Le canon de 37mm Mle 1934 est issu de la bouche à feu de marine soit du Mle 1925 de 50 calibres. C’est donc logiquement que le canon de régions fortifiées conserve les mêmes caractéristiques techniques soit 12 rayures à droite inclinées de 7° et surtout un chambrage identique pour une douille de 37 x 277 R. Cette douille, réservée initialement à la Marine se voit modifiée une seule fois durant son existence, vers 1934, par le remplacement de son amorçage. Dès lors, l’étoupille de 11mm pour douille Mle 1906 (vissée) est remplacée par le Tube Porte-Amorce Forgeat Mle 1933, hormis le marquage spécifique pour la distinguer, la douille destinée au canon de 37 mm Mle 1934 de Régions Fortifiées est ainsi adoptée.
Pour le Tube Porte-Amorce Forgeat Mle 1933, voir la page sur la Munitions de 25 mm Mle 1934
Pour mémoire :
Exemple de culot d’une douille de 37mm Mle 1925 de Marine conforme au tracé N°14095C à TPAF Mle 1933 comportant son marquage de chargement au nitrate d’argent :
BSP D1,5-1-35 B : poudre BSP stabilisée à 1,5% de Diphénylamine – lot 1 de 1935 fabriquée à la poudrerie du Bouchet
ECP 4-1-6-37 : chargement de la douille effectué par l’Ecole Centrale de Pyrotechnie de Bourges - lot 4 - le 1 juin 1937.
Si la douille du 37mm Mle 1925 a été retenue dans son intégralité, cela n’a pas été le cas pour le projectile car la Marine ne possède aucun spécimen répondant aux caractéristiques d’un modèle antichar. Aussi, un certain nombre de projectiles de rupture sont essayés à partir de 1933, y compris lors des expérimentations de la bouche à feu en janvier et février 1934.
En avril 1934 les essais de projectiles de rupture à fausse ogive type APX débutent.
Le projectile est enfin adopté, il s’agit du boulet de rupture Mle 1936, qui est donc monté sur la douille de 37mm Mle 1934. D’après la notice provisoire sur les matériels de 37 de casemate Mle 1934 du 4 mars 1939, deux munitions sont retenues, une cartouche de guerre, l’autre d’instruction.
Cette cartouche, considérée comme munition de guerre, est constituée d’une douille à bourrelet de forme conique en laiton 70/30 de 277,7 mm de long, pour une longueur totale de 433 mm et d’un poids d’environ 1530 grammes. L’amorçage est réalisé par Tube Porte-Amorce Forgeat Mle 1933. Le boulet est constitué d’un corps en acier avec pointe durcie surmonté d’une coiffe balistique en magnésium d’une longueur totale de 155 mm pour un poids de 900 grammes. Le corps du boulet, en acier traité donc noirci, comporte 2 ceintures de guidage en cuivre ainsi qu’une gorge de sertissage. La coiffe en magnésium de 78 mm de long est soit en teinte brute grise ou laquée en brun. La charge propulsive théorique est de 280 grammes de poudre BSP stabilisée à 1,5% de Diphénylamine conférant une vitesse initiale V0 de 850 m/s.
La coiffe en magnésium présente l’avantage de flasher à l’impact ce qui permet d’une part au tireur de corriger son tir après l’avoir visualisé et d’autre part de projeter à l’intérieur du blindé des particules de matière en fusion conférant un rôle incendiaire au projectile.
Boulet de rupture de 37 mm Mle 1936. La coiffe balistique en magnésium est dévissée mettant en évidence la différence de teinte de la pointe durcie du noyau perforant.
Cette cartouche est composée d’un boulet d’instruction, employé également sur d’autres munitions françaises de 37 mm, monté sur la douille Mle 1934 identique à la munition de guerre. Le boulet présente un corps en acier avec une ogive tronquée possédant sur le devant un évidement et comporte 2 ceintures de guidage en cuivre. Le boulet d’instruction pèse 550 grammes pour 80 mm de long. Suivant la notice susmentionnée, le poids de la charge de poudre est de 310 grammes mais la nature de la poudre n’est pas détaillée. La cartouche à boulet d’instruction s’utilise dans les champs de tir restreints de 200 à 1000 m.
Aucun spécimen n’ayant été observé, ci-après une représentation graphique de la cartouche complète et de son projectile.
Les douilles sont marquées au culot suivant le principe des munitions françaises de l’époque. Il existe donc des marquages à froid réalisés lors de la fabrication des douilles, ces derniers indiquent sur une ligne en périphérie de l’amorce :
- à 12h : le calibre et le modèle de la douille
- à 6h : le fabricant suivi du lot et de l’année de fabrication ainsi que du fournisseur du laiton.
Exemple du marquage à froid du culot conforme au tracé P219 soit 37 Mle 1934 pour le calibre et le modèle de la douille fabriquée par la compagnie française des métaux usine de Castelsarrasin - Lot 66 de 1938. Cette usine est à la fois fabricant de douilles et fournisseur de laiton.
Également présent les marquages réalisés, au nitrate d’argent, révélant les renseignements relatifs à la charge propulsive soit la nature et le lot de poudre ainsi que l’identification de l’atelier de chargement, le lot et la date de réalisation.
Exemple de marquage au nitrate d’argent (en partie effacé) soit :
BSP-5-1-36 RP : poudre BSP– lot 5 de 1936 fabriquée à la poudrerie du Ripault,
A-1 : non identifié,
ECP-5-28-8-39 : chargement de la douille effectué par l’Ecole Centrale de Pyrotechnie de Bourges - lot 5 - le 28 aout 1939.
Les cartouches de 37mm Mle 1934 à boulet de rupture sont livrées par 10 placées verticalement dans une caisse en bois peint en vert. La caisse mesure 455 x 345 mm pour une hauteur hors-tout de 480 mm. Pour des raisons de conservation (risques de corrosion galvanique), les coiffes balistiques en magnésium ne sont pas montées sur les cartouches mais emboitées et emballées séparément dans la caisse. Le poids de la caisse vide est d’environ 10,5 kilogrammes. Des marquages peints en blanc sur le nombre, la nature des projectiles et la charge de poudre propulsive sont apposés sur les faces avant et arrière.
La documentation consultée précise que les cartouches de 37 mm Mle 1934 à boulet d’instruction sont livrées en caisse de 20 cartouches. A ce jour aucune caisse n’a été observée.
N’ayant pas de projectiles à portée réduite afin d’effectuer l’instruction en toute sécurité dans les stands de tir restreints, il a été réalisé une fausse cartouche de tir réduit au calibre de 7,5 mm. Cette fausse cartouche mise au point par le Service des Etudes de la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne bien tardivement ne semble pas avoir été diffusée.
La cartouche est entièrement métallique et mesure 403mm de long. Il s’agit d’un tube rayé et chambré pour la cartouche de 7,5 x 54 MAS Mle 1929. Le corps est en aluminium et les extrémités en acier. L’obturateur arrière portant le percuteur se verrouille par un système à baïonnette. Le culot est marqué de la destination et datation de la cartouche.
La consultation de la documentation a permis de mettre à jour le tracé de 1937 d’un boulet de rupture destiné à remplacer celui adopté sous le millésime Mle 1936. Aucune autre information n’est disponible sur ce dernier, à noter que ce projectile possède un traceur. Sa présentation dans ces pages reste à titre anecdotique.
Eric Klamerek
Note 18 du 17/2/1934 – Etude d’un nouveau système d’artillerie, matériels pour les régions fortifiées
Rapport d’essais d’obus de rupture à fausse ogive du 04/04/1934
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