Secteur Fortifié
SFAM - SF Alpes-Maritimes
Maître d'ouvrage
MIL - Commandement
Commune
CASTILLON (06500)
Lieu-dit / Parcelle
Baisse de Scuvion
Coordonnées
43.849586 - 7.473211
Validité information
Verifié
Niveau de réalisation en 1940
Construit
Notes et informations
ARMEMENT, Infanterie
L'armement de l'avant poste de la Baisse de Scuvion est composé de :
- 2 mitrailleuses Hotchkiss 8mm mle 1914
- 5 fusils
- 1 mortier
CONSTRUCTION, Description
L'avant poste se compose de trois blocs bétonnés reliés par galerie.
Bloc 1 : Entrée
Bloc 2 : Bloc observatoire (cloche type AP)
Bloc 3 : Blockhaus pour mitrailleuse
Les locaux souterrains de l'ouvrage permettaient le stockage des munitions de l'AP (grenades, bombes de mortier, etc), et comportait une réserve d'eau.
Dans le voisinage des positions pour armes automatiques et mortier sont aménagées ainsi qu'un abri alpin situé à proximité du bloc d'entrée
CONSTRUCTION, Environnement
Le piton rocheux occupé par l'ouvrage d'avant poste de la Baisse de Scuvion est doté d'un complément de fortification construit lui aussi par la MOM.
A proximité de l'entrée se trouve un baraquement construit en maçonnerie
Sur la droite de l'entrée, un grand abri alpin (7)est longé par une tranchée ayant probablement été couverte qui donne accès aux blocs de l'ouvrage, au blockhaus 1 et à la cuve pour mortier 2.
Sur la gauche de l'entrée, une cuisine rudimentaire est aménagée et un escalier taillé dans la roche donne accès aux blockhaus 3 à 6.
De nombreuses gravures ou graffitis laissés par les troupes ayant occupé le site sont visibles sur place.
EFFECTIF, Commandement et/ou unité
L'effectif de l'avant poste de la Baisse de Scuvion est originaire du 76° BAF.
Il se compose théoriquement d'un officier, de 4 sous officiers et de 27 hommes de troupe
Cdt : AC VIGNAU
Médecin : Lt Médecin OJARD-CHILLET
EQUIPEMENT, Transmissions
L'ouvrage était relié au réseau téléphonique par une ligne aérienne.
Il était doté en tout et pour tout d'un prise téléphonique situ"e dans l'entrée à proximité du local ventilation et d'un boitier de protection parafoudre
Source(s) :
Visite sur place
HISTORIQUE, Chronologie
Historique par l'Adjudant chef Vignau
Le 22 juin 1940 Entre 6h30 et 7h00, quelques éléments italiens franchissent le col de Cuore et ce n'est que vers 7h45 à 8h00 que l'on peut évaluer à une compagnie l'effectif qui avait franchi la frontière se dirigeant vers le sentier de la fontaine froide.Bien engagé sur le sentier du col de Cuore- Fontaine, j'ai fait ouvrir le feu sur cette unité par la mitrailleuse du mont Roulabre et, craignant une infiltration par le ruisseau de Cuore,j 'ai fait envoyer quelque obus de 81 à l'intersection ruisseau de Cuore ruisseau d'Albarea.
A partir de ce moment, les éléments ennemis franchissaient le col de Cuore par vagues successives et le brouillard est venu nous empêcher toute observation.
Vers 9h00 ,une éclaircie s'est produite et nous avons aperçus quelques éléments ennemis qui allaient à Fontaine Froide. Aussitôt j'ai fait ouvrir le feu par la mitrailleuse de casemate et craignant toujours l'infiltration par le ravin des Agreux, j'ai fait envoyer quelques obus de 81 sur ce ravin à hauteur de fontaine froide.
Quand j'ai appris que la SES (groupe mont Abo) se repliait, j'ai fait envoyer immédiatement 10 obus de mortier de 81 sur les pentes nord du mont Abo et les les deux mitrailleuses ont continué leur tirs sur le sentier du col de Cuore-Fontaine Froide.
Vers 11h 00 j'apprend que la SES76 se repliait par l'itinéraire prévu et qu'aucun de ses éléments ne restait sur le mont Abo ni sur 1090,4. Aussitôt, je fait tirer à nouveau 10 obus de 81 sur 1090,4,10 sur le col du Razet et 10 autres sur le col de Roulabre en utilisant les charges 1-2-3-4 ce qui parait avoir de très bon résultats, vu qu'à ce moment les tirs d'artillerie n'étaient pas encore entrés en action.
En se repliant la SES76 quoique protégée par le FM du Razet, a attiré l'ennemi sur le sommet du Razet et Scuvion. Vu l'intensité du brouillard, Scuvion n'a pu ouvrir le feu avec ses FM que lorsque tous éléments de la SES et ceux du FM du mont Razet ont été repliés complètement sur le poste mais l'ennemi ayant saisi l'occasion était déjà descendu jusqu'aux barbelés de la Baisse de Scuvion.
Craignant l'infiltration sur le Roulabre et l'encerclement du poste, j'ai mis toutes nos armes en action (c'est à dire 2 mitrailleuses 5 fusils et 1 mortier) ce qui obligea l'ennemi à remonter sur la crête du Razet et à y rester pendant toute la nuit du 22 juin au 23 juin. A la tombée de la nuit , l'ennemi s'était installé avec des armes automatiques sur le Razet mais quelque petit éléments étaient parvenus à s'infiltrer par le sentiers jusqu'à Pierre Coupée, cherchant à remonter l'arête où se trouvait le FM ouest de l'ouvrage.
Ces éléments furent heureusement aperçus par l'alpin Arnoux qui déclencha immédiatement un tir de FM sur eux, ce qui les obligea à redescendre.
Toute la nuit du 22 au 23 juin nous avons effectué des tirs avec toutes les armes, VB et grenades.
Historique de l'AV Vignau, suite
23 juin
Ce n'est qu'entre 9h et 10h que l'ennemi repasse à l'attaque sur le sommet du Razet d'une part et au niveau du Col de Cuore d'autre part franchi à vive allure par des éléments évalués à environ un bataillon.
A ce moment un tir d'artillerie demandé par mes soins fut déclenché sur le Col de Cuore, le Ravin des Agreux, la Cote 10900,4 et le Col du Razet mit l'ennemi en fuite à travers le Mulacier.
Voyant cette dislocation, chacune de mes mitrailleuses suivait par son feu la fuite de l'ennemi et mon mortier interdisait le sentier mont Abo et du Pas du Mulacier.
Tout rentra dans le calme jusqu'au soir où en faveur du broullard et de la pluie, l'ennemi est revenu occuper le sommet du Razet et la partie nord de Roulabre.
Des élément commençant à descendre la pente ouest du Razet, jai demandé un tir d'artillerie et pour permettre ce tir, ai reçu l'ordre de m'enfermer dans l'ouvrage, ce que nous fîmes.
Voyant le tir d'artillerie trés lent et craignant que l'ennemi n'occupe mes emplacements extérieurs, je décidai de faire une sortie.
Prenant 4 grenades et suivi du sergent chef Bordiga et de l'alpin Arnoux, nous réoccupions les emplacements et je fit exécuter un tir d'artillerie par mon propre mortier sur le Razet et le Roulabre.
L'ennemi devait être en nombre et aprés chaque salve,il recommençait à nous harceler et s'apprêtait à descendre le Razet tout en s'acharnant à diriger son tir sur notre mortier. Craignant encore l'encerclement, je fit part de la situation au commandant de l'E.O8 (ouvrage de Castillon) et celui me donna l'ordre de m'enfermer de nouveau dans l'ouvrage afin d'effectuer des tirs d'artillerie qui, accompagnés des tirs de jumelages de l'ouvrage, durèrent une grande partie de la nuit.
24 juin
Au lever du jour ,n'entendant plus rien, je décidai de sortir suivi de l'Alpin Arnoux et fit le tour de tous les emplacements extérieur. Rien d'anormal ne fut signalé et pour la seconde fois nous réoccupions nos emplacements.
J'ai effectué une patrouille sur le Roulabre et là non plus rien n'était à signaler. Vers 08 ou 9h, nous avons vu les brancardiers italiens porter des cadavres ou des blessés et l'on à put en dénombrer 156.
Dans le courant de la journée, nous avons eu quelques coup de fusil individuels jusqu'à la cessation des hostilités.
Dans la journée du 25 juin nous avons pu compter plus de 150 mulet portes cacolets ou civière.
Des renseignements recueillis auprès de militaires italiens, il apparaît que l'ennemi, trompé par la puissance de feu, comptait un effectif de 2 ou 300 hommes à la Baisse de Scuvion ce qui l'a poussé à faire plus pression sur le Plan Germain et Pierre Pointue. Par ailleurs et toujours d'après ces mêmes militaires italiens, ils auraient subi des pertes très sévères causées par les mitrailleuses et les mortiers dans la matinée du 22/6 et par l'artillerie dans la matinée du 23/6.
Adj.chef Vignau commandant l'AP de la baisse de Scuvion
HISTORIQUE, Construction
L'avant-poste alpin de la BAISSE de SCUVION fait partie des six AP approuvés dés début Juin 1930, à construire entre la mer et Sospel. La construction de l'ouvrage par la MOM (Main d'Oeuvre Militaire) s'étale pour l'essentiel entre 1930 et 1934. Cet ouvrage est le plus petit des six : un simple bloc pour mitrailleuse desservi par galerie rectiligne partant d'une entrée unique, et un bloc observatoire à cloche St Jacques. Quelques niches techniques et de logement sont insérées sur la galerie.
Le chantier démarre le 24 Juin 1930 sous la direction du S-Lt DROUINEAU du 7° RG, commandant un petit détachement de 10 spécialistes du 7° RG, 5 artisans/ouvriers spécialisés du 24° BCA (29° DI) et 32 auxiliaires sénégalais de la 2° DCS. Cette première campagne dure jusqu'au 17 septembre et permet la création d'un sentier de 1300m allant de BAISSE de SCUVION à PIERRE-POINTUE, la préparation de la position de chantier par roctage d'une plateforme nécessitant 200 m3 de terrassement et la construction d'un abri alpin en tôle métro recouvert de pierres sèches. Côté travaux souterrains, la fouille de la galerie principale est entreprise à section minimale de l'entrée jusqu'à la position du futur bloc pour mitrailleuse, soit un peu plus d'une trentaine de mètres.
La campagne 1931 de travaux se déroule du 5 Juin au 29 Septembre, avec un détachement de 35 auxiliaires de la 2° DCS (sénégalais), 10 spécialistes du 7° Génie et 15 de la 29° DI sous les ordres du Lt DROUINEAU. Elle se traduit par la poursuite des travaux souterrains (mise de la galerie à la largeur finale, fouille du puits de l'observatoire sur 6,5m de haut et de quelques niches et alvéoles, mais toujours pas de maçonnerie... La position du futur bloc frontal est terrassé, et on procède à la construction d'un mur de soutènement côté montagne de la plateforme arrière et la coulée d'un bassin-citerne à eau pour les travaux futurs. Le réseau barbelé préliminaire est mis en place.
Dans le relevé d'avancement des travaux de fin 1932, il est considéré comme techniquement achevé pour ce qui concerne le gros-oeuvre, comme l'ensemble des six AP entre Sospel et la mer. La campagne de cette année là s'est déroulée du 2 Mai au 28 Septembre sous la responsabilité du S-Lt MAYSTE du 7° RG.
Côté ouvrage, les terrassement souterrains sont enfin achevés, et maçonnés dans la foulée. Le bloc frontal et l'observatoire sont coulés - cloche St Jacques posée - durant la campagne (70 m3 de béton). Le puits de l'observatoire est lui aussi achevé.
Côté extérieur, les seuls travaux portent sur l'amélioration du sentier menant à l'ouvrage.
C'est en 1932 que la ligne téléphonique provisoire posée sur "supports naturels et sapinettes"(sic) en 1930 est remplacée par le 28° Génie par une ligne aérienne propre de 3 km entre Castillon et l'ouvrage, s'achevant par 80 m en souterrain dans une tranchée de 0,80m de profondeur.
Pourtant assez largement inachevé en termes de finitions, le chantier est laissé fermé durant les années 1933 et 1934. Durant cette période, la MOM est priorisée sur d'autres chantiers, en particulier sur la ligne principale de résistance, en sous-traitance de la CORF...
Il rouvre enfin le 4 Mai 1935 jusqu'au 30 Juin suivant. Ces deux mois de reprise permettent de réaliser les enduits sur le maçonnerie achevés 3 ans plus tôt, de couler le radier de la galerie, et - côté extérieur - de démarrer les travaux de construction des défenses rapprochées de l'ouvrage avec notamment le terrassement du grand boyau devant l'entrée.
Le retard pris justifie une exception à la règle de l'embargo sur les travaux de fortification de 1936 décrété suite à la détente avec l'Italie. Le détachement du Sgt VELAY, présent sur site du 15 Juillet au 15 Aout, en profite pour créer 3 emplacements pour grenadiers VB, deux blockhaus FM et PC au sommet du Roulabre et le grand escalier y menant, un mur de soutènement de la plateforme de l'entrée, les murs du boyau/tranchée et le réseau de barbelé périphérique de l'ouvrage. L'intérieur de celui-ci est mis en peinture après réfection de certains enduits, puis aménagé (pose des tuyaux de ventilation, de collecte des fumées d'éclairage au pétrole, des citernes, de l'ameublement, etc).
1937 s'inscrit dans la poursuite des ces travaux tardifs d'aménagement et de renforcement des défenses propres. Le détachement du Sgt SIMON, présent sur place du 15 Juillet au 6 Aout, assure la fin de mise en peinture des parties métalliques, des citernes, etc. La cuisine extérieure est construite cette année là aussi.
Rédaction initiale : Jean-Michel Jolas (04/2018), complétée en 12/2020 - © wikimaginot.eu
Source(s) :
SHD - carton 7N3847, 4V1613
Page n° 13214 mise à jour le 06/05/2024 -
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AP Baisse de Scuvion - Plan d`implantation
Auteur : Michal Prasil
Date : 07/12/2015
CC BY-NC-ND - Patern. - Pas d'usage commercial - Pas de modification
Document #37579 disponible en ligne (138.38 Ko)
AP Baisse de Scuvion - Plan général
Auteur : Michal Prasil
Date : 08/12/2015
CC BY-NC-ND - Patern. - Pas d'usage commercial - Pas de modification
Document #37580 disponible en ligne (60.85 Ko)
Compte rendu des combats de Juin 1940 à BAISSE de SCUVION
Oeuvre dans le Domaine Public, Libre de droits
Document #80704 disponible en ligne (30.5 Ko)
Ouvrage de la Baisse de Scuvion
Plan ave indication de l’affectation des locux
Auteur : Génie
Provenance : SHD via Pierre Vandeputten
CC BY-NC - Paternité - Pas d'usage commercial
Mis en forme par : Pascal Lambert
Document #115661 disponible en ligne (314.69 Ko)
Compte rendu sur l'état actuel des installations électromécaniques des ouvrages fortifiés du SFAM
Compte rendu rédigé en 1945 par le CB Colletaz chef du Génie de Nice concernant l'état des installations des ouvrages du Secteur Fortifié des Alpes-Maritimes
Auteur : CB Colletaz
Date : 01/08/1945
Provenance : SHD via Pierre Vanderputten
CC BY-NC - Paternité - Pas d'usage commercial
Mis en forme par : Pascal Lambert
Document #116255 disponible en ligne (3.43 Mo)