Créé en 1909, en garnison au camp de Chalons, le 46° Régiment d’Artillerie de Campagne constituait en temps de paix l’artillerie de corps du 6° Corps. Pendant la Première Guerre Mondiale il participera à de nombreuses batailles dont, notamment la bataille de la Marne (septembre 1914), la bataille de l’Yser (novembre 1914), Verdun (mars à juin 1916 et pendant l’été 1917), bataille de la Somme (automne 1916), Villers-Cotterêts (mai 1918) et l’offensive de Champagne (septembre 1918).
Le 24 aout 1914, 12 artilleurs du 6e RA (dont le chef de corps le colonel Richard et le commandant Castelnau) sont tués près d’Arrancy-sur-Crusne par un tir d’artillerie lourde allemande. Le régiment avait alors pris le nom de Régiment d’Arrancy.
De 1919 à 1922, le 46° RACP, cantonné à Mayence, fait partie de l’Armée du Rhin. Il est commandé par le LTC Maxime DELALLEAU jusqu’en 1922, puis par le LTC MARTIN-DECAEN. Le 10 avril 1923, le 46° change de dénomination et devient le 313° RACP.
Le 1er septembre 1936, le régiment est reformé à Thionville par dédoublement du 39° RARF. Il prend la désignation de 46° Régiment d’Artillerie de Région Fortifiée (RARF). Son dernier chef de corps, le LTC MARTIN-DECAEN est présent à la cérémonie de remise du fanion, présidée par le général GIRAUD, le 21 septembre 1936. Le colonel BOUDET prend la tête du régiment, jusqu’à la passation au colonel HELLER en mai 1938.
Le 46° RARF cantonne à la caserne Commandant Tricornot de Rose à Basse-Yutz. Il comprend deux Groupes de 75 et un Groupe de 155. Après l’alerte de 1938, il reçoit des canons de 75 mle 97 TTT sur pneumatiques remorqués par des tracteurs Unic P107 et des 155C mle 17 TTT remorqués par des tracteurs Somua MCG.
Du 23 au 25 aout 1939, les noyaux actifs du 46° RARF se dédoublent pour former le 46° Régiment d’Artillerie Mobile de Forteresse (RAMF) et le 70° RAMF (qui est le régiment d’artillerie mobile du Secteur Fortifié de Thionville).
La 1° batterie du 46° RARF forme le I/46° RAMF. Le Groupe va occuper une position à l’est de Boulange.
Les batteries du II/46° sont formée à Tichémont après appel des réservistes avec le matériel perçu au CMA 206 de Labry. Dès le 27 aout, avec l’ensemble le Groupe fait mouvement pour aller cantonner à Morfontaine, la Coloone de Ravitaillement (CR) allant s’installer à Boudrezy.
La 7° batterie du III/46° est quant à elle formée par la 13° Bie de temps de paix du 46° RAMF. Le 27 aout les réservistes B2 mis sur pied à Boncourt complètent les réservistes B1 arrivés deux jours plus tôt. La batterie part aussitôt s’installer à Arrancy. Le personnel commence aussitôt l’aménagement de la position d’alerte au lieu-dit Le Fourneau à l’est du village de Lopigneux.
La 8° batterie est également cantonnée à Arrancy avec sa position de tir à Lopigneux.
Etat-Major du régiment
Colonel commandant le régiment : LTC MERLE (à partir d'aout 1939
1er Groupe(en date du 13 juin 1940)
EM du Groupe
Commandant de Groupe : Chef d’escadron GARDIES
Adjoint : Cne THEVENON
Transmissions : Lt HARMEGNIES
SOM : Lt BOUCHON
Orienteur : Lt GRAVIERE
Observateur : Aspt d’ABOVILLE
Liaison : Aspt ULRICH
Liaison : Aspt DUFRANC
1° Batterie
Commandant : Lt DE LIVOIS
Lieutenant de Tir : Lt JUROVSKY
Chef de section : Ss-Lt LE BRETON (transféré à l’ouvrage A22 Michelsberg à la mi-novembre comme officier chimiste d’ouvrage), Ss-Lt LACAES
2° Batterie
Commandant : Cne COLOMBEY
Lieutenant de tir : Ss-Lt JANNEAU (sorti de l’Ecole de Fontainebleau, arrivé le 7 février)
Chef de Section : Adjt-Chef AUJARD
Chef de Section : Adjt-Chef MANSON
Chef des tracteurs : MDL Chef LEFRCANCQ
Chef comptable : MDL Chef FRANCOIS
Chef 1re pièce : MDL DAIX
Chef 2e pièce : MDL MAHAUT
Chef 3e pièce : MDL PECHEUR
Chef 4e pièce : MDL BERNARD
Mécanicien artillerie : MDL LAMBERT
Mécanicien auto : MDL MULLIE
Artificier : MDL CHEVALLIER
Fourrier : MDL DUCROCQ
Observateur : MDL PATA
3° Batterie
Commandant : Lt PESCHE
Lt de tir : Ss-Lt DE France
Chef de section : Aspt BERTRAND
CR
Commandant : Cne DOURIRE
Détails : Lt LEBIN
Mécanicien : Lt ARNAL
Munitions : Ss-Lt LIBRA
2e Groupe
EM du Groupe
Commandant de Groupe : Chef d’escadron MASSARD
Adjoint : Cne PETIT (à partir du 1er juin)
4e Batterie
Commandant : Lt DEUBEL (affecté au 27° RAD le 19 mars), Lt DUPUIS
Chef de section : Lt HERSANT (sorti de Fontainebleau, arrivé le 2 avril), Lt LAMBERT (à partir du 1er janvier)
5e Batterie
Commandant : Lt PIGAL (du 29 février au 7 mars)
Ss-Lt FLAMAND (jusqu’au 7 mars)
6e Batterie
Commandant : Cne François DELAMOTTE (28 aout au 12 septembre quand il est affecté à l’EM de l’ASFC), Lt Jean PETIT (13 septembre au 31 mai, Cne à partir du 25 décembre), Lt Jean VIDAL (à partir du 19 juin)
Lieutenant de tir : Lt Clément PIGAL (28 aout au 29 février), Ss-Lt Jean MOLLIERE (9 avril au 14 mai), Ss-Lt Etienne BUTARD (20 mai au 28 mai, évacué pour entorse), Lt Edgar DEVERNAY (à partir du 1er juin)
Chef de section : Lt Roger LAMBERT (25 aout au 1er janvier), Adjt-chef René SARTOUS (à partir du 7janvier), Aspt André MONET (à partir du 7 mai)
Sous-officiers :
Adjt RUNDWASSER du 25/08
MDL BAVAY : 25/08
MDL Chef MATHIEU : 25/08
MDL Chef BEAUVAIS 25/08 au 10/01
MDL FERRAUDON : 25/08 au 16/12
MDL GATEAU : 25/08
MDL PERRIN : 25/08 au 25/04
MDL MATHIOT : 25/08 au 20/01
MDL THOMAS : 25/08
MDL CHAMPAGNE : 25/08 au 13/09
MDL VENERIS : 25/08
MDL LAMY : 13/09
MDL BARBERI : 02/01 au 04/04
MDL PRUVOST : 02/01
MDL MICHEL : 02/01
MDL LECLERCQ : 05/04
MDL DOUMONT : 10/05 au 19/05
MDL ERIPRET : 20/05
CR
Lt PIGAL (à partir du 7 mars)
Lt VIDAL (jusqu’au 1er juin)
3e Groupe
EM du Groupe
Commandant de Groupe : Chef d’escadron GAUDRON
7e Batterie
Commandant : Cne André DE KERVANOEL
8e Batterie
9e Batterie
CR
Les trois Groupes du 46° RAMF couvrent alors les trois sous-secteurs du SF de la Crusnes :
I/46° à Baslieux près de l’ouvrage A3 Latiremont , en appui du 128° RIF
II/46° à Morfontaine, en appui du 139° RIF
III/46° à Arrancy, près de l’ouvrage A2 Fermont , en appui du 149° RIF
La Batterie Hors Rang (BHR) est stationnée à Ville-au-Montois.
Le 12 septembre, la 4e batterie est détachée à Chenières pour appuyer la 1° Brigade de Spahis.
Le 20 septembre, l’EM du II/46°, les 4° et 5° batteries quittent le village de Morfontaine et viennent cantonner au camp de Morfontaine , rejoints par la CR.
Le 28 septembre, l’EM du II/46° et la 5° batterie se rapprochent de Longwy et font mouvement sur le village de Haucourt.
Le 16 octobre, déclenchement d’un exercice d’occupation des positions. La 6° batterie, par exemple, va occuper la position à l’est du bois des Tourny en Roie (à 1,5 km au sud de Morfontaine) avec la perception de 1,5 UF. Après l’alerte, un détachement reste en permanence sur la position avec un sous-officier, un brigadier, un téléphoniste, cinq hommes.
Le 25 octobre, le I/46° est remplacé sur la position qu’il occupait à l’est de Boulange par un Groupe du 22° RAD (10° DI) et se resserre sur Longuyon pour aller occuper une position à l’est de Baslieux. Les travaux d’organisation de la nouvelle position se font dans un terrain difficile. La 3e batterie occupe une position avancée à Laix.
Le 30 octobre, retour de l’EM du II/46°, des 4° et 5° batteries au camp de Morfontaine. Le lendemain, la CR part s’installer à Saint-Supplet.
Le 22 novembre, la 4e batterie est mise à la disposition de la 3° Division de Cavalerie (3° DC) et va se positionner à Bréhain-la-Ville.
Une nouvelle alerte a lieu le 14 décembre à minuit, avec occupation des positions jusqu’au matin.
Le 15 janvier, la CR2 cantonne à Xivry-Circourt.
La période de décembre et janvier est occupée à l’aménagement des positions de tir. Les travaux sont entravés par les mauvaises conditions météorologiques. Les abris et boyaux doivent être continuellement entretenus. Le Cne de KERVANOEL de la 7° batterie nous indique que « l’esprit des hommes des hommes et la discipline ont été très bons malgré la rigueur du froid, la difficulté du travail sur la position dont certains abris étaient humides e menaçaient d’être inondés par une crue de rivière »
Le 15 février la 6° batterie reconnait une position de tir à 1,5 km au nord-est de Fillières.
En avril est procédé à des échanges de troupes entre les unités de renforcement et les unités de forteresse. Dans ce cadre, le 5 avril, la 6e batterie passe au 27° RAD (51° DI) 1 sous-officier et 10 hommes (des classes 33 à 36), le 27° donnant en échange 1 sous-officier et 10 hommes (classes 23 à 28).
La 3° Armée décide de doter la 1° Brigade de Spahis (1) d’une artillerie organique apte à la suivre dans ses déplacements rapides. On lui donne ainsi, à partir du 13-14 avril, la 6e batterie du 46° RAMF, complétée en matériel règlementaire (tracteurs TT) par les autres batteries des I/46° et II/46°. Un petit EM d’artillerie est détaché auprès de l’EM de la Brigade. Sous les ordres du capitaine THEVENON du I/46°, il est composé du lieutenant JANNEAU, d’un adjudant-chef, de deux équipes radios commandées par un MDL et il est équipé de deux ER22, deux voitures touristes, un side car et une camionnette. Ce petit EM rejoint Villers-la-Montagne. La batterie elle-même est constituée de deux officiers, 13 sous-officiers, 13 brigadiers, 77 canonniers. Elle est armée de 4 canons et 4 caissons avec 432 obus OE15 et 432 obus OE17. 3 camionnettes, 1 TAR et 2 motos complètent ce dispositif.
Dès le 13 avril, la batterie fait mouvement pour venir occuper une position d’attente dans le bois de Godbrange à 1,5 km au sud-ouest du village de Hussigny-Godbrange. Une position de batterie est aménagée à proximité de la position en lisière de bois.
Le 10 mai, la batterie est alertée à 2h et va immédiatement occuper la position de tir. Elle reçoit à 9h l’ordre de pénétrer au Luxembourg. Elle quitte sa position et franchit la frontière par la route d’Hussigny à Differdange. Elle occupe une position près de la cote 432 à 2 km au sud d’Obercorn. Sa position domine la plaine luxembourgeoise et elle exécute, à la demande des régiments, de nombreux tirs sur les objectifs qui se révèlent. La batterie est survolée par de nombreux avions ennemis et mitraillée par ceux qui volent à basse altitude. Des civils luxembourgeois qui évacuent vers la France passent à côté de la batterie.
La batterie continue ses bombardements le 11 mai, et tire sans arrêt de 3h à 9h30 sur les mêmes objectifs au Luxembourg. La batterie est toujours mitraillée par des avions allemands qui la survole à basse altitude. A 9h30, la 6° batterie reçoit l’ordre de retourner à son ancienne position de Hussigny-Godbrange à la cote 404,5 et un observatoire à la cote 412. Elle ouvre le feu de 10h50 à 15h52 sur le bois de Hohbusch, la route de Sanem à Differdange, la lisière ouest et sud de Niedercorn, les cotes 416 et 301 et sur le Kirchberg au nord de Differdange. La mairie de Hussigny (PC du colonel commandant la 1° BS) est prise à partie par l’artillerie ennemie (environ 18 coups de 150) et une moto de la batterie est détruite par un obus.
Un tir de harcèlement est mis en place de 19h17 à 21h sur la crête nord de Differdange.
La batterie participe pendant la nuit du 11 au 12 mai, aux nombreux tirs des 48° RAD, 248° RALD (58° DI) et 72° RATT (3° DC) qui ont permis le décrochage des 4° RSM et 6° RSA. Depuis leur observatoire, les artilleurs de la 6° batterie voient les Spahis se replier et quitter le territoire du Grand-Duché.
Dans la journée du 12, la batterie reçoit ordre de quitter Hussigny et de faire mouvement sur un chemin de terre à 1,5 km au sud-est de Mexy, près de l’auberge de Retentout. Elle reçoit pour mission d’appuyer la 1° BS qui est envoyée en renforcement dans la bataille de Longwy. L’arrivée de la batterie à sa position d’attente, à 4h30, est saluée par l’explosion de quelques obus allemands à moins de 150m. La batterie occupe en fin d’après-midi, vers 16h50, une position à 800m au sud de Mexy. Elle est brièvement rattachée au I/48° RAD (58° DI) commandée par le capitaine Sazaret. Positionnée entre deux batteries de ce Groupe qui tirent toute la journée sur le plateau de Cosnes-et-Romain, la 6° batterie ne tirera pas de la journée. Dès 19h50, l’ordre lui est donné d’aller cantonner à Baslieux.
Le 13 mai, la batterie reçoit l’ordre du colonel Merle de rejoindre le II/46° dans ses positions de Morfontaine.
Pendant que la 6° batterie accompagne la 1°BS, les autres batteries du 46° RAMF sont restées sur leurs positions. Le 12 mai à 23h, plus à l’ouest, les 155C de la 8° batterie ouvrent le feu par un tir d’arrêt sur la route entrant dans Longuyon, à 300m du cimetière.
14 mai. Entre 13h15 et 13h45 le camp de Morfontaine est pris pour cible par l’artillerie allemande. Quelques obus tombent sur la crête à 400m de la 6° batterie. Le I/46° effectue dans la nuit, vers 23h30, un tir de concentration sur Tiercelet. L’infanterie signale deux incendies après le tir et de nombreux tués et blessés allemands.
15 mai. De nouveaux tirs sont effectués à 0h20 et 18h45. La 6° batterie tire sur lisières de Tiercelet et détruit des nids de mitrailleuse. Elle détruit également des éléments motorisés au nord-ouest de Villers-la-Montagne.
16 mai. Des obus allemands tombent à nouveau sur le camp de Morfontaine. Le II/46° riposte.
17 mai. La 6° batterie fait mouvement et va occuper une nouvelle position en lisière du bois de Ville-au-Montois, à 1,5 km au sud-est du village du même nom. Elle est rejointe le 20 mai par tout l’ensemble du Groupe. Le II/46° ne tire pas un seul coup de canon jusqu’au 13 juin.
22 mai. Trois coups fusants tombent à 19h entre la position de la 6° batterie et Joppécourt. Joppécourt est à nouveau la cible de l’artillerie ennemie le 26 mai. La batterie change de position le même jour, à 21h45 pour aller occuper, à 1 km à l’est de Fillières, une position organisée par la 5e batterie. Le 30 mai, la 6e batterie va occuper une position anti-char à 1,5 km au nord de Fillières.
25 mai. La 4° batterie met en place une section nomade au sud-ouest du camp de Morfontaine. Le Lt DEVERNAY est désigné pour prendre le commandement de tir de la position nomade qui comprend deux pelotons de la 4° batterie et deux pelotons de la 5°. La batterie nomade effectue des tirs sur divers objectifs chaque jour et chaque nuit jusqu’au 12 juin.
Entre le 17 mai et le 12 juin, les batteries de 155C du III/46° exécutent des tirs sur les objectifs signalés par les observatoires de la fortification.
12 juin. La 58° DI quitte le secteur. Le II/46° est rattaché au groupe FLEURIAN (PC au bois d’Audun-le-Roman). Il reste en appui direct du sous-secteur de Morfontaine. Son PC est jumelé avec celui du 139° RIF à Ville-au-Montois.
13 juin 1940
Ce jour-là, l’ordre de repli est donné.
Le Cne DE KERVANOEL nous indique qu'avant de partir, sa batterie (7°) fait sauter les abris et les munitions qui ne peuvent être emmenées (2).
La 8° batterie décroche à 21h30 sous un bombardement. Itinéraire : Marcy-le-Bas, Norroy-le-Sec, Fléville où elle arrive le 14 à 3h. Elle repart dès 21h pour rejoindre Porcher.
Le II/46° quitte Fillières le 13 juin et rejoint Anoux. La CR quitte Xivry-Circourt pour Labry.
Dans la soirée, le I/46° quitte ses positions en détruisant le matériel non essentiel laissé sur place, à l’exception d’une grosse quantité de munitions qu’il doit abandonner intactes. Les munitions emportées sont chargées sur les tracteurs et les camions. Les caissons sont remis au Parc de Metz par les soins de la CR.
14 juin 1940
Le 2° groupe fait mouvement sur Jarny (château de Moncel) où il est rejoint par la CR.
Le I/46° arrive à l’aube à Lixières où il s’installe. A la tombée de la nuit il fait mouvement sur Friauville.
15 juin 1940
Le II/46° fait mouvement sur Vannes-le-Châtel. La colonne des TAR du régiment est bombardée et mitraillée par des avions volant bas. Plusieurs véhicules sont endommagés, sans perte en personnel.
Longue étape de 90 km pour le I/46° jusqu’à Saulxures-lès-Vannes en passant par Toul et Vaucouleurs. Des bombardements aériens à Chambley et Saint-Benoit-en-Woëvre nous causent quelques dégâts matériels. A l’arrivée à Saulxures, au cours d’un mitraillage de la colonne, un MDL-Chef de la 3e Bie est sérieusement blessé.
Le 15 juin, la 8e Bie reçoit à 8h30 l’ordre de partir. Le déficit de camions pèse lourdement et 4 voyages sont nécessaires à tous les camions pour transporter la batterie et ses munitions. Les derniers éléments partent à 10. L’itinéraire suivi est : Chambley, Trondes, Pagny-sur-Meuse, Void, Vaucouleurs, Chalaines et Allamps rejoint à 20h30.
16 juin 1940
Départ à 21h30 du II/46°. Arrivée à Malaincourt le 17 à 4h30. La 5° batterie met une section en batterie.
Le I/46° fait étape à Soulaucourt. Les bruits de combats de Neufchâteau résonnent.
Le 16 juin est un jour de repos pour la 8° Bie, perturbé par des bombardements allemands. La route est reprise en fin de journée pour atteindre Beaufremont en passant par Barisey-au-Plain, Autreville, Chatenois, Beaufremont. Arrivée le 17 à 4h, mise en batterie face au nord.
17 juin 1940
Pour le II/46°, départ à 21h30 pour la région de Crainvilliers. Une section de la 6e batterie est mise en batterie antichar au nord de Gignéville.
Dans la nuit le I/46° fait route sur Charmes où il se place en défense antichar sur les routes qui traversent les bois au nord de la ville.
Départ de la 8° Bie, le 17 à 21h30, par Saint-Ouen-lès-Parey. Elle fait demi-tour à La Vacheresse-et-la-Rouille pour revenir à Aingeville où elle se met en batterie face au sud.
18 juin 1940
Le II/46° est rattaché à la 1° DIC (général ROUCAULT). Arrêt vers 7h sur la route de de Crainvilliers. Reconnaissance d’une position AC au-dessus de Gignéville. Arrivée à Urville à 14h30. Mise en batterie sur la route d’Urville au bois d’Enfer. Vers 20h, mise en batterie à l’ouest du village.
Le I/46° retourne à Soulaucourt et reprend les positions occupées la veille.
19 juin 1940
Le 46° RAMF passe sous les ordres du général Brussaux.
Le II/46° se replie sur They-sous-Montfort. La 5° Bie met une section AC à 15 km au SE de Mirecourt, 1 section sur le chemin Vittel cote 444, 6° Bie avec 1 section au carrefour 1 km au nord de They.
Départ à 4h du II/46°. Arrivée à They-sous-Montfort vers 8h30. Mise en batterie au carrefour est de They, près de la cote 473. A 11h, deux canons sont prêtés au III/46°. Tous les papiers secrets et personnels de la Bie sont détruits. Départ à 20h.
Le I/46° atteint Parey-sous-Montfort où il reçoit mission d’interdire la route de Vittel, couverte de réfugiés. Le III/46e ayant fait sauter ses 155C. On répartit entre les 12 Bies du régiment les pièces des deux groupes de 75. Dans la nuit le Groupe fait route en direction de Jorxey en passant par Mirecourt.
Le 19 juin, départ de la 8° Bie à 3h, vers l’est. Passage par Vittel, They-sous-Montfort pour atteindre Domjulien à 8h. Dans la matinée le colonel répartit les canons des 75 des deux premiers Groupes entre les 3 Groupes. Les batteries du III/46° sont chacune dotées de 2 pièces de 75. Le capitaine de KERVANOEL indique que l’instruction au 75 est faite rapidement.
Le général BRUSSAUX décide que les canons de 155 ne bougeront plus. Avant de reprendre la route, à 18h30, les canons de 155C sont mis hors d’usage à l’aide de pétards de cavalerie. Les tracteurs libérés seront affectés au matériel de 75 qui sera utilisé au maximum comme arme antichar.
Le colonel MERLE prescrit de « abandonner et détruire tout ce qui n’est pas de première utilité : une partie du matériel téléphonique et optique (10 BA) une certaine quantité de matériel du camion atelier et surtout des TAR (roues de caissons en particulier). »
Domjulien est quitté à 19h45. La route reprend, par Mirecourt, Villers et enfin Ahéville est atteint le 20 juin à 2h.
Dans la nuit du 19 au 20, le II/46° occupe Villers avec la BHR et le colonel. Tous les canons et armes automatiques des groupes de combat participent à la défense du secteur qui est encerclé de tous côtés. Le II/46° tire sur des engins blindés et des rassemblements de troupes. Le capitaine Pecqueur du 1° escadron du 8° GRCA est là, sans liaison. Il renseigne le colonel et continuera à chercher le contact. Villers est bombardé et mitraillé.
La section du Ss-Lt HERSANT de la 4° Bie défend une entrée de Mirecourt et est portée disparue, sans doute prisonnière.
Arrivée du III/46° à Ahéville à 3h du matin. Le Cne fait la reconnaissance du village avec le commandant du III/46°. Les Allemands étaient la veille dans le village, un drapeau blanc placé à proximité d’une roulante abandonnée. Des civils, hommes et femmes, sortent de chez eux, effrayés par les combats qui auraient lieu en cas de résistance dans le village, d’autant plus qu’on entend parler d’armistice. Cela a un effet très mauvais sur le moral des hommes. Aucune infanterie n’étant disponible, les hommes non utilisés aux 75 forment quatre pelotons de voltigeurs. Les pièces sont mises en place pour 5h, avec comme mission l’interdiction de l’approche du village aux blindés allemands.
La 8° batterie reçoit pour mission l’interdiction de la route d’Ahéville à Vaubexy.
Le I/46° arrive à Ahéville vers 4h du matin et reçoit l’ordre de former un bouchon avec le 8° GRCA.
A 4h une voiture Renault pilotée et occupée par des Allemands est arrêtée par le canonnier Kléber DENEUVILLE (3). Le chauffeur stoppe, ouvre la portière et blesse mortellement DENEUVILLE. La défense rapprochée ouvre le feu et tue le chauffeur. Les deux occupants de l’arrière ripostent à la grenade et s’échappent dans le bois tout proche. A la pièce, le brigadier pointeur BREAMS est touché à la lèvre par un éclat de grenade mais conserve son poste.
A 6h une AM allemande débouche et ouvre le feu sur la position de la ° Bie. Après un premier coup de canon, l’AM se replie, se défile et ouvre le feu sur la pièce qui est repérée. Une balle détériore la pièce et empêche l’ouverture de la culasse. Appelé par le chef de pièce, le Cne THOMAS, commandant la Bie, ouvre la culasse à coup de pioche et peut encore tirer deux autres coups de 75. L’AM se replie et la pièce est aussitôt remise en état.
A 10h, une attaque de chars venue du nord est repoussée par les tirs d’une batterie du I/46°.
A 11h, nouvelle attaque allemande. La 3e Bie du I/46° ouvre le feu. Le combat dure une heure causant de lourdes pertes aux assaillants. Le lieutenant de transmissions du I/46° est tué à un observatoire. Un 105 allemand éclate dans un arbre au-dessus d’une pièce de la 3° Bie tuant un aspirant, un chef de pièce et tout le peloton de pièce.
Vers 19h, le colonel commandant le 46° RAMF réunit un conseil de guerre et décide de cesser le combat. Les pièces sont rendues inutilisables peu après.
Dans la nuit du 20 au 21, des engins motorisés ennemis qui se rassemblent autour du village de Villers occupé par le II/46° sont signalés à diverses reprises au cours de la nuit. Le 8° GRCA tente plusieurs sorties infructueuses. Sans contact, des rumeurs parviennent aux hommes du chef d’escadron MASSARD : une suspension d’armes serait intervenue. Le Groupe ne possède plus que 6 pièces et pas de munitions. Seule la moitié du personnel est armée. A 2h, le colonel Merle fait appeler le chef d’escadron MASSARD et le met au courant de l’encerclement.
Avant 4h, 21 juin, un soldat français envoyé par les Allemands joint le commandant I/46°, chef du Groupement à Ahéville et porte le message suivant « Vous êtes encerclés. Déposez les armes. L’Armistice est sinon signé sur le point de l’être. Le village que vous occupez va être pilonné par l’artillerie et les chars le nettoieront aussitôt ».
A 6h30, le colonel MERLE donne l’ordre au chef d’escadron MASSARD de faire procéder aux destructions. Les canons et armes sont sortis de leurs emplacements. A 7h30 après avoir souligné devant les officiers et pelotons de pièces rassemblés le sens de l’épreuve imposée, le chef d’escadron Cdt le II/46e fait rendre les honneurs et le matériel est mis hors d’usage.
A 8h une automobile allemande se présente en parlementaire au poste N de Villers. Elle est conduite au colonel qui écoute le représentant Allemand par le truchement d’un interprète.
A 10h, le II/46° reçoit l’ordre de se mettre en route sur Mirecourt. A la même heure, les hommes des I/46 et III/46° sont également faits prisonniers.
Le convoi arrive à Mirecourt vers 15h. Tous les bagages militaires sont laissés sur place. Les officiers avec leurs ordonnances sont séparés des hommes. Les premiers montent dans des touristes les seconds dans les camions. Départ de Mirecourt vers 16h30. Arrivée à Vaucouleurs vers 22h30.
Les hommes du 46° RAMF commencent leur long chemin vers la captivité ...(4).
(1) Sous les ordres du colonel JOUFFRAULT, la 1° Brigade de Spahis est constituée du 4° Régiment de Spahis Marocain (LTC ROMAN-AMT) et du 6° Régiment de Spahis Algérien (colonel DE GOUTEL)
(2) Dans La Bataille des Trois Frontières, JYM signale qu'un rapport ultérieur d'une unité allemande stationnant à cet endroit précis met en doute la réalité du sabotage rapportéé par le Cne de KERVANOEL.
(3) Au nombre des tués le 20 juin à Ahéville on compte également René GALLET, Jean DELOFFRE, Jacques HARMEGNIES, Fernand LEMONNIER (source memorialgenweb)
(4) Le lieutenant VIDAL de la 6° batterie a envoyé son rapport le 9 février 1942 depuis l’Oflag VID à Münster
Michel Teiten février 2022
Historique du 46° Régiment d’Artillerie de Campagne pendant la guerre 1914-1918 (BNF Gallica)
Archives SHD du 46e RA (34N572 SHD)
La Bataille des Trois Frontières (JY Mary)
Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot Tome 2 (JY Mary, A Hohnadel, J Sicard)
Au fond de la vallée commence la guerre (Y Zanella)