Ligne Maginot - BERSILLIES (Ouvrage d'infanterie)



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BERSILLIES

( Ouvrage d'infanterie )









Secteur Fortifié
SFMA - SF Maubeuge

Sous Secteur
Hainaut

Quartier

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
1938

Commune
BERSILLIES (59600)

Lieu-dit / Parcelle
Fort de Bersillies

Coordonnées
50.327058 - 4.006982

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Notes et informations



ARMEMENT, Infanterie

Bloc 1 : Casemate simple flanquant à gauche - Entrée
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses et canon AC47
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses
- 1 cloche GFM type B
- 1 cloche pour arme mixte à deux créneaux
- 1 cloche lance-grenade
- 3 créneaux FM de défense des abords.

Bloc 2 :
- 1 tourelle à 2 armes mixtes (n° 560)
- 2 cloches GFM type B, celle de gauche (Ouest) étant équipée d'un périscope J2 d'observation lointaine.
- 2 cloches pour armes mixtes, à deux créneaux chaque. La cloche Est (droite) protège les approches de la façade du bloc et flanque vers la Salmagne, la cloche Ouest (gauche) flanque vers l'avant du bloc 1 et apporte un action frontale et de protection du réseau.
- 2 créneaux FM de défense croisée des arrières et de l'issue de secours.


ARMEMENT, Observation

La cloche GFM Ouest du bloc 2 est équipée d'un périscope J2 et est utilisée pour l'observation d'artillerie. Il est codé "Ob".


CONSTRUCTION, Cout

Le cout total du marché de construction est de 6 040 000 francs de l'époque, auquel se rajoute le coût d'équipement et munitions.


CONSTRUCTION, Description

Le Petit Ouvrage de Bersillies est un ouvrage d'infanterie CORF à deux blocs reliés par galerie souterraine.
Il est établi sur l'ancien Fort de Bersillies (1890)


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'effectif théorique de l'ouvrage est de 3 officiers et de 97 hommes issus de la 104° CEO du 87° RIF

Commandant de l'ouvrage (et de la 104°CEO) : Cne PUJADE
Officier adjoint : Lt VERCHAIN
Cdt le Génie : Lt VIATTE

Cdt le Bloc 1 : S-Lt Camille LISSE
Cdt le Bloc 2 : Lt BOCQUET

Observation d'artillerie: Ss-Lt BRASSEUR (161° RAP)

Médecin: Med-Aux SANDRET

Autre personnel
2°Cl Chermanne Aimé Arthur
Source(s) :
Témoignage Slt Camille LISSE
Témoignage famille CHERMANNE



EQUIPEMENT, Transmissions

L'ouvrage de Bersillies était équipé d'un central téléphonique constitué d'un panneau mural à 32 directions et d'une table opérateur à 14 circuits, le tout étant du type TM 32.

Outre ce central d'ouvrage, il était prévu un central observatoire dans le bloc 2, à côté de la cloche GFM/J2. Ce central avait un carter à 12 directions relié au central principal, à la cloche GFM, au PC, à la cloche AM Ouest et à la boite de coupure du bloc 2, elle-même reliée aux abonnés du bloc 2.

Un central téléphonique secondaire était initialement prévu dans le bloc 1, mais il sera annulé compte tenu de la proximité du central principal, proche du pied du bloc. Les abonnés du bloc 1 seront donc reliés directement au central principal, hors le poste TSF émetteur, qui lui est relié aux postes récepteurs du bloc 2.

L'ouvrage disposait en outre d'un poste TSF émetteur dans le bloc 1 et de deux postes récepteurs dans le bloc 2. Les deux locaux TSF étaient reliés par une ligne téléphonique directe.
Source(s) :
SHD 2V244



ETAT ACTUEL , Etat - utilisation actuelle

L'ouvrage a été ferraillé par les allemands durant l'occupation, en 1942.

L'ouvrage est occupé par une société de chasse, à laquelle demander une autorisation de visite.


HISTORIQUE, Chronologie

L'ouvrage n'était pas tout à fait achevé en septembre 1939. Il n'y avait aucun montage de cloche pour les mortiers de 50mm, ni de munitions correspondantes. Plus grave encore, le puits de service de construction n'avait pas été rebouché car il avait servi à descendre le matériel lourd au fond lors de l'équipement de l'ouvrage. Malgré les demandes répétées du Cne PUJADE, rien n'y fut fait à part de céder à l'équipage pendant 3 mois deux tombereaux permettant de vider 8 m3 par jour dans le trou de 2300 m3... Le puits n'était donc que partiellement rebouché et c'est un miracle qu'aucune bombe allemande n'y soit tombé durant les combats, ce qui aurait coupé l'ouvrage en deux (*).

- du 10 au 15 mai 1940 : suite au départ des troupes de renforcement vers la Belgique, des équipes de la 104° CEO mènent des activités diverses sur la LPR : gardiennage de blocs inachevés (CIMETIERE de MAIRIEUX par exemple), garde à la frontière et des itinéraires de réfugiés, renforcement des réseaux barbelés, activation des champs de mine, etc.

- 16 mai 1940 : les bombardements sur Maubeuge entrainent la coupure de l'alimentation électrique par l'arrière. L'usine de l'ouvrage est démarrée.

- 17 mai 1940 : Le Lt VIATTE du Génie arrive à l'ouvrage. Outre ses responsabilités vis à vis des spécialistes dans l'ouvrage, il officiera comme adjoint au commandant. Le flux de réfugiés à travers la frontière ne tarit pas. On apprend par ailleurs que la LPR a été percée sur le front du 84° RIF et que l'ennemi fonce vers Maubeuge.

- 18 mai 1940 : mise en alerte générale de l'ouvrage. Les liaisons avec le bataillon et le 87° RIF sont perdues. Le flux de réfugiés est maintenant complété d'un flux d'unité françaises en retraite.

- 19 mai 1940 : La perte du fort LEVEAU - coupant définitivement les communications avec l'extérieur, et la chute des casemates de la 101° CEO au sud de la Sambre font prendre conscience accrue du danger. Les ex-CEO du 87° RIF se placent sous responsabilité du commandement du 84° RIF qui s'est replié au nord de la Sambre.

- 20 mai 1940: les bombardements terrestres et aériens débutent sur l'ouvrage et la casemate de CREVECOEUR.
Ces bombardements coupèrent les liaisons téléphoniques avec le PC. La tourelle de l'ouvrage tire au profit de l'ouvrage de BOUSSOIS pour tenter de d'endiguer les approches d'ennemis sur ses arrières.

- 21 mai 1940 : Le détachement de garde des destructions rentre à l'ouvrage après les avoir faite jouer. Le personnel armant les TDPM des blocs T515 à T518 se replient avec leurs armes vers l'ouvrage.

- 22 mai 1940 au matin: l'arme mixte ouest du B2 parvient à stopper 3 chars allemands sur la route montant vers le village de Bersillies. La chute de l'ouvrage de BOUSSOIS est connue à 11h. Les troupes allemandes de la 28°ID tirent sur les façades du bloc 2 avec un canon placé près du cimetière d’Elesmes, à 1500 m de là et hors de portée des armes de l'ouvrage. N'étant plus gênés par l'ouvrage de la SALMAGNE qui vient de tomber, ce canon leur permit d'éventrer la façade arrière du B2, sa caponnière et de détruire systématiquement toutes les armes des blocs.

- Le 23 au matin, les pièces allemandes s'approchent encore jusqu'à 500 mètres, réussissant à mettre hors de combat les cloches GFM, la caponnière du B1 et son évacuation des fumées, puis à détruire la prise d'air du bloc 2. Les cloches AM et la tourelle tirent encore jusque vers 9h00, heure à laquelle l'ennemi coiffe les blocs de l'ouvrage. L'atmosphère dans l'ouvrage devient vite irrespirable.
À 10 h, l'infanterie d'assaut allemande fait sauter la caponnière du bloc 2, neutralisant les dernières armes.
L'ouvrage se rend à 10 h 15
Source(s) :
SHD - archives du 87° RIF - Rapport du Cne PUJADE (annexe 4 du JMO reconstitué du I/87° RIF)
(*) témoignage du Cne PUJADE
Témoignage Slt Camille LISSE
Bibliographie


"Nous étions donc une centaine de soldats dans le fort, presque tous des habitants de la région. Le soir, la plupart des hommes mariés retournaient chez eux. A proximité du fort avaient été installés des baraquements qui abritaient le bureau du capitaine, des chambres d'officiers et un réfectoire où les hommes prenaient leurs repas. Les officiers avaient pris pour habitude d'aller manger chez madame Mancini qui avait aménagé une salle dans les dépendances de sa maison, située aux abords du petit sentier qui mène à la Salmagne. Elle faisait bien la cuisine, Marguerite !
Dans le village, les soldats aimaient se retrouver chez Mademoiselle Flore qui gardait un café, le seul qui existe encore. Et les officiers, le dimanche après la messe, chez madame Cornet-Hublart, qui leur offrait toujours l'apéritif.
Avec les soldats marocains, nous entretenions de bonnes relations. Je me rappelle particulièrement la fête de l'Aït El Kébir à laquelle nous avions tous été conviés. Pour la circonstance, les soldats marocains avaient fait cuire des moutons dans des trous creusés dans les prairies au sol glaiseux, et nous avaient invités à les manger avec eux. Pour les officiers, le repas avait été organisé dans la salle des fêtes..."

La chute de l'ouvrage

"Les allemands attaquèrent d'abord avec leurs Stukas qui lancèrent trois bombes de 500 kg, lesquelles ratèrent le fort mais coupèrent les liaisons téléphoniques avec le PC. Nous étions isolés. Un canon antichar, basé près du cimetière d’Elesmes, à 1500 m de là, détruisit avec une précision diabolique toutes nos armes extérieures sans que l'on ait pu faire quelque chose contre lui. Que faire avec nos mitrailleuses et nos canons de 25 ? Nous étions le 22 mai. La situation était catastrophique d'autant plus que des obus tapèrent en plein dans les bouches de ventilation. Dans la nuit, malgré les mines antichars et les barbelés, les Allemands s'approchèrent du fort. On ne pouvait pas les combattre car nous n'avions pas de grenades et les armes extérieures étaient détruites. Avec des charges allongées, placées au bout de longues perches, ils détruisirent toutes les bouches d'aération qui ne l’avaient pas été par les obus. Sans défense, avec un taux d’oxyde de carbone qui montait sans cesse, nous ne pouvions pas résister. Le drapeau blanc fut sorti le 23 mai à 10h15. La casemate de Crèvecœur succomba à 11 heures."

La capitulation

"Les soldats français sortirent alors de l'ouvrage. Les Allemands les firent aligner et le pillage commença alors. Je me rappelle qu'un Allemand, croyant avoir trouvé une bouteille de cognac, but à même le goulot …c'était du vinaigre qu'il recracha bien vite."
Source(s) :
Témoignage du Slt Camille LISSE dans La Voix du Nord" du 13 octobre 1976. Source - Famille LISSE



HISTORIQUE, Construction

Le plan et dossier d'implantation général de l'ouvrage est produit par la DTF de Valenciennes le 26 Juillet 1934. Il subit une première approbation le 11 Septembre 1934 après un premier round d'examen. La CORF revient cependant sur le dossier début Octobre 1934 pour requérir que les cloches AM du bloc 2 soient équipées de deux créneaux au lieu d'un seul. Le créneau additionnel de la cloche de droite parfait le flanquement vers l'ouvrage de la SALMAGNE et celui de la cloche de gauche est orienté Nord-Est. A ceci se rajoutent des améliorations requises par l'ITTF.

L'approbation finale moyennant ces modifications est obtenue par DM 6542 2/4-S le 9 Octobre 1934, pour un budget prévisionnel de 9,486 millions de francs.

Les plans des locaux souterrains sont disponibles dés le 10 Novembre 1934 (dossier 47/S). Il est convenu avec l'ITTF que ces plans établis par la DTF sur base des enseignements de ceux de la SALMAGNE, seront considérés comme un "plan-type" applicable en principe aux autres futurs ouvrages du secteur. Ils adoptent une structure en U rationnalisée, qui fera malgré tout l'objet d'un rectificatif fin 1935 pour les étendre avec une chambre supplémentaire pour 18 à 24 hommes et une chambre pour blessés.
L'approbation de ces locaux intervient le 4 Janvier 1935 par DM 64 2/4-S.

Les plans de détail et le dossier du bloc 1 sont finalisés le 21 Novembre 1934 (dossier 76/S). Le cas de ce bloc casemate/entrée est intéressant car, à la demande expresse du général BELHAGUE, il est - comme pour les locaux souterrains - pris par l'ITTF comme cas prototype de blocs futurs similaires à construire dans les autres ouvrages type Nouveaux Fronts du Nord. L'inspection va mettre beaucoup d'efforts avec les autres services centraux (SMF, STG, CORF…) pour peaufiner les détails de ce bloc en vue de cette fonction ultérieure de "plan-type" à proposer à la DTF de Valenciennes. Les principes fondamentaux de ce plan-type sont :
- de séparer de façon optimale les locaux actifs ou spécifiques au bloc de ceux qui sont liés à sa fonction d'entrée d'ouvrage. Ceci permet de rationaliser la ventilation et les circulations de personnes.
- d'optimiser au plus juste les surface d'usage pour minimiser le coût, tout en garantissant les dégagements nécessaire. Par exemple dans la partie "entrée" on s'attache à faciliter le passage des équipements et pièces encombrantes vers le sous-sol.
- de placer les locaux techniques au plus près de leur usage. Par exemple, la distance entre local TSF et position d'antenne est minimisée.
Ceci explique aussi le délai un peu plus long d'approbation (DM 1315 2/4-S du 20 Février 1935).

Le marché de la construction est daté du 5 novembre 1934 pour un montant prévisionnel de 6.039.00 F. Les travaux réels ne débutent qu'au mois de Mars 1935, l'hiver ayant été simplement limité à de la préparation de chantier.

Le dossier d'implantation détaillé du bloc 2 (196/S) est présenté le 6 Février 1935. A l'examen, il apparait que les demandes exprimées antérieurement par la CORF de rajout de créneaux aux cloches d'arme-mixte n'ont pas été intégrées, ce qui est redemandé. Le projet dépassant de 246.000 F le budget prévisionnel du bloc, l'ITTF préconise une réduction de distance 9,5m à 9m entre les deux cloches de droite pour gagner en compacité et réduire ce coût. La même logique de gain de taille se traduit par :
- une réduction des locaux de la cloche AM de gauche (ouest), conformément à une note générale de l'ITTF aux DTF émise quelques jours plus tôt et allant dans ce sens,
- une réduction du local TSF.
- le remplacement de deux chambres de 10 et 2 hommes par une chambre de 12 hommes
- enfin, la rectification du tracé de l'issue de secours, permettant de réduire la largeur du bloc vers son puits.
Côté ventilation, plusieurs modifications sont aussi demandées, comme l'augmentation légère du débit et le rajout d'une porte étanche sur l'issue, et enfin un déplacement de la descente du refoulement de la filtration pour éviter qu'il ne passe dans la chambre de repos (bruit…).
La CORF de son côté réserve son avis quant à l'implantation des cloches GFM à l'établissement du plan de feux de défense rapprochée, qui n'existe pas encore.
Le surcout résultant de 215.000 F au niveau de l'ouvrage étant jugé dans la limite de 8% d'imprévus du budget, ce dossier du bloc 2 est approuvé par DM 2812 2/4-S du 12 Avril 1935.

La logique d'optimisation ne s'arrête malgré tout pas là. En juin 1935, la DTF propose de remodifier le bloc 2, déjà approuvé depuis Avril, en allant dans le même sens que le bloc 2 de l'ouvrage d'ETH. Cette modification consiste à tourner l'implantation de la tourelle pour deux armes mixtes de 90° de manière à placer le balancier parallèle au front du bloc. Ceci permet de gagner environ 100 m3 de béton et de rendre le bloc encore plus compact. Cette amélioration est validée par DM 5281 2/4-S du 28 Juin 1935.

Côté construction :
Le marché de fourniture et montage de l'usine est approuvé le 4 Aout 1935 et passé le 28 Décembre 1935. Le marché de réalisation des installations électriques est approuvé le 29 Juillet 1936 et passé le 18 Novembre 1936. Celui relatif à l'installation de la ventilation est approuvé le 26 Aout 1936 et passé le 28 Décembre 1936. Ces trois marchés d'équipement sont communs à tous les ouvrages nouveaux-fronts du Nord.

Fin Juin 1937, le gros-œuvre est pratiquement achevé, faisant de BERSILLIES l'ouvrage le plus avancé du secteur. Toutes les trémies et un partie des cloches sont en place, sans aucun armement cependant. La tourelle pour 2xAM est déjà installée, comme l'ensemble des portes blindées et grilles d'accès. Pour permettre un usage minimum, des supports provisoires pour armes de campagne sont en place, au cas où...

Dans l'ouvrage, les travaux avancent à grand pas. Les portes intérieures, lits et tables sont installées, et les latrines sont opérationnelles. La centrale est opérationnelle et les travaux de réseau électrique ont débuté, pour un achèvement prévu en fin d'année. Les travaux de ventilation ont débuté aussi et les transmissions sont en place.

Les travaux ont été achevés en début 1938
Source(s) :
SHD 2V244, 9NN4423





Fils de discussion



87rif - ouvrage de Bersillies
10 messages, le dernier est de alainH le 01/06/2020



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