Ligne Maginot - Bataillons Alpins de Forteresse



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Bataillons Alpins de Forteresse

(BAF)






Dès la fin des années 1920 l’arrivée au pouvoir de Mussolini et la montée en puissance du potentiel militaire italien commence à faire planer des craintes sur la frontière alpine. En effet celui-ci affiche avoir des visées expansionnistes diverses bien que non directement orientées contre la France à ce stade. Mais les ferments conflictuels existent, qui additionnés aux autres raisons de réarmer le front des Alpes - trop longtemps négligé - vont entrainer une révision stratégique.

A l’image de la frontière Nord-Est, le commandement français se mit donc à revoir la défense des Alpes. De nouvelles fortifications, dans le cadre de la CORF, commencèrent à sortir de terre s’appuyant sur celles de l’ancienne génération Séré de Rivières.


Création

Dès 1933 de nouvelles unités d’infanterie sont créées afin d’occuper les anciennes fortifications plus ou moins désertées depuis la première guerre mondiale et prendre en compte de l’évolution technique du nouveau système fortifié. Celles-ci sont tout naturellement créées au sein des régiments d’infanterie alpine des 14° et 15° régions militaires occupant les vallées frontalières.

Le 04/10/1933 est créée la 17° compagnie autonome de forteresse (Briançon) du 159° RIA et le 15/10/1933 le 4° Bataillon de Forteresse (Modane) du 99° RIA. En avril 1934 quatre autres bataillons de forteresse sont créés, toujours au sein des RIA, le IV/ 159° RIA (Jausiers), le IV/3° RIA (Sospel), le V/3° RIA(Nice) et le IV/141° RIA (Nice), suivies le 1er janvier 1935 d’un sixième bataillon, le V/159° RIA (Briançon) ainsi que deux compagnies autonomes (17° compagnie du 99° RIA et 18° compagnie du 159° RIA).

Le 6 Aout 1935 le ministre de la guerre signe une circulaire pour la création de trois demi-brigades alpines de forteresse (DBAF) occupant chacune un secteur fortifié situé le long de la frontière alpine.

  • 30° DBAF pour demi-brigade de Savoie

  • 157° DBAF pour demi-brigade du Dauphiné

  • 58° DBAF pour demi-brigade de l’Authion devenu rapidement des Alpes Maritimes


Le 15 octobre la création des DBAF est effective. Le 16 octobre 1935, les différentes formations créées au sein des RIA sont transformées en sept bataillons alpins de forteresse (BAF), constituant une nouvelle subdivision d’arme de l’infanterie. Ceux-ci sont échelonnés le long de la frontière et numérotés, du nord au sud, de 70 à 76.

Ils sont mis sur pied à partir des unités antérieures et chaque bataillon hérite des traditions et du drapeau de l’un des régiments stationnés en 14° et 15° régions militaires avant leur dissolution entre 1919 et 1923:

  • 70° BAF > ex 17° et 18° compagnies du 99° RIA (V/99° RIA) > drapeau du 97° RIA

  • 71° BAF > ex IV/ 99° RIA > drapeau du 30° RI.

  • 72° BAF > ex V/159° RIA, de la 18° compagnie du 159° RIA > drapeau du 17° RI.

  • 73° BAF > ex IV/159° RIA > drapeau du 157° RI.

  • 74° BAF > ex IV/141° RIA > drapeau du 61° RI.

  • 75° BAF > ex IV/3° RIA > drapeau du 40° RI.

  • 76° BAF > ex V/ 3° RIA > drapeau du 58° RI.


Sur le plan tactique et administratif, ils sont regroupés au sein des demi-brigades (DBAF) créés précédemment et occupent un sous-secteur.

  • 30° DBAF - SFS :

  • 70° BAF (Tarentaise) : Bourg Saint Maurice - Vulmix

  • 71° BAF (Maurienne) : Modane - Lanslebourg

  • 75° DBAF - SFD :

  • 72° BAF (Briançonnais et Queyras) : Briançon et Fort Queyras

  • 73° BAF (Ubaye) : Jausiers - Tournoux

  • 58° DBAF - SFAM :

  • 74° BAF (Tinée – Vésubie) : Lantosque - Entrevaux

  • 75° BAF (Authion) : Sospel – Breil – Peïra Cava

  • 76° BAF (Mentonnais et corniches) : forts de Nice et des corniches


Le recrutement est majoritairement composé de frontaliers habitant les vallées de montagne et rapidement mobilisables. Leur composition évoluera dans le temps et, suivant les bataillons, le nombre de compagnies d’ouvrages (CEO) et mixtes (CM) sera adapté aux sous-secteurs suivant l’étendue géographique et le nombre d’ouvrages à occuper. Le rôle des CEO est de former les équipages des « Petits Ouvrages » et l’infanterie des « Gros ouvrages », celui des CM la défense en profondeur des intervalles (positions de campagne), ainsi que les ouvrages d’avant-postes. Non prévue dans le tableau d’effectifs lors de la création des BAF, l’utilité de sections d’éclaireurs skieurs (SES) se fera rapidement sentir et celles-ci seront créée dès le premier hiver.

Mobilisation

A la mobilisation, les sept BAF sont dissous et donnent naissance à sept demi-brigades (16°, 30°, 75°, 157°, 61°, 40° et 58°) auxquels s’ajoutera une huitième (230°) créée pour occuper le secteur défensif du Rhône (SDR).

En pratique chaque compagnie d’un BAF du temps de paix forme le noyau d’un nouveau BAF portant le numéro d’un BAF de temps de paix ou ce même numéro augmenté de 10 en 10. Cela porte le nombre de BAF à 23 (réduit à 22 suite au changement d’appellation du 199° BAF en 199° BCHM - Bataillon de Chasseurs de Haute Montagne à Chamonix).

Comme, lors du temps de paix, le nombre de compagnies au sein de chacun est très variable d’un BAF à un autre (de deux à quatre). Ils partagent également les sous-secteurs avec les unités des divisions de renforcement. Ils occupent désormais :

  • 179° BAF > Sous-secteur Faucille l’Ecluse puis Sous-secteur du Rhône - quartier du Vuache

  • 189° BAF > Sous-secteur Chablais puis Sous-secteur du Rhône - quartier de Seyssel

  • 199° BAF (pour mémoire car devenu 199° BCHM )


  • 71° BAF > Sous-secteur Moyenne Maurienne - quartier Arc et quartier Amodon

  • 81° BAF > Sous-secteur Moyenne Maurienne - quartier cols du sud

  • 91° BAF > Sous-secteur Basse Maurienne – quartier Valmeinier et quartier Valloire


  • 75° DBAF - SF Dauphiné

  • 72° BAF > Sous-secteur Haute-Durance / Cerveyrette – quartier Gondran - Aittes et quartier Vachette – Janus (EO)

  • 82° BAF > Sous-secteur Haute Clarée / Guisane - quartier Buffères / Granon

  • 92° BAF > Sous-secteur Guil – quartier Queyras et quartier sommet Bucher

  • 102° BAF > Sous-secteur Guil - quartier Ceillac

  • 157° DBAF - SF Dauphiné

  • 73° BAF > Sous-secteur Jausiers - quartier Sagnes et quartier Restefond

  • 83° BAF > Sous-secteur Ubaye / Ubayette / quartier Saint Paul et quartier Meyronnes


  • 74° BAF > Sous-secteur Mounier - quartier Haut-Var et quartier Beuil (EO)

  • 84° BAF > Sous-secteur Mounier - quartier Gaudissart

  • 94° BAF > Sous-secteur Tinée / Vésubie – quartier Tournairet / Vésubie

  • 75° BAF > Sous-secteur Authion – quartier La Forca

  • 85° BAF > Sous-secteur Authion – quartier Brouis

  • 95° BAF > Sous-secteur Sospel - quartier Braus

  • 76° BAF > Sous-secteur Corniches - quartier Castillon –Mont Ours

  • 86° BAF > Sous-secteur Corniches - quartier Sainte Agnès

  • 96° BAF > Sous-secteur Corniches - quartier Corniches



Historique des combats

Les différents BAF auront eu leur baptême du feu de façons très différentes, certains contre les Allemands (179° et 189° BAF), les autres n’ayant eu souvent que leurs SES, leurs équipages d’AP, PO ou GO ou simplement certaines sections dans les intervalles contre les Italiens, les bloquant avec l’aide d’une artillerie très efficace dans leurs offensives… Les BAF seront dissous en juillet ou au début août 1940. Ceux-ci n’auront eu qu'une existence éphémère de 5 années.




Rédaction initiale : Marc ENDINGER , avec la participation de J-M JOLAS - 15/2/2022.


Sources : Bulletin de l’Association des Amis du Musée de l’Infanterie n° 30 ; «Hommes et ouvrages de la ligne Maginot» (A. HOHNADEL, J-Y. MARY, J. SICARD) ; documentation personnelle.



Secteur(s) concerné(s) :SDR SFS SFD SFAM




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