Ligne Maginot - 87° Régiment d'Infanterie de Forteresse



Wikimaginot, le wiki de la ligne maginot


87° Régiment d'Infanterie de Forteresse

(87° RIF)






Le 87° RIF est mobilisé au CMI n°13 de Cambrai, et formé le 23 Aout 1939 à Le Quesnoy et Maubeuge à partir du V/1° RI d'active et de la 2° CEO du 1° RI, et de réservistes en grande partie locaux.
Il hérite des traditions du 87° RI qui s'illustra durant la grande guerre comme régiment de la 3° DI. Ce régiment est dissous le 16 février 1920 à St Quentin.

87° Régiment d'Infanterie de Forteresse (87° RIF)

Insigne du 87° RIF. La Nervie est le nom gaulois de la région, matérialisée par une guerrier nervien sur l'insigne.



Il couvre le sous-secteur Hainaut du SF de Maubeuge, s'étalant de Boiscrête à gauche (liaison avec le III/54° RIF) au Vieux-Reng à droite (liaison avec le I/84° RIF), soit un front de 26 kilomètres passant au nord de Bavai, par le bois des Lanières, et un arc au nord de Maubeuge incluant les ouvrages des SARTS, BERSILLIES et la SALMAGNE, ainsi que les casemates CORF de HERONFONTAINE et CREVECOEUR (1).

Outre les blocs type 1° Région Militaires - dont bon nombre n'ont reçu ni cuirassements d'embrasure ni portes blindées - et les constructions CORF de la Ligne Principale de Résistance (LPR), le régiment arme une 2e ligne de blockhaus (ligne d'arrêt) environ deux kilomètres en arrière et quelques casemates CORF de la forêt de Mormal . La LPR est protégée par un obstacle continu fait d'un fossé antichar et d'un réseau barbelé, sauf au bois des Lanières ou le fossé est remplacé par un obstacle antichar à base de rails plantés dans le sol. Les voies traversantes peuvent être coupées par des barrages de route amovibles.

Armement collectif du régiment au 10 Mai 1940 :
- 22 canons de 25mm SA (déficit de 5). Ces canons sont placés dans les blocs type 1° RM, en général dans leur flanquement Est, mais il demeure des secteurs non couverts.
- 19 canons de 37mm installés dans les blockhaus pour canons.
- 96 mitrailleuses (dotation nominale), soit 16 par Compagnie de Mitrailleurs (CM)
- 108 FM (dotation nominale), soit 15 par CM et 6 par Compagnie d'Engins (CE)
- 12 mortiers de 81mm (dotation nominale), soit 4 par CE.

Ordre de bataille du régiment :

Le 87° RIF a une structure un peu atypique, avec seulement deux bataillons, dont un (le II/87° RIF) est renforcé d'une deuxième compagnie d'engins. Il intègre par ailleurs trois CEO.

Commandement :

Le régiment est commandé par le Lt-Col Julien CORBEIL, avec PC à VIEUX-MESNIL jusqu'au 19/05/1940.
Adjoint et chef d'état-major : CB Amaury RICHARD

Compagnie de Commandement :

Commandant : Cne Marcel LANTREBECQ, puis Cne MAILLET

Renseignements : Lt Maurice DELCOURT
Officier Z : Cne Oscar TERNYNCK (officie aussi comme adjoint du Cne DELCOURT).
Transmissions : Lt ZELLER
Liaisons : Lt Jean COQUELET, puis Lt Jacques VOITURIEZ.
Sce de Santé : Med-Cne Jean M....T, Med-Aux Pierre HENS et Léon SORRANT, Pharmacien : Lt Emile BOUTHEMY, Dentistes : Lt André FILLION et Maurice DUBOIS,
Vétérinaire : Lt Pierre FOURNIER.


Bataillon I/87° RIF - Quartier :

Commandant : CB Narcisse BOURON, avec PC à la maison DAYNEZ de FEIGNIES (PC de guerre au fort le LEVEAU) jusqu'au 30 janvier 1940 - détaché comme Cdt du CI de la 1° Armée, puis par le Cne Jean-Paul CASALTA jusqu'au 11 mai 1940, date du retour du CB BOURON.
Adjoint-Major : Cne DEFONTAINE, puis Cne Jean-Paul CASALTA.

Renseignements : Lt Léonce DUBOIS
Détails : Lt Ulysse LEFEVRE
Transmissions : Lt Paul TREUTENAERE
Officier Z : Lt Roger COUPEZ
Pionniers : Lt Alfred VILAIN
Sce de Santé : Med-Lt Pierre DUC, S-Lt Charles LECIGNE.

CHR1 (Compagnie Hors-Rang n°1) :

Commandant : Cne Gaston LENFANT, puis Lt Albert DUCARNE
Approvisionnement : Lt Bernard LEGRAND
Autres officiers : Lt SETAN.

CM1 (Compagnie de Mitrailleurs n°1) :

Commandant : Cne CASALTA, puis Lt Maurice BRUNEAU, puis Lt Paul GAILLY le 19/05/1940, PC à côté de la Ferme des Sarts - Chefs de section : Lt Pierre LEBRUN (SM), Paul GAILLY (SM), Albert DUCARNE (SM - jusqu'à prise de commandement de la CHR1, remplacé par l'Adj-C LEPROHON) et Nicolas DUFOUR (SFV).

CM2 :

Commandant : Cne Charles le SAOUT, PC à Ghislain-Bray - Chefs de section : Lt André DEHOVE (SM), GIRAUD, Cne Paul LEFRANC (SM), Cne Antoine MAILLET (SFV), Sgt-C DEMORY (SM), Cne Albert DUBOIS (Détachement forestier n°4).

CM3 :

Commandant : Cne Georges DEGHILAGE, adjoint provisoire : Cne Pierre VENEREAU jusqu'au 09/11/1939. Le Cne VENEREAU reprend ensuite le cdt de la compagnie le 18/12/1939, PC à La LONGUEVILLE Nord - Chefs de section : Lt Paul PATTE (SM), S-Lt Paul VANDOIS (SM), Lt Maxime GERVAIS (SFV), S-Lt LECIGNE (SM).

CE1 (Compagnie d'Engins n°1) :

Commandant : Cne Raoul BEAUCHARD, puis Lt Roger DUBOIS - Chefs de section : Lt Roger DUBOIS (S 25mm), Armand CODEVELLE (S 25mm), S-Lt André RICARD (S 25mm), Jean PETOT (S 81mm), Lt Gilbert PAQUET (SFV).


Bataillon II/87° RIF - Quartier :

Commandant : CB Emile ROBILLARD, avec PC à la mairie de BERMERIES.
Adjoint-Major : Cne Marcel MANTELAN jusqu'au 04/11/1939 (muté au SF), puis Cne VENEREAU (ex-I/87° RIF) jusqu'au 15/12/1939, puis de nouveau le Cne Marcel MANTELAN.

Renseignements : Lt Henri DUCORNEZ
Détails : Lt Pierre NIMAL
Transmissions : Lt Max LEBON
Officier Z : Lt Romuald WARGNY
Pionniers : S-Lt Albert GUERMANN
Sce de Santé : Med-Lt Henri LECLERCQ

CHR2 :

Commandant : Cne Brice PERRIER
Approvisionnement : S-Lt Marcel DUFOUR

CM5 :

Commandant : Cne Camille BETHENCOURT, PC à la FERME LEGAS à Audignies - Chefs de section : Lt René BODIN (SM), Arthur LEROY (SM), Marcel HODIN (SM), Hippolyte RICHEZ (SFV).

CM6 :

Commandant : Cne Gaston PERROT, PC à BERMERIES Nord - Chefs de section : Lt Maurice BRUNEAU (SM puis promu Cdt de la CM1), Jean STIEVEZ (SM), Gilbert FONTAINE (SM), Edgar POLVENT (SFV).

CM7 :

Commandant : Cne Pierre BAILLIF, PC place de l'Eglise à Gommegnies - Chefs de section : Lt Arnould DUBOIS (SM), Michel LANDRIEUX (SM), S-Lt Pierre COLLIN (SM), Asp. puis S-Lt Pierre CASTAIGNE (SFV).

CE2 :

Commandant : Cne René HENRY - Chefs de section : Lt Jean LOHEAC, Jacques VOITURIEZ (muté à l'EM), Emile ARNOLD, François CUVILLIER, S-Lt Georges RICHARD

CE3 :

Commandant : Cne Henri CORDUAN - Chefs de section : Lt Jean LALAU, Alexis DEHORNE, Emile CAYET, Charles CRIVILLERS, Asp. puis S-Lt Jean REIGNOUX


Compagnies d'équipages d'ouvrages (2)

Ces compagnies sont initialement rattachées au I/87° RIF, mais administrées par le CISF du Secteur Fortifié de Maubeuge.

103° CEO :

Ouvrage de la SALMAGNE - Commandant : Cne Lucien BRICHARD, Adjoint : Lt Albert WAUQUIER

- Cdt de blocs : Lt Georges PASQUESOONE (bloc Ouest) et Lt Pierre BASTIEN (bloc Est)
- Santé : Med-S-Lt Pierre DUBOIS
- Observation : S-Lt Paul LOUIS

104° CEO :

Ouvrage de BERSILLIES - Commandant : Cne PUJADE, Adjoint : Lt Albert VERCHAIN

- Cdt de blocs : S-Lt Camille LISSE (bloc Ouest - B1) et BOQUET (bloc Est - B2)
- Casemate de CREVECOEUR : Lt Achille LEDUC, puis Lt HERBECQ

105° CEO :

Ouvrage des SARTS - Commandant : Cne Gaston FAGOT puis Cne LEDUC, Adjoint : Lt Lucien SEYNAEVE

- Cdt de blocs : Lt René HERBECQ, puis Adj-C MARISCAL (bloc Ouest) et S-Lt DEBRETZ (bloc Est)
- Casemate de HERONFONTAINE : Lt DURIF




Renforcements

Le 87° RIF est successivement renforcé par la 82° DIA (Octobre 1939-Mars 1940) puis par la 1° DIM de Mars 1940 au 10 Mai 1940. Cette dernière unité quitte le sous-secteur le 10 Mai 1940 dans le cadre de l'opération Dyle-Bréda. A cette date, le 87° RIF reste seul sur la ligne Maginot.




Historique des combats


-13 au 15 Mai 1940 : Le régiment organise des unités de DCA (avec FM de dotation), en avant de la LPR - en Belgique - pour protéger les approches aériennes de la position (II/87° RIF), et en arrière pour protéger les infrastructures de Maubeuge (I/87° RIF). Pour prendre en compte cette nouvelle mission, l'ensemble des blocs de la ligne d'arrêt sont vidés de leurs armes et personnels.

- 16 Mai 1940 : Le 87° RIF reçoit ordre de constituer une ligne de défense vers le sud le long de la Sambre, entre Berlaimont et Maubeuge, avec des unités isolées rentrant de Belgique, des permissionnaires non affectés, et ce qui peut être prélevé de la LPR (c'est à dire pas grand chose...). Le détachement sera commandé par le Cne HENRY. Les disponibles du CISF se positionneront eux à Berlaimont.
L'important flux de réfugiés Belges, d'unités en repli de Belgique et les bombardements aériens répétés sur la position, Maubeuge, Berlaimont, Feignies, rendent la situation très confuse.
Le Med-Cne M....T, chef du service de santé du régiment, disparait sans raisons connues dans la nuit du 16 au 17 (3)...

Ailleurs : les Allemands percent la LPR sur le front du 84° RIF à Clairfayts, Solre le Chateau et Liessies.

- 17 Mai 1940 : Les Allemands sont vus à Landrecies et Maroilles, au sud de la position à défendre par le Cne HENRY. Des avant-gardes remontent vers Berlaimont sur la rive droite de la Sambre. Il devient clair que le régiment devra en priorité se garder au sud, à front renversé...
Le PC de la 101° DIF (Gal BEJARD) dont dépend le régiment se déplace de la ferme de WARGNORIES - trop exposée - vers La Longueville côté Nord de la Sambre. Le Génie de la 101° DIF détache ses officiers comme adjoints techniques dans les ouvrages CORF du secteur (4).
La position subit toujours de nombreux bombardements aériens.
Dans la journée, le Med-Lt ROZAN, isolé du 129° RI, se présente au PC et offre spontanément son accord pour prendre en charge le service de santé du régiment suite à la défection de M....T.

Front Sud : Le groupe de reconnaissance de quelques hommes envoyé à Berlaimont par le 87° RIF et le CISF, avec le Cne HENRY, arrive au village en même temps que les Allemands. Force est de constater que le pont sur la Sambre y a déjà été pris par les Allemands. Au contact toute la journée et devant l'inanité de ses efforts, le groupe décide de se replier vers Pont-sur-Sambre en fin d'après-midi. Les colonnes ennemies se dirigent de là vers la forêt de Mormal, non défendue (les casemates CORF y sont inoccupées). Constatant cela, le commandement du 87° RIF organise la création d'un PA supplémentaire à Hargnies en arrière de Pont-sur-Sambre, armé par des isolés de bonne volonté et commandé par le Cne MARCAILLOU du 77° RI (5), pour contrôler les débouchés de la forêt.
Dans la soirée les premiers éléments allemands arrivent sur Pont-sur-Sambre. Les défenseurs des trois ponts - commandés par le Lt LEBRUN - n'ont pu arrêter les troupes en retraite pour renforcer la défense, ce sont donc que quelques dizaines d'hommes qui vont tenir les trois points. Ils sont renforcés dans la nuit du 17 au 18 par l'arrivée du détachement du Cne HENRY (éléments de la CE2, CE3 et Cie de Cdt du II/87°, soit une grosse vingtaine d'hommes).

- 18 Mai 1940 :
Les craintes de la veille se confirment, les Allemands approchent par le sud et tiennent Avesnes, Landrecies...

Côté nord de la position, le reflux des unités françaises retraitant de Belgique se poursuit de façon désorganisée : "...on voit passer des troupes sans chefs, des chefs sans troupes, des civils de tous genres..." (6). La 43° DI, de retour de Belgique, se place face à l'Est à la liaison entre les 84° et 87° RIF. Le Lt Maurice BRUNEAU, commandant la CM1, est tué par erreur par des hommes du 3° RTM lors d'une patrouille qu'il effectuait à partir du bloc de la FERME des SARTS. Le Lt Paul GAILLY prend sa succession.

Front Sud : Les officiers du II/87° RIF arrêtent ce qu'ils peuvent des troupes orphelines pour renforcer les défenses des ponts sur la Sambre restants (Hautmont, Boussières, Pont-sur-Sambre). Le I/87° RIF se charge lui des ponts de Maubeuge même, mais n'a pas le temps de s'y organiser : dans l'après-midi ils sont déjà aux mains des Allemands qui occupent Maubeuge. En fin de soirée, le Faubourg de Mons est pris et l'ennemi approche du fort de LEVEAU (PC I/87°RIF). Une contre-attaque menée dans la nuit du 18 au 19 par le Cne CASALTA et le Lt WAUQUIER avec une vingtaine d'hommes pris dans l'effectif du PC permet de dégager très temporairement le fort et le bloc de FERME LEPERS.
La défense des ponts de Pont-sur-Sambre est renforcée au matin par l'arrivée d'un char B et d'une section de deux 47mm AC belges. A 10h, les Allemands attaquent les 3 ponts, sans succès et laissant des chars sur le terrain. Une section du II/87° RIF, commandée par le S-Lt REIGNOUX arrive dans la soirée pour renforcer la défense. A la tombée de la nuit, nouvelle attaque ennemie, qui ne débouche pas.
Les Allemands remontant de Berlaimont via la forêt de Mormal prennent contact dans la nuit du 18 au 19 avec le PA d'Hargnies, qui est violemment bombardé, et remontent l'ancienne voie romaine Le Cateau-Bavai. Compte tenu de cette nouvelle menace, des détachements du II/87° RIF et un bataillon du 72° RI ce placent face au sud-ouest entre Amfroipret et Obies.
En début d'après-midi les Allemands prennent le pont d'Hautmont et créent une tête de pont côté nord de la Sambre en liaison avec leurs troupes dans Maubeuge.


- 19 Mai 1940 :
Côté Nord : la situation reste sous contrôle, car le défilé des unités françaises se repliant vers l'ouest se poursuit devant la LPR. De ce côté la menace allemande reste lointaine.

I/87° RIF : l'ennemi a sérieusement pris pied dans Hautmont et se renforce dans la matinée.
Le fort de LEVEAU est pris par l'ennemi dans la matinée malgré une tentative de reprise menée par une compagnie "réquisitionnée" du 151° RI, suivie d'une seconde par des éléments du 3° RTM et 6 chars. Le PC du I/87° RIF qui s'était établi à Feignies avant la prise du fort est contraint de se replier à nouveau dans la soirée sur la ferme du Bois l'Abesse. La perte de la boite de coupure du fort LEVEAU entraine celle de la liaison avec le 87° RIF, ainsi qu'avec les organisations CORF, mais les blockhaus et ouvrages occupés tiennent toujours. Seuls les blocs de la FERME des SARTS et de FERME LEPERS ont été évacués à 20h30 car attaqués par l'arrière : leurs équipages se joignent au 158° RI. Feignies tombe dans la nuit du 19 au 20 Mai.

Front Sud : Au matin, l'ennemi prend contact avec le pont de Boussières, tenu par des éléments divers du 23° RTA et 72° RI. Dans l'après-midi - après avoir infructueusement tentés de traverser le pont - les Allemands traversent la rivière en canots pneumatiques sous le feu français et prennent pied sur la rive nord. Vers 20h, débordés, le défenseurs du PA du pont de Boussières déposent les armes.
Le PC du 87° RIF et la Cie de Commandement, localisés à Vieux-Mesnil et ayant donné tout son armement collectif aux défenseurs de la Sambre est maintenant menacé. Il se replie sur la Longueville à partir de 17h30 mais constate le départ du PC de la 101° DIF. Le Lt-Col CORBEIL ordonne le repositionnement de son PC à l'usine des Palans au nord de Bavai sur la ligne de soutien de la LPR.
Le service sanitaire du régiment - basé au PS de Vieux-Mesnil - est saturé par l'afflux de blessés militaires et civil. Le Med-Lt ROZAN du 129° RI organise au mieux le fonctionnement du PS puis le repli des blessés lors de l'évacuation. Une fois sa mission remplie, il sera autorisé à tenter de rejoindre son unité. Le Lt Jacques VOITURIEZ, envoyé en liaison au PC du II/87° RIF, est tué en chemin par les Allemands à Mecquignies (juste entre la forêt de Mormal et Bavai). Les derniers officiers du PC quittent celui-ci sous pression ennemie à 21h30.
Vieux-Mesnil est pris par l'ennemi en début de nuit, ce qui menace ainsi d'encercler Pont-sur-Sambre.
Ayant bloqué la progression allemande toute la journée au PA de Hargnies, les défenseurs maintenant menacés par l'arrière (Vieux-Mesnil) décrochent vers le Nord en bon ordre à 22h après dégagement par une contre-attaque du 2° (ou 3° ?) RTM avec des chars. Cette même contre-attaque maintient un couloir ouvert avec Pont-sur-Sambre permettant le repli de ses défenseurs le lendemain.
A Pont-sur-Sambre la journée est identique à la veille : bombardement permanent des défenses françaises, mais échec des tentatives de traversée des Allemands. Dans la soirée des navettes envoyées vers la LPR sont bloquées à Vieux-Mesnil en arrière des défenseurs. Le ravitaillement est désormais compliqué...
Sérieusement bousculés dès le matin par les Allemands débouchant de Mormal, les défenseurs de la ligne Amfroipret-Obies décrochent. Le PC du II/87° RIF à Bermeries, maintenant menacé, se replie dans le bois de la Tournichette (La Boiscrête). Le Cne BETHENCOURT, cdt de la CM5, est grièvement blessé lors d'un bombardement de ses blocs.

- 20 Mai 1940 :
LPR : La gare de Bavai (sud de la ville) et Louvignies sont pris dans la nuit du 19 au 20 Mai. Devant la LPR, le flot des unités en reflux se tarit progressivement, laissant penser à une arrivée proche des Allemands.

I/87° RIF : Nouveau décrochage au petit matin du PC du I/87° RIF, de bois l'Abbesse vers Taisnières (en avant de la LPR !). De son côté, le PC du régiment se replie sur la Boiscrête, en limite ouest de sous-secteur. En mi-journée : le CM1 (la plus à droite) est isolée du reste du régiment par la poussée allemande vers le Nord. Sa ligne d'arrêt est prise, mais la compagnie combat face au sud-ouest avec l'aides de restes de la 43° DI et le 84° RIF qui s'est regroupé au nord de la Sambre. Le Sgt KLOTZ est tué juste avant l'évacuation du bloc FAUBOURG de MONS Est. Les CM2 et CM3 sont au contact face au Sud. La CM2 est la moins mal lotie puisque seul le bloc de la CERAMIQUE a été pris sur la ligne d'arrêt. La CM3 est dans une situation plus tendue puisque sa ligne d'arrêt a été totalement prise par l'ennemi, qui dans la nuit du 19 au 20 a aussi entamé la LPR en prenant les blocs de CROIX CRAPOUILLEZ et la CARLOTTE (non loin de la nouvelle position du PC de bataillon...). Devant le danger potentiel, le PC du I/87° RIF se replis sur le Camp-Perdu, proche de la frontière Belge. Dans la nuit suivante, les CM2 et CM3 abandonnent leurs blocs sur ordre après avoir détruit leurs canons antichars - intransportables - et se replient vers Camp-Perdu avec armement individuel, FM et mitrailleuses. Quelques hommes - restes de la CM1 - rejoignent un peu plus tard.

II/87° RIF : Les combats se développent en fin de matinée dans Bavai et en lisière Est. A midi, les blocs de QUESNE-LUQUET et BELLE-HOTESSE de la LPR au nord-ouest de Bavai sont attaqués par l'arrière.
La Longueville a été pris et les blocs de la ligne d'arrêt (2e ligne) sont tous encerclés et isolés. A la CM5, l'ennemi est au Nord de Bavai, et harcèle la LPR. Aucune des CM3 à CM5 ne bénéficie de troupes de renforcement. Les sous-quartiers de CM5 et CM7 sont moins sollicités : les Allemands arrivent seulement au contact de la ligne d'arrêt, mais Bermeries (lieu de l'ancien PC du II/87° RIF) est occupé et les derniers éléments de renforcements de la 43° DI sont en train de se replier vers Valenciennes.

Le siège des casemates et ouvrages CORF du 87° RIF va pouvoir débuter.

Le commandement du régiment à Boiscrête essaie de prendre contact et des directives auprès du Gal VERNILLAT, commandant la 43° DI, vu à Preux-aux-Sarts. Sans succès. La liaison est par ailleurs perdue avec le I/87° RIF. Devant la situation, le Lt-Col CORBEIL décide à 14h du repli de ses troupes encore en contact (EM, CHR2, CM6 et CM7). Les CM6 et CM7 ne reçoivent que partiellement l'ordre et le Gal BEJARD - Cdt de la 101° DIF - apprenant l'initiative, l'annule de son côté... Reste que le III/54° RIF, à gauche du dispositif du 87° RIF, constate l'abandon d'une partie des blocs notamment à la Boicrête à la jonction des deux sous-secteurs, et les réoccupe avec les moyens du bord.
Front Sud : A cours de munitions, les défenseurs de Pont-sur-Sambre décrochent au petit matin vers le Nord en bon ordre, parvenant même à emporter tout leur matériel. Ceci signe la fin de la ligne de défense vers le sud.

- 21 Mai 1940 :
I/87° RIF : Le CB BOURON n'a toujours aucun contact avec le PC du régiment et ne peut recevoir de consignes. Plutôt que de se laisser encercler, le bataillon regroupé à Camp-Perdu décroche à 2h du matin direction nord-ouest vers la Belgique. Arrivé à Montignies sur Roc (Belgique) à 6h30, le bataillon se repose la journée dans les bois autour du village. A 21h, la marche reprend, direction Quiévrechain dans le SF Escaut. Les ponts sur l'Aunelle (ruisseau frontière avec la France) ayant été détruits, le bataillon fait fabriquer par ses pionniers un pont en bois provisoire qui permet au bataillon de rentrer en France.

II/87° RIF : L'EM du régiment revient dans des conditions acrobatiques en automobile à la Boiscrête (blockhaus de la TOURNICHETTE) conformément au contrordre de la veille du Gal BEJARD. Celui-ci, qui tient toujours PC au bloc du CIMETIERE de SAINT WAAST à l'ouest de Bavai, est contraint d'évacuer ce bloc sous la pression allemande avec l'aide du Lt LALAU et s'échappe in extremis vers Valenciennes... alors que son subordonné direct revient en sens inverse. Les troupes à pied du II/87° RIF (environ 150 hommes avec le CB RICHARD - Groupement RICHARD) ne peuvent passer sur leur chemin de retour vers la Boiscrête et doivent faire demi-tour (7). Le groupement RICHARD arrive sur l'Escaut et trouve les ponts détruits.
L'attaque par l'arrière de la ligne d'arrêt de la position principale est achevée en début d'après-midi avec la chute des derniers blocs de celle-ci. Il faut noter la résistance sérieuse menée par les blocs de la bretelle Belle-Hotesse - Gommegnies, en particulier des blocs d'AMFROIPRET, La BOETE et FERME-COMBRON. Ces blocs ont de par leur orientation nord-est - sud-ouest une chambre de tir face à l'adversaire arrivant du sud-ouest et l'arrière masqué, permettant une résistance meilleure. Seules occupées de la ligne CORF de la forêt de Mormal par le 87° RIF, car étant intégrées dans la ligne d'arrêt du sous-secteur, les casemates CORF autour de GOMMEGNIES contribueront aussi à ralentir l'ennemi (Le Lt ARNOLD et le Sgt LEBLANC (CHEVAL BLANC) y sont tués, et le Lt LANDRIEUX (GOMMEGNIES O) y est sérieusement blessé). Les autres casemates dans la forêt sont neutralisées le même jour.

LPR CORF : les ouvrages et casemates CORF sont bombardés toute la journée. La casemate de l'EPINETTE (102° CEO du 84° RIF - Lt SCREVE), façades détruites, est évacuée dans la nuit du 21 au 22 avec le bloc STG d'ELESMES. Les équipages rejoignent l'ouvrage de la SALMAGNE mais ne peuvent être accueillis. Ils tenteront de rejoindre le I/87° RIF.

- 22 Mai 1940 :
I/87° RIF : Le bataillon, avec armes, véhicules et bagages, arrive à Vicq à 6h du matin. Ils y retrouvent les défenseurs du II/54° RIF ! Le CB BOURON prend contact avec le CB CHIGARD, puis avec le Gal BEJARD qui l'autorise passer derrière l'Escaut. Les ponts étant détruits au droit de Vicq, le bataillon doit obliquer vers le sud (Valenciennes) pour trouver un point de passage. Les hommes et véhicules deux roues y passent un pont partiellement endommagé, mais le convoi des véhicules lourds doit poursuivre sa recherche d'un point de passage. Le convoi retrouvera le bataillon le 23 dans la forêt de Raismes...

II/87° RIF :Le Cne BAILLIF (Cdt de la CM7) est tués lors des combats au bloc de PERCHE ROMPUE, attaqué par chars à l'arrière. Le Lt FONTAINE est sérieusement blessé.
Le dernier bloc à rendre les armes semble avoir été celui de la BOISCRETE vers 12h15, qui était tenu par le Lt LEBON (EM du II/87° RIF) avec l'aide du Lt GRESILLON du III/54° RIF est ses hommes. Ce bloc avait été partiellement neutralisé la veille au soir par les tirs d'artillerie (2 tués côté Français) mais avait tenu malgré cela toute la matinée du 22.
Une partie des EM du 87° RIF et du II/87° RIF est capturée par les Allemands entre la Boiscrête et la Tournichette vers 13h. Le Lt-Col CORBEIL, le CB ROBILLARD et le Cne LEFRANC partent en captivité. De son côté, le groupement RICHARD arrive en forêt de Raismes, puis prend position sur le quartier Thun-Nivelle au nord de St Amand.

LPR CORF :Chambre de tir du B2 détruite par les tirs d'artillerie pratiquement à bout portant, tourelle avariée et dessus coiffés par l'adversaire, l'ouvrage de la SALMAGNE dépose les armes à 20h20 (BOUSSOIS est tombé à 11h). Les blockhaus de la LPR tombent à peu près au même moment.

- 23 Mai 1940 :
I/87° RIF : Les rescapés du bataillon arrivent à 8h du matin à Escautpont (forêt de Raismes) pour y stationner.

LPR CORF : à 2h30 du matin, la casemate de HERONFONTAINE est évacuée par son équipage, toutes armes détruites. A 10h15 et 11h l'ouvrage de BERSILLIES et la casemate de CREVECOEUR cessent le combat, tous moyens de combats détruits eux aussi par l'arrière.
Dernier à se rendre, l'ouvrage des SARTS se tait à 13h. Le Lt DEBRETZ y est tué pendant les combats.

Ce 23 Mai, le SF de Maubeuge à vécu, tout comme le 87° RIF en tant qu'unité constituée et homogène.
Le bilan à ce stade s'établit à 38 tués (le Cne BAILLIF, les Lt BRUNEAU, DEBRETZ, ARNOLD, LALAU, VOITURIEZ, 5 sous-officiers, 27 caporaux et hommes).

- 24-26 Mai 1940 : le I/87° RIF est mis en réserve en forêt de Raismes entre Escautpont et Trieux du Fresnes et mis à disposition du 1° RI (1° DI). La CM3 sera positionnée sur l'Escaut et échange des tirs avec l'ennemi. Une partie de la CM1, commandée par le S-Lt RICARD, parvient à rejoindre le 24 après un périple à travers la Belgique.
L'effectif présent se limite à : CM1 : 45 hommes, CM2 : 140 hommes, CM3 : 104 hommes, Cie de Commandement et CHR : 73 hommes, soit un total de 362 hommes. L'armement collectif rescapé se limite à 35 FM et 7 mitrailleuses. Durant cette période le bataillon accuse deux tués, 4 blessés et 6 disparus.
Dans la nuit du 24 au 25, l'unité se déplace vers le fort de Maulde pour s'y replacer en appui et y stationne jusqu'au soir du 26. Des combats et bombardements se déroulent sur le front du 87° RIF autour de Maulde. Le Sgt TROUSSET et le soldat EMERY y seront tués dans la nuit du 25 au 26. Départ dans la nuit du 26 au 27 vers Lille avec l'ensemble des unités du SF Escaut.
Le groupement RICHARD décroche au même moment de Thun-Nivelles et prend la direction de Sainghin.

- 27-29 Mai 1940 : stationnement du I/87° RIF à Sainghin le 27. Là des éléments rescapés du II/87° RIF, rattachés au Groupement du CB RICHARD, rejoignent le I/87° RIF. L'effectif se monte alors à 625 hommes. Dans la soirée, ordre est reçu de repartir la nuit suivante en direction de Bailleul et du Mont de Cats. Le bataillon ne peut passer par le pont de Loos, déjà tenu par les Allemands. Il doit obliquer par Lille pour pouvoir ensuite rejoindre Bailleul. Une partie suivant un chemin déparé (détachement cycliste d'environ 110 hommes) et le CB BOURON, avec une centaine d'hommes en arrière garde sont capturés durant le mouvement de traversée de Lille.
De son côté, le groupement RICHARD ne peut passer non plus. Il se met au service de la défense de Lille et rendra les armes avec les derniers défenseurs le 31 Mai 1940.
Les restes du bataillon, emmenés en avant-garde par le Cne CASALTA (éléments du I/87°) et Cne MANTELAN (éléments du II/87°), arrivent à Bray-Dunes et la Panne le 29 Mai. Les éléments restants sont regroupés avec des isolés du 84° RIF et il est formé un bataillon de marche, commandé par la Cne MANTELAN (Adj. Cne CASALTA) avec quatre compagnies (Cne le SAOUT, VENEREAU, CORDUAN et MALLET - ce dernier du 84° RIF).

- 30 Mai-7 Juin 1940 : l'unité attend à Dunkerque une hypothétique évacuation. Un premier groupe parvient à embarquer dès le 30 Mai, commandé par le Cne Le SAOUT et le Lt GIRAUD. Le reste du bataillon est renvoyé sur Malo-les-Bains, zone d'embarquement des troupes françaises. Dans la nuit du 3 au 4 Juin les restes du régiment (17 officiers et 400 sous-officiers et hommes environ, en majorité du 1er bataillon) peuvent embarquer sur les transports "Côte d'Argent" et "Autocarrier" et arrivent en Angleterre. Ils y restent jusqu'au 7 Juin avant d'être rembarqués à Plymouth sur plusieurs navires français en convoi.

- 8-17 Juin 1940 : Retour en France via Brest, toujours sous les ordres du Cne CASALTA. Le 8 Juin 1940, ils sont regroupés dans les environs d'Orbec (Calvados) puis au Renouard dans l'Orne, à l'ouest de Falaise, où ils restent jusqu'au 14. Ils forment le 16 Juin deux compagnies du II/54° RI(L), commandées par le Cne CASALTA et le Cne VERNEREAU à Rouvres en Normandie. Le 54° RI(L) sera laminé et capturé par l'avance allemand dés le lendemain. Pour plus de détails sur la période de combats en Normandie, se reporter à la page du 54° RIF .

Le régiment est officiellement dissous le 5 Aout 1940, sur décision prononcée le 2 Juillet 1940.



Rédaction : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 02/2023

Notes :
(1) à noter qu'aucun des 13 mortiers de 50mm de cloche répartis sur la position n'a reçu son montage spécial de cloche GFM, ni aucune munition...
(2) On peut s'étonner de l'absence de CEO couvrant les casemates CORF de la forêt de Mormal, alors que celles de Raismes ont leurs équipages spécialisés... La ligne de défense CORF de la forêt de Mormal semble avoir été occupée par une autre unité que les 87° RIF ou 84° RIF. Durant la drôle de guerre seules deux ou trois d'entre elles, à l'extrémité Ouest, seront armées par une section de la CM7 du 87° RIF (GOMMEGNIES O et E de façon certaine, et peut-être CHEVAL BLANC) car elles sont tactiquement intégrées dans la ligne d'arrêt du II/87° RIF. Le statut de rattachement précis des 10 autres casemates de la forêt reste à clarifier car elles ne sont en rien mentionnées dans les archives du 87° RIF.
(3) M....T se présente au PCRI le 16 au soir pour demander instamment à ce que le poste de secours régimentaire soit replié vers l'arrière. Le Lt-Col CORBEIL oppose une fin de non recevoir à cette demande pour le moins inappropriée. M....T quitte alors le PC à pied et... disparait ! Plus personne ne le reverra. Ce "repliement suspect" selon les termes de l'époque fera l'objet d'une enquête.
(4) Un exemple de bel esprit : Le Cdt NICOT, chef du Génie de la 101° DIF, réunit ses officiers le 17 Mai dans l'après-midi pour faire le point sur la dégradation rapide de la situation. Il demande à l'assistance présente si il y aurait des volontaires pour aller renforcer les équipes techniques des ouvrages CORF. La totalité des officiers se porte volontaire... C'est ainsi que le 17 au soir, le Cne AMIOT rejoint la SALMAGNE, le Lt CHAPGIER part pour BOUSSOIS, le Lt VIATTE est à BERSILLIES, et le Lt TROJANI aux SARTS, où ils accompliront des miracles avec leurs équipes pour faire durer la résistance.
(5) ... lui-même isolé de son unité et réquisitionné par le 87° RIF.
(6) Extrait du JMO du 87° RIF, reconstitué fin 1940. SHD - 34N101
(7) le CB RICHARD affirme dans un rapport écrit le 16 novembre 1943 qu'il a reçu l'ordre de faire demi-tour et de se mettre au service du SF Escaut par le CB LEROY, chef d'état-major du Gal BEJARD, qui n'était peut-être pas au courant des ordres donnés par son général. Ordres et contrordres n'étaient hélas pas rare à cette époque.

Sources :
- SHD - Archives du 87° RIF cote 34N101 (JMO reconstitué du régiment, ordres de bataille, rapports d'officiers...)



Secteur(s) concerné(s) :SFMA




Page n° 1001006 mise à jour le 23/02/2023 - © wikimaginot.eu 2023 / 2024




Cette page peut receler des erreurs, des inexactitudes ou être incomplète et Nous vous invitons à nous aider à l'améliorer en y participant.

Pour cela rien de plus simple: il vous suffit de cliquer sur Nous contacter au bas de cette page pour nous faire part de vos commentaires, suggestions, corrections ou informations et nous transmettre vos photos et documents.

Merci d'avance, la communauté wikimaginot.eu