Ligne Maginot - SAPEY (Ouvrage d'artillerie)



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SAPEY

( Ouvrage d'artillerie )









Secteur Fortifié
SFS - SF Savoie

Sous Secteur
Moyenne Maurienne

Quartier
Arc

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
Commune
MODANE (73500)

Lieu-dit / Parcelle

Coordonnées
45.203865 - 6.650248

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Notes et informations



ARMEMENT, Artillerie

A l'artillerie de l'ouvrage Maginot du Sapey, convient de rajouter l'armement de l'ancien Fort du Sapey équipé en 1940 de :
- 2 pièces de 95-88,
- 4 pièces de 155L-77
- 3 mortiers de 150mm de tranchée Fabry.


CONSTRUCTION, Cout

L'ouvrage reviendra à un total de 12,9 millions de francs, dont 9,4 MF pour le Génie et 3,5 MF d'armements et munitions.
Source(s) :
état des lieux fin 1938 - SHD 7N3847



CONSTRUCTION, Description

L'ouvrage du Sapey est un ouvrage d'artillerie Maginot qui présente la particularité d'être construit sur le site d'un fort Séré de Rivière dont il réutilise une partie des locaux souterrains.

Il est constitué de cinq blocs

Bloc entrée mixte :
- 1 créneau pour jumelage puis Arme Mixte ( 2 mitrailleuses Reibel MAC 31 et un canon AC 25)
- 1 créneau pour FM de défense rapprochée
- 1 cloche GFM type A

Bloc 1 :
- 1 tube de 75 mle 33 sous casemate cuirassée frontale

Bloc 2 :
- 1 tube de 75 mle 33 sous casemate cuirassée frontale
Ces deux blocs réutilisent l'ancienne batterie caverne construite en 1914-16 et partiellement inachevée à l'époque. Ils forment la casemate "Maurienne" du projet initial.

Bloc 3 (Observatoire)
- 1 cloche VDP (Vision Directe et Périscopique)
- 2 créneaux optiques (Vers Ouvrage de Saint Antoine et Granges d'Arplane)

Bloc 4 (Casemate "Fréjus"):
- 2 tubes de 75 mle 29 sous casemate
Le bloc 4 possédait aussi une issue de secours

Les appellations géographiques de blocs dans le projet initial proviennent de la zone qu'ils couvrent.

A ces blocs s'ajoute un petit bloc cheminée, à l'aplomb de la cuisine, destiné à drainer les fumées de celle-ci.

La construction d'un bloc supplémentaire (bloc 5) doté d'une tourelle de 145 mm a été prévue mais il n'a jamais vu le jour. Seule l'amorce de galerie qui aurait du y mener a été construite.


CONSTRUCTION, Mission, ou Fonction de l'objet

Les missions de l'ouvrage du Sapey sont d'interdire frontalement et à grande distance les approches de la LPR, qu'elles proviennent du col du Mt Cenis ou du Quartier des cols du Sud. Ce rôle de couverture générale de la position en retrait de celle-ci fait du SAPEY l'un des rares exemples d' "ouvrage d'artillerie" au sens sud-est du terme, théorisé par la CORF en 1930.

Ces missions sont dévolues aux blocs 1 et 2 (Batterie Maurienne) équipés de canons de 75 Mle 1933 qui agissent frontalement en complément des feux croisés des ouvrages de Saint Gobain et de Saint Antoine en contrebas, et au bloc 4 (Batterie Fréjus), intervenant en couverture des ouvrages du Lavoir et du Pas du Roc avec ses deux 75 Mle 1929.


DENOMINATION, Indicatifs et n° d'abonné

Le bloc 3 porte pour l'artillerie l'indicatif O1.
Il travaille au profit de l'ouvrage du Sapey


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'équipage de l'ouvrage du Sapey est composé de 144 hommes et 5 officiers principalement issus des 154° RAP et 71° BAF. Après mobilisation, l'artillerie de l'ouvrage est rattachée à la 51° Bie/164° RAP.

Cdt d'ouvrage : CE Valat
Major d'ouvrage : Lt Goy
Cdt l'infanterie : Lt Paret Dodon
Cdt l'artillerie : Cne Lamoy de Bissy puis Lt Basset
Officier SRA : Lt Fatou puis Asp Eyselé
Officier Tir : SLt Delmer

Cdt B1 et B2 (Blocs Maurienne) : Lt Levasseur puis Couroux en juin 40
Cdt B 4 (Bloc Fréjus) : Lt Hébert

L'ancien fort du Sapey est occupé par la 5° Bie du 164° RAP


EQUIPEMENT, Electrique

L'ouvrage est raccordé au réseau électrique civil par une ligne HTA depuis Modane, ligne qui suit le tracé du téléphérique alimentant le Fort du Sapey.

Une usine dotée de 3 groupes électrogènes à moteur CLM type 308 à 3 cylindres fournissant 75 CV et d'un alternateur Alsthom fournissant 54 KW prend le relais en cas de disparition du réseau civil.

Un groupe moto-compresseur à moteur CLM 1PJ 65 fournit l'air comprimé pour le démarrage des moteurs de l'usine et l'éclairage de secours de l'usine électrique en 110V continus.
La consommation maximale de l'ouvrage est de 140 KW


GENERALITES, Spécificités

L'ouvrage Maginot du Sapey est construit sous l'ancien fort type Séré de Rivières modernisé du Sapey.

Une partie des galeries de l'ancien fort du Sapey est réutilisée, en particulier au niveau des blocs 1, 2 et 3 (ancienne batterie caverne du fort) et au niveau de l'abri caverne externe de l'ancien fort situé à gauche. Une porte blindée donnant accès de l'ouvrage Maginot à l'abri est considérée comme l'issue de secours de l'ouvrage.


ETAT ACTUEL , Etat - utilisation actuelle

2024 - L'ouvrage est propriété de la commune de Saint-André


HISTORIQUE, Chronologie

L'ouvrage du Sapey est intervenu contre les troupes italiennes attaquant l'avant poste de la Roue le 20 juin 1940 et le lendemain pour soutenir l'avant poste de la Vallée Etroite
Les blocs 1 et 2 (batterie Maurienne) défirent les troupes italiennes dans le secteur de Bramans.
L'ouvrage défendit encore le Planay le 24 juin et quelques tirs furent effectués jusqu'au 25 juin, date de l'armistice.
Au total, ce furent 1428 coups tirés par les blocs 1 et 2 pour la défense du secteur de la Maurienne, 981 par le bloc 4 pour celle du secteur du Fréjus.
Sous l'occupation, l'ouvrage fut désarmé par les troupe italiennes qui l'occupèrent jusqu'à l'arrivée des allemands en aout 1943.
L'ouvrage fut repris par les troupes alliées sans grande difficulté le 13 septembre.
Remis en état après guerre, l'ouvrage fut définitivement abandonné la fin des années 1960.


HISTORIQUE, Construction

L'ouvrage du Sapey, modernisation du fort correspondant, fait partie de la 1ère urgence du programme restreint de la défense des Alpes. Tel que prévu dans le rapport de la CORF sur la Défense des Alpes de Février 1929 (25/FA), il s'agit d'un ouvrage d'artillerie d'interdiction lointaine, en arrière de la position de résistance, au même titre que MONT AGEL, LAVINA (non construit), TOURNOUX, … Le premier avant-projet (44/S) est déposé le 8 Février 1930 et approuvé par DM 1629 2/4-S le 8 Juillet 1930 avec demande expresse d'entamer les travaux de gros-œuvre avant fin de l'année.

L'avant-projet suivant (n° 539/S), plus détaillé, est validé le 21 Novembre 1930. Une somme de 500.000 F est débloquée dés le 24 Octobre 1930 (DM 36830 2/4) pour commencer les travaux de percement des galeries de l'ouvrage. L'arrivée tardive de la somme et précoce de l'hiver cet année là interdit le début des travaux effectifs sur le terrain hors quelques sondages géologiques, obligeant la chefferie de Chambéry à restituer cette somme contre une allocation de 800.000 F à valoir sur 1931. Cet avant-projet est suivi d'un projet définitif de plan de masse de l'ouvrage daté du 29 Novembre 1930 (593/S). Ce plan de masse intègre l'ajout en 2e Urgence d'une tourelle tournante pour canons de 145mm LP et rationnalise/simplifie les communications souterraines, notamment vers le bloc "Fréjus" et l'observatoire. Ce tracé, qui subira quelques changements ultérieurs, sert cependant de base au début des travaux.

1931 :

L'examen du projet de détail et final des galeries et locaux souterrains, premier regardé pour permettre la poursuite des travaux de gros-œuvre entamés, est déposé pour approbation le 7 Aout 1931 (projet 501/S). Dés ce moment, il subit un certain nombre de coupes - somme toutes assez logiques - compte tenu du maintient en 2e cycle de la tourelle de 145mm LP dont on ne sait pas grand-chose des caractéristiques à ce stade.
- l'usine est limitée à deux groupes de 50 kW au lieu de 3 groupes (2x50 et 1x30 kW). Malgré cela elle contiendra quand même trois groupes identiques.
- l'atelier mécanique est reporté en 2e cycle et servira en outre de réserve complémentaire de gasoil en cas de construction de la tourelle et donc d'installation d'un troisième groupe. Un petit atelier sera cependant construit en bout de la grande galerie principale.
- une pente de 5,4% (dépassant les 5% maximum) est admise vers la casemate Maurienne car cette pente ne concerne qu'une courte distance.
- le projet propose d'utiliser les anciens locaux souterrains de la batterie casematée du fort du Sapey, ce qui est grandement supporté. Cela permet en outre de faire des économies sur d'autres locaux (magasin du Génie, magasins à munition des casemates Maurienne, chambres...).
Le problème potentiel d'infiltrations dans les anciennes galeries est noté et il est recommandé à la Direction de Grenoble de prendre contact avec la Direction de Briançon qui a traité avec succès une problématique semblable au JANUS.
La ventilation est simplifiée par rapport au projet d'origine : une ventilation principale alimente les locaux arrières (Entrée, usine, casernement) et les blocs observatoire et Fréjus ont leur propre filtration. L'ensemble est approuvé le 29 Aout 1931 (DM 3054 2/4 S).

L'ouvrage a la chance d'être localisé sous un fort existant. Les accès sont donc déjà établis à l'inverse des autres ouvrages du sous-secteur. Le chantier de terrassements est ouvert dés la mi-mai 1931, par l'entreprise Rossetti de Modane. Les relevés de travaux de Juillet/Aout 1931 montrent que les premières excavations ont commencé avant la validation formelle du projet, et avant celui des autres ouvrages. La galerie d'exploration fait déjà une centaine de mètres fin Aout 1931. Les terrassements souterrains ont 9% d'avancement.

Chose peu connue, un projet de téléphérique direct entre le Freney et le fort du SAPEY est conçu en 1931 et approuvé formellement par DM le 24 Novembre 1931. La station haute se serait située en rebord de pente de la place d'arme devant l'entrée de l'ouvrage Maginot.

1932 :

Le chantier de bétonnage des blocs "Fréjus" et "Maurienne" est attribué le 15 Janvier 1932 à la société Robinet et fils de Modane pour un montant de 3,3 MF.

Le dossier du bloc "Fréjus" (futur bloc 4) est présenté le 26 Janvier 1932 (projet 76/S de la DG Grenoble). La proposition est amendée par les services centraux dans le sens d'une réduction de coût tout en renforçant la résistance de la façade. Ce bloc, traité au départ comme un bloc de flanquement, est jugé cependant vulnérable à des tirs balistiques d'obusiers lourds, possibles en provenance de Bardonecchia.
- l'orillon, très important dans le projet, est re-profilé et son mur arrière est restreint à une épaisseur de 2,50 mètres contre 2,75 mètres.
- A contrario, la façade se voit renforcée par un important massif entre les deux embrasures, qui sont reculées sous visières pour en accroitre la protection.
- un petit M3 pour la pièce Ouest est aménagé dans le mur épais entre les deux chambres de tir (il est expliqué qu'il est plus facile d'approvisionner un tel matériel par la gauche !), mur qui est lui-même prolongé vers l'arrière pour renforcer le supportage de la dalle de toiture.
- les lunettes fixes d'observation directe prévues sont supprimées car les pièces agissent à une portée rendant leur usage inutile.
- la reconstruction du terrain en rocaille au dessus de la fouille de bloc n'est pas jugée suffisante contre des obus lourds. La dalle de bloc sera prolongée vers l'arrière et la galerie d'accès et la fouille comblée par un mélange béton maigre et roche.
- les chambres de tir voient leur hauteur ramenée de 3 mètres à 2,70 mètres (approvisionnement par le sol et non par monorail).

De façon assez intéressante, l'ITTF fait remarquer que le magasin M2 du bloc est à la verticale de l'ancien fossé du fort au-dessus. Il fait donc la demande à ce que ce fossé soit comblé à cet endroit pour garantir 12 mètres d'épaisseur au-dessus du M2. Ce comblement est bien visible de nos jours.

Moyennant l'ensemble de ces ajustements, le projet de bloc Fréjus est approuvé par DM 1834 2/4 S le 19 Mai 1932.

Les travaux de l'été 1932 mettent en évidence des infiltrations importantes dans les galeries. La Direction de Grenoble propose de bétonner la galerie pour en assurer l'étanchéité, proposition rejetée par l'ITTF qui rappelle à la DG de Grenoble les bonnes pratiques décrites dans les notices standard, basées sur la construction de maçonneries étanchées par l'extrados dans la fouille. Seule la faille la plus importante, au milieu de la galerie principale, sera finalement bétonnée.

Par ailleurs, les fouilles du bloc "Fréjus" mettent en évidence un ensemble de failles importantes mettant à risque la stabilité du massif en arrière du bloc. Pour parer cette difficulté, le Génie est amené à demander à l'entrepreneur (Sté Rossetti) en Aout 1932 la suppression pure et simple de cette zone et son remplacement par un massif important de béton maigre au dessus du bloc. Cette disposition est toujours visible de nos jours. Durant l'été, le chantier de bétonnage des blocs se met progressivement en place. Le premier bloc à être coulé est le petit bloc cheminée, entre l'entrée future et le casernement.

Le projet 446/S de la casemate "Maurienne" est définie par la Direction de Grenoble le 2 Mai 1932. Groupe de casemates devrait-on dire plutôt puisqu'il s'agit de la récupération des deux alvéoles Sud de l'ancienne batterie casematée pour quatre canons de 120mm du fort du Sapey, construite entre 1914 et 1916.

Le projet initial prévoyait deux casemates parfaitement coaxiales. La CORF et l'ITTF font valoir qu'il serait préférable de les désaxer pour couvrir l'ouvrage de SAINT ANTOINE vers le sud (il était hors champ) et les pentes basses du Rateau d'Aussois vers le nord. Ceci entraine un changement d'orientation de 8° vers le sud pour le futur bloc 2 et de 10° vers le Nord pour le futur bloc 1. L'abri d'AMODON et l'ouvrage de SAINT GOBAIN sont bien couverts par les deux pièces de 75mm Mle 1933, mais la casemate annexe et l'ouvrage de SAINT ANTOINE ne sont couverts que par la pièce du B2.

De même que pour le bloc "Fréjus", il est recommandé de combler les fouilles avec un mélange plus résistant de roche jointoyée au béton maigre et de prolonger la dalle de protection de plusieurs mètres vers l'arrière avec épaisseur décroissante. La grande visière naturelle en rocher qui existait au-dessus des casemates anciennes doit aussi être supprimée de sorte à éviter que les ombres portées créées ne viennent signaler la façade des blocs à un observateur. Ce point particulier étant hors budget, il est mis en attente.

Le marché du téléphérique direct Freney-SAPEY est ouvert en Mai 1932 et adjugé à la société Applevage le 4 Juillet suivant. Ce téléphérique et son marché seront cependant ajournés le 26 Avril 1933 au profit d'une amélioration de la route Freney-St André-Fontagneux et de la desserte du fort, permettant en outre d'installer des positions d'artillerie du campagne au Pré du Col. Cette annulation de contrat se traduit par un contentieux entre Applevage et l'armée relatif au remboursement des frais d'étude engagés par la société.

Fin 1932, l'essentiel des terrassements intérieurs ainsi que ceux du bloc "Fréjus" sont finalisés. Le revêtement de 4/5 des galeries est achevé alors que celui des locaux est totalement achevé. Le bloc "Fréjus" est coulé en Novembre et est en cours de finition à la clôture annuelle du chantier. Par contre, le rocaillage et l'important travail de raccordement au terrain environnant reste à faire.

1933 :

Le projet concernant le bloc observatoire (futur B3) est déposé pour avis le 8 Décembre 1932 par la Direction du Génie de Grenoble (projet 1354/S). Ce projet est approuvé par DM le 13 Février 1933 (DM 633 2/4-S) moyennant les modifications suivantes proposées par la CORF et l'ITTF:
- diminution des dimensions des locaux - surévaluées - pour regagner 90.000 F sur le dépassement de 140.000 F de devis.
- diminution de taille du local de ventilation commun à l'observatoire et à la casemate "Fréjus" (B4).
Un gain supplémentaire est escompté du fait que la casemate "Maurienne" n'aura pas de filtration propre et sera alimenté en air dégazé pour moitié à partir de la filtration de l'entrée et pour moitié à partir de la filtration de l'ensemble Observatoire-Casemate "Fréjus".

Au printemps 1933 les revêtements intérieurs et extérieurs du bloc "Fréjus" sont achevés et l'équipement a débuté. Au total, le rapport d'avancement de travaux précise que les terrassements intérieurs et extérieurs sont finalisés à 80%, les maçonneries à 75% et que le bétonnage est fait à 24%. En Avril, un échange entre la Direction de Grenoble et la STG permet de résoudre un problème d'installation de sous-sellette de canon-obusier de 75mm Mle 1929 dans le bloc "Fréjus". La construction des casemates "Maurienne" intervient au cours de l'été, suivie de leur rocaillage en octobre.

La Direction du Génie de Grenoble conçoit en Mai un projet d'ajouts de locaux techniques pour permettre à terme l'installation d'un chaudière pour le chauffage/climatisation de l'air de ventilation de l'ouvrage. Ce projet prévoit la construction d'une deuxième cheminée à l'ouvrage pour l'évacuation des gaz brulés… Le projet est rejeté en Juin du fait de son coût et il est demandé à la chefferie d'installer une chaudière de taille adéquate dans la cuisine pour profiter de la cheminée existante.

A la même époque, le projet du dernier bloc - bloc Entrée - est déposé, suivi 10 jours plus tard par un correctif (projet 915/S du 9 Mai et correctif 965/S du 19 Mai 1933) car le devis du projet initial dépasse considérablement le budget alloué. Le rectificatif amène les commentaires suivants :
- augmentation de l'angle entre entrée et galerie principale pour améliorer le défilement et limiter le risque de projection d'éclats dans la galerie (avis CORF). Cet angle avait été initialement volontairement limité pour permettre le passage aisé des futurs tubes de 145mm de la tourelle tournante rejetée en 2e cycle.
- rectification de la place disponible derrière le créneau de façade Nord-Est pour permettre la mise en place future d'un canon de 25mm (arme mixte prévue à terme).
- Ajout d'une goulotte à grenade à côté du créneau FM de défense interne de la salle de déchargement.
Le dépassement final par rapport au budget est ramené à 15.500 F.

Ce projet d'Entrée est finalement approuvé par DM 4573 2/4-S le 31 Juillet 1933. Le marché de la centrale électrique est à l'approbation fin 1933.

Les travaux se poursuivent par le bétonnage et les enduits de l'observatoire à l'automne 1933. Ceux de gros-œuvre souterrain sont achevés en octobre par la confection des radiers de galeries et la pose de la voie de 0,60m intérieure : l'entreprise Rossetti qui était en charge du gros-œuvre souterrain démonte ses installations tout début Novembre. Les fouilles du bloc d'entrée sont achevées début Novembre 1933 suivies de la construction du pont de service pour le bétonnage. Début décembre, les deux canons obusiers de 75mm du bloc Fréjus sont livrés au fort du Sapey et stockés à l'abri en attente de montage en 1934.

Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 2018-19
Source(s) :
Sources : dossier d'approbation de l'ouvrage du Sapey - SHD cartons 2V243 et 245
Rapports d'avancement de travaux CORF - SHD carton 7N3797 et 7N3847
Archives de la chefferie de Chambéry : SHD 4V683 à 685
Adduction et distribution d'eau : SHD 9NN4451


1934 :

Après une petite polémique entre 4° Direction, Service du Matériel de Fortifications et Direction de Travaux de Grenoble sur la façon dont ces derniers avaient réceptionnés les matériels en fabrication, les 75/29 du bloc "Fréjus" et leurs cuirassements sont installés en Juillet. Le marché du chauffage, de la ventilation, de l'alimentation d'eau est préparé en 1934.

L'été 1934 voit aussi la discussion du projet demandé en 1932 de rectification du terrain naturel au dessus des blocs "Maurienne" pour les rendre moins apparents. Celui-ci intègre maintenant aussi la protection par dalle armée d'une faille importante découverte au-dessus des blocs. Le projet se monte à plus de 100.000 F, mais est tout de même approuvé en cohérence avec un budget rectifié de construction de l'ouvrage présenté fin 1933.

La coulée du bloc d'entrée est réalisée à la fin de l'automne 1934 (fin de terrassement en Juillet, ferraillage, coffrage et montage du pont de service fin Aout , mais coulée en fin-octobre et novembre). L'installation des cuirassements des casemates "Maurienne" est achevée en Octobre de l'année. De même, la cloche VDP de l'observatoire est installée fin de l'automne 1934. La cloche GFM de l'entrée ne le sera qu'au printemps 1935.

C'est aussi à l'automne 1934 que sera émis, commenté et approuvé le projet technique relatif à la ventilation et au chauffage de l'ouvrage (DM d'approbation 969 2/4-S du 29 Octobre 1934). Si ce projet de la DG de Grenoble est globalement accepté, la STG recommande cependant d'augmenter la puissance de chauffe de la chaudière principale de chauffage de l'air de ventilation compte tenu de la température moyenne hivernale à cette altitude.

Enfin, en Septembre 1934 un premier projet d'adduction d'eau avec nouveau captage dans le vallon de Polset est établi. Ce projet proposant un doublement de la canalisation historique du fort dépasse largement le budget prévu et il est donc demandé à la chefferie de Chambéry de revoir sa copie.

Fin 1934, le chantier est estimé réalisé à 68%. Le gros œuvre est achevé, et la date prévisionnelle d'occupation possible de l'ouvrage est annoncée pour Aout 1935. Les travaux de gros-œuvre ont représenté :
- 5500 m3 de bétonnage
- 9810 m3 de roctage et terrassements souterrains
- 3250 m3 de revêtements souterrains.
En cette fin d'année, les travaux de montage des monte-charges et du pont levis d'entrée débutent. Le montage de la centrale est achevé mais elle n'a pas encore été réceptionnée et l'installation du réseau électrique n'en est encore qu'au stade de l'adjudication.

1935 :

La date de mise à disposition mi 1935 est largement optimiste, car la détente temporaire avec l'Italie au printemps 1935 va singulièrement ralentir les travaux. Ce moratoire de plus d'une année, en vigueur à partir de la fin de la campagne de travaux 1935, reporte la mise à disposition effective de l'ouvrage - pourtant le premier à avoir vu les travaux démarrer - en juillet 1938. L'équipement de l'ouvrage se poursuit néanmoins, mais à vitesse ralentie. Les 75mm des casemates Maurienne sont installés à leur tour courant 1935.

En Juin 1935, dans le cadre plus général de la question de l'équipement des ouvrages des Alpes en armes mixtes, la décision d'équiper l'ouvrage d'une de ces armes à la place du JM de l'entrée est prise (Note 736/ORF de la CORF). Le défaut de livraison de ces armes dans les Alpes fera que le créneau ne sera finalement pas convertie bien que les travaux aient débuté.

Le marché d'installation du réseau de ventilation-chauffage de l'ouvrage est passé à la SAGA (Société Anonyme Grouvelle-Arquembourg) le 11 Juillet 1935 (DM 5787 SG/4). Ceci marque le terme d'un processus de conception du projet technique (suivi de la préparation du cahier des charges de marché, approuvé en Mars 1935.

En Juillet 1935, un projet amendé d'adduction d'eau est reproposé. Reprenant le principe du projet de Septembre 1934, il suggère la création du nouveau captage à Polset, et sa connexion à l'ancienne canalisation à faible débit du fort, avec liaison à l'ouvrage par une courte canalisation en acier y entrant par l'ancien abri caverne, le tout pour 100.000 F. Ceci est approuvé mais la dépense est reportée à des temps meilleurs...

Le projet de défense des dessus de l'ouvrage (réseau barbelé, etc) est préparé à l'été et approuvé en Septembre 1935. Du fait du statut "d'ouvrage d'artillerie arrière" du SAPEY peu exposé à priori, cette défense des dessus est limitée à sa plus simple expression d'autant qu'une partie de l'ouvrage se situe protégé dans l'enceinte du complexe fortifié ancien éponyme. Il est simplement prévu d'équiper la cloche VDP d'un pistolet mitrailleur si les essais prévus dans les Alpes-Maritimes sont concluants.

1936 et au-delà :

Le projet de distribution d'eau et d'évacuation des eaux usées est préparé en Février 1936, pour réalisation visée durant la période de travaux 1936. Ce projet, relativement simple, revient à 295.000 F... incluant les 100.000 F du projet réduit d'adduction toujours en attente. L'argument du Génie local est imparable : il est sans logique de prévoir une distribution d'eau dans l'ouvrage si cette eau n'y arrive pas d'une façon ou d'une autre. Cependant, dans le cas où le captage amont serait à nouveau reporté - ou ultérieurement détruit par bombardement -, il est prévu un approvisionnement de secours par camion citerne déchargé dans l'entrée. Ce projet est approuvé en l'état en Mai 1936 (DM 3751 2/4-S) et délégation est donnée au Génie local pour passer commande directement et lancer les travaux séance tenante. L'adduction externe est réalisée en 1936, mais les réseaux intérieurs de l'ouvrage ne le seront qu'en 1937. Le marché est attribué à la société COLLY de Modane le 15 Juillet 1937 et achevé en Janvier 1938, rendant l'ouvrage occupable.

La question de l'adduction d'eau de l'ouvrage et du casernement extérieur est ré-examinée en Mars 1937. La canalisation d'origine du vieux fort du Sapey étant entartrée, le débit qui arrive à l'ouvrage est trop faible. Comme il n'est plus question de la doubler, la chefferie de Chambéry propose de consulter pour un détartrage mécanique de l'ancienne canalisation. La STG approuve l'approche et recommande trois fournisseurs possibles (dont deux… utilisant des technologies allemandes !) qui ont déjà fait leurs preuves sur des chantiers similaires.

Un état des lieux effectué par la Chefferie de Chambéry en Novembre 1938 donne l'ouvrage réalisé à 99% :
- Gros oeuvre, usine et cuirassements achevés à 100%
- Aménagement intérieur finalisé à 95%.
- Armement installé à 90%. Manque l'arme mixte prévue dans l'entrée et non livrée.
200.000 francs de travaux sont planifiés pour 1939.

Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 2018-19
Source(s) :
Sources : dossier d'approbation de l'ouvrage du Sapey - SHD cartons 2V243 et 245
Rapports d'avancement de travaux CORF - SHD carton 7N3797 et 7N3847
Archives de la chefferie de Chambéry : SHD 4V683 à 685
Adduction et distribution d'eau : SHD 9NN4451



DIVERS (Sans critère)

Un téléphérique reliait l'ouvrage du Sapey au Fort du Replaton (dénivelé 500m). Ce téléphérique mu à l'électricité a été démonté en 1963




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