La casemate proposée par l’instruction comporte une chambre de tir de 3 mètres sur 3,7 pour un groupe de deux mitrailleuses approvisionnées de 50 000 cartouches chacune. Le type de mitrailleuse n’est pas encore déterminé à la date de l’instruction, mais la mitrailleuse Reibel est déjà envisagée.
La surface de la chambre est néanmoins déterminée pour permettre l’installation de deux plate-formes pour les mitrailleuses Hotchkiss sur trépied et le stockage des munitions.
Une tablette rabattable devait être installée pour recharger les chargeurs des mitrailleuses. Les armes devront être protégées par des trémies dont l’axe de tourillonnement domine le terrain naturel de 1 mètre, hauteur estimée suffisante pour dominer les lèvres des éventuels entonnoirs de bombes ou d’obus.
L’instruction prévoit de compléter l’armement de la casemate par un lance-grenade (doté d’un approvisionnement de 1000 grenades) mais celui-ci devrait être utilisé à l’extérieur.
La défense de la casemate est assurée par deux fusils-mitrailleurs (dotation de 10 000 cartouches chacun) qui devraient être mis en œuvre dans la cloche, le créneau de flanquement des embrasures, la caponnière de défense de l’entrée ou encore dans le créneau percé dans la porte blindée qui ferme la casemate. La caponnière a une configuration qu’on ne retrouvera plus dans les modèles de casemates suivantes ; c’est un petit local spécifique, accessible depuis le couloir d’entrée. Elle comprend deux créneaux, un horizontal qui flanque la façade arrière et un créneau de pied qui permet d’interdire le fond du fossé à l’ennemi. Deux créneaux identiques se trouvent dans le vestibule du rez-de-chaussée, pour flanquer la façade des embrasures pour mitrailleuses. Il n’y a pas lieu défendre les autres façades car elles sont enterrées et protégées par un talus de rocailles. Mais c’est la cloche qui assure la protection principale de la casemate comme nous le verrons dans le détail plus loin, son fusil-mitrailleur couvre tous les abords de la casemate.
Enfin, la façade, mais surtout les embrasures et la porte d’entrée sont rendues inaccessible à l’ennemi par un fossé large de 1,5 mètre pour 3 mètres de profondeur.
Malgré la présence du talus coté ennemi, le mur bouclier doit avoir une épaisseur de 2,25 mètres tandis que les autres, théoriquement non exposés aux tirs ennemis, ont une épaisseur de 1 mètre. La dalle, au degré de protection n°2, a une épaisseur de 2 mètres. Elle se prolonge au dessus des embrasures pour former une visière qui, avec les locaux en aile et l’orillon qui les prolongent, protègent les armes des coups directs de l’artillerie ennemie.
Les locaux et équipements annexes sont sommaires ; une chambre de repos et deux vestibules. Le vestibule de l’étage assure la liaison entre le couloir d’entrée (et la caponnière) et la chambre de tir ainsi que l’escalier métallique d’accès au sous-sol qui est dominé par le puits de la cloche. C’est dans ce volume que l’on trouve les approvisionnements en cartouches pour les FM, les grenades, le ventilateur et le filtre de réserve. Celui du sous-sol permet de relier l’escalier à la chambre de troupe et le local de réserve situé à l’aplomb de la caponnière. On y trouve la citerne et la latrine.
La chambre de repos est au sous-sol, à l’aplomb de la chambre de tir. Elle ne permettait l’installation que de 8 couchettes superposées suffisant pour l’équipage alors estimé à un sergent, un caporal et 9 hommes.
Une table rabattable est le seul mobilier présent.
A l’heure ou parait l’instruction, les équipements techniques ne sont pas encore complètement définis. Seule une surface de 1 mètre pour un 1,5 mètre de long est prévu pour le ventilateur.
La casemate doit être reliée souterrainement à un réseau électrique (point I du plan du sous-sol) et il n’est pas encore question d’installer un groupe électrogène.
Il n’est pas non plus prévu de puits, l’alimentation en eau devant être assurée par la collecte des eaux de pluies de la dalle de la casemate.
Le 2 février 1931 des rectificatifs sont apportés aux notices de 1929 et de 1930:
La dotation des mitrailleuses, Reibel comme Hotchkiss passe de 50 à 80 000 cartouches
Celle des fusil-mitrailleurs évolue et ce sont 3 armes au lieu de deux qui défendront la casemate avec un approvisionnement qui passe de 10 à 30 000 cartouches
L’effectif passe à 12 hommes environ, les couchettes couvrant les besoins au 2/3 suffisant avec le principe des relèves
La largeur du fossé diamant coté embrasures est portée de 1,5 à 2 mètres de largeur
Instruction du 30 juillet 1929 relative à l’établissement d’une casemate de mitrailleuses à flanquement simple
Antoine SCHOEN