Cartes allemandes de la ligne Maginot

Il est fréquent de retrouver des extraits de carte où figurent les constructions de la ligne Maginot représentés avec des symboles non usités par l'armée française auxquels est accolée une numération décimale comportant parfois un suffixe alphabétique (ex 198, 190a, 190b, 191...).

Carte allemande de la ligne Maginot, extrait de la feuille 3311

Ces mêmes numéros que l'on retrouve parfois peints sur les ouvrages ont maintes fois suscité des questions.

La Ferté, bloc 1.

HAUTE DIGUE 9 - (Blockhaus pour arme infanterie)

Haute Digue 7

Nous vous proposons ci-dessous une ébauche de réponse

Origine et date de production de ces cartes

Un jeu de cartes renseignées a été produite en mai 1938 et novembre 1939 par les services de renseignements dépendant du haut commandement de l'armée allemande (OKH) sur la base de leurs observations et des renseignements qu'ils ont pu obtenir sur la ligne de défense française.
A chacune de ces cartes est liée une liste des constructions qui y sont référencées donnant des indications sur leur fonction, leur type, leur dénomination et leur armement.

Zone couverte et numérotation

Zone couverte

Le jeu de cartes connues couvre la zone allant de Montmédy à Mulhouse, il est établi sur la base du découpage cartographique du territoire correspondant aux cartes françaises au 1/50 000 ème type 1922 .
La zone couverte va des Ardennes avec la feuille 3110 Montmédy au Haut-Rhin avec la feuille 3720 Mulhouse.

Principe de la numération

La numérotation de base est établie d'Est en Ouest et est propre à chaque carte. Chaque construction repérée sur la carte est représentée par un symbole correspondant à son type et affublée d'un identifiant alpha-numérique composé d'un nombre variant de 1 à 999 auquel s'ajoute un suffixe alphabétique lorsque les renseignements indiquent un ensemble de constructions liées entre elles.
En exemple pour l'ouvrage de Latiremont, les blocs sont numérotés 35 a à 35f, les entrées 36 a et 36b.

Ouvrage de Latiremont, carte

Valeur et limites de ces cartes

Il apparait clairement que la numérotation initiale a été faite en répartissant géographiquement les numéros attribués, laissant ainsi des vides dans la liste des points afin de pouvoir intercaler de nouvelles constructions au fur et à mesure de leur découverte.
La non-cohérence de la numérotation sur certaines feuilles laisse clairement voir que les cartes ont été renseignées progressivement et que dans parfois, les trous laissés n'ont pas permi de numeroter tous les éléments qui se sont rajoutés ce qui a forcé de recourir à des nombre inutilisés par ailleurs sur la feuille concernée.

Des incohérences dans la numérotaion utilisée montrent la limite de la connaissance qu'avaient les services de renseignement allemands du système défensif français. En exemple, la casemate d'artillerie du Bovenberg et l'un des blocs voisin sont considérés comme un petit ouvrage et portent les numéros 375 a et 375b, les blocs de l'ouvrage du Bovenberg portent les numéros 380a à 380e et l'entrée de l'ouvrage du Bovenberg numerotée 380f est supposée être commune au petit ouvrage (375a et b) et à l'ouvrage (380a à e).

Carte 3512 - Extrait Bovenberg.

Liste 3512 - Extrait Bovenberg

On retrouve nombre de cas assez similaires comme pour le Michelsberg et l'abri de Bilmette ou encore Rochonvillers et l'abri du Gros Bois

Malgré cela, la quasi absence de ratures indique que les numéros une fois attribués n'ont pas été modifiés, ce sont ces même identifiants qui seront utilisés lors de la campagne de 1940 et ensuite pour marquer les constructions sur le terrain.

Une autre particularité de ces cartes démontrant l'ampleur du travail fourni ets la représentation cartographique dans certains secteurs du réseau téléphonique qui indubitablement nécessité de recueillir beaucoup d'observations et d'effectuer un réel suivi de chantier à une époque ou les photos aériennes sont rares et où aucun portail numérique ne les met à la disposition du public.

Si les appellations données aux constructions sont dans la plupart des cas exactes, l'armement décrit reste souvent supposé, ce qui démontre que malgré un investissement temps trés important, une bonne partie du secret est resté bien gardée. En ajoutant à cela le peu de connaissances des performances de l'armement spécifique de la forteresse, il est plus facile de comprendre l'étonnement quasi général des officiers allemands quant à la redoutable efficacité de l'artillerie d'ouvrage et aux dégâts que cette dernière à fait dans les rangs allemands.

Rédaction

Pascal Lambert

Sources

NARA - Oberkommando des Heeres - Gen St d H Abteilung Fremde Heere West - Recensement allemand de la ligne Maginot, carte et listes
wikimaginot - Fils de discussion

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Cartes originales
Posté par Pascal le 08/01/2024

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