Le 82° RMIF est le régiment installé dans le sous-secteur de Leyviller (SD Sarre puis SF Faulquemont). Ses traditions remontent au vieux 82° RI créé à la révolution à partir d’un régiment Saintongeais – qui a longtemps stationné dans les Antilles et a combattu aux Etats-Unis sous Rochambeau durant la guerre d’indépendance -. Durant la période révolutionnaire et impériale, il s’illustre lors du siège de Mayence, puis à Iena, Eylau, Wagram, la Moskova… Le régiment est dissous une première fois à la restauration (1815). Il est recréé en 1854 à partir du 7° Régiment d’Infanterie Légère.
Lors du second empire, il stationne en Algérie et participe à la guerre de Crimée (siège de Sébastopol - 1855). En 1870, il fait partie des régiments capturés lors de la bataille de Sedan.
Stationné à Montargis à la déclaration de guerre de 1914, il fera partie durant tout le conflit de la 9° DI (3° Armée). Sévèrement amoindri durant les premiers mois de guerre lors des combats d’Argonne contre le XV° CA allemand du Gal von Mudra, il s’illustre ensuite à Verdun en 1916, puis dans l’Aisne en 1917 où il perce de haute lutte à Juvincourt les lignes allemandes jusqu’à la 2e position (cité à l’ordre de l’armée) et lors des batailles de Noyon et Château-Thierry en 1918 (2e citation à l’ordre de l’armée, et obtention de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre).
A nouveau basé à Montargis, il est dissous le 31 Décembre 1919.
Le 82° RMIF est initialement rattaché au Secteur Défensif (SD) de la Sarre . Dés la montée en ligne des grandes unités de renforcement, il sera successivement rattaché à la 18° DI puis la 3° DIM.
Mi-Septembre 1939, le III/82° RMIF qui était en arrière sur la ligne d’arrêt des deux quartiers de la LPR est retiré de sa position et rattaché au groupement Marion (III/82° RMIF, III/174° RMIF, 5° BM, 18° BCC) qui est inséré entre le groupement Vogel à gauche et la 11° DI à droite. Il entre dans le cadre de l’offensive de la Sarre du 8 au 20 Septembre au contact de l’ennemi à Rosselle. Il séjourne plusieurs semaines à Petite-Rosselle et en avant de Forbach, se livrant à de simples activités de patrouille. A son retour début-octobre, il est repositionné sur la LPR alors que la 18° DI s’installe dans le sous-secteur. A cette même date, le saillant de Forbach est abandonné aux allemands et la ligne avancée de surveillance sur place en avant de la ligne L1.
Le régiment est initialement renforcé par le 55° BMM (Bataillon de Mitrailleurs Motorisés) de réserve générale, puis le 56° BMM et enfin le 58° BMM (3) du CB MEYGRET à partir du 8 Octobre 1939, complémentés d’éléments du Génie, des Pionniers, et la 25° Cie de Travailleurs Espagnols pour ce qui est de travaux de fortification. L’arrivée de ces différents renforcements entraine la conversion du sous-secteur de Leyviller en secteur de Leyviller, avec deux nouveaux sous-secteurs (anciens quartiers) :
- Cappel à droite, avec les II et III/82° RMIF et le 58° BM
- Maxstadt à gauche, avec le I/82° RMIF et un bataillon de la 18° DI qui elle s’installe entre la frontière et la ligne principale de résistance (ligne L1). Deux de ses bataillons tiennent les avant-postes fortifiés en avant de la LPR (Marienthal et Henriville).
Durant l’hiver, le régiment s’active principalement à la construction des défenses de son sous-secteur, sous l’impulsion de son officier pionnier, le Lt ZAHM. Les travaux sont ralentis par la rigueur de l’hiver et le manque de matériel et de matières premières. Malgré les efforts, la ligne de défense - et en particulier les grandes casemates STG - sera inachevée au moment de l’attaque allemande.
Comme ailleurs sur le front, les unités de renforcement défilent et prennent le 82° RMIF sous tutelle :
- 18° DI (Gal DUFFET) : Fin septembre à fin-Novembre 1939
- 3° DIM (Gal BERTIN-BOUSSUS) : de fin-Novembre 1939 à fin Janvier 1940
- 29° DI Alp (Gal GERODIAS) : de fin Janvier à fin Mars 1940
Le 15 Mars 1940, le régiment passe sous le giron technique du SF de Faulquemont à la faveur de la grande réorganisation du front durant cette période. Le 30 Mars, le secteur – et celui du 69° RMIF - passe sous couverture de la 11° DI (9° CA - Gal ARLABOSSE) qui relève la 29° DIA.
Mi-avril, l’avancée de Barst-Cappel, qui jusqu’alors était un PAF en avant de la LPR, uniquement tenu par la CM6, est intégrée à celle-ci. Pour la renforcer, on crée pour l’occasion un groupe de sous-quartiers de la ligne de résistance tenu par les CM6 et 7 du II/82° RMIF. Le brusque afflux de moyen sur l’avancée donne un grand coup d’accélération aux travaux de fortification, avec l’aide des Espagnols. Mais on se contente de couler des petits blocs de 25 m3 pour FM et mitrailleuse et beaucoup d’emplacements en rondins…
10-11 Mai 1940 : Le 10 Mai marque le début de l’offensive allemande sur le front Ouest. Dans le secteur, les premiers bombardements d’artillerie allemand tombent sur l’avancée de Barst-Cappel dans la soirée du 11. Le soldat Henri LEON décède des suites de blessures occasionnées par éclats d’obus. A partir de ce moment, la ligne principale de résistance et ses avancées seront près régulièrement bombardées par l’artillerie longue allemande.
12 Mai 1940 : L’ennemi attaque les avancées de la ligne L1 (Rosbrück, Morsbach) et s’infiltre dans la vallée de la Rosselle vers Cocheren. Les postes avancés de cette ligne tombent, mais l’ennemi est arrêté sur la ligne L1 proprement dite, tenue par la 11° DI. Le front se restabilise.
17 Mai 1940 : : la 11° DI est relevée de son secteur de renforcement. Le secteur H du 82° RMIF passe sous couverture de la 47° DI qui étend son territoire vers l’Est. La ligne L1 n’est plus tenue que par des éléments de corps francs de RMIF et du GRCA 15 (20° CA). Le groupe franc du II/82° RMIF est envoyé à Rosbrück pour soutenir les défenseurs. Il déplore dans la journée 2 tués (soldats DEMANGE et TRATTMANN) du fait des bombardements et une dizaine de blessés.
26 Mai 1940 : c’est au tour de la 47° DI d’être retirée compte tenu de la situation catastrophique ailleurs sur le front Nord. Le 82° RMIF repasse en totalité, techniquement et tactiquement, sous responsabilité du SF de Faulquemont pour un court laps de temps. La ligne L1 n’étant plus tenue que par les groupes francs, le commandement décide de son abandon pour concentrer les forces sur la ligne des PAF (points d’appuis fortifiés) devant la ligne principale de résistance, avec le Groupement Est du Lt GUERIN incluant le PAF d’Henriville (GRCA 15 du 20° CA et éléments des groupes francs des II et III/82° RMIF commandé par le S-Lt COLIN) et le groupement Ouest (Lt LASNERET) incluant le PAF de Marienthal (éléments du GF du I/82° RMIF commandé par le S-Lt RENAUDIN). Outre les deux PAF, ce sont donc environ 3 sections d’une quarantaine d’hommes qui couvrent 5 kilomètres d’intervalles de front d’avant-poste… En conséquence de ce retrait, l’ennemi occupe Cocheren, Folkling puis Théding, Seinghouse et Macheren. Les sommets autour de Théding lui donnent une magnifique vue sur les lignes françaises.
En absence de division de renforcement, l’ancien secteur de Leyviller redevient un simple sous-secteur comme à la mobilisation, avec quatre quartiers (d’ouest en est) :
- Quartier Maxstadt (I/82° RMIF et deux compagnies de chasseurs)
- Quartier Vieux-Bois (ou bois de Barst), avec le III/82° RMIF et le groupe franc du 58° BM dans le bois.
- Quartier de Valette (II/82° RMIF et une Cie du 58° BM). L’avancée de Barst-Cappel est toujours rattachée au quartier Valette. Le sous-quartier Cappel est tenu par la CM6 et une section de la CEFV3, le sous-quartier Barst est tenu par la CM7 et une section de la CEFV3, le sous-quartier du « Haricot de Valette Est » est tenu par la CM1 du 58° BM, et le sous-quartier du Bois-Hachette (CM5 du II/82° RMIF).
- Quartier de Grossbusch (58° BM moins une Cie)
Organisation générale du 82° RMIF fin Mai 1940
2 Juin 1940 : les Allemands (258° ID – XXX° AK – 1° Armée) reprennent l’attaque, avec cette fois-ci les deux PAF du sous-secteur (ligne L2) en ligne de mire. L’attaque regroupe l’effectif de deux bataillons… L’engagement débute par une prise de contact fortuite dans la nuit entre un peloton à cheval du GRCA et l’ennemi à Henriville, peloton qui sera capturé. Marienthal est occupé à 7h. Dans la matinée, les PAF sont rapidement encerclés par infiltration dans les bois environnants. Le PAF de Henriville (S-LT COLIN) est au contact à 7h et à 9h les créneaux et volets du bloc principal sont percés au canon antichar léger. Le PAF de Marienthal (Lt LASNERET) est investi dès 8h et le groupe franc du I/82° qui était autour se replie en faisant jouer le DMP sur le pont de la Nied au sud de Marienthal. L’ennemi atteint en pointe la cote 288, juste au-dessus de Barst et les collines au-dessus de Cappel. Une contrattaque initiée vers 8h30 par le GRCA 15 vers Marienthal est repoussée par le feu ennemi. Le groupe franc du Lt Antoine COLOMBERO atteint et tente de dégager le PAF de Henriville du S-Lt COLIN, mais l’officier est mortellement blessé durant les combats et capturé par les Allemands. Il décèdera des suites de ses blessures. L’équipage de ce PAF et le groupe franc parviennent malgré les pertes à décrocher sur ordre vers 17h30 du PAF et à retrouver les lignes françaises. Le DMP de la route d’Henriville ne peut être actionné au départ. L’équipage du PAF de Marienthal parvient à décrocher et rejoint les lignes françaises du 69° RMIF à Biding au travers de la forêt dans la nuit du 2 au 3.
La position de Barst-Cappel est lourdement bombardée de 18h à 20h, suivie d’une tentative d’attaque sur Barst par la route de Marienthal, repoussée par le tir des 75mm d’appui.
En début de nuit du 2 au 3, l’ennemi tente de valoriser son avantage en attaquant l’avancée de Cappel, mais est repoussé victorieusement avec l’appui de l’artillerie de SF. Le Lt CROZON (PA de la Route au nord de Barst) est blessé dans l’action, évacué et remplacé par le S-Lt GUETTMANN. Le front se stabilise consécutivement à cette tentative, mais l’Allemand est maintenant au contact de l’avancée de façon pérenne et les jours qui suivent montrent un effort de préparation de sa part qui laisse penser qu’il n’a pas l’intention de s’arrêter là.
Période du 3 au 12 Juin 1940 :Le front est stabilisé juste au contact des avancées. La période est simplement marquée par la poursuite des travaux défensifs – de part et d’autre ! – rythmé par le survol quotidien d’un avion de reconnaissance allemand qui survole le sous-secteur en toute impunité et informe – en clair… - les batteries de harcèlement qui bombardent la position sporadiquement. Cette période est aussi mise à profit par les Allemands pour observer et comprendre en détail le dispositif défensif de la LPR.
La 52° DI remonte en ligne le 6 Juin après son retrait de la région de Sarreguemines et s’insère entre le SF de Faulquemont et celui de la Sarre. Le 82° RMIF repasse sous contrôle tactique de cette division avec son voisin le 69° RMIF.
12-13 Juin 1940 : Le commandement ordonne une action commando d’un groupe franc pour faire des prisonniers allemands de manière à mieux comprendre leurs intentions. L’action est menée dans la nuit du 12 au 13 par les groupes francs du I et du III/82° RMIF et de la 52° DI, mais se traduit par un échec. Le 13 Juin, le 82° RMIF est informé par l’encadrement du SF de Faulquemont que l’ensemble de la position a reçu l’ordre de se replier vers le Sud-Ouest. Les RIF de la moitié gauche du SF décrocheront dans la nuit du 13 au 14 Juin, en pivotant sur leur jonction avec les deux RMIF, puis dans la nuit du 14 au 15, ce sera au tour des 69° et 82° RMIF d’entamer leur repli vers l’arrière. La journée du 13 est très calme, mais dans la nuit les signes d’une attaque imminente sont clairement identifiés du côté français, ce qui entraine la mise en alerte renforcée des positions de défense.
14 Juin 1940 - Bataille de la Sarre :Le front s’allume dès le petit matin, à 5h30. Un puissant bombardement de préparation d’une heure débute à l’aube, renforcé à partir de 8h par des attaques aériennes par Stukas permet de gravement endommager dès 8h30 les communications. Profitant de l’épais brouillard matinal et de l’effet des obus fumigènes, l’infanterie ennemie (258° ID et 93° ID devant le 82° RMIF) se lance ensuite à l’assaut vers le Grossberg et à partir des bois au nord-ouest de Barst et du versant Cappel de l’avancée de Barst-Cappel. Le saillant de Barst-Cappel est la 1ère cible pour deux régiments de la 93° ID, les 271° IR (Barst) et 272° IR (Cappel). Deux régiments contre deux compagnies. Douze contre un…
Une première attaque sur Barst par l’Ouest est facilement repoussée. Entre 7h30 et 9h30 les Allemands investissent l’avancée en profitant de la brume et des nombreux cratères, en mettant principalement la pression sur Cappel. Dès 7h30 le PA de la route d’Henriville (nord de Cappel) est investi et les lisières nord-est et Est du village sont atteintes. Le bloc M3B à l’entrée Nord-Est est neutralisé vers 8h30, entrainant la blessure du Lt GUETTMANN commandant le PA. Le PA nord de Cappel (PA de la Croupe - Adj-C GROSSE) signale qu’il se bat à la grenade alors que les deux PA Est du village (PA de l’Orient et des Vergers) sont neutralisés rapidement et permettent aux allemands de prendre pied dans Cappel. Peu de temps après, le PA du Chemin Creux (Lt JEANNOT) est investi à revers et tombe à 10h15, peu après la chute du PC du Cne DORÉ (CM6). Plusieurs tentatives par l’ouest sur Barst sont cependant arrêtées par les armes automatiques des blockhaus, mais ceux-ci sont progressivement neutralisés par des tirs d’embrasure systématiques au 37mm AC.
Le Grossberg, à la jonction entre 69° et 82° RMIF, tombe à midi et le sous-quartier de Cappel (CM6) est largement entamé. L’ensemble du village est tombé en fin de matinée. Côté Barst, les défenseurs tiennent toujours à midi mais sont attaqués par le PA du Chemin Creux et celui du Verrou (S-Lt WEITZ) qui tombe en début d’après-midi (4), permettant à l’ennemi de se rapprocher du village par l’Est. Le bombardement sur Barst reprend après 10h30, mettant le château en ruine. Heureusement, le PC dans les caves est suffisamment renforcé. Le créneau FM du PC, orienté vers le Chemin Creux, ralentit la progression adverse malgré la fumée.
En début d’après-midi, après une accalmie de 12h à 14h, c’est au tour du PA de l’Occident (Lt MAURY) d’être investi par l’ouest - après bombardement aérien - via un angle mort des blocs nord du PA. Le réduit de Barst, constitué de la partie Nord du PA du Château, est maintenant pratiquement encerclé. Les Allemands venant de Cappel sont au carrefour central du village. L’effort ennemi se porte sur l’entrée nord du village, toujours défendu à partir des blocs encore utilisables et des décombres des maisons. La cité Jardin à l’entrée Est du village est prise à 15h, et l’assaillant pousse vers le PA de l’Occident par-là, rejoint par une attaque venant du bois de Biding. Barst est maintenant isolé de la LPR. A 15h30, les blocs M8 et FM7 au nord du PA de l’Eglise tombent à leur tour. En milieu d’après-midi c’est au tour des blocs C17bis, M15 et M17 de subir le même sort, pris à revers. Le PC du Château, encerclé depuis 17h, se bat jusqu’aux dernières munitions, effectuant même une sortie pour se dégager, et rend les armes à 18h30 marquant la fin de la défense de l’avancée de Barst-Cappel. Plus au sud, le grand bloc STG MC9B est coiffé par l’adversaire puis dégagé. C’est le seul point de la LPR atteint ce jour là sur le ban du 82° RMIF.
Face au I/82° RMIF la journée a été plus profitable pour le côté français. Après la prise du Grossberg, l’ennemi ne parvient pas à déboucher vers le bois de Barst, pris sous le feu de la casemate d’artillerie de Biding (MdL le SECH). Le PA du Rodenberg contribue aussi largement au blocage de l’avance allemande.
La journée de combat, où l’aviation ennemie est maitresse du ciel, n’apporte finalement que des gains mineurs : l’avancée de Barst-Cappel est enlevée et on s’est battu dans les rues des deux villages, mais la ligne principale au sud des villages n’a pas été entamée. Le régiment déplore une trentaine de tués et de nombreux blessés et disparus (capturés). En réalité, le 2e bataillon du 82° RMIF a perdu dans la bataille l’essentiel de ses forces vives. Seuls quatre hommes des compagnies occupant l’avancée rentrent dans leurs lignes le soir, rendant un bilan réel des pertes difficile.
Souci accessoire, mais qui expliquera un certain flottement après-guerre pour reconstituer l’historique du régiment : la chenillette contenant l’ensemble des archives du régiment est détruite par un obus dans la journée…
Le 14 à 14h45, l’ordre de décrochage est confirmé au 82° RMIF. Le régiment doit laisser sur la ligne principale de résistance (LPR) une « croûte » de 380 hommes (2 à 3 sections par bataillon) et les équipages des grands blockhaus STG commandés par le Cne VICAIRE pour retenir et retarder l’ennemi pendant que le gros des troupes devra se replier à pied jusqu’aux alentours de Morhange. Le 146° RIF s’intercalera pour protéger le repli et recueillir en lien avec le 291° RI (52° DI, à droite) les éléments laissés en retardement sur la LPR. La CM1 du 58° BMM, toujours en position dans le quartier Valette, est remise à disposition de son bataillon.
15 Juin 1940 – le décrochage : Durant la nuit le régiment effectue 30 kilomètres à pied et se concentre au petit matin entre Achain et Dalhain, au sud-ouest de Morhange. Lors du déplacement de nuit, le Lt CASTAING est blessé par l’explosion d’un obus. Il est remplacé à la tête de la CM5 par le Lt PRILLART.
Au petit matin l’attaque de la LPR reprend : dès 7h, l’ennemi débouche des villages de Barst et Cappel, s'infiltre dans la position, puis prend à revers les blocs STG. MC9B, qui était déjà au contact, est le premier à tomber, suivi de MC29B (7h30) et MC7B à 8h30, suivie de MC11B. La LPR est donc traversée par l’ennemi sans difficulté majeure contre les éléments de retardement largement surclassés en nombre. Quelques petits groupes des derniers défenseurs parviennent à s’échapper, sont recueillis par le 146° RIF et parviennent à retrouver le régiment au travers des lignes allemandes dans l’après-midi… La 93° ID tombera sur une résistance plus vigoureuse du 291° RI (52° DI) à Francaltroff, ce qui donnera un peu d'air au 82°.
La journée est mise à profit pour réorganiser l’unité et redistribuer le matériel qui a pu être récupéré. La marche reprend en début de nuit, toujours protégée par le 146° RIF en arrière garde.
16 Juin 1940 : Le 82° RMIF prend quartier au sud de la Seille après une marche d’une vingtaine de kilomètres, toujours en réserve de la division de marche de GIRVAL (ex-SF Faulquemont). Le PC régimentaire est à Bezange-la-Grande. La marche reprend dans la soirée, direction le canal de la Marne au Rhin où il se positionne avec le III/146° RIF entre Hénaménil (exclus) et Einville (exclus) pour recueillir l’arrière garde de la division de marche GIRVAL le lendemain.
17 Juin 1940 - Rétablissement sur le canal de la Marne au Rhin : L’organisation prise au petit matin est la suivante, de la droite vers la gauche :
- III/146° RIF en liaison à droite avec le 58° BM (maintenant rattaché à la 52° DI)
- I/82° RMIF au centre
- III/82° RMIF à gauche en liaison avec le 69° RMIF
Le II/82° RMIF, réduit à une seule CM, sa CFV et à la CHR n°2 suite aux combats de Barst-Cappel, est en 2e ligne sur la crête au sud du Sanon. PC de régiment à Bienville-la-petite au sud de là. La journée est mise à profit pour organiser la position pendant que les combats retardateurs de l’arrière-garde se rapprochent. Durant la nuit suivante, ces éléments du 146° RIF traversent le canal au contact des Allemands.
18 Juin 1940 - Sur le canal de la Marne au Rhin : Les ponts sur la canal encore en état sautent au petit matin. Les tirs se développent de part et d’autre du canal. Vers 14h, l’aile droite du régiment, le III/146° RIF, informe que les Allemands ont franchi le canal à Hénaménil devant le 58° BMM, qui reflue sous l’assaut. Les infiltrations vers la ferme Bonneval et la forêt de Parroy sont constatées, mettant en danger l’aile droite du 82° RMIF, mais celui-ci reste sur place conformément aux ordres. Vers minuit dans la nuit du 18 au 19, l’ennemi débouche de la forêt de Parroy plein ouest vers le III/146° et le 82°. Le S-Lt Guy ALISON est tué lors des combats de la nuit à Crion. Lors de ces combats, la CM11 du III/82° est capturée et la CM9 décroche difficilement (en grande partie capturée aussi). Seule la CM10, la plus à l’ouest, s’en sort sans encombre.
Parcours du 82° RMIF - 14-21 Juin 1940
19 Juin 1940 - Retraite vers la forêt de Mondon et la Meurthe : Les combats se développent dans la nuit. Le III/146° RIF est pratiquement anéanti, puis vient le tour du I/82° RMIF qui reçoit enfin l’ordre de se replier. Le bataillon perd plusieurs sections des CM1 et 2 dans l’action, en se frayant un passage dans le quasi-encerclement. Seule la CM3, placée en couverture arrière, s’en sort intacte. La section du Lt GRASNE, de la CM9, est capturée lors de la traversée de Bonviller. Le II/82° RMIF est le dernier à décrocher après avoir couvert le repli des autres bataillons alors que l’ennemi est à Crion. En fin de nuit, à 7h, les restes du 82° RMIF – réduit à la moitié de son effectif de départ et ayant perdu l’essentiel du matériel, notamment antichar - rejoignent la lisière nord de la forêt de Mondon, encadrés à droite par le 156° RIF et à gauche par le 69° RMIF. La compagnie d’arrière garde du I/82° RMIF, la CM3 du Cne BOISBOURDIN, arrive aux pont de Chanteheux sur la Vezouze après qu’ils ait sauté… La compagnie doit laisser tout son matériel lourd et rejoint le reste du régiment après avoir traversé le cours d’eau à la nage…
Dans la matinée, l’ennemi s’est engagé dans le vide laissé entre la DM de GIRVAL et la 52° DI… Il attaque au sud de la forêt de Mondon, vers Laronxe. Le 156° tente de contenir cette percée sur l’arrière de la division pendant que le 82° RMIF reçoit l’ordre de se replier vers Fraimbois au sud de la Meurthe en la traversant à gué. En fin d’après-midi le régiment est installé entre Fraimbois et Gerbéviller, où il est ravitaillé avant de devoir aller prendre position en réserve de division vers Moyen en cours de nuit.
20 Juin 1940 : Moyen est atteint vers 3h du matin au terme d’une marche lente et épuisante au travers des embouteillages et des unités dispersées. A 10h30, de nouveaux ordres arrivent : barrer la route Vathiménil-Moyen pour permettre au 156° RIF de passer à l’ouest de la Mortagne, puis ceci fait, décrocher à son tour vers St Pierremont. Seuls quelques éléments dispersés du 156° sont recueillis et l’ennemi arrive sur ces entrefaites. Le régiment décroche une nouvelle fois plein sud vers Rambervillers avec son 1er Bataillon comme arrière garde. Le Cne FOUCHÉ (Cdt la CM2) est tué lors d’un bombardement à Roville-aux-Chênes. Le régiment stationne un moment, sans aucuns contacts, en forêt de Romont au sud du village avant de se porter finalement en absence de tout ordre jusqu’à Vomécourt au sud de la forêt (sud-ouest de Rambervillers) où il passe la nuit. Dans la nuit le contact est repris avec l’EM de la Division de GIRVAL à Jeanménil. Le régiment reçoit l’ordre de se porter vers Housseras et d’y attendre de nouveaux ordres.
21 Juin 1940 – la fin :Parti de Vomécourt à 2h30 du matin, les restes du 82° RMIF arrivent à Housseras vers 6h du matin après avoir traversé une zone de désolation où fleurissent drapeaux blancs et où les unités d’artillerie sabotent leurs matériels inutiles car privés de munitions. De là, l’ordre de se porter à Rouges-Eaux est donné, mais la route est déjà coupée par les Allemands remontant d’Epinal. Après un court combat, le régiment – réduit à un millier d’hommes - dépose les armes. Seuls quelques éléments du I/82° RMIF avec le CB le CUNFF arrivent à s’échapper puis rejoindre Rouges-Eaux et le col du Haut-Jacques.
Les CHR 2 et 3 sont de leur côté localisées à la corne Est de la forêt de Padoux, à 200m de cette localité (…et à 12 kilomètres du régiment…), quand les premiers éléments allemands arrivent en vue. Le Cne RIBES procède à la destruction du drapeau du 82° RMIF avec l'aide du Lt BRUANT pour éviter qu'il ne tombe en mains ennemies. Les deux CHR capturées sont conduites à Rambervillers (5).