Le 170° RAP est un régiment d'artillerie de position formé à la mobilisation fin Aout 1939 à Belfort, Pontarlier, Besançon (la STA du II/170° et 2° Groupe), Colmar (batterie de 150T) et Morteau pour couvrir les
Secteur fortifié de Colmar (1er Groupe) et
du Jura (2° Groupe). Il est constitué à partir d'un noyau d'active issu de la 1° Bie du I/159° RAP (SF Colmar) et de la 7° Bie du II/159° RAP (Jura).
Insigne du 1° Groupe du 170° RAP
Insigne du 2° Groupe du 170° RAP
Ce régiment est de nature fictive car chacun de ses deux groupes forme corps indépendant, l'un à Colmar et l'autre dans le Jura central, rattachés à leurs organisations de forteresse respectives... En pratique, ils vivront les événements sans aucun liens.
Mobilisation
Pour le 1° Groupe, la mobilisation se déroule à partir du 24 Aout 1939 à la CMA 327 de Colmar. Ce groupe est réparti sur les deux sous-secteurs initiaux - Elsenheim et Dessenheim - du SF de Colmar: 1° Bie (3 batteries de 75mm en 6 sections de 2) à Sundhouse, Marckolsheim, Durrenentzen, Wolfgantzen, Heiteren et Roggenhouse et la 2° Bie (batterie lourde) : 1 Bie de 120 L de Bange à Hessenheim, 1 Bie de 155 C à Wolfgantzen, et 1 Bie de 155 L de Bange à Heiteren.
La mobilisation du 2° Groupe débute dés le 23 Aout 1939 par la mise sur pieds de l'échelon A (Ex-159° RAP). Le jour même, le II/170° RAP occupe les casemates Mougin du fort de JOUX (2 x 155 L) et monte une batterie de 155 C aux Jantets.
Organisation et encadrement au 10 mai-10 juin 1940
Les deux groupes du 170° RAP ayant formé corps, il ne semble pas y avoir eu de commandement de régiment (1).
1° Groupe - SF de Colmar, puis 104° DIF à la réorganisation de début 1940.
Commandant : CE Gaston MAIGRET
Adjoint : Cne Louis LARROUY
Etat-Major :
Santé : Med-Lt Charles RACH
Transmissions : Lt Gustave KUHN, puis Lt Robert SCHMIDT - MdL Laurent SAHONE
Section de réglage : Lt Jean-Daniel FISCHER
Autres personnels : Adj. Jean DESPERT
1° Batterie - S/Secteur Elsenheim
Cne Georges GOUDOT. PC à Elsenheim. 1 batterie matériel de 4 x 75 mm Mle 1897 à Grussenheim (S-Lt Robert BESSOU) avec une pièce détachée en DCB à l'Ecluse 64 à Artzenheim, 1 batterie de 4 x 155 mm C St Chamond à Jebsheim (Lt Alfred CRAVE, officier de tir : S-Lt Edgar BARRAS). Une batterie de 4 x 75 mm Mle 1897 (Cdt : Lt Yves Le PAVEC, second lieutenant : Lt Jacques PELLISSIER) est détachée début juin 1940 sur le S/secteur de Baldenheim avec le Cne GOUDOT. Le CE MAIGRET commande directement l'artillerie du S/s d'Elsenheim.
2° Batterie - S/Secteur Wolfgantzen
Cne Jean CHARPY, adjoint: Lt Maurice SCHILLER. PC à Wolfgantzen, 1 batterie matériel de 4 x 75 mm Mle 1897 à Weckolsheim (Lt Charles KAYSER), 1 batterie de 120 mm L de Bange à Wolfganzen sud (Lt Roger BRETHON, officier de tir : S-Lt MANN), une batterie de 155 mm L de Bange à Wolfgantzen Nord (Lt Paul WALTER).
Une batterie de trois sections de trois 150 T de tranchées chaque est créée tardivement, le 1er juin 1940 et rattachée au 1° Groupe du régiment. Elle est commandée par le Lt Paul SORDET et composée d'hommes issus du C.I.D.F. 104. Les pièces devaient être positionnées à Marckolsheim, Neuf-Brisach (SF Colmar) et Balgau (SF Mulhouse) mais n'arriveront jamais.
STA 1
Cdt : Cne Georges MANGEL. Stationnée au bois de Neuland à Daschsbuehl (est de Colmar)
A noter que ce groupe étant fortement dispersé et sujet à de nombreuses réorganisations des unités de renforcement et de forteresse, il a pratiquement échappé au commandement de son chef de groupe, sauf partiellement la 1° Batterie. A ce titre, voir les évolutions d'organisation sur la page du
SF de Colmar .
2° Groupe - SF du JURA (Morteau/Pontarlier)
Commandant : Cne puis au 01/02/1940 CE (TT) Robert SIMONIN. PC à Oye-et-Pallet, PC de Guerre au fort de JOUX.
Adjoint : Cne DROMARD, puis Cne Paul CAIRE (ex-5° Bie) au 01/02/1940, Cne Pierre BEL (en surnombre, quitte début Juin), adjoint commandant le secteur de Morteau : Cne Charles MANIGARD.
Officiers d'EM : Lt CELARD (homonyme du Cne commandant la 6° Bie) au 01/02/1940.
Transmissions : Lt EPAILLY, puis au 15/03/1940, Lt GIRARD-SAUVEUR
Officier orienteur : S-Secteur Morteau : Lt ARNOUX, S-Secteur Pontarlier : Lt Louis MICHEL
Détails : Lt PROST
3° Batterie - S/Secteur Morteau
Cne Henri BAZIN. PC à Grand-Mont, 1 batterie matériel de 4 x 75 mm Mle 1897, 1 batterie de 4 x 90 mm, 1 batterie de 155 mm C St Chamond. Une batterie de 105 mm L Mle 1913 Schneider a été ajoutée tardivement (récupération en parc comme pour les autres batteries). Officiers : Lt BEUCHER et MARTHE.
Ces batteries sont positionnées à Grand-Mont, Milbois (155 C) et au Tantillon.
4° Batterie - S/Secteur Pontarlier
Cdt : Cne René BOYON, PC à la ferme des Jantets-Boulots. 1 batterie de 4 x 155 mm C St Chamond aux Jantets (Lt PELOUZE), 1 section de 2 x 155 mm L sous casemates au fort de JOUX (S-Lt WISSENMEYER), 1 section de 2 x 75 mm Mle 1897 à Malmaison (Lt MOUCHOT)
5° Batterie - S/Secteur Pontarlier
Cdt : Cne CAIRE, puis Lt Jacques KEMPF, PC à Grange-Tavernier, 1 batterie de 4 x 105 mm L Mle 1913 à Granges Tavernier, 1 batterie de 4 x 75 mm Mle 1897 à Chaon. Officiers de batteries : Lt KEMPF, puis Lt PELLISSIER, Lt Christian GEOFFROY-CHATEAU
6° Batterie - S/Secteur Pontarlier
Cdt : Cne Jean CELARD, PC à Oye-et-Pallet, officier observateur : Lt BENOIS. 1 batterie de 4 x 155 mm L Mle 1877 sur la route de Oye-et-Pallet à Grange Tavernier (Lt THUNE), 1 batterie identique à proximité de la précédente (Lt DELOR)
STA2
Cdt : Lt Pierre METAIRIE-FRANCOIS. Officiers : Lt Henri de MONSABERT
Historique
Consécutivement à la mobilisation, le 1° Groupe du 170° RAP est largement renforcé par l'artillerie divisionnaire des unités de passage, l'artillerie lourde de corps-d'armée et d'armée ainsi même que par de l'ALVF (370° RALVF pour l'infrastructure et 373° RALVF pour les pièces à la position du KASTENWALD).
Les deux groupes passent la "drôle de guerre" à établir les positions, construire des abris, PC et magasins. Comme les batteries changent régulièrement de place, ce travail est à recommencer et recommencer encore.
- 9 Février 1940 :
2° Groupe
remise du fanion du II/170° RAP durant une cérémonie qui voit la remise de la Légion d'Honneur au CE SIMONIN. Les fanions des 4°, 5° et 6° batteries sont remis 15 jours plus tard.
- 23 Mars 1940 : Consécutivement à la création du 45° CAF, le II/170° RAP devient l'artillerie organique de ce corps-d'armée. L'organisation des 5° et 6° Bies sur le terrain est remaniée autour de Pontarlier tout début Avril. Elles quittent leurs positions qui étaient post-mobilisation :
5° Batterie: 1 batterie de 4 x 155 mm C St Chamond aux Granges-Dessus, 1 batterie de 4 x 75 mm Mle 1897 au Granges-Dessus.
6° Batterie: 1 batterie de 4 x 155 mm L Mle 1877 sur la route de Granges-Dessous, 1 batterie identique à Granges-Dessus
pour prendre des positions sur l'arc Oye-et-Pallet - Grange-Tavernier - Chaon.
A cette occasion, la 5° batterie cèdent sa batterie de 155 mm Mle 1877 pour une batterie de 105 mm L Mle 1913.
- 10-22 Mai 1940 : le régiment est mis en alerte suite à l'invasion de la Belgique et des Pays-Bas par l'Allemagne. Les batteries autour de Pontarlier sont réorganisées et la section de 75 de la Malmaison (4° Bie) est convertie en batterie DCA. Le 22, la 63° DI est retirée et remplacée par la 1° DBCPyr.
- 6 Juin 1940 :1° Groupe
Le départ progressif des unités d'intervalle laisse le I/170° RAP comme seule artillerie en place dans le SF de Colmar.
- 9-12 Juin 1940 : 1° Groupe
Les échanges de tir de part et d'autre du Rhin s'intensifient. En fin de période, les régiments d'artillerie de renforcement débutent leur repli vers les Vosges. La batterie Le PAVEC (75/97) qui était en sortie ouest de Neuf-Brisach se place en lisière de forêt de Hettenschlag, puis le 13 Juin à Boesenbiesen.
2° Groupe
le départ de la 1° DBCPyr à son tour laisse les unités organiques du secteur fortifié en seule responsabilité, dont la 4° DBIL... Il faut tenir les positions avec les moyens du bord. Les 105 mm de la 5° Bie sont retirés et placés en position anti-char sur les axes principaux. Les artilleurs prennent à leur charge les 47 mm Marine ou les 37 mm AC installés dans certains blockhaus. Les matériels qui ne sont plus servis par le redéploiement des hommes sont laissés en place, culasse retirée. Le personnel retiré de la 6° Bie prend en charge le PA de Jougne, ceux de la 5° Bie le PA de Doubs au nord de Pontarlier. La 4° Bie reste autour du fort de JOUX et Oye-et-Pallet (détachement Lt PELOUZE). La réorganisation effective de l'artillerie de secteur se fait de façon progressive jusqu'au 15-16 Juin.
A titre de démonstration de l'état de dénuement de la position : le détachement d'Oye-et-Pallet est composé de la compagnie muletière 166/15, 1 sous-officier et 6 hommes du Génie devant faire sauter le DMP local et des artilleurs de la demi-batterie de 155 C de la 4° Bie. Ils arment un blockhaus mixte 47/mitrailleuse avec un 47mm démonté trouvé là, une mitrailleuse St Etienne et 6 FM Mle 1915.
- 14 Juin 1940 :1° Groupe
Le départ de l'artillerie de renforcement d'intervalle, notamment le 44° RAD en dernier, laisse le 1° groupe seul. Il se charge de récupérer les dépôts locaux de munitions laissés par les unités en repli. Le 170° RAP doit décrocher à son tour le lendemain 15, mais les circonstances en décideront autrement...
2° Groupe
une nouvelle batterie matériel est constituée à Avoudrey avec 4 pièces de 105 mm L 13. Elle est prise en charge par le Cne KEMPF de la 4° Bie. La pression des événements implique de retourner le dispositif précédent - orienté vers une menace venant de Suisse - pour se préparer à une arrivée de l'ennemi par l'arrière et Besançon... Le dispositif nouveau résultant de cette réorientation est le suivant le 15 au matin :
3° Bie : situation inchangée à Morteau
4° Bie : 2 pièces de 105 L 13 en DCB (Défense Contre Blindés - S-Lt MERCIER) au pied du fort de JOUX et 2 canons de 155 L sous casemates au fort de JOUX
5° Bie : 2 pièce de 105 L 13 tirant à vue sur le terrain d'aviation de Pontarlier à partir d'une hauteur entre Doubs et Pontarlier (Lt Christian GEOFFROY-CHATEAU). 1 pièce de 105 L 13 à Main St-Gorgon couvrant les routes de Besançon et Ornans.
6° Bie : 1 batterie de 155 C St Chamond à Granges-Dessus, avec deux pièces détachées dans la plaine du Drugeon (Lt LAMY) tirant sur le terrain d'aviation de Pontarlier, sur la route Besançon-Pontarlier et vers Levier. 1 pièce de 105 L 13 en DCB au lac de St Point (Labergement Ste Marie - MdL PRINCE) couvrant l'ouest, 1 pièce de 105 L 13 en DCB à Chaon (MdL COLIN) et 1 pièce de 105 L 13 (MdL BUSSON) très excentrée, en DCB à Gouland et prenant la route des Rousses à Morez sous son feu.
- 15-16 Juin 1940 :
1° Groupe :
L'attaque allemande sur le Rhin débute le 15 à 8h. Le Groupe participe au soutien de l'infanterie lors de l'opération allemande Kleiner Bär de traversée du Rhin le 15 Juin. La batterie de 155 C St Chamond sera reculée de Jebsheim au Moulin de Jebsheim car trop exposée dans une position déjà repérée par l'adversaire. Une seule pièce est armée par manque de munitions. Les batteries du sous-secteur d'Elsenheim tirent pratiquement en permanence, mais sans observation directe car les observatoires d'artillerie ont été évacués par manque de personnel. La batterie de 75 du S-Lt BESSOU est particulièrement contre-battue par les Allemands.
A la 1° Batterie (Elsenheim), les batteries BESSOU et CRAVE tirent respectivement 4500 et 900 coups.
Le 16 juin, les Allemands sont sur le canal du Rhône au Rhin. A 18h, ordre est donné de décrocher vers l'ouest car l'infanterie allemande a dépassé Marckolsheim et s'infiltre vers Elsenheim. Les canons de la batterie CRAVE de 155 C, dépourvue de munitions, sont laissés sur place après sabotage et le personnel se replie. La batterie de 75 BESSOU, qui n'a pu être jointe pour donner l'ordre de repli, tire encore jusque vers 21h puis pratiquement encerclée doit aussi détruire ses canons du fait de l'absence de munitions et de moyens de traction avant de replier le personnel. Le S-Lt BESSOU est ses hommes arrivent à minuit à Colmar au travers des lignes ennemies. La ville est vide de militaires français : il faut continuer.
Le personnel de la batterie CRAVE arrive à Kaysersberg à minuit.
Côté Wolfgantzen (2° Bie) les tirs sur l'offensive allemande ont la même intensité qu'au nord de là. Le groupe bénéficie longtemps des indications de l'observatoire bétonné de berge de FAHRGRUN (30bis/1) et de celui de la tour de la station ferroviaire de Neuf-Brisach. Ce dernier doit être abandonné le 16 juin à 10h car endommagé par les tirs allemands.
Les tirs de contre-batterie sont là aussi violents. La batterie WALTER déplore deux tués (Cniers François DIETRICH et Bernard SCHMITT) et deux blessés. Une pièce de 120 L et une de 155 L sont détruites le 15. Le Lt SORDET et sa batterie, sans matériel reçu, se met à la disposition de la batterie de 75/97 du Lt KAYSER.
Le 16, une section de la batterie KAYSER (75/97) est déplacée vers le nord pour interdire les abords nord-ouest de Neuf-Brisach car l'ennemi - bloqué à Neuf-Brisach - arrive du nord.
Les 75/97 ont tiré 4000 cps, les 120 L 600 cps et les 155 L 500 coups. A 18h, l'ordre de décrochage arrive pour 21h direction Guebwiller. Les pièces, sauf deux 75/97 encore transportables, sont mises hors service sur place. Les deux 75 sont transportés vers Colmar avec des tracteurs réquisitionnés par le Lt SORDET puis atteignent Longemer dans la journée du 17 Juin.
Côté S/secteur de Baldenheim (Batterie le PAVEC), les deux jours sont chauds aussi, avec 3800 coups tirés. Recevant l'ordre le 16 dans la matinée de détruire ses pièces et se replier, le PAVEC prend sur lui de maintenir sa batterie en opération jusque 17h et permet ainsi de protéger le repli du 242° RI, retarder le franchissement du canal du Rhône au Rhin et la prise d'Artolsheim. La batterie parvient à sauver deux pièces et doit détruire les deux autres.
2° Groupe :
La demi-batterie du Lt PELOUZE est relevée à Oye-et-Pallet. L'effectif retourne dans la journée du 15 aux Jantets et retrouve ses pièces placées au Boulots, juste sous le fort du LARMONT Supérieur. Dans la soirée, ordre est donné aux artilleurs de relever la Cie du 23° BIL (4° DBIL) au fort du LARMONT Sup car celle-ci doit se replier. Les deux pièces de 155 C St Chamond sont abandonnées sur place et neutralisées par enlèvement des culasses. Le 16, les artilleurs prennent possession du fort et de ses 8 mortiers de 75 T, et sont rejoints par un détachement de la CRE de la 4° DBIL, puis par l'état-major de la demi-brigade (CB DAVOUZE) et plus tard par une fraction de la compagnie de marche du 1° Bataillon du Jura venant de Lons le Saulnier. L'effectif au complet (9 officiers et 235 hommes) s'enferme dans le fort dans la soirée, dont le Cne MERCURY (CRE de la 4° DBIL) prend le commandement.
- 17 Juin 1940 : 1° Groupe :
Les unités du groupe se positionnent à l'ouest de Kaysersberg (1° Bie) et sur la route du col de la Schlucht (2° Bie). Le commandement parvient à reprendre ainsi contact avec les batteries CRAVE (155 C), et les batteries WALTER (155 L), KAYSER (75/97) et BRETHON (120 L) vers Linthal. Ces hommes ont suivi un parcours Logelheim-Rouffach-Guebwiller. Toujours aucune nouvelle de la batterie BESSOU, dont le repli tardif fait craindre le pire. La STA stationne aussi au col de la Schlucht puis descend vers Xonrupt.
La batterie le PAVEC se met en place à Sainte Marie aux Mines avec ses deux pièces.
De son côté, le groupe BESSOU monte sur Munster dans l'après-midi puis au col de la Schlucht, où il passe la nuit suivante.
2° Groupe :
les Allemands sont signalés à 8h en approche à partir de Levier (N-O de Pontarlier) et entre à Pontarlier en fin de matinée. Une section partie du fort du LARMONT supérieur pour aller récupérer les deux canons de 155 C du Lt PELOUZE est mitraillée par l'ennemi dans sa descente. Elle reflue rapidement vers le fort et y rentre... par une issue de caponnière non gardée...
A 12h, l'autorisation d'ouvrir le feu à volonté est donnée. La 5° Bie ouvre effectivement le feu à 12h45. Entre 14h et 15h, la section de 155 C du Lt LAMY bombarde (150 cps) les Allemands mais doit décrocher, partiellement neutralisée par tir à vue de pièces de 77 et de chars allemands et déplorant 2 tués (René GUINARD et André TOURIS), un blessé grave (François MICHAUD) et une dizaine de blessés. Pièces neutralisées par les tirs, les hommes de la section LAMY retournent vers le PC de la 6° Bie à Granges-Dessus. La section de 105 du fort de JOUX (S-Lt MERCIER) ouvre le feu en relai puis stoppe une colonne de véhicules s'engageant de Pontarlier vers le fort. L'artillerie lourde allemande tire sur le fort de LARMONT Supérieur dont les communications téléphoniques sont coupées. Les hommes de la batterie de 155 C de la 6° Bie se replient sur Friard sous la pression allemande qui se renforce vers Granges-Dessous.
Une première attaque d'infanterie menée par des éléments de la 29° ID (Gal von LANGERMANN) se développe vers 12h30 contre le fort du LARMONT Supérieur. Elle est repoussée. A 13h30, l'artillerie allemande prend le relai et bombarde le fort jusque vers 15h. L'infanterie intervient à nouveau en s'infiltrant autour, mais sans plus de succès. Le bombardement reprend. A 19h30, des parlementaires allemands viennent négocier la reddition du fort : le CB DAVOUZE, passant outre le Cne MERCURY, accepte les conditions de cessez-le-feu. Le fort de LARMONT Supérieur est tombé et sera évacué à 20h30 par ses défenseurs (2).
Les pièces de 105 L en DCB à Main-St-Gorgon et Doubs (5° Bie) sont capturées par surprise. Un seul canonnier (Léon DROMARD) en réchappe.
- 18 Juin 1940 : 1° Groupe :
Les éléments de la 1° Bie et du PC de groupe font mouvement par le col du Bonhomme, Plainfaing, Xonrupt et retrouvent la 2° Bie à Longemer. Celle-ci est montée la veille au soir au Markstein, puis à l'aide de navettes auto de la STA a suivi les crêtes pour redescendre sur Longemer.
La batterie BESSOU parvient enfin à rejoindre le reste du groupe à Longemer, ayant fait l'ensemble de la route à pied depuis Grussenheim.
La batterie le PAVEC reçoit l'ordre de se replier vers le Bonhomme et d'y retarder l'ennemi. Elle se déplace ensuite dans la soirée vers la Bresse via Longemer.
2° Groupe :
Les éléments en repli de la 6° Bie ne peuvent s'approcher de Cluse et Mijoux car déjà occupées par l'ennemi. Ils se réorientent vers Labergement mais l'ensemble des villages autour sont déjà aux mains allemandes.
Les pièces de la 4° Bie au fort de JOUX, avec les quatre 75 T de ce fort. Les deux 155 de casemate sont mal orientés et les deux 105 sur les parapets du fort sont placés l'un vers Pontarlier et l'autre vers la Gauffre.
Le fort de JOUX est investi mais sans être attaqué. La pièce de 105 L de Labergement Ste Marie (MdL PRINCE) est capturée à 18h par une colonne arrivant du lac de St Point.
- 19-23 Juin 1940 :
1° Groupe :
Dans la soirée du 19, les deux 75/97 de la batterie KAYSER tirent sur les infiltrations allemandes en vallée de Munster. Peu de temps après, la batterie Le PAVEC et le commandement d'artillerie du sous-secteur de Baldenheim rejoignent l'ensemble avec deux pièces de 75 qui ont évité la destruction sur place...
Une batterie de 75 complète est reformée avec les deux pièces de la batterie KAYSER et celles de la batterie Le PAVEC. Ces canons sont disposés en anti-chars (DCB) vers la Bresse puis le col de Ménil (Bie KAYSER),et vers la passe de Wildenstein au-dessus de Kruth (Bie le PAVEC).
Le 20 Juin, l'ennemi réussit à forcer le col du Bonhomme, au nord de là. L'ensemble du groupe se déplace en fond de vallée vers Retournemer.
L'ensemble des troupes du I/170° RAP présentes à Retournemer est capturé le 21 Juin 1940 vers 12h par des colonnes ennemies venant de Xonrupt. Les prisonniers sont mitraillés par erreur par une autre colonne allemande descendant du col du Bonhomme, occasionnant le décès des MdL BEYER et NAEGERLEN et plusieurs blessés.
La Batterie Le PAVEC est attaquée le 21 à Wildenstein vers 18h, en provenance de Kruth au sud. L'ennemi est repoussé, les deux canons ont tiré 120 cps débouchés à 0... Le lourd bombardement qui s'en suit force les défenseurs à quitter leur verrou et monter vers le Ventron. Ses deux canons sabotés, le groupe part le 22 par les crêtes et arrive à Rouge-Gazon le 23 juin, au milieu des troupes de la 105° DIF encerclées là.
2° Groupe :
Arrivés à Reculfoz le 23, mais bloqués là entre les colonnes ennemies, les effectifs de la 6° Bie ne peuvent se résoudre à passer en Suisse. Apprenant l'armistice pour le 25 Juin, ils décident de revenir à Granges-Dessus et sont capturés en approchant de leurs anciennes positions le 25 à 15h. Le Cne CELARD échappe à la capture et parviendra à rejoindre la zone libre avec un petit détachement. Le Lt LAMY, tentant de rejoindre la pièce de 105 L de Gouland, est lui-même arrêté.
La situation de statuquo perdure, sans aucune tentative allemande. Le fort de JOUX reste isolé et sans communications. Au soir du 23, le fort est occupé par 10 officiers du 170° RAP (CE SIMONIN, Cnes CAIRN et BOYON, Lt CELARD, GIRAUD-SAUVEUR, PROST, de MONSABERT, MICHEL, S-Lt COTTERWALD et MERCIER), 18 sous-officiers et 114 brigadiers et hommes. A ceci se rajoute un détachement du Génie (Cne MAHE) de la Cie 213/2.
- 24 Juin 1940 : les Allemands montent vers le fort à partir de 7h du matin mais ne l'attaquent pas. A 18h, une délégation ennemie, accompagnée du CB LALLE (23° BIL)(3) comme interprète, se présente à l'entrée et somme le fort de se rendre. LALLE, officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, négocie la reddition de la place pour le lendemain 8h. A 20h, il est confirmé par Radio Suisse que l'armistice entre en vigueur le 25 à 0h35.
- 25 Juin 1940 : à 8h le détachement du fort rend les armes aux troupes de la 1° PzD, après l'heure officielle du cessez-le-feu.
De son côté, la batterie le PAVEC du I/170° RAP subit le sort des encerclés de Rouge-Gazon. Elle dépose les armes le 26 juin et part en captivité (4).
Notes :
(1) Certaines sources citent le nom du Col ROUSSEAU comme commandant du 170° RAP. Les archives du 170° RAP ne confirment pas cette information et précisent dans plusieurs documents indépendants que chaque groupe formait corps. Il s'agit donc bien d'une confusion car en réalité le Col ROUSSEAU est le commandant du 316° RALP, et a été parallèlement et jusqu'à son départ le commandant de l'artillerie du SF de Colmar, couvrant donc le I/170° RAP. Le Col ROUSSEAU n'avait rien à voir par contre avec le II/170° RAP.
(2) Les conditions de défense et de reddition du fort feront l'objet d'un rapport du Cne MERCURY lourdement à charge contre le CB DAVOUZE - accusé d'avoir rendu le fort alors qu'il était encore en état de se défendre... - et contre les artilleurs du 170° RAP - accusés de s'être défilés dans les abris cavernes durant les combats -. Le Lt PELOUZE fera lui-même un rapport contradictoire sur ces aspects mais confirme indépendamment que le CB DAVOUZE a bien négocié la reddition sans en référer à qui que ce soit, et en outrepassant la fonction de commandant de place du Cne MERCURY. DAVOUZE écrira en 1941 de son côté aussi un rapport sur ces événements, duquel il ressort que quand il prend son initiative, le fort est à bout de munitions et déplore déjà "4 morts et des blessés" (sic).
(3) Le 23° BIL (bataillon disciplinaire formé de soldats sanctionnés et de repris de justice) connait des défaillances sur les journées précédentes. Le 24, le 105 nord du fort reçoit l'ordre de tirer sur des engins allemands, mais hésite à ouvrir le feu car ces blindés sont mélangés avec des troupes du 23° BIL capturées sans combat à Mijoux. Deux coups seront néanmoins tirés, mais suffisamment imprécis pour forcer l'ennemi à refluer et permettre par ailleurs aux prisonniers de s'échapper sans pertes.
(4) Le Lt le PAVEC parvient à s'évader en chemin vers la captivité, à Ensisheim. Traversant la zone occupée, il parviendra à Privas le 9 Juillet, où il est ensuite démobilisé.
Rédaction initiale : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 08/2023
Sources : SHD - Archives du 170° RAP.
"Hommes et ouvrages de la ligne Maginot - Tome 2" - J-Y. Mary, A. Hohnadel, J. Sicard - Histoire et Collections 2001
Secteur(s) concerné(s) :SFCO SFJ
Page n° 1001037 mise à jour le 10/08/2023 -
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