L'utilisation de locomotives à vapeur dans les dépôts de munitions présentant un risque important, les locomotives civiles se voyaient refuser l'accès à ces derniers.
La manoeuvre de wagons ou des pièces d'ALVF qui y étaient stockées en temps de paix était assurée par des locotracteurs militaires de type pétroléo-électriques, ces matériels présentant outre l'avantage d'etre souples d'utilisation celui d'être disponibles immédiatement sans nécessiter de maintien en chauffe et de pouvoir prendre des courbes serrées (80m) ce qui n'était pas possible pour les locomotrices vapeur.
En 1939 -1940, les manœuvres à l'intérieur des dépôts étaient assurées par des locotracteurs blindés Crochat des types 22L2N ou 44L4N alors en dotation dans l'armée française. (La lettre N placée en fin de référence signifie voie Normale)
Avec la stabilisation du front à la fin de 1914, la sécurité des transports lourds ou l’ALVF au plus près du front fait adopter la discrète traction pétroléo-électrique en 1916. Les plus connus de ces engins sont les locotracteurs Crochat qui ont été acquis pour les services de l'artillerie en 1916 - 1918 .
Le principe de fonctionnement de ces deux locotracteurs est identique et basé sur le même groupe de traction. Le type 22L2N est doté de d'un groupe de traction pour ses deux essieux (120 CV) et le type 44L4N de deux groupes pour 4 essieux, soit 240 CV.
Cet ensemble de traction est composé d'un moteur essence 4 cylindres développant 120 CV à 1200 t/min qui entraine une dynamo compound débitant au maximum 160 A sous 500 V, soit 80 KW ou 109 CV.
Chaque essieu est doté d'un moteur électrique de traction qui l'entraine par une double réduction d’engrenages.
Un tel groupe devait délivrer environ 100 CV de puissance utile.
Une boite d'engrenages placée entre le moteur et l'essieu permet d'obtenir 4 vitesses dans chaque sens. La vitesse maximale de ces locotracteurs étant de 12 km/h, leurs caractéristiques sont celles d'appareils destinées aux manœuvres lentes et non pas à la traction de trains proprement dits.
Poids en marche : 24 t
Nombre d’essieux : 2
Charge maximum par essieu : 12 t
Empattement rigide : 3,4 m
Diamètre au roulement des roues : 1,15 m
Longueur hors tampons : 7,9 m
Largeur totale de la cabine : 2,25 m
Hauteur totale au-dessus des rails : 3,925 m
Puissance moteur : 120 CV
Puissance utile : env 100 CV
Poids tracté : 250 t
Effort aux jantes à 12 km/h : 1 500 kg
Effort aux jantes à 8 km/h : 2 250 kg
Effort aux jantes à 5,75 km/h : 3 000 kg
Effort aux jantes à 3,6 km/h : 4 500 kg
Poids en marche : 46 t
Nombre d’essieux : 4
Charge maximum par essieu : 11,5 t
Écartement des pivot des bogies : 5,7 m
Empattement rigide : 2,1m
Diamètre au roulement des roues : 1,15 m
Longueur hors tampons : 12,9 m
Largeur totale de la cabine : 2,75m
Hauteur totale au-dessus des rails : 4,225 m
Puissance moteur : 240 CV
Puissance utile : env 200 CV
Poids tracté : 500 t
Effort aux jantes à 12 km/h : 1 500 kg
Effort aux jantes à 8 km/h : 2 250 kg
Effort aux jantes à 5,75 km/h : 3 000 kg
Effort aux jantes à 3,6 km/h : 4 500 kg
Les locotracteurs 22L2N et 44L4N ont été produits en 1916 - 1918 par la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt à Saint Chamond, titulaire des licences Crochat.
Pour le type 22L2N, ce sont 130 locotracteurs qui ont été acquis par le Ministère de la Guerre, 38 locotracteurss par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord et 2 locotracteurss par la Compagnie du Gaz de Paris.
Pour le type 44L4N, ce sont 90 locotracteurs qui ont été acquis par le Ministère de la Guerre et 40 locotracteurss par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord.
Ces locotracteur restent en service jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale dans l'armée française et le « Règlement de manœuvre de l'artillerie » préconise alors l’utilisation du type 22 L 2 N pour les pièces ALVF dite tous azimuts et le type 44 L 4 N pour les autres (affût-truc à glissement et affût-truc à berceau).
Quelques exemplaires capturés en 1940 serviront dans l’armée allemande. Il semble qu'un seul exemplaire d'un locotracteur 44L4N existe encore, la motorisation ayant été remplacée par des moteur diesel.
Rédaction initiale : Dominique Diss
Mise en page : Pascal Lambert
De SAVERNE à MOLSHEIM Petites et grandes histoires d'une ligne de chemin de fer alsacienne, Par J-G. TROUILLET - gallica.bnf.fr / BnF :
Revue générale des chemins de fer et des tramways. 1923-05 (Application du moteur à hydrocarbure à la traction sur voies ferrées. Par. E. BRILLIÉ).
Revue générale de l'électricité : organe de l'Union des syndicats de l'électricité.
Règlement de manœuvre de l'artillerie. Titre VI A. L. V. F. Unités d'artillerie lourde sur voie ferrée. Organisation des unités sur le pied de guerre. Reconnaissance et occupation des positions. Approuvé par le ministre de la guerre, le 16 décembre 1925.
Revue du génie militaire. 1927-05.
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