Mi-1935, suite à un signalement fait par la Direction du Génie de Belfort, le Gal BELHAGUE (CORF) mentionne à l'Etat-Major de l'Armée l'existence d'un problème potentiel d'exposition des façades de casemates au tir direct, voir au tir d'embrasure, de chars qui se trouveraient devant le réseau de rails mais hors d'atteinte de l'arme antichar de la casemate.
Ce souci de défilement de façade face à des directions dangereuses avait déjà été ponctuellement mis en évidence pour des tirs d'artillerie lointains. Quand ce type de situations était mis en évidence, on procéda dans de rares cas à une construction de façade avec échelons refusés (2) ou à un allongement de l'orillon (3) pour minimiser le risque. Il était évidemment pas question d'appliquer cette solution sur les centaines de casemates déjà construites fin 1935...
BELHAGUE proposa donc - après étude faite par l'ITTF - d'équiper les casemates d'un dispositif largement exploité dans les fortifications du 16°-17° siècle, en particulier par Vauban qui en fit grand usage : le cavalier.
Le cavalier - dans la fortification Vauban - est un merlon de terre dont le rôle est d'assurer la protection de positions d'artillerie ou d'une courtine contre l'artillerie adverse par simple masquage. Il est formé d'une levée de terre suffisamment haute pour protéger du tir à vue, mais assez basse en même temps pour que sa partie supérieur puisse être protégée en enfilade par le feu des défenseurs installés sur la courtine.
Dans la fortification Maginot, il s'agit donc d'une levée de terre peu importante, implantée en arrière du réseau de rail et entre la limite extérieure du champ de tir du canon antichar et la ligne de défilement de la façade (4). Il est d'une hauteur de 2 à 3 mètre maximum pour masquer la façade aux vues du char tout en laissant la surface supérieure de la levée sous le feu de la cloche GFM.
Le concept proposé par le Gal BELHAGUE est approuvé par l'EMA le 12 février 1936 (note 458 3-EMA/P) puis par la direction du Génie le 31 mars 1936 (note 2480 2/4-S).
Cette dernière donne instruction aux Régions Militaires concernées pour une mise en œuvre immédiate du concept par la Main d'Œuvre Militaire (MOM) sur moyens budgétaires propres auxdites régions. En période de disette de budget liée à la crise économique, cela équivaut à un enterrement de 1ère classe, ou au mieux à un report aux calendes... d'autant que la totalité des casemates prévues (isolées ou d'ouvrages, y compris nouveaux fronts) ont été construites et équipées de champs de rails. Un tel travail nécessiterait donc - outre la neutralisation de l'organe durant les travaux - de réaménager une partie des réseaux à peine posés (réseau barbelé en particulier).
On ne peut exclure qu'en amélioration de casemates existantes, certaines aient bénéficié du cavalier de casemate, ou en tous cas d'une version simplifiée qui consiste à renforcer et allonger le talus d'orillon pour améliorer le défilement... Les exemples précis de mise en oeuvre restent à identifier.
La solution proposée aurait pu s'appliquer plus simplement à d'éventuelles nouvelles casemates d'infanterie à construire dans le futur. Or, peu de temps plus tard - en décembre 1936 - la STG émet une nouvelle notice de conception des casemates, à créneaux décalés, qui devient le nouveau standard de constructions futures. Ce "modèle type" généralise les échelons refusés de façade, ce qui apporte une solution partielle au problème de défilement des générations antérieures solutionné en principe par le cavalier de casemate, rendant son application future pratiquement inutile.