Immédiatement à droite de la Région Fortifiée de la Lauter (RFL) dont il est indépendant, le Secteur Fortifié du Bas Rhin (SFBR) s'étend de Neu-Empert à Diebolsheim à la mobilisation, intégrant les casemates de berge de KINTZIG Nord à la casemate de RHINAU Sud.
Le secteur est marqué par la présence de la ville de Strasbourg sur le fleuve, rendant la défense en profondeur délicate. De part et d'autre de la ville, les berges du fleuve sont "imperméabilisées" par la présence de la forêt du Rhin, dense et quadrillée de bras de fleuve, de marais et de cours d'eau. Cette particularité est bien sur avantageuse pour la défense, même si d'éventuelles contrattaques de traversées dans cette forêt sont difficiles et potentiellement couteuses en hommes.
Ce secteur ne comporte pas d'ouvrage d'artillerie ou d'infanterie, ni d'abris CORF pour réserves locales tels que ceux nombreux en RFM ou en RFL. Il ne sera doté par la CORF que de casemates d'infanterie spécifiques et d'abris PC du type A1CL ou A2CL de petite taille. Les casemates et abris sont établies sur trois lignes dont les deux premières sont largement discontinues. La première au niveau de la berge du Rhin couvrant les points de passage importants et jouant le rôle d'avant-poste, la seconde un kilomètre en arrière intégrant en soutien des abris avec ou sans cloche et enfin une troisième ligne plus étoffée, dite ligne des villages, construite à environ 2 kilomètres en arrière du fleuve. Ce schéma de principe n'a pas cours au niveau de l'agglomération de Strasbourg, où seules existent un ligne de berge pour le coup continue, faite de casemates CORF plus tardives et améliorées, et une ligne d'arrêt et d'observation au niveau des hauteurs ouest de la ville, ligne qui réutilise partiellement des fortifications ex-allemandes.
Le dispositif sera complété comme partout ailleurs de nombreux blocs construits pas la MOM (Main d'Œuvre Militaire) construites par les unités de renforcement durant la drôle de guerre et visant à donner de la profondeur et de la continuité au système défensif. Sont ainsi renforcées l'ensemble de la zone industrielle du port du Rhin derrière les casemates de berge, la berge elle-même dans les endroits dépourvus de casemates CORF, les digues de hautes eaux, les débouchés de la forêt du Rhin, les intervalles de la ligne des villages, et finalement en arrière le canal du Rhône au Rhin. Un inventaire approximatif fait par le Lt-Col REMORDS évoquera ainsi la présence en juin 1940 de 14 blockhaus lourds type A (et 14 autres en construction) et 465 blocs bétonnées de plus petite taille (type B ou C).
La mission du SFBR est simple à exprimer mais complexe à mettre en œuvre :
- interdire tout franchissement du Rhin sur son ban, et plus particulièrement sur les 5 axes munis de ponts (fixes ou de bateaux) : Drusenheim, Gambsheim, ponts de Kehl, Gerstheim, Rhinau.
- protéger coute que coute le môle (et ville symbole) de Strasbourg,
- couvrir les voies principales d'entrée dans le pays, notamment la route du col de Saverne.
L'organisation initiale du secteur à trois sous-secteurs (Herrlisheim/Nord, Strasbourg/Centre, Erstein/Sud) est complexifiée par la présence de la ville de Strasbourg, considérée comme place forte pratiquement autonome avec son état-major et sa propre structure dédiée. Le commandant d'arme de la place (initialement le Gal RICKENBACH) dépend à la fois de l'EM du SFBR en tant que responsable du sous-secteur centre (Strasbourg) et de sa défense, de la 20° Région Militaire pour ce qui concerne les aspects territoriaux (police, ravitaillement des civils restés sur place, etc), et directement du général commandant la 5° Armée sur les aspects plus politiques et hiérarchiques... Cette organisation s'avère rapidement dysfonctionnelle au point que le Gal RICKENBACH est replacé par le Col de CHATEAUBOURG dans un rôle lui-même restreint aux seuls aspects "territoriaux" de type sureté, police ou ravitaillement. Ce nouveau "commandant d'arme" rapporte directement à la 5° Armée et les troupes d'infanterie appartenant à la place sont réaffectées au SFBR (226° RI, 205° RRP, ...).
La ville de Strasbourg génère une autre contrainte très spécifique : au niveau de la ville, la LPR est directement en contact avec la frontière, c'est à dire le Rhin. Elle remplit donc le double rôle de position d'avant-poste et de front de bataille théorique. Ceci amènera à concevoir en détail les fonctions d'observation de ces casemates de berge pour leur donner la capacité d'anticipation et de "sonnette d'alarme" habituellement dédiée aux avant-postes. Deux des casemates (BASSIN aux PETROLES et ROHRSCHOLLEN) seront ainsi équipées de cloches spéciales de type VDP, dédiées à l'observation. Pour pallier cette fragilité, le port industriel sera lourdement fortifié par la MOM comme évoqué plus haut, les défenses des ponts de Kehl seront particulièrement soignées et tout un ensemble de dispositifs de destruction préparées sera créé entre le fleuve et les sorties de la ville.
Comme de nombreux autres secteurs, le SFBR connaitra plusieurs changements de responsabilités tactiques et territoriales au gré des réorganisations suite à l'insertion des troupes de renforcement. Malgré cela, les troupes de forteresse initialement prises en compte à la mobilisation, à l'exception du 70° RIF, resteront sous la coiffe technique et administrative du SFBR même quand elles seront tactiquement rattachées à d'autres unités. Le tableau ci-dessous résume les fluctuations d'organisation du secteur.
Le PC du Secteur était installé dans le fort DUCROT à Mundolsheim, puis à la forteresse de MUTZIG du 16 Mai au 14 Juin 1940.
Le commandement du secteur puis de la 103° DIF a été successivement assuré par les généraux Jules PICHON. Atteint par la limite d'âge, il cède la place au Gal Gaston RENONDEAU à partir du 07 janvier 1940 jusqu'à son départ le 25 mai comme nouveau commandant du 42° CAF (Crusnes). Le secteur est commandé ensuite par le Gal VALLEE à partir du 27 mai 1940.
Chef d'état-major : Lt-Col Marius REMORDS
1° Bureau : Cne Louis WENGER, puis CB LAVAREILLE
2° Bureau : Cne Jacques ANDRIEU, Cne Jacques SEGONNE
3° Bureau : Cne Jacques ANDRIEU, Cne Jacques le VACHER
4° Bureau : Cne Louis WENGER, puis CB LAVAREILLE, officiers : Lt Emmanuel JOURNOUD, Lt ANTHON
Cdt des Trains Régimentaires : Lt Pierre BONNET
Circulation : Cne (Art.) Charles RHEIN
Service Z : Cne (Art.) Gaston GRANDJEAN
Chiffre : Cne (Art.) André PAIRAULT, puis Lt Pierre FERRIGNAC
Courrier : Cne (Art.) Paul AMIET
Intendant : Intendant Militaire Adjoint René SIMONET
Subsistances : Lt Paul VAUCARD
Section topographique : Lt (Art.) Louis BLANC, puis Lt Philippe BRAUNWALD
Officier de l'air : Lt (Av.) Louis PAVAGEAU
Interprètes : Lt Jean FUCHS, S-Lt André SALTZMANN (surnombre) et Camille SCHERER
Justice militaire : Cdt Jean DRAPPIER, puis Cne Pierre LADOUX, juge d'instruction.
Officier adjoint : Cne Georges CANTENOT.
Commandant l'infanterie : Col Paul (ou Gabriel selon la source) VIMAL du BOUCHET.
Chef d'EM : Cne Léon BONESCUELLE de LESPINOIS, Officiers : Lt Jean NOTTER et André MARIOT.
Commandant l'artillerie divisionnaire : Lt-Col puis Col Albert DUBAIL,
adjoint : Cne Raymond LANTOINE, officier Transmissions : Lt Christian MEURIOT, SRA : Lt Jules BEAUVAIS, Munitions : Lt Albert GAMET
Commandant le Génie : Col Marcel SIMON.
Cdt des Equipages d'Ouvrages : CB Léon BADET, officier comptable : Cne Paul ANDRE, Sce Electromécanique : Cne Joseph BOUCHER
Commandant les Transmissions : Cne Jean-François LEGRAND, puis Cne LAMAURIE
Adjoint télé : S-Lt Jean LACROIX, Adjoint radio : Lt Bernard MAURY
Commandant le Train : CE René LAURENT
Adjoint : S-Lt Marcel BRINKLÉ
Détachement de la Cie Auto du Train : Cne Charles de VILLELUME
Commandant la Marine : Cne de Frégate JAMET
Prévôté : Cne Henri TOURNÉ-LAFONT
Santé : médecin Lt-Col Pierre WALTER
Vétérinaire : Lt Auguste SALOMON
70°RIF - PC à Herrlisheim
Chef de Corps : Lt-Col SCHWARTZ puis Lt-Col RAYNAUD a partir du 15 mai 1940
1° bataillon : Quartier Drusenheim
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO1 devenue 9° CEC - PC a Drusenheim ?
2° bataillon : Quartier Gambsheim
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO2 devenue 10° CEC - PC du Pont de Gambsheim
172°RIF - PC à Fort Pétain (Anciennement Fort Großherzog von Baden puis Fort Frére)
Chef de Corps : Lt–Col. Louis LE MOUËL, chef d'EM : CB Louis COURSIER
1° bataillon : Quartier Robertsau - PC : PC DAVOUST
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO3
2° bataillon : Quartier Neuhof - PC : Ecole du Stockfeld
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO4 ,
XXI° bataillon (bataillon d'instruction, formant corps)
34°RIF - PC à Erstein
Chef de Corps : Lt–Col. Jean BROCART, chef d'EM : CB Etienne NOEL
1° bataillon : Quartier Krafft - PC : KRAFFT - La TUILERIE
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO5 (Lt le HIR)
2° bataillon : Quartier Rhinau ou Boofzheim (selon l'époque) - PC : BOOFZHEIM
- 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
- CEO6 (Lt BARTHELEMY)
La place de Strasbourg est sous le commandement du Gal RICKENBACH, Commandant d'Armes Spécial de Strasbourg.
226°RI - Lt-Col MARTEAU (Régiment de Garnison de Sureté de Strasbourg)
Régiment d'infanterie type Nord-Est à 3 bataillons de série B. Initialement en arrière du 172° RIF dans la place de Strasbourg, ce régiment monte en ligne partiellement en octobre 1939, puis totalement en février 1940. Il se partage le front de la ville avec le régiment de forteresse. Il devient finalement régiment organique de la 103° DIF à la création de celle-ci un mois plus tard.
1° bataillon : CB
2° bataillon : CB WENGER
3° bataillon : CB
Après le 3 mars 1940, 237°RI de réserve générale - PC Fort Uhrich - Lt-Col VIGNERON
Régiment d'infanterie à 3 bataillons basé initialement à la forteresse de Mutzig, puis avancé sur la place de Strasbourg en octobre 1939, chargé des travaux et du renforcement de la défense dans le sous-secteur de Neuhof
Sous-secteur d'Herrlisheim (pour mémoire... bascule au SFH en mars 1940)
1er groupe - PC Fort Pétain - CE Alfred RICHEZ. Devient le III/156° RAP après transfert.
- 1° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897
- 2° batterie - 9 pièces de 150T
Sous-secteur de Strasbourg ou Centre
2ème groupe - PC au Neudorf - CE Hubert MAITRE
- 4° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897.
- 5° batterie - 8 pièces de 155 L mle 1916
- 6° batterie - 9 pièces de 150T
- batterie de 10 cm KiSL allemande de l'ouvrage Ney-Rapp (2 pièces)
Sous-secteur d'Erstein ou Sud
3ème groupe - PC Erstein- CE Charles HOMASSEL
- 7° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897
- 8° batterie - 8 pièces de 145/155 L mle 1916 (fort JOFFRE et ouvrage JOFFRE/LEFEBVRE)
- 9° batterie - 9 pièces de 150T
- batterie de 10 cm KiSL allemande annexe au fort UHRICH (3 pièces)
Fort de Mutzig
4ème groupe initialement, reprendra la numérotation I/155° RAP après départ du I/155° RAP au SF de Haguenau. Ne reste au fort de Mutzig que la 111° Batterie (Instruction) du 155° RAP.
Cdt : CE MICHEL
- 10° et 11° batteries à la mobilisation. Au 10/05/1940 :
- 1° Bie : Cne LAFITTE - 2 batteries matériel de 155 L Mle 1877 (12 pièces)
Action d'ensemble (dépendant initialement directement de l'AD du SFBR, puis rattachée au nouveau I/155° RAP)
- batterie cuirassée des Cerisiers (4 pièces de 10 cm TK allemandes sous tourelles)
- batterie de 10 cm KiSL du polygone de Kronenbourg (2 pièces)
- deux sections de 75 en casemates allemandes au fort DUCROS
Parc d'artillerie 710 (PAD 710) : Cne Pierre de JOLY
148° Cie d'Ouvriers d'Artillerie (PAD 148)
228/1 et 228/2 Cies du Génie
228/81 Cie de sapeurs Radiotélégraphistes
228/82 Cie de sapeurs Téléphonistes
(configuration 103°DIF)
XXI / 172° RIF : CB FISCHER - Bataillon d'instruction et relève formant corps
Intendance : Service des Subsistances de Secteur Fortifié n°10 devenu 448/23 groupe d'exploitation divisionnaire
Santé : 448° Groupe Sanitaire divisionnaire
Train : 218/20 Cie auto de secteur fortifié
Repérage : Bie de repérage n°7 : Cne (Aviat.) HAEGEL
Forces aériennes - ?
Centre d'Instruction Divisionnaire (d'Equipages de Casemate) n° 103 : CB EXPERT-BESANCON
Marine de Strasbourg : Cne de Frégate JAMET, 1 canonnière et 2 vedettes :
205° RRP (Régiment Régional de Protection), principalement stationné dans la place de Strasbourg : Col Paul de WARREN.
Régiment d'infanterie type Nord-Est à 2 bataillons de série B
5° BT (bataillon de travailleurs)
8° puis 3° Cie GRM (Garde Républicaine Mobile) : à 5 puis 4 pelotons. Chargée du maintien de l'ordre dans la ville de Strasbourg au profit de l'organisation de la place (Gal RICKENBACH), mais pouvant selon circonstance servir de renfort aux unités du SF.
8° Bataillon de Douaniers
Le SFBR rapporte à la mobilisation au 8° CA de la 5° Armée. Il est ensuite rattaché au 17° CA (5° Armée) à partir de mi-octobre 1939 jusqu'au retrait de ce CA mi-mai 1940. A compter de cette date, la 103° DIF est rattachée directement à la 5° Armée.
Les grandes unités de renforcement sont, dans l'ordre chronologique :
43° DI : Gal VERNILLAT, en couverture durant la période de mobilisation jusqu'au 5 octobre 1939, date à laquelle cette division ripe au nord pour couvrir le SF de Haguenau. Ensuite,
4° DIC monte en ligne mi-octobre 1939 (2) sur le sous-secteur d'Erstein, qui prend rang de secteur : Gal de BAZELAIRE de RUPPIERE. Le SFBR ne conserve de façon indépendante que le secteur de Strasbourg et la défense de la place.
à partir de début février 1940, la 62° DI : Gal SARREBOURSE de la GUILLONIERE, toujours sur le secteur d'Erstein, remplacé par le Col MORTEMART de BOISSE le 12 juin 1940. Au départ du 17° CA mi-mai 1940, cette division reste sur place et rapporte au commandement de la 103° DIF qui rempli à son encontre le rôle de structure de corps d'armée. Elle est retirée et placée en 2e ligne derrière le front les 9-10 juin 1940 tout en rapportant toujours à la 103° DIF. A cette date la 103° DIF redevient seule responsable des sous-secteurs de Strasbourg et Erstein.
La période de drôle de guerre est initialement très calme, occupée essentiellement à la construction de blockhaus et abris en quantité importante. Les 226° RI et 617° Régiment de Pionniers (RP) sont rattachés au secteur pour effectuer une partie de ces travaux sur septembre-octobre 1939.
Le 3 Octobre 1939, les ponts de bateaux de Drusenheim, Gambsheim, Gerstheim et de Rhinau sont neutralisés, portières rabattues et/ou détruites. Par ailleurs, 43 DMP sont dors et déjà chargés et prêts à l'emploi et 122 restent à préparer. quelques jours plus tard, inquiet des préparatifs allemands de l'autre côté des ponts de Kehl, et l'impossibilité d'accéder désormais aux fourneaux de la pile française, trop exposée, le Gal PICHON demande une première fois par voie hiérarchique de faire jouer ces DMP. Sans suites...
Plusieurs épisodes de crues du Rhin durant l'automne nécessitent l'évacuation des casemates de berge pour cause d'inondation. Dans ce cas seuls des piquets de garde restent sur place jusqu'à la décrue suivante et la réoccupation après nettoyage.
Courant octobre le 226° RI monte en ligne dans le secteur de Strasbourg et le 237° RI (régiment de réserve générale de la 5° Armée) quitte Mutzig pour reprendre à son compte les travaux dans le quartier (sous-secteur) de Neuhof, bientôt rejoint par le GUI n°2 (XXI/51° RI et XXI/67° RI).
Sur le front du Rhin même, les belligérants se contentent de s'observer, de faire des actions de propagande et de désinformation. Quelques rares coups de feu sont échangés entre rives du Rhin, et aucun tir d'artillerie.
Dans la nuit du 1 au 2 janvier, les alarmes d'intégrité du DMP du pont de Kehl se déclenchent. Aucune trace d'ennemi ayant tenté d'accéder aux trappes cependant... Cet incident sera attribué à un problème électrique sur le système de surveillance, du au gel. En conséquence, les patrouilles de surveillance sont renforcées et le secteur demande l'installation de deux projecteurs pour l'éclairage de nuit. Les responsables du Génie demandent à nouveau que ces DMP soient activés pour régler le problème, mais une fois de plus l'état-major d'armée refuse.
Début Janvier 1940, atteint par la limite d'age dans un rôle opérationnel, le Gal PICHON est remplacé par le Gal RENONDEAU . Le 5 mars, la 103° DIF est créée et reprend l'EM du SFBR qui est dissout. Cette nouvelle division intègre de façon organique les unités qui n'étaient que rattachées tactiquement à l'ancien SF. Sur ce premier trimestre 1940, la situation le long du Rhin se tend progressivement et les incidents se multiplient.
- 10 Mai 1940 : invasion du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas. Ce premier jour se traduit par de nombreux survols de la position. Le terrain d'aviation d'Entzheim est bombardé.
- 14 Mai 1940 : les ponts route et rail de Kehl sautent respectivement à 18h33 et 18h36. La travée tournante du pont-rail est elle-même sabotée en position ouverte. Le travail incomplet sur le pont-route sera complété par une autre explosion le 16 Mai à 4h23.
- 15 Mai 1940 : le 17° CA se replie d'Alsace. La 103° DIF reprenant toutes responsabilités tenues par le corps d'armée, elle déplace son PC du fort DUCROS à la forteresse de MUTZIG. Le fort DUCROS reste PC du secteur de Strasbourg.
- du 20 Mai au 1 Juin 1940 : l'ensemble des DMP du secteur jouent à leur tour, sauf le 17 S 1 sur le canal de jonction, les DMP du canal de la Marne au Rhin et quelques ponts strictement nécessaires au repli des troupes sur du port du Rhin. A partir du 9 juin, ceux du canal de la Marne au Rhin seront actionnés, sauf 2. Les échanges de tirs entre berges se multiplient progressivement.
- du 1er au 9 Juin 1940 : les échanges tirs de part et d'autre sont maintenant sporadiques tous les jours. L'artillerie effectue du harcèlement, notamment sur des trains, des convois de véhicules ou des regroupements ennemis. La consommation de munitions est de 50 à 100 coups par jour et par secteur. Les positions sont régulièrement survolées par des avions d'observation.
- 9 juin 1940 : début du décrochage en fin de soirée de la 62° DI vers le pied des Vosges, entrainant une nouvelle réorganisation de la défense. La 62° DI, avec l'aide du 405° RP, débutera l'organisation de verrous antichars en entrées de vallées vosgiennes. La 103° DIF en fait de même dans les villages autour de Strasbourg.
- 10 - 11 Juin 1940 : Forte accélération de nos tirs pour contrer un éventuel franchissement dont la menace se précise : 4000 cps de 75, 1000 cps de 105 KiSL ou TK, 1000 cps de 155 L, 900 cps de 155 C, 900 cps de 220 C... en une journée, pour couvrir le départ de la 62° DI et interdire toute tentative d'embarquement côté Allemand. Idem le lendemain 11 Juin. Le 10, les trois bataillons d'instruction sont réorganisés pour soutenir le secteur d'Erstein, laissé orphelin par le départ de la 62° DI.
- 12 juin 1940A cette date, le SFBR couvre ainsi deux de ses trois sous-secteurs de mobilisation, Strasbourg et Erstein, mais constitue une division à trois régiments d'infanterie, deux de forteresse (172° et 34° RIF) et un de ligne (226° RI) et un régiment d'artillerie (155° RAP), avec rattachement tactique du Groupement d'Unités d'Instruction (GUI) n°2 - XXI/51° RI, XXI/67° RI, XXI/172° RIF - et du 191° RALP de réserve générale (canons de 220mm) en appui de l'action d'ensemble.
Le sous-secteur nord de Strasbourg est tenu par le 226° RI avec deux bataillons en ligne et un en réserve, le sous-secteur sud par les deux bataillons du 172° RIF, avec possibilité de renfort du XXI/67° RI. Le sous-secteur d'Erstein est partagé en 3 quartiers, Krafft tenu par le I/34° RIF, Gerstheim tenu par le XXI/172° RIF et Rhinau tenu par le II/34° RIF, avec appui possible par les XXI/51° RI et XXI/67° RI en arrière. On a donc 7 bataillons en ligne sur le Rhin et 3 bataillons de réserve.
Pour ce qui est de l'artillerie :
Groupement d'appui direct nord Strasbourg (aux ordres du I/191° RALP) : 1 batterie de 75/97 et la section de 105 KiSL de Ney-Rapp, et 2 batteries de 220 C du I/191° RALP (Fort DESAIX et SOUFFEL)
Groupement d'appui direct sud Strasbourg (aux ordres du II/154° RAP) : 1 batterie de 75/97 (MEINAU), la section de 105 KiSL du polygone de CRONENBOURG, la batterie de 3x105 kiSL annexe au fort UHRICH et 1 batterie de 220 C du I/194° à OHNHEIM.
Groupe d'action d'Ensemble Strasbourg (aux ordres du I/155° RAP) : batterie cuirassées 4 x 105 TK à la batterie des CERISIERS, 4 sections de 155 L/77 (COUR d'ANGLETERRE, TUILERIES de la SOUFFEL, GANZAU, OSTWALD), 2 batteries de 145 L (JOFFRE et JOFFRE-LEFEBVRE) et une section de 145 à FEGERSHEIM et enfin les 75 sous casemate du fort DUCROS.
Groupement d'appui direct sous-secteur Erstein (aux ordres du III/155° RAP) : trois batteries de 75/97 (NORDHOUSE, GERSTHEIM et OBENHEIM), deux batteries de 6 pièces de 155 L/77 à OSTHOUSE S et S-E, un section de 150T à RHINAU et deux sections de 75T à BUBENKOPP et le II/191° RALP (3 batteries de 220 C à OSTHOUSE Est, WITTERNHEIM et BINDERNHEIM).
(1) Note TONE 2198 T/N-E du 09/02/1940. Ce n'est pas qu'un simple changement de dénomination comme souvent affirmé. En étant converti en DIF, le commandement de l'ancien SF crée une nouvelle structure où les régiments et services de renforcement lui sont directement rattachés. L'ancien SF passe ainsi d'une structure de temps de paix et de couverture de mobilisation à une structure de division d'infanterie de type conventionnel.
(2) La 70° DI (Gal FRANCOIS) assure la couverture un court laps de temps entre la 43° DI et la 4° DIC, notamment sur le secteur de Herrlisheim.
(3) la destination est déjà aux mains des Allemands descendant du nord et le contrôle ferroviaire peine à trouver des rames disponibles...
(4) Roger Bruge s'étonne à très juste titre de la tiédeur du commandement de la 103° DIF : l'ennemi est peu nombreux à Rhinau-Obenheim et ne dispose pas de moyens lourds. Une contrattaque menée par d'autres qu'un simple bataillon d'instruction peu préparé et peu équipé, et soutenue par des moyens d'artillerie et de blindés comme cela avait été envisagé auraient eu une bien meilleure chance de repousser les Allemands de l'autre côté du Rhin...
(5) Le Col VIMAL du BOUCHET (ID/103) échappe de justesse à la capture à Hohwald...
(6) au 26 juin, outre les unités organiques de la 103° DIF restantes, sont rattachés les restes du Groupement RAYNAUD, du 205° RRP, 2 compagnies du 250° RI (ex-62° DI) et les restes du 405° RP, soit un total de 5400 hommes environ descendant du secteur du Donon. Après regroupement des isolés ou capturés dans d'autres endroits, le total des hommes incarcérés à Strasbourg se monte à 7113 hommes, 793 sous-officiers et 261 officiers. La 103° DIF livre aux Allemands - décompte établi par le Cne le VACHER et transmis aux Allemands - :
6800 fusils, 365 FM, 158 mitrailleuses, 17 canons AC, 22 mortiers de 81mm et les munitions allant avec.
12 canons de 75mm, 9 mortiers de 75T et 5 mortiers de 150T.
43 chenillettes, 66 autos, 169 camions, ... 935 chevaux.
plusieurs milliers de matériels divers (masques, radios, téléphones, etc), 325 km de cables téléphoniques, etc.
SHD - Archives du SFBR et de la 103° DIF (33N127 et 32N363)
"Offensive sur le Rhin" - R. Bruge - Fayard
wikipedia,
GUF,
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot (Mary-Hohnadel-Sicard),
ATF40,
cartomaginot,...
marine de Strasbourg
4 messages, le dernier est de SCHOEN le 27/07/2021