiques à développer pour la MOM, qui durent être développés localement par obligation. La nature a horreur du vide... Ils se repenchèrent sur cette question des cuirassements bien trop tard au début 1939, avec pour conséquence une grave absence de blindages sur une bonne partie des constructions MOM.

Il demeure que la STG, au travers de ce qu'on peut encore lire de son travail sur le terrain et dans les documents, a accompli une oeuvre considérable qui rend honneur aux qualités de l'ingénierie à la française.





Rédaction :

Jean-Michel Jolas



Sources :

SHD, en particulier 9N244 et divers documents dispersés. Introduction au catalogue Archives STG.





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