L'origine de la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées (CORF) remonte à une note du Général GUILLAUMAT au ministre de la guerre, écrite au mois d'Aout 1927 au nom de la Commission de Défense des Frontières (CDF) , lui demandant instamment de créer un "Comité des Fortification" qui prendrait le relai de la CDF pour la mise en oeuvre pratique des recommandations de celle-ci. Cette note 434/F est diffusée pour commentaires auprès du 1er Bureau de l'EMA et aux 3° et 4° Directions (Artillerie et Infanterie) , et génère de ces organisations un certain nombre de réactions contrastées par manque de compréhension du rôle attendu par ce comité.
Pour la direction du Génie, "Comité des Fortifications" rappelle trop l'ancien nom d'avant-guerre de l'actuel Comité Technique du Génie et pourrait générer des confusions de responsabilités. Le premier bureau ne voit pas l'intérêt d'un tel comité et rejoint la 4° Direction pour objecter que le rôle de ce futur comité ressemble étonnamment à celui de l' ITTF qui vient juste d'être créé. Enfin, personne n'est d'accord sur la composition pratique proposée par la CDF. A contre-courant de cette vague de réticences, le 3ème bureau de l'EMA reste droit dans son support total à la création de ce comité, dans les termes définis par la CDF, mais reconnaît la nécessité de :
- changer le nom pour celui de Commission d'Organisation des Régions Fortifiées proposé par le Génie
- préciser aussi clairement que possible le mandat de la CORF pour éviter des incompréhensions
- revoir le rôle du Comité Technique du Génie et sa composition pour assurer une liaison correcte entre les deux entités.
De façon intéressante, la note de commentaire la plus critique à l'égard de la création de la CORF - celle du 1er Bureau - est signée de son chef, le Colonel GUITRY, qui deviendra peu de temps après membre permanent de la CORF comme général sous-chef d'état-major général. Le manque d'assiduité notable du général GUITRY aux réunions plénières de la CORF est peut-être lié à ses fortes réticences initiales.
La CORF est finalement instituée par décret du 30 septembre 1927 avec comme mission l’exécution effective de détail du système fortifié dont le tracé, les formes de fortification et les bases d'organisation et de priorités avaient été établis par la CDF. Le mandat initial couvre l'ensemble des frontières hors deux exceptions notables que sont la plaine du Rhin et la frontière Sud-Est (Alpes) - effet de préséance de commandements locaux qui avaient engagé leurs propres études de défense de frontière avant, ou en parallèle à la CDF. Cette situation bancale et génératrice de conflits et d'incohérences est réglée quelques mois plus tard quand la CORF voit son mandat étendu à la frontière des Alpes et du Rhin par décret le 28 Mars 1928. Des incompréhensions demeurant sur la mission exacte de la CORF, celle-ci est complétée par une instruction opérationnelle du 26 Octobre 1927 et son annexe du 29 Décembre 1927 qui apportent les précisions nécessaires sur les termes du décret.
Dans les faits, on constate que cette nouvelle commission est avant tout une séparation et une promotion à l'indépendance de l'ancien secrétariat permanent de la CDF dont elle récupère un bon nombre des membres ainsi que toute la structure des délégations locales qui avait été créée avec ce secrétariat de la CDF en 1926. Notons ainsi que le duumvirat qui pilota la CORF au départ (Gx FILLONNEAU et CULMANN) avaient préalablement été n°1 et n°2 de ce secrétariat permanent de la CDF. On doit y voir un acte délibéré de l'état-major pour assurer une claire continuité de pensée entre la CDF et la CORF.
La CORF dépendait directement de l'Etat-Major de l'Armée, avec lien fonctionnel fort avec la CDF, et avait toute latitude pour organiser le front fortifié sans avoir à en référer aux commandements locaux. Elle disposait de représentation locales qui deviendront les futures Direction des Travaux de Fortification lors de la phase de construction. Celles-ci assurèrent les études d'implantation et le suivi des travaux de construction. La CORF avait en pratique pour mission de :
- préciser dans le détail le tracé des Régions Fortifiées et la position des ouvrages et casemates,
- définir et approuver les éléments d'armement et d'équipement de la nouvelle fortification,
- définir les infrastructures,
- vérifier et préparer l'approbation ministérielle des plans établis par les directions locales, les travaux sur le terrain étant contrôlés par la 4° Direction de l'EMA et l'Inspection Technique des Travaux de Fortification (ITTF),
- évaluer le budget global nécessaire au projet.
- ... et "exercer la haute surveillance des travaux". Ce dernier mandat sera réalisé au travers des chefferies locales du Génie.
Ce dernier point est l'objet essentiel de l'instruction explicative d'Octobre 1927. Il y est précisé que la CORF à la haute main sur le tracé de la position et sa composition, valide les avant-projets et projets de secteurs, les plans-masses des quartiers et ouvrages - le tout en lien avec ses délégations locales héritées de la structure CDF - mais en aucun cas ne supervise les travaux une fois ceux-ci lancés. Ce travail sur le terrain revient aux délégations locales, qui perdent alors leur lien hiérarchique avec le CORF et deviennent en parallèle des "Directions de Travaux de Fortification" sous pilotage des Directions d'Armes (4° Direction - Génie, 3° Direction - Artillerie, etc) et sous le contrôle de l'Inspecteur Général du Génie. Un complément ultérieur émis en Mai 1929 étendra la responsabilité de la CORF jusqu'à l'examen et le commentaire des plans d'implantation définitifs des organes individuels.
Cette indépendance forte de la CORF et de la supervision de la construction vis-à-vis des commandements locaux - garante de l'homogénéité du système - ne fut pas sans créer quelques problèmes. Ce n'est qu'à partir de Mars 1930 que les généraux commandant les Régions Militaires concernées par la constructions des régions fortifiées dans le Nord-Est commencèrent à recevoir une information très superficielle et parcellaire de ce qui se passait et ce qui était prévue sur leur territoire. Pour les Alpes, il fallut même attendre mi-1931 pour que cette information des instances locales ne débute. La nécessité de transparence alla cependant crescendo jusqu'à la dissolution de la CORF de manière à assurer une appropriation correcte par les utilisateurs futurs.
La commission était composée initialement de quatre membres représentant l’ensemble des armes parties prenantes du système défensif à établir; soit l’Inspecteur Général du Génie qui en assurait de droit la présidence, un des généraux sous-chef d’ Etat Major de l’Armée , un général représentant l’Artillerie - chef de droit du secrétariat permanent de la CORF -, un général représentant l’Infanterie.
Cette composition initiale évolua entre 1928 et 1931. Du fait du besoin de développement de nouvelles armes propres à la fortification, il fut rapidement rajouté à ses membres, en Mars 1928, le général Inspecteur des Etudes et Expériences Techniques de l’Artillerie. En février 1929, un officier supérieur représentant la Direction Centrale du Génie vint rejoindre la commission à partir du moment où les détails des constructions furent abordés. Ces premiers ajouts correspondent d'ailleurs à des remarques et propositions faites initialement par les 3° et 4° Directions sans qu'elles n'aient été prises en compte à l'origine par l'EMA, en Septembre 1927...
Le 5 Octobre 1931 un nouveau décret modificatif ordonna l'ajout d'un représentant de la 3° Direction (Artillerie) pour assurer une meilleure coordination entre Génie et Artillerie sur la conception des armements. Enfin, comme suite à la disparition du poste d'Inspecteur des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie (Gal BALLI) en Juin 1933, son remplacement par un représentant de la 12° Direction (Fabrications de l'armement) fut autorisé en Juin 1934 par la Mal PETAIN - alors ministre de la guerre - pour permettre le lien entre la construction de la fortification et celle de l'armement. Dans l'intérim d'une année entre ces deux événements, le Gal BALLI conserva temporairement son poste comme membre permanent de la CORF, mais en tant qu'Inspecteur Général de l'Artillerie, son nouveau rôle.
La présidence de la CORF a été assurée par le général FILLONEAU jusqu’à la 13° réunion, puis par le général BELHAGUE à compter du 5 février 1929, le secrétariat ayant lui été assuré successivement par les généraux Frédéric CULMANN puis HUBERT. Cette continuité voulue explique en partie le relatif conservatisme initial de la CORF sur les questions de forme de fortification et d'armement, et qui se traduisit par des débats internes parfois intenses entre anciens et nouveaux venus dans la commission.
Le secrétariat permanent de la CORF était composé de quatre officiers supérieurs issus des 3 armes, et couvrait les études techniques sur le Nord-Est puis l'ensemble des frontières incluant le Sud-Est à partir de Mars 1928. Cette extension de responsabilité de la CORF s'accompagna de l'intégration en Mai 1928 de deux officiers supérieurs spécialisés de plus dans le secrétariat permanent - le Col OEHMICHEN et le CE WALFARD -. Le secrétariat sera ensuite séparé en deux secrétariats Nord-Est et Sud-Est durant la période de plus forte activité (1931-34).
Au gré des nominations et remplacements, la CORF a compté dix neufs titulaires dont les généraux FILLONEAU (Génie), BELHAGUE (Génie), Jules HEUSCH (Infanterie), BINEAU (sous-chef d'EMGA), Jules CHALLEAT (Etudes artillerie) à qui l’on doit la définition de l’artillerie spécifique à la forteresse et son successeur le général BALLI, les généraux Frédéric CULMANN (Artillerie) et HUBERT (Artillerie), chefs successifs du secrétariat, ou Jean GUITRY (Sous-chef d'Etat-Major).
Suite à la création de la CORF, les anciennes délégations de la CDF - Metz, Strasbourg et Belfort - chargées des études locales passent ipso-facto sous contrôle de la nouvelle commission. Leur effectif, préalablement à temps partiel et "prêté" par les corps d'armées locaux, sont augmentés et détachés à plein-temps compte-tenu de la tâche considérable demandée. Les délégations de Metz et Strasbourg comportent initialement trois officiers supérieurs appartenant aux trois armes (Génie, Artillerie, Infanterie) et un officier subalterne de l'artillerie, le tout commandé par le l'officier supérieur du Génie. La délégation de Belfort est d'emblée plus réduite compte tenu du placement en 2ème urgence de la région fortifiée locale. Ces délégations (et du coup les Directions des Travaux de Fortification et les Chefferies associées) purent additionnellement embaucher du personnel civil pour renforcer l'effectif militaire d'encadrement à partir du moment où la réalisation de relevés de détail, de plans et de documents nécessitaient une main d'oeuvre plus importante.
Au-delà de cette théorie, la disponibilité de personnels pour les délégations de la CORF - laissée au bon vouloir des régions militaires - sera parfois initialement très relative, entrainant des rappels à l'ordre formels de l'EMA, comme lors des difficultés de mise à disposition d'officiers entre la 20° Région Militaire et la Délégation de Strasbourg à l'été 1928. Sans doute faut-il voir là aussi le résultat de la nette séparation hiérarchique entre la CORF et ces mêmes Régions Militaires, ne facilitant pas la relation au quotidien et nécessitant au moindre problème des arbitrages au plus haut niveau, générateurs de frustrations.
Ces difficultés relationnelles locales/centrales se trouvaient amplifiées quand les responsables de part et d'autre avaient en outre des vues opposées sur les fondements mêmes du système fortifié à bâtir, comme par exemple dans les Alpes avec le Gal DEGOUTTE. Le même constat peut être fait concernant la défense des berges du Rhin, pour laquelle la CORF a été mise devant le fait accompli d'initiatives locales et n'a pu reprendre le contrôle - partiel et imparfait - et imposer ses vues qu'après coup.
Il demeure que la pénurie d'officiers qualifiés va pragmatiquement pousser l'EMA à revenir sur les affectations "à demeure" aux délégations locales et admettre que les membre associés à celles-ci aient d'autres responsabilités..., pour peu qu'ils "répondent par priorité aux demandes du colonel directeur" (sic), ou soient détachés pour de simples missions de courte durée.
Le nombre et la composition des délégations locales va varier au grés des besoins. Citons par exemple :
- la création le 17 Avril 1928 (DM 878 3/11-1) des trois délégations locales de Grenoble, Gap puis Briançon et Nice comme émanations du secrétariat de la CDF quand celle-ci fut chargée d'examiner la défense des frontières du Sud-Est. Ces nouvelles délégations passent ensuite sous mandat CORF lors de l'étude de détail des zones fortifiées de la frontières Sud-Est courant 1930.
- la création fin janvier 1930 d'une nouvelle délégation (et Direction des Travaux) Metz-Ouest pour prendre en charge les études et constructions de la partie de la RFM située à l'ouest de la Moselle. L'ancienne délégation de Metz se concentre alors sur la partie à l'Est de la Moselle et prend le nom de Metz-Est. Le Col FROSSARD (anciennement à Strasbourg) est muté et prend le commandement de cette nouvelle délégation Metz-Ouest.
- la création de deux délégations en 1ère Région Militaire (Lille puis Maubeuge-Valenciennes) respectivement à l'été 1929 et en 1933.
Le processus d'approbation des projets de constructions (ouvrages, casemates, observatoires, abris, infrastructures…) est régi par plusieurs notes émises en Mai-Juin 1929 par la CORF et le Génie, conformément au rôle dédié à la CORF et au partage de responsabilité précisé par la note du 26 Octobre 1927 et ses additifs.
Dans la phase amont de définition du tracé précis - en fait de ses ajustements, ce tracé ayant été défini par la CDF - jusqu'à l'approbation des plans de masse et des plans d'implantation généraux, le processus relève de la seule responsabilité de la CORF et de son secrétariat. Elle s'exécute après prise des éventuels commentaires des autres parties prenantes et soumet directement le résultat pour approbation au ministre.
Dés que les Directions des Travaux de Fortification entrent dans le processus de définition des plans d'implantation détaillés des organes individuels (blocs d'ouvrages par exemple, locaux souterrains,...), la responsabilité d'examen des plans, coupes et implantations précises de ceux-ci passe au Génie (4° Direction) au travers du Comité Technique du Génie (CTG) et ce jusqu'à approbation finale des documents "prêts pour construction". Le CTG mandate l'Inspecteur Technique des Travaux de Fortification (ITTF) pour collecter les commentaires des autres services du Génie (Service du Matériel des Fortifications, Section Technique du Génie, Direction du Matériel du Génie,...) ou de la CORF. Dans ce cas, la CORF n'est que consultée et n'intervient que si des modifications touchant au plan de feu ou d'observation sont demandées par l'ITTF ou les autres services.
Pour plus de détails sur ce processus de conception et de gestion des approbations, voir la page correspondante, ici
La CORF se réunira à 55 reprises du 17 novembre 1927 au 14 mai 1935, dont une grande partie sur 1928-1930, et sera dissoute en septembre 1935 avec effet au 31 décembre 1935. Pour plus de détails sur le contenu du travail effectué lors de ces 55 réunions, se reporter au document joint qui en fait le résumé.
Les 31 premières réunions portèrent sur les avant-projets concernant le tracé de la position et les ouvrages les plus importants ainsi que sur l'étude des armements et matériels spécifiques à la fortification. Les six premiers mois du mandat marquent une étape importante dans l'histoire de la CORF du fait de l'écriture de trois documents structurants qui marquent les fondements des conceptions que la commission va ensuite mettre en oeuvre :
- Note 35/ORF du 12 Décembre 1927 définissant les principes d'équipement, organisation et infrastructures des régions fortifiées
- Note 98/ORF portant sur l'armement des régions fortifiées (qui sera âprement discutée), et son additif 127/ORF du 29 Mars 1928.
- Note 120/ORF du 12 Mars 1928 portant sur les formes techniques de la fortification.
Cette dernière note est un résumé général important de 63 pages, reprenant en particulier les éléments de la note 35/ORF et des discussions correspondantes en réunions plénières. Elle reprend par ailleurs à son compte de façon textuelle, conformément aux décisions ministérielles, une bonne partie du contenu de la note homonyme écrite par la CDF un an plus tôt (note 330/F de Mai 1927), avec cependant quelques nuances importantes. Si les formes de fortification proposées demeurent très classiques - pour ne pas dire conservatrices - dans la pure lignée de ce qu'avait écrit la CDF (n'oublions pas que la CORF est une émanation du secrétariat de la CDF avec pour mission d'appliquer les recommandations de celle-ci), on voit apparaitre un chapitre complet concernant l'"ouvrage palmé" du Col TRICAUD dans la partie concernant les ouvrages puissants. Ce concept avait été présenté à la CDF début 1927 en ne soulevant uniquement qu'un intérêt d'estime au motif du coût perçu comme considérablement plus élevé que le "fort masse" conventionnel. Ce type d'ouvrage revint cependant sur le devant de la scène fin 1927 à l'instigation du Mal PETAIN. L'ouvrage palmé - dont le surcoût potentiel est relativisé par la CORF - apparait maintenant comme option à part entière du catalogue, à appliquer quand le terrain est relativement vallonné et ne peut être couvert correctement par un fort masse standard. Dans la pratique de l'application au terrain, cet ouvrage palmé deviendra de fait le standard quasi-unique.
Ces 31 premières réunions de la CORF permirent en outre l'élaboration du budget nécessaire qui fut adopté par la loi programme le 14 janvier 1930 (dite loi MAGINOT). En pratique, les plans-masse des ouvrages principaux du ROCHONVILLERS, du HACKENBERG, du HOCHWALD et les avant-projets des tronçons Rochonvillers-Nied et Lauter furent approuvés entre Avril et Juillet 1929. Cette phase d'étude de détail et de terrain confirma la nécessité de s'écarter des conceptions de forts concentrés ou articulés promues par la CDF pour aller progressivement vers la notion de fort palmé du Col TRICAUD, même si cela devait être au prix d'une hausse du budget.
Les grandes lignes étant définies, la phase suivante porta sur l'étude des plans d'implantation des ouvrages puissants (nommés "ensembles" à partir de 1930), des petits ouvrages et la mise en chantier des premiers fronts fortifiés qui donnèrent naissance aux secteurs fortement fortifiés dans le Nord-Est.
La crise économique et les dépassements de coûts imposant au début des années 30 de sérieuses restrictions budgétaires, les travaux débouchèrent ensuite sur la conception et la mise en chantier de fronts en extension de la phase précédente, plus légèrement fortifiés où nombre de construction de blocs ou d'ouvrages furent dés le départ ajournés et reportés vers un second cycle qui ne vit jamais le jour.
Tout comme la CDF, la CORF ralentit progressivement son activité de cadrage à partir de 1931. Les nécessaires décisions à haut niveau étant prises, et les règles d'application étant définies, le relai du travail fut pris par les Directions des Travaux de Fortifications locales en lien avec l'ITTF (Inspection Technique des Travaux de Fortification). Durant cette période, l'organe central de la CORF - et surtout le secrétariat - se concentra sur le support et la validation directe du travail local. Elle se pencha cependant en 1932 sur la question d'un tracé de fortification du Nord de la France, puis en 1933-34 sur le tracé et la forme des nouveaux fronts (prolongation de la RFL sur le plateau de Rohrbach, môles de Montmédy, Maubeuge et Condé).
Mi-1935, dans un contexte de nécessité de forte maitrise de la dépense publique et de détente avec l'Italie, force fut de reconnaître que la mission de la CORF était accomplie. Hors Alpes, l'essentiel des fortifications était construit, et le reste pouvait être transféré aux régions militaires - qui n'avaient qu'à appliquer des standards éprouvés au travers des Directions du Génie locales - pour peu qu'un minimum de contrôle central soit assuré. Il était clair aussi à ce moment que le 2ème cycle tant attendu ne verrait pas le jour de si tôt. En accord avec le général BELHAGUE, le ministre Jean FABRY prit donc la décision de dissoudre la CORF, délégations locales comprises, ce qui fut acté par décret présidentiel le 2 Aout 1935.
Le président de la CORF parvint tout de même à faire valoir le maintien de la structure en place jusqu'au 31 Décembre de sorte à assurer une transition propre avec les Régions Militaires et permettre le reclassement du personnel ou régionalement ou dans les directions d'armes centrales. Il fit aussi valider par le ministère la création du poste d'Inspecteur Général du Génie et des Fortifications par fusion du poste de Président de la CORF avec celui d'Inspecteur Général du Génie. FABRY refusa cependant à ce que les nouveaux fronts, en cours de construction, soient gérés par l'état-major réduit de cette nouvelle inspection. Celle-ci devait - selon la définition de rôle faite par le général GAMELIN - se contenter d'assurer une forme de continuité de vue sur la suite de l'effort de fortification, tout en n'ayant d'autre pouvoir que de passer par l'EMA pour faire valoir ses positions vis à vis des régions...
La dissolution effective de la CORF fin 1935 sonna le début d'une frénésie au niveau des états majors des différentes régions fortifiées ou régions militaires. Celles-ci se mirent à fortifier à leur tour à tout va en utilisant la Main d'Ouvre Militaire et cela donna des compléments à la fortification CORF qui s'avérèrent souvent sans cohérence ni grande valeur militaire. L'héritage de la CORF continua cependant de se perpétuer dans les chantiers du Sud-Est jusqu'en Juin 1940 du fait de la contrainte saisonnière des travaux et des atermoiements politiques liés à la relation franco-italienne.
CORF
2 messages, le dernier est de jolasjm le 02/06/2018