Le bouclier est un type de blockhaus standard à l'usage de la Main d'Œuvre Militaire qui a la particularité de n'offrir une protection à l'arme de campagne que sur 3 côtés. L'arrière est largement ouvert pour permettre l'entrée et la sortie rapide de pièce.
Ce modèle de construction a été développé pour protéger au moindre cout des armes à vocation de
tir frontal à partir de l'arrière de la ligne principale de résistance. Dans ce contexte il est inutile de prévoir un mur arrière puisque cette direction est par définition hors de tir de l'adversaire.
Si le concept de "bouclier" a été largement ignoré par la CORF et ne trouvera pas d'application durant la grande période de la construction de la ligne Maginot, il deviendra plus fréquent à partir de 1937 sous l'impulsion de l'EMA (instruction de janvier 1937 suivie d'une note 3853 10/EMA du 27 Septembre 1937 qui prescrit aux régions militaires de développer ce type de construction pour protéger des pièces de campagne jusqu'au calibre 65mm).
Ce type de blockhaus rentre au catalogue des régions militaires et fortifiées avec différentes dénominations ("bouclier" dans la RFM selon plan-type de 1938, "abri de tir" dés 1937 dans la 1° Région Militaire - Nord). Il peut être conçu indifféremment pour arme automatique ou pour canon antichar.
Bien que prévu initialement pour être placé en retrait de la ligne de défense, des applications plus tardives l'intégreront directement comme élément constitutif de la ligne principale, comme par exemple dans la ligne Chauvineau près de Paris. Cette dérive est problématique car alors la protection de l'arrière de la construction est nettement moins effective.
Le concept de bouclier sera repris à son tour par les services du Génie des Régions militaires du Sud-Est à partir de Janvier 1939, en version allégée par rapport à ceux du Nord-Est (murs de 25 cm).
A cette même époque, le Conseil Supérieur de la Guerre manifeste toutefois quelques doutes sur la résistance réelle de ce genre de constructions. Le Général PRETELAT, dans sa note du 20 Avril 1939 sur l'organisation en profondeur du terrain recommande ainsi que ces boucliers ou les positions de campagne soient doublées d'un abri passif permettant de protéger l'arme en cas de bombardement. Un tel modèle d'abri passif sera en effet conçu par la STG un peu plus tard dans le cadre de son Album n°2 de plan-types de fortification de campagne renforcée, mais cela ne sera pas mis en œuvre pour d'évidentes questions de couts. Autant construire directement un vrai blockhaus pour canon antichar selon les modèles standards. De leur côté, les Régions Militaires étaient arrivées à des conclusions similaires et s'orientaient progressivement vers l'usage de boucliers uniquement en zones boisées pour limiter l'exposition aux tirs et la visibilité. L'application la plus emblématique de cette évolution sera faite en 1938 dans le Bois Lagrange (Marville) avec des boucliers développés par la 6° Région Militaire.
Une version ultime de bouclier sera conçue en 1940 par le Génie de la 2° Armée pour application là encore en zones boisées. Il est dérivé directement du bouclier type Bois Lagrange. Ce bouclier Mle 1940 de la 2° Armée sera cependant conçu trop tard (Avril 1940) pour une application réelle.
Desciption
Le bloc se présente sous la forme d'un trapèze, plus ou moins profond selon le degré de protection qu'on veut donner à l'arme. Il ne comporte typiquement qu'un seul créneau frontal - pour canon AC ou pour mitrailleuse / FM - mais dans certains cas (abris de tir du Nord ou variante du modèle type RFM), il peut se voir équipé de deux petits créneaux supplémentaires sur les faces latérale pour la protection rapprochée.
Schéma de bouclier typique de la RFM (remerciements à Fred Lisch pour son autorisation)
Plan des Abris de tir de la 1° RM
La protection des boucliers pour canon de 25mm AC est de 50 cm pour les piedroits et 40 cm pour la toiture. Celle des boucliers plus petits pour armes automatiques est de 40 cm (piedroits) et 30 cm (toiture). Ceci permet une résistance à un coup isolé de canon de 77 mm. En réalité, sa protection tient surtout à la petite taille de la construction et à la facilité de son défilement, spécialement en zone boisée...
Certains modèles vont jusqu'à des piedroits de 1,00 m d'épaisseur.
Cubage de béton : de 5 à 20 m3 selon le cas.
Bouclier pour AC 25mm dans le bois Lagrange (Crédit CJ Vermeulen)
Ecriture initiale : Jean-Michel Jolas - 09/05/2019 - © wikimaginot.eu
Sources : SHD cartons 7N3766, 7N3790, 29N60 (Génie 2° Armée), 2V259 (Chefferies des Alpes)
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Page n° 1000664 mise à jour le 09/05/2019 -
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