Leur dénomination tient au fait qu'ils abritent en temps de paix le personnel strictement nécessaire à la garde et au fonctionnement minimal des organes de fortification en cas d'attaque brusquée, assurant ainsi la "sûreté" de celle-ci. Par facilité, leur rôle est étendu - toujours en temps de paix - à l'accueil des effectifs en instruction au maniement des nouveaux outils de forteresse, soit au sein du camp soit au sein des ouvrages eux-mêmes, ainsi que les réservistes convoqués.
Leur organisation technique est définie par la "Notice sur l'organisation d'un quartier de casernement pour troupes dites "de forteresse" stationnant dans les Régions Fortifiées" du 13 Février 1930, qui en définit en particulier deux plans types principaux.
Les camps et casernements de sureté ont été construits progressivement. L'organisation initiale est souvent limitée à un terrain viabilisé, quelques baraques provisoires communes (réfectoire, douches, infirmerie, etc) et un camp de tentes. Le premier bâtiment construit permet le logement sous toit de la compagnie permanente de garde/sureté des ouvrages et ses cadres. Avec l'entrée et le poste de garde/police, ce bâtiment constitue le noyau central du camp de sureté, occupé de façon permanente. A mesure du déblocage des moyens, ce noyau central est étendu à la construction des autres bâtiments pour compagnies et pour la batterie d'artillerie d'ouvrage associée.
Ceci explique le style parfois disparate des constructions, faites à des époques étalées sur près de 10 ans pour les camps les plus anciens et selon des standards variables.
Les camps de sûreté sont pratiquement tous conçus selon les mêmes principes.
On y trouve deux zones de vie distinctes, le quartier de troupe proprement dit, la ou les cités cadres (en principe une, mais parfois deux - une pour les sous-officiers et une pour les officiers), et des organisations annexes liées au camp de sûreté comme le stand de tir et la poudrière.
Dans le casernement troupe, on trouve :
Plusieurs bâtiments à vocation de logement.
Un bâtiment complet est conçu pour accueillir une compagnie complète, avec salles communes et dortoirs.
Des bâtiments de support ou logistiques :
une ou des cuisine/réfectoires pour hommes et sous-officiers
des bureaux administratifs
un mess-hôtel pour officiers permettant d'accueillir les visiteurs,
l'infirmerie,
un poste de police d'entrée avec locaux disciplinaires, un bâtiment de service à l'entrée.
des magasins, blocs douche, postes de police et de garde, garages à véhicules, hangars d'artillerie, stockages…
un incinérateur à déchets, des lavoirs et séchoirs…
un château d'eau
Un terrain de manœuvre
L'ensemble du terrain est drainé en cas de besoin pour minimiser l'humidité au stade où il est majoritairement constitué d'un campement provisoire de tentes. L'adduction d'eau et l'évacuation des eaux usées sont prévues dés le départ. Ces éléments représentent un élément essentiel du choix de la localisation du camp.
Le noyau permanent (1 compagnie) est placé au plus proche de l'entrée et contient dans son périmètre immédiat les infrastructures critiques : poste de garde et de police, bureaux de services généraux, magasins d'approvisionnement et d'habillement, ateliers, infirmerie.
Les bâtiments ultérieurs pour les 4 autres compagnies - à occupation temporaire initialement - sont disposés soit en arrière du noyau permanent autour d'une place d'arme, soit de part et d'autre de ce noyau selon la forme du terrain disponible. On construit les hangars à véhicules et les écuries au plus près des bâtiments de troupe qui en ont l'usage, formant ainsi un 2° groupe d'immeubles (quartier des "troupes à matériel").
Les écuries ont une sortie de service qui permet la gestion des animaux et de leurs déchets sans passer par l'entrée principale du camp.
Le 3° groupe (quartier des "fusiliers") est disposé à l'opposé du 2° groupe pour équilibrer l'ensemble.
Le bâtiment cuisine/réfectoire est disposé au plus près du centre des trois groupes ci-dessus. L'infirmerie est au contraire excentrée au maximum et construite à l'opposé des écuries et garages.
Certains camps disposent aussi d'un foyer du soldat.
Ces principes sont bien sur adaptables en fonction de la géométrie du terrain ou de l'effectif final à loger. Le coût complet estimé d'un camp, avec des baraquements légers hors compagnie de sureté, se monte à 8 millions de Fr.
Le bâtiment pour compagnie définitif ou destiné à la compagnie permanente, qui constitue l'ossature du camp, est en principe construit sur deux étages.
Le bloc cuisine/réfectoire est constitué de trois parties. Au centre, la cuisine, les lavabos, le bureau des cuisiniers et une réserve.
De part et d'autre de ce noyau central, deux salles réfectoires dimensionnées par la contenance totale du camp. Ce surdimensionnement considérable alors que le camp n'est initialement utilisé que par une compagnie est voulu : faire un bloc cuisine/réfectoire séparé pour la compagnie d'occupation permanente entrainerait le risque de négligence d'entretien, voir d'abandon de la cuisine principale et de détérioration du matériel à terme.
L'infirmerie est traitée à minima, les cas les plus sérieux étant de toute façon renvoyés vers les hôpitaux militaires de garnison. On y trouve un local de visite central avec bureaux, salle d'attente, deux chambres de deux en utilisation pour la compagnie permanente, et une ou deux chambres communes de 18 lits en service uniquement en cas d'occupation par plusieurs compagnies. L'infirmerie n'a qu'un seul étage.
Les cités cadres, séparées généralement du casernement de la troupe quand le camp est en zone urbanisée, sont faites de plusieurs types de logements. Dans les camps isolés ces cités cadres sont mitoyennes du quartier de troupes, formant une "ville militaire" cohérente.
On y trouve généralement :
Les officiers célibataires sont logés dans un immeuble comportant des appartements. Les sous-officiers célibataires logent avec la troupe.
Il est généralement constitué d'un bâtiment séparé comportant des chambres et salles de restauration destinées aux personnes de passage.
Les cadres mariés sont logés en maisons individuelles ou mitoyennes. Ces maisons sont réparties en deux quartiers
Le quartier des officiers :
Il est composé de maisons individuelles ou mitoyennes, chaque officier occupant l'une d'elle avec sa famille.
Le quartier des sous-officiers :
Il est composé de plusieurs maisons mitoyennes avec deux ou plusieurs appartements par maison. Dans la pure tradition stratifiée de l'armée, le quartier des sous-officiers est séparé du quartier des officiers, ce dernier étant le plus éloigné du camp.
Le mess des officiers permanents, celui des sous-officiers et le mess-hôtel-cercle des officiers de passage ou visiteurs sont eux aussi excentrés et éloignés des locaux de la troupe.
La construction des cités cadres a été faite progressivement. Dans un premier temps, il est construit un quartier composé de deux logements d'officiers et 4 à 6 logements de sous-officiers mariés destinés à la compagnie de sureté. Ce quartier fait partie de l'investissement initial. Dans un deuxième temps, et en général tardivement (1937-39) du fait de la limite des budgets, on construit les logements des cadres des bataillons donnant naissance aux camps tels que l'on les connait aujourd'hui.
Les organisations rattachées au camp de sûreté sont en principe géographiquement isolées de celui-ci pour des raisons de sécurité :
le stand de tir à 50 mètres pour l'entrainement à l'utilisation des armes d'infanterie spéciales de forteresse
Les poudrières servant au stockage des munitions d'entrainement ou d'alerte des troupes stationnées dans le casernement
Jean-Michel Jolas
SHD - 7N3822
Camp de sureté du Rhin - cité des cadres
4 messages, le dernier est de Pascal le 21/10/2022