La guérite escargot (Beobachtung Postenstand aus Eisenblech ou Schnecken en allemand) est une création du génie militaire impérial datant de 1904. Le concept est développé suite aux enseignements du siège des fortifications de conception allemande de Port-Arthur en Chine (Baie de Tieshanzhen de nos jours, à côté de Dalian en Chine) par les japonais, qui avait mis en évidence les besoins et limites en termes de fortification de campagne.
La société Hilgers à Rheinbrohl développe ce poste d'observation et en assure la construction à partir de 1905. C'est par centaines que ce petit blindage va être produit pour équiper les positions d'infanterie permanentes dans les forts, Festen, batteries côtières, points d'appui ou les positions de campagne.
La guérite escargot d'origine s'avérant couteuse de construction car complexe, une version en béton sera développée en 1915 par la firme Weiss & Freytag et installée en particulier autour de Metz.
La guérite est constituée d'une double enveloppe en tôle de 3 mm (tôle extérieur) et 3,5 mm (tôle intérieure), galvanisée ou non, affectant la forme générale d'un escargot, d'où son nom. La partie haute de la spirale comporte une troisième tôle intérieure de 4 mm pour renforcer la guérite en hauteur sur les 60 premiers centimètres. Le vide de 8 cm entre les deux tôles concentriques est en principe rempli de gravier une fois la guérite positionnée.
La guérite était partiellement enterrée, ce qui permettait d'en protéger la face avant et les faces latérales.
- Guérite/abri individuel de surveillance d'infanterie des réseaux de barbelés autour des positions d'infanterie.
- Guérite d'observation d'infanterie / artillerie
La première version est simplifiée, avec une double tôle spiralée équipée de poignées pour le transport et d'une courte toiture protégeant la moitié du local d'observation. Ce local d'observation comporte en principe deux petites ouverture d'observation.
La seconde version est plus lourde et sophistiquée:
- le toit, d'une épaisseur de 5mm, couvre l'ensemble du poste d'observation et comporte un trou d'un trentaine de cm de diamètre pour pouvoir passer le binoculaire ciseau "Scherenfernrohr" allemand classique. Les deux créneaux sont compatibles avec l'usage de jumelles ou du Scherenfernrohr avec les deux oculaires placés à l'horizontale.
- une planche rabattable dans le court couloir d'accès, et qui permet à l'observateur de voir par dessus le toit, ou éventuellement de tirer au fusil par dessus le toit (les deux créneaux d'observation étaient trop petits pour autoriser le tir).
- l'intérieur dispose d'une tablette pour les cartes et d'un crochet pour les jumelles.
Un certain nombre de guérites escargot furent récupérées lors du rattachement de l'Alsace et de la Moselle en 1918, soit directement sur place dans les fortifications allemandes, soit stockées en parc de fortification du Génie allemand. La plupart d'entre elles furent refondues, mais certaines servirent dans le cadre des constructions de la MOM juste avant guerre.
On trouve donc des blockhaus, pour autant qu'on sache uniquement en Alsace et Moselle (RFM), utilisant tout ou partie de ces guérites escargot en utilisation directe ou comme coffrage intérieur de chambres de coupoles ou de blocs pour armes d'infanterie. Dans ces cas de réutilisation, les toitures, traverses et équipements étaient enlevées pour ne garder que la double virole de l'enveloppe extérieure.
Jean-Michel Jolas, 22/01/2017 - © wikimaginot.eu
De la Ceinture de Strasbourg à la Position de la Bruche", P. BURTSCHER, Société d'Histoire de Mutzig et environs 1999, pages 229 et 317
Die Deutsche Panzerfortifikation", Rudi ROLF, Biblio Verlag 1991
Die Befestigungen des Isteiner Klotzes, C. FRÖHLE - H-J. KÜHN, Compte d'auteur 1996
Les fortifications de Metz et Thionville", C. DROPSY, Compte d'auteur, 1995, pages 172-173
Guérite escargot
6 messages, le dernier est de lia le 01/06/2023