PLAN à MARIN

L'ouvrage de Plan Marin (ou Plan à Marin ou Plan Amarin selon les documents) est un abri - conforme dans son concept aux abris type Sud-Est tels que décrits par la "Notice relative à la construction des abris caverne pour réserves locales sud-est" d'octobre 1931 - construit par la MOM sur la base de plans de la CORF.

Il aurait du comporter - initialement - deux blocs d'entrée, un casernement souterrain et un bloc cheminée mais est inachevé, seule une partie du gros oeuvre du casernement souterrain a été coulé.

Bloc entrée (Nord) :
- 1 créneau pour FM sous béton,
- 1 créneau pour FM de porte

Bloc issue de secours (Sud):
- 1 créneau pour FM de porte et deux FM sous béton dans la dernière proposition de l'ITTF. Un des FM devait protéger l'entrée principale, et l'autre le bloc cheminée.

La position de Plan à Marin est complétée par un casernement construit sur le replat au dessus de l'ouvrage, deux petits blocs pour arme individuelle et une cuve bétonnée pour tourelle démontable.

La mission de l'ouvrage de Plan Marin était d'abriter les troupes d'intervalles chargées de la défense de la rive gauche de l'Arc et d'interdire le ravin de Saint Antoine, l'observatoire était utilisé au profit de l'artillerie du secteur

L'ouvrage est raccordé au réseau téléphonique de la fortification Maginot par une ligne aérienne à deux paires provenant de la BRAS de Saint Antoine et une ligne aérienne à une paire prise en dérivation sur la ligne aérienne Modane-Pont Nuaz (lien vers le central du CHARMAIX).

Les deux lignes passent en souterrain à 150 mètres de l'abri.

La visite du site donne l'impression d'un chantier abandonné voila seulement quelques années et non pas en 1940
Source(s) :
STRECKER Jurgen

L'ouvrage a servi de cantonnement à une section du 71° BAf en 1940.

La décision de construction de l'abri est prise par la CORF fin 1931 (note 515/FA du 12 Novembre 1931), pour jalonner la ligne principale de résistance en Maurienne et entamer la liaison entre cette ligne en vallée de Maurienne et l'ensemble du Fréjus. Il est décidé en même temps que celui d'AMODON, et le choix le concernant a été un temps en balance avec la construction de l'abri prévu aux Chalets du Charmaix.

L'avant-projet de l'abri caverne de PLAN à MARIN est présenté - en même temps que celui d'AMODON - en début 1932. Ces projets déclenchent un note incendiaire de l'Etat-Major le 31 Mars 1932 - probablement suite à frustration accumulée depuis un moment sur les travaux CORF à réaliser par la MOM - jugeant parfaitement irréaliste de faire construire des installations d'un développement proche de celui d'un petit ouvrage à de la main d'œuvre non qualifiée, dans un délai raisonnable et au coût modique que tout le monde semble imaginer tout en espérant une qualité irréprochable. Cette note conclut en recommandant de s'orienter plutôt vers des abris alpins en tôle métro qui ont fait leur preuve ailleurs et sont - eux - à la portée de la MOM.

Les choses restent en l'état jusqu'au 3 Mai 1934, date à laquelle la Direction du Génie de Grenoble, faisant fi de la recommandation de 1932 - dépose officiellement le projet 842/S de l'abri caverne de PLAN à MARIN pour avis des instances d'approbation. Ce projet propose un grand abri caverne disposant d'une entrée principale au Nord et d'une issue de secours au Sud. Le casernement souterrain, conforme à la notice sur les abris caverne sud-est, est surmonté d'un bloc cheminée.

L'ITTF, après consultation de la CORF et du SMF, recommande l'approbation moyennant que :
- le bloc de l'issue de secours soit équipé d'un bloc actif couvrant l'entrée Nord et la cheminée au moyen de deux créneaux FM, tout en restant dans les 50.000 F de marge par rapport au budget.
- l'entrée principale doit voir l'épaisseur du mur côté Nord-Est, au droit du local TSF, portée à 1,50 m contre 1,25 mètres.
- les caponnières des blocs d'entrée doivent pouvoir être mises en surpression, impliquant porte étanche et ventilateur à bras. Aucun filtre n'est prévu compte tenu du risque nul de gazage.
Cette approbation par DM intervient le 13 Juin 1934 (DM 3835 2/4-S). Les travaux débutent donc avec la fonte des neiges.

Les travaux de construction par la MOM ont déjà débuté en 1933 alors que le projet n'est pas tout à fait finalisé. Ils se poursuivent au début de l'été 1934 sur la base de ce qui vient d'être approuvé.

Très rapidement les bâtisseurs sont confrontés à des difficultés majeures dues à la nature instable du terrain et à l'humidité. Devant l'ampleur du problème, ingérable par de la main d'œuvre militaire, le chantier est purement et simplement abandonné dés le 1er Septembre 1934 sur proposition de la Direction du Génie de Grenoble. Le rapport alarmiste sur les conditions du chantier fait par un spécialiste du 4° RG propose de se retourner vers une approche de type abri alpin (DM actant l'arrêt n° 5761 2/4-S), alors que 80% des fouilles souterraines ont pourtant été réalisés et que la galerie principale est déjà largement revêtue.

Malgré la décision de l'EM de surseoir à certains travaux dans les Alpes du fait d'un contexte de détente avec l'Italie (DM 1198/EMA-P du 16 avril 1935 suite à la rencontre de Stresa avec Mussolini), la question revient sur la table en Avril 1935. Il n'est plus question là de continuer les travaux de l'abri caverne, mais à la place on va construire un abri de surface - type abri alpin renforcé - avec locaux en tôle métro et couverture en béton. Le projet 847/S relatif à ce nouvel abri est présenté par la Direction de Lyon (Chefferie de Modane) le 5 Avril 1935. Il propose un abri de surface construit en avant des entrées de l'ancien abri caverne, et permet d'abriter une section avec des locaux annexes. Il est relié à l'abri caverne abandonné pour permettre une utilisation minimale de celui-ci. En particulier, sa cheminée est conservée pour permettre un tirage naturel de la ventilation du nouvel abri et les locaux les plus surs serviront de stockage pour l'abri alpin.

L'approbation de cet abri est tout de même demandée malgré le moratoire par absence de ressources sur ce chantier confirmé le 16 Avril par l'EMA du fait du départ d'une part importante de la 1° DINA vers le Nord-Est. Elle vise uniquement à permettre au minimum le piquetage et l'achat des terrains nécessaires pour la future construction. Cette approbation un peu particulière est acquise le 13 Aout 1935 (DM 6438 2/4-S).

Le fait est qu'au final cet abri alpin, venant officiellement en substitution de l'abri caverne, ne sera jamais réalisé même après la reprise des travaux ailleurs en 1937.

En l'absence d'autre éléments d'archive concernant cet abri, on ne peut que conjecturer. Il est cependant possible que l'abandon du chantier ait été définitif dés 1934 et que les traces de chantier qu'on observe actuellement sur place datent de cette année. L'abri de PLAN à MARIN n'apparait d'ailleurs plus dans les états d'avancement de travaux de 1937-38, ni dans les plans de travaux proposés pour les Alpes par les généraux MITTELHAUSSER en 1938 et BESSON en 1939. Tout au plus parle t-on de construire un bloc STG à PLAN à MARIN du type de ceux de la Barre de la Porte à St Michel de Maurienne.

Il est cependant possible qu'une décision locale de reprise de chantier sur l'abri caverne ait été prise et mise en œuvre vaille que vaille, suite à la mobilisation de 1939.

Des informations complémentaires seraient bienvenues.

Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 2018-19
Source(s) :
Source : SHD Carton 2 V 245 et 7 N 3797 - 7 N 3847, 7 N 3849
Chefferie de Modane : carton 4V685