Fernand vient au monde en mars 1911 à Soufflenheim dans la famille Elchinger qui est une référence dans le domaine de la poterie vernissée et de la céramique flammée depuis 1834.
Des 3 fils, c’est Fernand qui reprend le flambeau en 1934 et engage l’entreprise sur une voie nouvelle, effectuant en même temps un service préparatoire militaire et des périodes de réserve.
Convaincu que l'art seul ne suffit pas pour mener à bien ses projets, Fernand Elchinger sut allier l'art et la technique.
école des Arts Saint-Luc de Tournait (1926-1928)
école des Arts décoratifs de Strasbourg (1928-1929)
école de céramique Höhr-Grenzhausen - Ingénieur céramiste (1929-1931)
Sa formation militaire ne fut pas en reste. Issu sergent de l'école de Saint-Maixent, il connaitra une véritable carrière militaire qu'il saura mener de concert avec sa vie civile et ses responsabilités au sein de l'entreprise familiale.
Ecole de Saint-Maixent
7° régiment de chasseurs alpins (Albertville, 1931-1932, période de réserve jusqu’en 1935) sergent.
23° régiment d’infanterie de forteresse, (1935-1939) sergent-chef; adjudant; sous-lieutenant.
68° régiment d’infanterie de forteresse 8ème compagnie d’équipages de casemates (22 septembre 1939 - 2 juillet 1940) Lieutenant.
Périodes de réserves après-guerre, Capitaine.
Devenu lieutenant, Fernand Elchinger se voit confier à la mobilisation le commandement de la casemate de Fort Louis ouest avec son équipage de 25 hommes.
Les casemates de Fort-Louis sont une position charnière entre les fortifications de Nord-Alsace et celles du Rhin. Elles sont situées sur les berges du Rhin, à 300 m des rives adverses et très exposées au feu ennemi.
A la mi-février 1940, le lieutenant Elchinger est félicité par le haut commandement pour « l’initiative et l’ingéniosité dont il a fait preuve dans la réalisation d’améliorations pratiques des conditions de défense des casemates ».
A la mi-Juin 1940 les troupes d’intervalle se replient et les équipages des casemates sont désormais seuls pour tenir la position. Fin juin 1940, les allemands prennent contact avec les Français et les somment de se rendre, sans succès. Les casemates résisteront et ne se rendront que sur ordre une fois l’armistice signé.
Parti en captivité avec ses camarades, Fernand est libéré le 2 juillet 1940 comme tous les alsaciens-lorrains et est de retour dans une Alsace annexée où il devient citoyen allemand et reprend la direction de l’entreprise familiale aux côtés de son père.
Refusant d’être mobilisé de force dans la Wermacht, il est convoqué le 15 septembre 1944 par la Gestapo de Strasbourg puis arrêté un mois plus tard. Début novembre 1944, il est interné camp de travail d’Oberndorf d’où il s’évade le 23.
Dénoncé, il est interné dans le camp de Gaggenau-Sulzbach à partir duquel, autorisé à sortir du camp pour aller travailler dans les poteries Kuhn à Ötigheim, il monte un centre d’évasion de déportés en décembre
Le 17 mars 1945 il est arrêté par la Gestapo et emprisonné à la prison de Rastatt dont il s’évadera là encore. Il rejoindra l’Alsace en remontant la rivière de la Murg à la nage.
Fernand restera capitaine de réserve jusqu’en 1954 bien que, malgré ses états de service, l’état refuse de lui octroyer la carte de déporté résistant.
Capitaine d’industrie, il fait passer son entreprise du stade artisanal à la production industrielle et en fait la première entreprise faïencière d’Alsace.
Philanthrope, il réorganise la vie à Rastatt et finance la reconstruction du théâtre d’Ötigheim. Il enseigne comme professeur des arts décoratifs à l’école des beaux-arts de Karlsruhe.
Fernand Elchinger s’est éteint à Wissembourg le 20 octobre 1975 en ayant toujours donné le meilleur de lui-même pour défendre et rester fidèle à ses valeurs morales.
Baptiste Gaudin