COL de BROUIS (CDB) - E01

Le coût de construction de l'ouvrage à fin 1936 s'établit à 11,42 millions de Fr de l'époque (9,3 M€ de nos jours).

Cette dépense se répartit comme suit :
- achat terrain : 0,33 MFr
- Gros-oeuvre : 7,01 MFr
- aménagements et réseaux intérieurs : 0,75 MFr
- Centrale électrogène : 0,54 MFr
- Cuirassements, monte-charges, portes... : 0,89 MFr
- Armements et optiques : 0,90 MFr
- Transmissions : 0,06 MFr
- Munitions : 0,94 MFr

Ces dépenses n'incluent pas celles postérieures à fin 1936 et jusqu'en 1940 : améliorations diverses, etc...

Il est intéressant de noter qu'un petit "ouvrage intermédiaire" à bas cout voulu par le Mal Pétain finira par couter plus cher qu'un ouvrage mixte comme le Barbonnet... Cela justifie à posteriori le report en 2e cycle des autres "ouvrages intermédiaires" (Nieja, Cote 902, Vallon de Gorbio) !
Source(s) :
SHD - 4V1514 - chiffres compilés par JM Jolas

L'ouvrage du Col de Brouis est un ouvrage CORF d'infanterie à 3 blocs

Bloc 1, (entrée mixte) :
- 2 créneaux FM
- 1 cloche GFM type A

Bloc 2 :
- 2 créneaux de mortiers 81
- 1 créneau JM/AC47
- 1 créneau JM
tous orientés vers Breil-sur-Roya
- 1 créneau FM de défense de façade
- 1 cloche JM, orientée est vers les pentes de la cime du Bosc et Croix de Cougoule
- 1 cloche VDP (O 72)
- 1 cloche GFM type A

Bloc 3 :
- 2 créneaux de mortiers 81
- 1 cloche JM
tous orientés vers le Sud-Est
- 1 créneau FM de défense des façades. A noter que la contrescarpe du fossé diamant a été délardée à posteriori pour permettre à ce créneau de participer à la défense des abords des blocs 7 et 8 du MONTE GROSSO
- 1 cloche LG (non équipée en 1940)
- 1 cloche GFM type A

Les B2 et B3 étaient tous deux équipés d'une issue de secours en fond de fossé diamant.

Le B1 possède de nombreux dessins et fresques, dont certains sont hélas vandalisées par des tags.

La mission de l'ouvrage du Col de Brouis est de battre la vallée au nord vers Breil-sur-Roya (bloc 2) et la vallée au sud redescendant sur Sospel (bloc 3). L'ouvrage assure aussi la couverture des pentes à l'avant de l'ouvrage du Monte Grosso

La cloche VDP du bloc 2 porte pour l'artillerie l'indicatif O 72

Le numéro d'abonné de l'ouvrage au réseau téléphonique de la fortification était E 256

L'effectif théorique est de 3 officiers et 174 hommes originaires principalement des 85° BAF et du 158° RAP.

Cdt d'ouvrage : Cne Charvet à partir du 8 dec 1939
Cdt l'infanterie : Lt Bordet
Cdt le Génie : Asp Desbruères
Cdt l'artillerie : Lt Herenger (10° Bie du 158° RAP)
Cdt mortiers de 81 : Lt Speck

L'ouvrage était équipé de 3 groupes SMIM type 2 SR 19 deux cylindres de 50 Cv.

Les moteurs d'origine de l'usine électrique portaient les numéros de série suivant:
1 - 609
2 - 607
3 - 608
Source(s) :
Liste des moteurs mai 1940 - Association Edelweiss

L'ouvrage était équipé d'un central à 64 directions, composé de deux panneaux muraux pour 32 abonnés et d'une table opérateur à 14 circuits.

Les communications radio étaient assurées par un poste OTCF installé dans le bloc 1

L'ouvrage de Col de Brouis est raccordé au réseau téléphonique de la fortification par un câble à 14 paires depuis la chambre de coupure du Col de Brouis.
Il dessert également par une liaison enterrée constituée d'un câble à 6 paires l'avant poste de la Croix de Cougoule et son observatoire et les observatoires d'Arboin et du Col d'Agnon qui sont reliés par lignes de campagne

Ouvert à tous les vents depuis longtemps, les dégâts faits par les allemands lors de leur retraite ont été complétés par les nombreuses déprédations modernes (tags, etc) habituelles.

L'intérieur est en piteux état, vidé de l'essentiel de ses équipements. Le bloc 2 partiellement effondré est dangereux d'accès et sa cage d'escalier est détruite en plusieurs endroits.

2018 - Il n'est plus possible de pénétrer à l'intérieur de l'ouvrage l'entrée ayant été barrée par des tubes laissant seulement passer les chauves souris

L'ouvrage est occupé par les allemands jusqu'en avril 1945, faisant face aux français qui occupaient alors le Monte Grosso depuis l'automne 1944.

Pour couvrir leur retraite le 15 avril 1945, les Allemands détruisent intérieurement les blocs actifs à l'explosif, avec acharnement particulier sur le bloc 2, l'usine,...

Jugé détruit au-delà de toute réparation possible, l'ouvrage est vidé de ce qui peut l'être par le Génie en 1946, nettoyé à minima et condamné. Le bloc 2 n'a pas été reconstruit après guerre et l'usine a été ferraillée sans être remplacée.

Le marché de construction de l'ouvrage est passé à l'entreprise BORIE de Paris le 28 Septembre 1931 pour 4 MF (gros-œuvre). Les travaux débutent immédiatement.

A l'été 1932, les trois galeries principales sont roctées. Ces locaux souterrains sont cependant non revêtus. Les fouilles extérieures des blocs actifs ont débuté. L'ouvrage est considéré réalisé à 6%.

La défense rapprochée des blocs avant du MONTE GROSSO étant source d'inquiétude pour la DTF de Nice, celle-ci propose à la CORF plusieurs solutions possibles :
- utilisation des cloches GFM de COL de BROUIS
- modification du fossé du Bloc B (futur B3) pour permettre au créneau FM de défense de façade de couvrir à distance ces blocs.
- utilisation de pistolets mitrailleurs en cours d'essai pour tirer à partir des cloches VDP du MONTE GROSSO.

La CORF rejette la première (les cloches GFM doivent exclusivement couvrir les dessus de l'ouvrage du Col), mais approuve la seconde, qui sera mise en œuvre par délardement de la contrescarpe du fossé dans sa partie proche du créneau. La commission va même jusqu'à proposer le remplacement à terme de ce créneau FM par un créneau JM quand les moyens le permettront… ce qui n'arrivera jamais. C'est sans doute le seul exemple de toute la ligne Maginot où un créneau FM de défense de fossé participe à la protection d'un ouvrage adjacent...

L'ouvrage est classé par décret dans les places de guerre le 8 Février 1937.

Au 1er Juillet 1939, le cumul de dépense des services locaux se monte à 9.429.600 Fr (hors donc les cuirassements, le matériel électromécanique...) et il reste 1.983.800 Fr à décaisser pour l'aménagement des dessus (délardements, etc) et la construction des réseaux bas. Ceux-ci sont réalisés par la MOM durant la drôle de guerre. L'ouvrage est néanmoins considéré utilisable.
Source(s) :
SHD - Archives de la CORF Sud-Est
SHD - 6V11100, 6V11102 (ITTF avancement des travaux)