Le 169° RIF est mobilisé par le Centre Mobilisateur d’Infanterie 61 de Labry (54). Il est formé le 27 aout 1939 au camp d‘Angevillers à partir d’éléments du 3° Btn du 168° RIF et renforcé par des éléments de réserve originaires de la région parisienne, du Nord et de Lorrains régionaux.
La mise en place se déroule sans incidents car beaucoup connaissent déjà le secteur et les ouvrages où ils ont servi pendant l’alerte de 1938.
Le tableau ci-dessous résume les armements des compagnies du régiment.
Ces compagnies vont occuper les intervalles entre les ouvrages du sous-secteur.
Le régiment occupait les PC suivants :
- PC du régiment au Bois de la Côte
- PC du I/169° au PC de la Kolf près d’Oeutrange
- PC du II/169° au PC du Batzenthaler Busch près d’Angevillers
Au 26 décembre, les compagnies de mitrailleuses occupaient les quartiers suivants :
- 1° CM : sous-quartier d’Entrange (PC a l'abri du Zeiterholz)
- 2° CM : sous-quartier Charles Ferdinand (PC à l’abri X5 du Bois de Kanfen)
- 5° CM : sous-quartier de Molvange
- 6° CM : sous-quartier du Grand Lot
- 7° CM : sous-quartier d’Angevillers
Les CHR occupaient les cantonnements suivants :
- CHR I/169° : initialement prévu à Oeutrange mais finalement à Beuvange
- CHR II/169° : mine d’Angevillers à Algrange
Le 169° comporte également deux CEO (Compagnie d’Equipage d’Ouvrage) qui armaient les ouvrages du secteur :
- 5e CEO :
- Casemates C42 et C43 de Kanfen
- Casemate C41 Entrange
- Abri X4 Petersberg
- Ouvrage A9 Molvange
- 6e CEO:
- Casemates C39 et C40 Petersberg
- Casemates C37 et C38 Escherange
- Casemate C36 Grand Lot
- Ouvrage A8 Rochonvillers
- Chef de corps : LTC FAYARD puis LTC BOECKLER (fin mars) et CB TOUSSAINT (nommé le 5 juin par décision du général commandant la 3e Armée. Auparavant à l’ouvrage A17 Metrich)
- Adjoint : CB WALLON (Réserve - tué à Rosières-aux-Salines le 17 ou 18 juin)
- Adjoint : Cne POISSON (Réserve)
- Lt KALCK
- Chef de Btn : CB CLERC (active)
- Section de Commandement :
- Lt KEIME (Réserve) (1)
- Cne JARSELA (Réserve)
- LT BRUYERE
- Lt Maurice CAQUARD (Réserve) : chef 2° section
- Cne RIDEAU (Active) : Cdt Cie
- Lt NIGORGE (Active)
- Chef de Btn : CB TOURRET (active)
- Section de Commandement :
- Adjudant major : Cne ELLUARD
- Officier renseignements : Lt LAPLANE
- Officier transmissions : Lt PEUNIER
- Officier Z : Ss-Lt BURLET
- Officier détails : Ss-Lt TRIFFAULT
- Officier pionnier : Adjt-chef puis Lt SPORN
- Médecin-chef : Médecin Lt X
- Cdt Cie : Cne UTARD
- Chef sections : Lt X, Ss-Lt BESNIER
- Cdt Cie : Cne LAPEYRE (affecté au I/115° RI - 20° DI le 8 juin 1940) puis Lt BENTEGEAT
- Chef sections : Lt BEAUGRAND, Lt X
- Cdt Cie : Cne X
- Chefs sections : Lt BENTEGEAT, Lt X
- Cdt Cie : Lt puis Cne BUREAU puis Cne GILBERT
- Chef section mortiers : Lt BOSS
- Chef 1re section 25 : Lt BOISSEL
- Chef 2e section 25 : Adjt-chef X
- Chef 3e section 25 : Ss-Lt DELREZ
- Chef 1re section FV : Ss-Lt MEYBLUM puis Adjt BAUDREZ
- Chef 2e section FV : Aspt X
- Cdt Cie : Cne WEINSTEIN
- Officier approvisionnement : Lt MARTIN
- A8 Rochonvillers :
- Cne Roger SOMET, major de l’ouvrage
- CB JUSTAMON (commandant l’ouvrage, prisonnier à l’Oflag VIA)
- Cne Maurice PAQUERON (Cdt infanterie et second de l’ouvrage)
- Lt HEINTZ
- Lt MENEZ
- Lt RATKOSKY (Cdt des deux casemates)
- Sgt MANSARD (Cdt C40 Petersberg Est)
- Lt LABORDE
- Ss-Lt LEONARD : commandant B14, B14bis et B15 après le 13 juin
- Ss-Lt BARTRINGER
- Adjt-chef GAN, maitre armurier
- Médecin Ss-Lt BONNIN
- Sgt-chef COCHAUX (tué à Rezonville lors de la retraite)
Peu d’évènements particuliers sont à noter jusqu’au début 10 mai 1940. Les unités occupent, équipent et entretiennent leurs emplacements de combat.
A partir du 2 octobre le 169° RIF est renforcé par la présence de deux bataillons de la 22° DI, les II/62° et III/62° RI. Ils seront remplacés à fin octobre par des compagnies du 116° RI.
La 56° DI relève la 22° DI dans le secteur d’Oeutrange à partir du 15 décembre. Le 294° RI et le 306° renforcent le 169° RIF :
- I/294° (CB FROMENTIN) avec 6° CM du 169° dans le sous-quartier du Grand Lot
- II/294° (Cne LEYAT) avec 7° CM dans le sous-quartier d’Angevillers
- III/294° (CB POLIMANN) avec 5° CM dans le sous-quartier de Molvange
- I/306° (CB JOURDOIS) avec 1° CM dans le sous-quartier d’Entrange
- III/306° (CB BACQUERIE) avec 2° CM dans le sous-quartier Charles Ferdinand
Le 10 mai, les Allemands entrent au Luxembourg. Le Cne GILBERT de la 2° CEAFV note que les premiers obus tombent sur le quartier à partir du 12 mais, ne causant que d’infimes dégâts jusqu’au 13 juin, avec seulement quelques blessés.
Le CB JUSTAMON note le courage et le calme du Cne PAQUERON qui inspecte les dessus de l’ouvrage de Molvange alors qu’il est mitraillé par 5 avions ennemis volant en rase motte. Il indique que l’ouvrage est au contact immédiat de l’ennemi sur sa face nord à partir du 16 mai.
Le Lt KALCK de l’EM du régiment fait état de fréquents et violents bombardements de l’artillerie ennemie sur les PC du régiment et des bataillons, sans causer de grands dommages néanmoins.
A partir du 20 mai la 56° DI quitte le secteur. Les unités du 169° restent seuls en ligne.
Le 12 juin, le CB TOUSSAINT, nouveau chef de corps reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement vers l’arrière, avec toutes les unités d’intervalle. Il doit s’intégrer à la division de marche formée par le Secteur Fortifié de Thionville (3).
Le Lt GOUVELLO, chef de section à la 5°CM et commandant du PA du Petersberg, nous raconte que le 13 juin vers 22h, il est convoqué d’urgence par son commandant de Cie, le Cne UTARD, à son PC dans l’abri X3 du Petersberg. Le Cne donne ses ordres : "Le 169e RIF doit abandonner les positions qu’il occupe depuis le début de la campagne et se replier. Rassemblement des compagnies au PC du bataillon et départ en colonne pour Uckange où le bataillon doit, en principe, embarquer pour une destination inconnue".
Les garnisons d’ouvrage restent en place. L’effectif d’une section à peine (un groupe de fusiliers voltigeurs et un groupe de mitrailleurs) restera sur place pour protéger le repli des unités occupant les dessus de l’ouvrage A9 et le vallon allant jusqu’à l’ouvrage A8 ». Le Lt GOUVELLO est désigné pour commander cette section et est rattaché directement sous les ordres du CDT JUSTAMON, commandant A9.
Ce jour là, le le LTC Guillemain du 151° RAP prend sous ses ordres les blockhaus B14, B14bis et B15 situés à proximité de A8 qu’il commande. Les blockhaus sont commandés par le Ss-Lt LEONARD du 169°.
Dans la soirée du 13 juin, les différents détachements du 169° RIF décrochent de leurs positions.
La 5° CM quitte sa position à 22h, arrive à la sortie nord d’Algrange à 23h pour en repartir à 4h du matin et arriver à Vernéville à 18h. Hommes et chevaux ont souffert de la marche, à cause du manque d’entrainement, de la longueur de l’étape et de l’encombrement des routes.
La 2° CM quant à elle va stationner à Montois-la-Montagne. La CHR est rassemblée à la mine d’Algrange à minuit.
A partir du 14 juin, le commandant de A9, le CB JUSTAMON, prend sous son commandement les casemates C40, C41, C42 et C43 pendant que lui-même passait sous les ordres du colonel O’Sullivan, du SFT, qui venait de transporter son PC à l’ouvrage de Metrich.
Le même jour, le Lt GOUVELLO évacue de l’abri X3 du Bois d’Escherange, le plus possibles de vivres, armes, grenades et munitions qu’il va stocker dans l’abri X4 du Petersberg. En partant il détruit la centrale électrique de l’abri. Avec seulement 32 hommes il doit tenir un front de 2 km et faire du volume pour laisser croire à l’ennemi que les positions sont toujours fortement tenues. Des éléments avancés allemands se trouvent au bois des Quatre Seigneurs et dans le village d’Escherange.
Le Cne SOMET, major de l’ouvrage A8 nous rapporte que le 14 juin, 30 % des effectifs de l’équipage quittent celui-ci, avec deux jours de vivres, en direction de Neufchâteau. Les hommes ne sont armés que de revolvers. La plupart, dit-il, seront fait prisonniers à Metz dès le surlendemain.
Le Cne GILBERT, commandant la 2e CEAFV, indique que le II/169° avait commencé son repli le 14 au matin. A Neufchef e Avril la tête de colonne est embouteillée par l’embarquement désordonné d’éléments de la 56° DI. Des détours et trajets inutiles retardent la marche dans forêt de Moyeuvre. Des éléments du 160° RAP, rattachés au 169°, sont bombardés par avion à Vernéville vers 12h et doivent abandonner 3 canons de 105L13 par suite des pertes des attelages.
Du côté de A9, le Cdt JUSTAMON nous dit que 40% de l’effectif est renvoyé vers l’arrière le 15 juin. Le Cne PAQUERON demeure seul officier d’infanterie.
Le Lt Paul Mathieu quitte A9 sur ordre du Cne Paqueron (4). Dans la nuit du 15 au 16, à3h du matin, le Lt remet le drapeau du 169° RIF à l’adjt-chef Boidhenghien qui dispose d’une voiture et lui donne l’ordre d’essayer de passer avant d’être encerclé par les troupes allemandes.
La 5°CM, se remet en route vers 20h et, en passant par Onville, arrive à Gravelotte au lever du jour où stationne également la 2° CM.
Les éléments du 169° continuent leur progression vers Nancy. Nous apprenons que la 2° CM a stationné à Saizerais, au NO de Frouard.
En fin d’étape, le stationnement était le suivant :
- 1° Btn dans les casernes de Vandoeuvre
- 2° Btn dans la forêt de Haye
- CDT et PC RI aux Cinq Tranchées sur la route entre Toul et Nancy
Vers 18h, le commandant du régiment recevait l’ordre d’aller dès que possible occuper un sous-secteur s’étendant le long du canal de la Marne au Rhin de Saint-Nicolas-de-Port – Varangéville à Sommerviller exclu ; il était en outre chargé de mettre en place plus à sa droite vers Maixe et au-delà le I/167e RIF et un bataillon du 164° RIF.
A 8h, le 169° RIF occupait le dispositif suivant :
- 1° Bataillon : quartier allant de Sommerviller exclu à Dombasle inclus, liaison à droite avec le I/167e RIF
- 2° Bataillon : quartier allant de Dombasle exclu à Saint-Nicolas-de-Port inclus, liaison à gauche avec le I/160e RIF
- Compagnie de Cdt et PC RI : hauteur 200m SE de l’école de Rosières-aux-Salines
Le 19 juin, le PC se porte à Coyviller. La Cie de commandement et le Groupe Franc du régiment organisent la défense du village qui va être soumis à de copieuses et fréquentes rafales d’artillerie. A 7h les Allemands s’infiltrent dans Rosières occupé par les hommes du Cdt CLERC. En fin de matinée, ceux-ci se replient sur les hauteurs à 300 m à l’O de Rosières où ils organisent un point d’appui. A 14h30, le chef de corps voit passer le 1er Btn du 160° RIF porteur de drapeaux et panneaux blancs. A 16h, le 169° RIF reçoit un ordre écrit de repli d’avoir à se porter au Bois Brûlé NE de Bayon.
Le CB TOUSSAINT rapporte que le 20 juin, en route pour Bayon, les débris du 169e RIF sont, sur l’ordre du général BESSE détournés, sur Xirocourt d’où ils tentèrent de gagner Mirecourt. C’est aux environs de cette localité qu’ils trouvèrent la route barrée par l’ennemi.
Et se rendirent.