Ligne Maginot - 168° Régiment d'Infanterie de Forteresse



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168° Régiment d'Infanterie de Forteresse

(168° RIF)






Les origines du régiment

Le 168° Régiment d'Infanterie est créé en 27 mars 1913 et tient garnison à Toul ainsi qu’au fort de Frouard. Pendant la première guerre mondiale, il est intégré à la 128° division d’infanterie et participe aux engagements majeurs de cette unité, notamment aux combats du Bois-le-Prêtre, de septembre 1914 à juillet 1915, qui lui vaudront son surnom de « Loups du Bois-le-Prêtre ». Il prend également part aux combats du Chemin des Dames1.

Conservé dans l’ordre de bataille après l’armistice de 1918, le régiment participe à l’occupation d’Aix-la-Chapelle en 1919 et fait partie de l’armée d’occupation du Rhin de 1919 à 1930. Il est alors stationné à la caserne des Vallières à Worms2.

L’organisation de la Ligne Maginot nécessite la création d’unités spécialisées, chargées à la fois de fournir des équipages pour servir les ouvrages et de défendre ces positions à l’extérieur. Le 15 avril 1933, les quatre premiers régiments d’infanterie de région fortifiée sont créés, et le 168ᵉ RI devient l’un d’eux sous la dénomination du 168° Régiment d’Infanterie de Région Fortifiée.

Il est placé sous le commandement du Col LEBOCQ (7 mars 1913 - 9 septembre 1914) puis du Col MATHIEU


168° Régiment d'Infanterie de Forteresse (168° RIF)

Fanion du 1° bataillon du 168° RI,
l'avers

168° Régiment d'Infanterie de Forteresse (168° RIF)

Fanion du 1° bataillon du 168° RI,
le revers




Le régiment du temps de paix

Le 168° Régiment d'Infanterie de Région Fortifiée est créé le 15 avril 1933 à Thionville à partir d'éléments du 168° RI. Il compte alors six bataillons.
Il adopte la dénomination officielle de 168° Régiment d’Infanterie de Forteresse le 25 août 1935, à la suite de la réorganisation des régiments d’infanterie de région fortifiée et reçoit l'appellation de Régiment de la Moselle.
Le 168° RIF perd alors ses 4, 5 et 6° bataillons qui donnent naissance en aout de la même année au 149° RIF qui couvre le Secteur Fortifié de la Crusnes.

Insigne du 168°RIF

Insigne du 168° RIF



Il occupe le quartier Jeanne d'Arc à Thionville qu'il partage avec le 13° RTA. Le régiment n’étant pas destiné aux opérations de manœuvre est sous-équipé en moyens de transport et la distance entre son cantonnement et ses positions de combat, comprise entre une et deux heures de marche, est incompatible avec une occupation rapide des de ses positions par ses premiers échelons amène à la création de nouveaux casernements appelés camps de sureté plus proches de ces dernières.
Il se repartit progressivement à partir de 1930 dans les camps de sureté de son secteur au fur et à mesure de leur livraison ( Elzange pour le premier bataillon , Cattenom pour le deuxième bataillon et Angevillers pour le troisième bataillon).
A ces trois casernements se rajoutera celui de Hettange-Grande en 1937.

CATTENOM - (Camp de sureté)

La 2° CEFV du 168° RIF en 1937



Le commandement du régiment sera successivement assuré par les chefs de corps suivants :

1934 - 1936 : Col CAILLE
1936 - 1939 : Col TOURNADE
1939 - 1939 : Col O'SULLIVAN (qui deviendra le commandant de l'infanterie du SFT en 1939)


Le régiment éditera un journal du front intitulé Les loups 39



Le régiment du temps de guerre

A la mobilisation, le 168° RIF donne naissance aux 167, 168 et 169° RIF qui sont affectés au Secteur Fortifié de Thionville . Il est placé sous le commandement du LtCol FERRONI L.

Le 168° RIF du temps de guerre est créé à partir d'éléments du 2° bataillon du 168° RIF du temps de paix et occupe les camps de sureté de Hettange-Grande et de Cattenom.

Il est mis sur pied par le CM61 à Mars la Tour (Meurthe et Moselle) et est affecté au sous-secteur de Hettange Grande (Secteur Fortifié de Thionville)

Le régiment se répartit en trois quartiers comprenant chacun deux sous-quartiers 5:

  • Quartier BOLER :
    Sous-quartiers du Schmertgesbuch et du Weihergraben

  • Quartier KARRE
    Sous-quartiers de Usselskirch Boust et du Bornungshoff

  • Quartier ROUSSY
    Sous-quartiers de la Route de Luxembourg et d'Immerhoff


Son PC est établi dans les abris ex-allemands de Sainte-Marie à Garche qu'il partage avec le 70° RAMF

Le régiment est un régiment type RF Metz, il compte trois bataillons et huit compagnies de mitrailleurs ainsi que deux compagnies d'équipages d'ouvrage ou de casemate (CEO / CEC). L'effectif théorique du régiment est de 96 officiers , 318 sous-officiers et 2 964 hommes de troupes, chaque bataillon comptant théoriquement 29 officiers et 1083 hommes.
Un bataillon d'instruction (21° Bon) sera ajouté en septembre 39

Encadrement

Etat-Major

PC à Sainte Marie
Chef de Corps : Lt Col puis Lt Col FERRONI
Chef d'état major : Cdt GLOTZ
Adjoint au chef d'état-major : Lt LEFRANCOIS
Officier Z : Cne puis Cdt VASSEUR (en charge de la tenue du JMO du régiment)
Officier renseignements : Lt BOURGEOIS
Officier de liaison : Lt BARBAT
Officier de transmissions : Lt de SILLY
Médecin Chef : Cdt BLOCK, Médecin auxiliaire GARNIER
Vétérinaire : Slt ONNO
Pharmacien : Lt PEUROLLES
Dentistes : Lt GILLET & Slt BINN

Cie de Cdt : Cne ADAM


1° Bataillon - Quartier Boler

PC au niveau du Camp de Cattenom
Cdt le Bon : Cne puis CB JUILLAGUET
Officier adjoint : Cne RANGER
Officier Renseignements : Slt LOUIS
Officier Transmission : Adjc BOYER
Officier « Z » : Lt SIMONOD
Officier Pionner : Lt ANCELIN
Médecin: Lt DAUCHY
Officier de détails : Lt PERNOT
Officier d’approvisionnement : Lt AUCOUTURIER

1° CM : Cne HENRY
2°CM : Lt OBERLE
1°CEFV : Lt LEGRAN
CHR1 : Cne BROUSSE (part au 167° RIF en oct 39)


2° Bataillon - Quartier Karre

PC dans l' Abri du Rippert
Cdt le Bon : Cne puis CB COLLILIEUX A
Officier adjoint : Cne GRELLOOU
Officier Renseignements : Lt HASSE
Officier Transmission : Lt GUEUSQUIN
Officier « Z » : Asp HOCHE
Officier Pionner : Lt DARGEGEN
Médecin: Lt VILLAT
Officier de détails : Lt VENARD
Officier d’approvisionnement : Lt CHASSARD

5° CM : Cne FOSSE
6°CM : Cne STROUP
7° CM : Cne PICHAT
2°CEFV : Lt MAILLARD
CHR 2 : Cne JENGIRARD


168° Régiment d'Infanterie de Forteresse (168° RIF)

Personnel de la 5° CM en oct 39




3° Bataillon - Quartier Roussy

PC dans l' Abri de Hettange-Grande
Cdt le Bon : Cb de la FOURNIERE
Cdt Adjoint : Cne LELOUTRE
Officier Renseignements : Slt PLETZ
Officier Transmission : Slt LE BOURGET
Officier « Z » : Lt WASSER
Officier Pionner : Lt BETHELOT
Médecin: Lt DRECQ
Officier de détails : Slt TOTAL
Officier d’approvisionnement : Lt FEJARD

9° CM : Cne BETAT
10° CM : Cne PREUX
11° CM : Cne GOEDERT
3° CEFV : WURTZ
CHR 3 : Cne SAUPIQUE


Etat Major du III/168°RIF

Officiers de l'EM du III° Bataillon du 168° RIF



21° Bon - Instruction

- Cb Clerc puis Gilleron


Compagnie d’Équipages d'Ouvrage

L’infanterie des ouvrages d'artillerie est rattachée aux sous-secteurs , celle des petits ouvrages d'infanterie dépend des quartiers
- Petit ouvrage d'infanterie de la Ferme Immerhof - Cne Pierre REQUISTON
- Ouvrage d'artillerie de Soetrich - CB HENGER
- Petit ouvrage d'infanterie du Bois-Karre - Lt JUMEL
- Ouvrage d'artillerie du Kobenbusch - CB CHARNAL
- Petit ouvrage d'infanterie de l'Oberheid - Lt POBEAU, SLt SEPULCHRE


168° RIF - 8° CEO - IMMERHOF

Le Cne Pierre REQUISTON commandant l'ouvrage d'Immerhof



Compagnie d’Équipages de Casemate


Le personnel suivant a appartenu au 168° RIF sans que leur fonction ne nous soit connue :

Lt ROBITTAILLIE (Ouvrage A11 ?), - Slt SCHARFF (3° Bon)



Historique du régiment

De 1936 à 1938 :

Le 8 mars 1936, à 5h40, le régiment reçoit sa première mise en alerte, conséquence de la réoccupation de la Rhénanie par la Wehrmacht. Dès 6h, le mouvement des troupes s’amorce. La mise en place de l’échelon A1 est achevée à 8h30, tandis que l’échelon A2 est en position entre 16h et 17h45 3.
L’ensemble du régiment restera en position pendant un mois. Une partie de la CHR et le Col CAILLE, faisant office de commandant de l’infanterie du secteur fortifié, demeureront en garnison.
À partir du 7 avril, les effectifs déployés regagnent progressivement leurs casernements.

Le mois d’avril 1936 marque également la création de compagnies d’engins au sein de chaque bataillon. Chaque compagnie est composée de 2 officiers, 10 sous-officiers et 50 hommes 3.

La mise en alerte du régiment en mars 1936 met en évidence certaines insuffisances dans l’emplacement des cantonnements. Initialement retiré de la liste des camps de sûreté établis en 1930 en raison de sa proximité avec la caserne de Thionville, le site de Hettange-Grande est finalement retenu pour accueillir le 168° RIF 3.

Durant cette période, l’activité du régiment consiste à former les nouvelles recrues, à participer aux travaux de fortification des lignes de défense, à perfectionner la montée en ligne par des exercices et à prendre part aux prises d’armes dans la région.

À partir de septembre 1938, la montée des tensions politiques internationales entrainent une nouvelle mise en alerte du régiment3:

3 septembre, 21h :
Ordre de surveillance aérienne de jour et de nuit.

4 septembre :

  • Les troupes sont consignées au quartier. Prépositionnement du dispositif d’alerte et rappel des permissionnaires.

  • 11 septembre : Déclenchement de la mesure 20, arrivée des réservistes.

  • 23 septembre : Déclenchement de la mesure 21, mise en place des destructions.

  • 24 septembre : Évacuation des familles de militaires vers Thionville.


Les accords de Munich, signés le 30 septembre 1938, ramènent le régiment à son rythme de paix, tout en ayant démontré l’efficacité de sa montée en ligne.


1939 - 1940:

À la veille du début de la guerre, la mission du 168° RIF consiste à barrer la trouée ouest de la Moselle, située derrière la frontière du Luxembourg. Le régiment assure la couverture des troupes et fournit une partie du personnel des ouvrages du sous-secteur Hettange-Grande, à savoir Immerhof, Soetrich, Bois-Karré, Kobenbusch et Oberheid ainsi que des casemates de Boust et de Basse Parthe Ouest et Est


Du 21 août au 1er octobre :

L’alerte est donnée le 22 août à 5h du matin pour les bataillons du 168° RIF. Les équipages de l’échelon A, logés dans leurs cantonnements, rejoignent immédiatement les ouvrages pour compléter les fractions de garde et préparer l’armement.
Le 24 août, l’alerte est renforcée et la mise en sûreté est ordonnée. Les réservistes frontaliers intègrent leurs unités, tandis que les réservistes non frontaliers disposent de trois jours pour rejoindre leurs régiments (troupes de l'échelon B).
Les jours suivants sont consacrés à l’intégration des réservistes de l’échelon B, qui arrivent à partir du 24 août, date de l’alerte renforcée. Le 30 août, les éléments de l’échelon B2 rejoignent leurs positions.

À la date du 2 septembre 1939, le 168° RIF est totalement prêt pour la guerre. Seul l’échelon C rejoindra ses positions au cours de la première quinzaine de septembre 5.

L’ensemble des unités du régiment procède à l’organisation des positions extérieures.

Le 17 septembre 1939, un détachement est envoyé au Stromberg pour organiser une flanc-garde fixe, en appui aux opérations sur la rive droite de la Moselle. Placé sous les ordres du Cne Ranger, il comprend 3 sections de mitrailleurs, 2 sections de F.V., un groupe de mortiers et 2 canons de 25. L’encadrement du détachement est assuré par les Cne FOSSE, Lt MAILLARD, et les Slts L E RALL, PASQUIER et BACH.

STROMBERG - (PC)

Le PC du Stromberg en septembre 39



Durant les 15 jours de stationnement au Stromberg, le détachement est bombardé à plusieurs reprises. Un soldat, en liaison avec le PC, est tué. Le 1er octobre, le détachement est relevé par des éléments d’un GRD 5.
Comme de nombreuses unités de l’armée française, le Lcl FERONNI fait part du manque de ressources de son régiment, tant en matière de moyens de locomotion qu’en équipements spéciaux. Une note de septembre 1939, précisant l’organisation du service « Z » du régiment, met en évidence des déficits concernant les consommables nécessaires à la pulvérisation pour la décontamination des gaz 7.
La dotation en véhicules est insuffisante, et le régiment dépend en grande partie des chevaux.

Mutation et transfert durant cette période :

  • Les Cne JUILLAGUET, VASSEUR et BROUSE sont promus Chef de Bataillons

  • Le Lt BOURGEOIS devient Capitaine

  • Le Slt LE RALL est nommé Lieutenant

  • Les aspirants HOCHE, BLULMENROEDER, NEU et HOUIN sont nommés Sous Lieutenants.


Du 1er octobre au 31 décembre 1939 :

Le plan de renforcement du sous-secteur est mis en application. La 220° DI vient renforcer les positions tenues par le 168° RIF et se place sous le commandement du Lcl FERRONI. En novembre, elle est remplacée par la 56°DI . Le commandement du secteur est alors transféré au Lcl LAFEUILLAGE du 306° RI, tandis que le Lcl FERRONI devient son adjoint technique.

Les limites des sous-secteurs varient fréquemment, et les évolutions dans l’organisation du commandement entraînent des difficultés dans la conduite des missions quotidiennes, notamment celles liées aux travaux de construction des blockhaus.

Durant cette période, le secteur reçoit également la visite de journalistes, comme celle organisée le 7 octobre à l’ouvrage de Soetrich A11. Pour chaque visite, des consignes sont données.
L’activité des hommes se concentre sur la poursuite des travaux, le service de veille et les patrouilles en avant des ouvrages.

Les travaux réalisés portent principalement sur l’amélioration des positions et du système défensif des différentes lignes 6.

  • Renforcement des réseaux de barbelés sur la ligne principale.

  • Installation de réseaux de fils sur la ligne de soutien, d’arrêt, et entre les différents points d’appui.

  • Déploiement de rails comme dispositif anti-char et renforcement de ceux existants devant les ouvrages.

  • Construction de blockhaus pour fusils-mitrailleurs.

  • Entretien et aménagement des tranchées.


L’emploi du temps dans les ouvrages est celui exposé par le Lt POBEAU, commandant de l’ouvrage A14 OBERHEID 6 :

  • Alerte du matin : d’une durée de 30 minutes, permettant la vérification des systèmes d’alerte, la rapidité de mise en place de l’armement et la connaissance du personnel. Un exercice de tir fictif est également réalisé.

  • Travaux extérieurs : plantation de rails, aide aux unités de mitrailleurs pour la construction de blockhaus et de tranchées.

  • Instruction des cadres.

  • Exercices de tir.

  • Travaux d’entretien de l’ouvrage.


Des relèves sont organisées pour le personnel des ouvrages toutes les 7 semaines, permettant aux hommes de retrouver le cantonnement de l’arrière pendant une dizaine de jours. Des permissions seront accordées à partir de fin novembre.

À compter du 9 octobre, l’organisation des relèves est également mise en place pour les troupes de couverture. La durée de repos est fixée à 4 jours, et le tour de rotation concerne 2 sections par bataillon.

Les cantonnements sont préparés par chaque CHR et sont situés comme suit :

  • 1° bataillon : au village de Koeking

  • 2° bataillon : au village de Garche

  • 3° bataillon : au Château de Lagrange


L’emploi du temps pour ces sections en « repos » est le suivant :

  • Matin : repos

  • Après-midi :

    • Travaux de propreté et corvée de lavage

    • 2 heures d’instruction portant sur le service des armes et tirs spéciaux


L’activité militaire se concentre principalement sur des patrouilles en avant des ouvrages. Lors de ces patrouilles, le 168ᵉ RIF observe des actes de pillage, notamment constatés au village de Malling . (8). Des actions sont entreprises pour faciliter l’évacuation des meubles des habitants et la récupération des récoltes.
La mobilisation entraîne également une baisse importante de l’activité des usines métallurgiques du saillant lorrain. De nombreuses entreprises réclament la mise à disposition partielle de leurs anciens cadres.
Fin octobre, le 168° RIF accorde à certains de ses officiers et sous-officiers la possibilité de retourner ponctuellement auprès de leurs anciens employeurs 9.

L’encadrement des bataillons connait des évolutions:

  • Le Cdt VASSEUR est évacué et remplacé comme officier Z par le Lt BARRAT

  • Le Cne HE NRY de la 1° CM est évacué est remplacé par le Cne BOURGEOIS

  • Le Cne WURTZ prend le commandement de la 2° CEFV

  • Le Lt LESSIEUX prend le commandement de la 3° CEFV

  • Le Lt BENOIST est nommé officier du détail du 2° Bon en remplacement du Lt VENARD victime d’un accident de voiture.

  • Le Lt THORY est nommé officier Z du 2° Bon en remplacement du Lt DARGEGEN muté à l’EM de la 3° Armée.


1er janvier 1940 au 10 mai 1940 :

L’hiver 1939-1940 est particulièrement rude sur les positions du 168ᵉ RIF. Les conditions météorologiques rendent toutes les activités difficiles. À l'exception d'une alerte le 15 janvier, le front reste calme.
L’activité se concentre principalement sur l’amélioration des défenses. Un réseau de rails antichars à deux rangs est construit, s’étendant de Boust à Galgenberg. De nouveaux blockhaus sont érigés par les hommes du 168° RIF et les troupes du génie. Toutefois, ces ouvrages, dépourvus de bouche à air et de ventilateurs, suscitent des interrogations parmi les troupes sur la possibilité d’y tenir un long moment en cas d’attaque 5.
Les ressources en véhicules du régiment posent également des problèmes. 3/5 des véhicules sont d’anciens modèles provenant de réquisitions, mis à rude épreuve en raison des conditions climatiques. Aucun remplacement majeur n’est prévu. Depuis la mobilisation jusqu’à l’attaque allemande, le régiment ne recevra que 3 camionnettes à viande et une voiture sanitaire, une donation de la marraine du régiment, Mme Jouas5.
Outre les véhicules, il manque également, au soir du 9 mai, 6 canons de 25.

L’activité combattante se résume principalement aux actions de patrouilles. Dès 1939, l’armée française décide de créer des corps francs au niveau de ses régiments. Composés uniquement de volontaires, ces groupes, appelés « l’équipe » ou « la sizaine », sont chargés d’organiser des embuscades contre les patrouilles allemandes et de collecter des informations sur les lignes ennemies.

Le 168° RIF semble disposer, dès la fin de l’année 1939, d’un groupe de corps francs. En date du 28 avril 1940, ce groupe se compose de 3 équipes et se perfectionne au camp d’Errouville du 28 avril au 10 mai 1940. Ce groupe intègre également des éléments de la 56° DI mis à disposition du 168° RIF. Le sous-lieutenant VANTHUYNE prend le commandement de ce groupe le 1er mai 1940 10.

Durant la période de 1er mai au 14 juin, le groupe réalisera 14 patrouilles et 2 coups de main, entraînant 3 blessés au cours des affrontements avec les troupes allemandes.
En mars, le 1° Bataillon se voit doter d’un fanion, remis par Mme Bousquet-Riberpray 11


Période du 10 mai au 13 juin 1940 :

Le jeudi 9 mai au soir, le Cinéma aux Armées projette dans les cantonnements légers, proches des ouvrages, le film "2ème Bureau contre Kommandantur"12.


Période du 10 mai 1940 à juillet 1940

10 mai :
À partir de 3h du matin, des ronronnements de moteurs se font entendre dans les airs, près du bloc 3 de l'ouvrage Immerhof. À 5h45, l'alerte est donnée et l'ensemble des permissionnaires sont immédiatement rappelés.
Certaines positions sont bombardées par l'aviation allemande dès le 10 mai au matin. De 3 h 45 à 6 h 15, la vallée de l'Orne est survolée par deux groupes d'une douzaine d'avions.

Le sous-secteur d’Hettange-Grande est partagé en 3 secteurs :

  • Sous-secteur Moselle (de la Moselle au quartier Karré), commandé par le Lcl du 306° RI.

  • Sous-secteur Karré (ancien quartier Karré), commandé par le Lcl du 294° RI.

  • Sous-secteur Roussy (ancien quartier Roussy), commandé par le Lcl du 332° RI.


Les ouvrages du sous-secteur d’Hettange-Grande, ainsi que les 3 sous-secteurs, dépendent directement du Lcl FERRONI 5

La 3° DLC reçoit l'ordre de pénétrer au Luxembourg. Le mouvement débute vers 8 h, mais la progression des unités est stoppée par la présence de parachutistes allemands, positionnés sur un point stratégique de passage.

11 mai
Les troupes allemandes, ayant franchi la frontière, repoussent progressivement les troupes françaises envoyées au Luxembourg.

12 mai
Les attaques allemandes visent les avant-postes des ouvrages de la Ligne Maginot. Les ouvrages et les positions des éléments de couverture du 168° RIF sont bombardés.

13 mai
Les bombardements se poursuivent. Le Cba JUILLAGUET, du 1° bataillon, est légèrement blessé. Les éléments de couverture des avant-postes se replient. Les Allemands tentent plusieurs coups de main, mais sont stoppés par la défense française.

15 mai :
Les troupes allemandes resserrent de plus en plus l’étau autour des positions tenues par le 168° RIF, établissant le contact sur les secteurs d’Oberheid, de Schmertgesusch et de Kobenbusch. Dans la nuit du 16 au 17 mai, les unités françaises en avant-poste se replient derrière les lignes des ouvrages.

17 mai :
Ouvrage d’Oberheide : à partir de 09h40, les troupes allemandes tentent une première action après un barrage de fumigènes. Le village de Fixem est atteint, mais les canons de 75 mm d’une casemate de l’ouvrage A17 de Métrich , soutenus par les batteries d’intervalles, arrêtent l’avancée ennemie.

Pendant cette période, les ouvrages et positions tenus par le 168° RIF subissent des bombardements intenses sur l’ensemble des lignes. Les ouvrages du Kobenbusch et de Soetrich sont particulièrement ciblés par l’artillerie allemande. Le régiment compte 7 tués et une cinquantaine de blessés.

À la fin du mois de mai, la 56° DI quitte le sous-secteur d’Hettange-Grande. Le lieutenant-colonel Ferroni reprend le commandement du secteur, avec deux bataillons supplémentaires pour renforcer ses positions :

  • Un bataillon du 306° RI renforce le quartier Karre et tient le brisant B.

  • Un autre bataillon du 332° RI renforce le quartier Roussy et tient le brisant C.


Des travaux sont entrepris pour réparer les dégâts causés par les bombardements, sous l’observation attentive des troupes allemandes, parfois à seulement 1 200 mètres de distance.

20 mai :
Le brisant C est attaqué par les troupes allemandes.

5 juin :
Le 168° RIF prend en charge le point d’appui d’Usselskirch et détache une section au brisant C. De violents bombardements laissent présager une attaque générale. Les troupes allemandes effectuent plusieurs coups de main sur le brisant C, le Schmertgesbusch, Boust, et Usselskirch, mais elles sont toutes repoussées par les troupes du 168° RIF.

13 juin :
Les deux bataillons restants de la 56° DI quittent le secteur. Le 168° RIF réoccupe ses emplacements avec ses sections. Le contact avec les troupes allemandes devient de plus en plus rapproché. Le corps franc, dirigé par le sous-lieutenant VANTHUYNE à Évange pour capturer des prisonniers, ne donne aucun résultat.

Durant ces premiers combats, le régiment reçoit des renforts : 171 hommes du 21° bataillon d’instruction, 250 hommes du dépôt d’infanterie n°12 de Lamballe et 14 nouveaux aspirants.
Malgré les conditions difficiles, le moral de la troupe reste excellent.

13 juin 19 heures
Le Lcl FERRONI reçoit l’ordre de décrocher avec les trois bataillons en direction de Silvange. Seuls les équipages des ouvrages, une section de mitrailleuses et une section de fusiliers-voltigeurs par quartier resteront en position pour tenir les blockhaus à canons et les points stratégiques du terrain.
Ce repli fait suite à l’ordre général donné par le général Weygand le 12 juin, transmis via l’Instruction Personnelle et Secrète n°1444/3T.
L’ensemble de l’Armée française est désormais contraint de se replier vers le sud.

Après avoir travaillé tout l’hiver dans des conditions particulièrement difficiles, les troupes d’intervalles doivent quitter leurs positions sans pouvoir livrer combat. Pour les ouvrages de la Ligne Maginot, ce mouvement entraîne la disparition de trois quarts du dispositif défensif, laissant les troupes restantes dans l’incertitude quant à leur sort.

Aucune directive générale ni coordination claire ne semble avoir été émise par le Grand Quartier Général (GQG) concernant cette retraite. Les consignes pour les troupes d’ouvrages varient en fonction des armées et des secteurs, entraînant une certaine confusion dans l’exécution des ordres.

Les troupes d’intervalles commencent leur repli dès la soirée du 13 juin.

Avec plus de 6 000 hommes et onze ouvrages, dont sept d’artillerie, le secteur fortifié de Thionville est l’un des plus puissants de la ligne Maginot. L’organisation du sabordage des ouvrages est confiée au colonel O'SULLIVAN, qui commande l’infanterie du secteur fortifié de Thionville depuis le 2 septembre.

Les consignes d’évacuation fixent le mouvement en trois étapes :

  • Nuit du 15 au 16 juin : Départ des sections extérieures laissées par les troupes d’intervalles.

  • 17 juin à 22 h : Départ du gros de l’ouvrage, seuls les hommes nécessaires à la couverture de ce repli seront maintenus.

  • 18 juin à 22 h : Évacuation totale de l’ouvrage après destruction des armes et des munitions.


Pour les ouvrages du sous-secteur de Hettange-Grande, cela signifie que le 16 juin, les ouvrages seront amputés de près de 40 % de leurs effectifs
Un contre-ordre indique que les derniers éléments présents dans les ouvrages ne les évacueront pas et resteront sur place avec pour mission de tenir jusqu’au bout.

Le secteur, durant la période du 13 juin au 23 juin, est marqué par un bombardement de harcèlement sur les ouvrages et par des activités de patrouilles ou de reconnaissance allemandes tentant de contourner ces derniers.
Les Allemands laissent des traces durant leurs patrouilles, rappelant le tracé de Fremont. Cependant, le moral reste fort au sein des équipages d’ouvrages, et l’activité reste efficiente pour contrer les tentatives allemandes

Le 21 juin, les troupes allemandes de la 183° Division d'Infanterie (183°ID) se trouvent au camp de Cattenom. Les ouvrages de la ligne Maginot sont encerclés. Au soir du 23 juin, près de 2 850 hommes résistent encore dans le secteur fortifié de Thionville.

La journée du 24 juin est marquée par le message transmis par le colonel Sullivan aux commandants des ouvrages, indiquant la possibilité d’un armistice. Ce message est envoyé depuis l’ouvrage de Metrich, ou il s’était replié dès le 13 juin au soir.
Cette annonce ne suscite guère d’enthousiasme dans les ouvrages, en particulier en raison des consignes qui interdisent toute destruction. À 23h le 24 juin, l’ordre de cessez-le-feu est transmis aux commandants des ouvrages, avec la directive d'envoyer tous les parlementaires à l'ouvrage A17 et de ne procéder à aucune destruction des équipements et armes de l’ouvrage.

Le sort des équipages demeure flou pour les troupes. Dans son message du 24 juin au matin, le colonel O’SULLIVAN avait évoqué la possibilité d’un rapatriement par voie ferrée, mais son dernier message ne fournit aucune précision à ce sujet.
Dès le 25 juin, les Allemands tentent de prendre contact avec certains ouvrages, ce qui génère des tensions et met en évidence la nécessité de définir rapidement les modalités de la reddition des ouvrages. Le 26 juin, à 17h45, le colonel O’SULLIVAN informe les ouvrages que le Cdt CHARNAL a été désigné pour gérer cette situation.

Conformément aux accords de reddition signés entre le Cdt CHARNAL et le général von DIPPOLD, les ouvrages seront officiellement remis aux autorités allemandes entre le 28 et le 1er juillet. Les hommes se dirigent alors vers le camp de Cattenom, où ils se constituent prisonniers officiellement le soir du 1er juillet 1940.

Le 2 juillet, les hommes du 168° RIF quittent le camp de Cattenom en direction de la gare de Beauregard, près de Thionville, pour embarquer dans un train à destination de Metz.
Le 3 juillet, les officiers sont séparés de leurs hommes et installés au petit séminaire, où ils resteront jusqu’au 29 juillet. Ils seront ensuite transférés au camp de prisonniers de Sarrebourg, où ils stationneront du 29 au 30 juillet, avant d’être envoyés en Allemagne 12.

Le retrait des troupes d’intervalle du 168°RIF :

Les troupes d’intervalles du 168° RIF doivent quitter leurs positions avant minuit le 14 juin. Cependant, le mouvement se révèle difficile en raison du manque de véhicules et du contact rapproché entre les éléments positionnés sur le brisant et les troupes allemandes. Un retard intervient, et ce n’est qu’entre 3 et 4 heures du matin que les dernières troupes de couverture peuvent se replier.
Le Lcl FERRONI a pu visiter les ouvrages de Kobenbusch et de Soetrich avant son départ.

La première étape du mouvement fixe Brouvaux, Pierrevillers, Remelange et Silvange comme destinations, représentant une marche de 30 à 35 km pour des troupes non préparées à une telle distance sous une chaleur importante. À midi, le 14 juin, les troupes arrivent épuisées à leurs cantonnements. Le mouvement des troupes laisse une impression pénible aux villageois qui voient passer les bataillons, comme le souligne le commandant JUILLAGUET du I/168°RIF.

La 1° CM restera en coupure sur l’Arne et ne rejoindra son cantonnement qu’à 17h.
À 19h, l’État-Major transmet de nouveaux ordres de repli aux trois bataillons, et le Lcl FERRONI donne l'ordre de se replier à 21h en direction de Metz et Pont-à-Mousson. Cependant, à 20h30, un contre-ordre arrive, ordonnant au 168° RIF de se diriger vers la gare de marchandises de Metz pour y embarquer le 15 juin à 1 heure du matin.
Le respect de l'horaire semble difficile pour le Lcl FERRONI en raison de la distance à couvrir. Un troisième contre-ordre est alors transmis au 168° RIF en cours de mouvement. La destination n'est plus la gare de marchandises, mais celle des voyageurs. De plus, le I/168°RIF restera à la disposition du secteur et devra rejoindre son cantonnement, situé à 32 km de distance.


Le repli des II/168°RIF et III/168°RIF du 14 juin au 25 juin :

Le Lcl FERRONI arrive à 2h en gare de Metz, mais ne retrouve aucun officier de l’État-Major ni commissaire de gare. Un employé des chemins de fer lui indique l’emplacement de son train, qui ne comporte que des wagons couverts. Il devient alors évident qu'il sera impossible d'y embarquer les chenillettes et les canons de 25.

Les premières troupes du III/168°RIF arrivent à 3h, et les autres unités suivent progressivement durant les heures qui suivent. L'ensemble des mitrailleuses arrivées avec les troupes est chargé dans les wagons, avec leurs munitions. Chaque wagon embarque entre 50 et 60 hommes. Le train du 168° RIF s’ébranle finalement le 16 juin à 8h, sans connaître son point de destination, ni recevoir d'ordres clairs de l’État-Major.
Certaines unités, comme la 2° CEFV, manqueront le départ et tenteront de rejoindre le régiment par la route. Le lieutenant VELAIN prend le commandement du détachement motorisé du 168°RIF.

À 12h, le Lcl FERRONI arrive en gare de Nancy. Il tente de prendre contact avec une autorité militaire pour organiser le ravitaillement des troupes, mais sans succès. Beaucoup d’hommes et d’officiers sont partis le 14 juin sans leurs sacs et n’ont donc aucun ravitaillement.
Passé la gare de Jarville, le Lcl FERRONI apprend qu’un train de ravitaillement est disponible à Blanville. Le commissaire de la gare de Blanville demande au 168° RIF de garder le train, en raison des pillages déjà commis par les réfugiés et les troupes en retraite. Le lieutenant BOULART et trois hommes partent en direction de Blanville.
Le train n’arrivera à Blanville qu’à 6h le 17 juin. Ayant appris que l’État-Major du secteur fortifié de Thionville s’est replié sur Nancy, le lieutenant SULLY est envoyé à moto pour rendre compte de la situation du 168° RIF et demander des instructions. Arrivé à Nancy, l’État-Major du secteur fortifié lui indique que, le 168° RIF ayant quitté son unité organique, il ne peut lui donner aucune instruction.
Cependant, juste avant le départ du train à 12h, le Lcl FERRONI reçoit des consignes de l’État-Major de l’armée, plaçant son régiment à la disposition de la 8° Armée et lui ordonnant de se rendre à Rupt-sur-Moselle.
Les journées du 17 et du 18 juin se passent sur les voies. À 13h30, le train se trouve à 7 km d’Épinal. Un officier de l’État-Major vient chercher le Lcl FERRONI pour l’amener auprès du général commandant la place d’Épinal. Ce dernier lui annonce que le 168° RIF est chargé de la défense d’Épinal. Cependant, une confusion concernant les rames de train mène finalement le 164° RIF à débarquer à la place du 168° RIF.

Finalement, le 168° RIF reprend sa route en direction de Rupt-sur-Moselle, où il arrive le 18 juin à 19h45. Pendant ce temps, les Allemands ont atteint Luxeuil, Bains-les-Bains et Plombières.

Les troupes du 168° RIF sont déployées comme suit :

  • III/168°RIF :

    • L’ICM du 3°bataillons et 5 canons de 25 sont poussés au col des Fourches

    • Le reste du 3° bataillon reste à Rupt.


  • II/168°RIF
    Le PC du 2° Bataillon est positionné à Vecoux

    • 5°CM PC et PA à Dammartin les Remiremont

    • ISM à la Poriie

    • 6° CM et 3 sections à Maxonchamps et 1 section à Le Château

    • 7° CM PC et PA à Vecoux


19 juin :
Le PC du régiment est établi à Rupt-sur-Moselle. La colonne motorisée du 168° RIF rejoint le reste du régiment le 19 juin. Malheureusement, au cours de son déplacement, le lieutenant VELAINE, qui la commande, ordonne la destruction de l’ensemble du matériel de transmission du régiment (TSF et téléphone). Ce manque de ressources entrave considérablement le déploiement des différentes unités.
La journée du 19 juin reste calme et permet aux unités de rassembler le ravitaillement en munitions pour les mitrailleuses.
Le Lcl FERRONI prend contact avec le Col DULUC et se rend au col des Fourches afin d’observer l’organisation de la défense du III/168° RIF.

20 juin :
La nuit fut calme. De nouvelles instructions parviennent au poste de commandement (PC), qui est transféré à Saint-Amé. Le plan de défense du 168° RIF est modifié :

  • 3° bataillon : positionné au col des Fourches

  • 6° compagnie de mitrailleuses (CM) du II/168ᵉ RIF : point d’appui (PA) et PC à Maxonchamps, section de mitrailleuses (SM) à Vecoux

  • 5° CM du II/168ᵉ RIF : PA et PC à Dammartin, SM à Vecoux

  • 7° CM : PC et une SM, un SFV à Saint-Amé, un SEM à Selles, un SM à Gérardmer


Le Lcl FERRONI se voit confier le commandement d’unités étrangères au régiment :

  • PA de Vecoux : éléments du 20° dépôt de cavalerie – Lcl HIRSCH

  • PA de Saint-Amé : éléments du 20° dépôt de cavalerie – Lcl HAUSEN, accompagnés de deux chars FT


Trois pièces antichars sont positionnées face à Remiremont pour barrer la vallée de la Moselotte.
Dans la matinée, les troupes allemandes amorcent leur poussée. Remiremont est occupée, et Maxonchamps ainsi que Vecoux sont bombardés. L’intensité du bombardement augmente dans l’après-midi, rendant les liaisons avec les différentes unités du 168° RIF difficiles et entraînant de nombreuses pertes.
Pendant ce temps, le III/168° RIF, stationné au col des Fourches, subit une attaque violente des Allemands.
Le point d'appui de Maxonchamps tombe en début de soirée, entre 19 h et 20 h.
À 22 h, l’ordre est donné de replier le PC du 168° RIF au Tholy. La défense sera assurée par deux sections du 326° RI et par la 7ᵉ compagnie de mitrailleuses (CM) du II/168° RIF, remise à disposition du régiment. Le point d'appui de Saint-Amé est laissé sous le commandement du Lcl HAUSSEN.
À 23 h, en l’absence de liaison, le Lt SULLY est envoyé à Vecoux. Il rapporte que, malgré les violentes attaques et la blessure du Cne FOSSE les troupes tiennent toujours leurs positions.

21 juin :
Les combats se poursuivent sur les autres points d’appui — La Porie, Vecoux et Dammartin — tout au long de la nuit, mais cessent au matin du 21 juin.

La poussée allemande s’intensifie sur l’ISM de la 7° CM à Selles, puis à Saint-Amé. Selles tombe dans la matinée, suivi de Saint-Amé entre 14 h et 15 h. Les deux chars embourbés sont incendiés, et l’un des chefs de char périt carbonisé.

En début d’après-midi, l’avant-garde allemande atteint la lisière du Tholy. Les éléments du 168° RIF stationnés sur place ouvrent le feu, et le village est bombardé. Le canon de 25 mm, positionné derrière la barricade de la route Saint-Amé – Gérardmer, est réduit au silence après avoir tiré plusieurs obus.
À 17 h 30, Tholy-Bas est atteint par les troupes allemandes. À 19 h 30, Tholy-Haut est occupé par les blindés ennemis. Le PC du 168° RIF se replie alors dans les bois.

Du 22 au 26 juin, les éléments du 168° RIF ayant réussi à se replier tentent de gagner la Suisse, sans succès en raison de la présence des troupes allemandes.
Ayant appris l’entrée en vigueur de l’armistice le 25 juin, le Lcl FERRONI décide de se présenter aux troupes allemandes le 27 juin à 12 h pour déposer les armes.

L’ensemble des prisonniers sont regroupés au Thillot pour ensuite prendre la direction de Belfort 15.
Certains éléments du 168° RIF parviennent néanmoins à rejoindre la zone non occupée par les troupes allemandes.

Le repli du I/168° RIF Bataillon du 14 juin au 22 juin

Positionné au sud de Thionville le 14 juin, le bataillon reçoit l’ordre de se mettre à disposition du secteur et de se rendre à Moulins-lès-Metz. La marche s’effectue de nuit, éclairée par la lueur des incendies du dépôt d’essence de Woippy.

15 juin :
Le 15 juin à 09h, le bataillon arrive sur sa position et se place en état d'alerte :

  • EM et CHR à Moulins-lès-Metz

  • 1° CM à Maisons-Neuves

  • 2° CM à Lessy

  • La 1° CEFV forme un bouchon antichars à Moulins-lès-Metz et à Lessy.


La 2° CEFV, qui n’a pas pu embarquer avec les éléments des 2° et 3° bataillons, est mise à disposition du 1er bataillon et vient cantonner à Ars-sur-Moselle.

Le bataillon est rattaché à la Division d’Infanterie de Marche POISOT. L’encadrement et la composition du bataillon à cette date sont les suivants :

  • Etat-Major du Bataillon :

    • Commandant du Bataillon : Cba JUILLAGUET

    • Adjoint Major : Cne RANGER

    • Officier de renseignement : Slt Louis

    • Officier de Transmission : Slt SCHNEIDER

    • Officier de détails : Lt PERNOD

    • Officier d’approvisionnement : Lt AUCOUTURIER

    • Médecin du Bataillon : Médecin Lt DAUCHY

    • CHR : Lt ANCELIN


  • 1° CM : Lt GRAND

    • 1° Section Mitrailleurs : Adjc HECQUET

    • 2° Section Mitrailleurs :Slt TERSEUR

    • 3° Section Mitrailleurs :Asp SCHMIT

    • Section Fusiliers Voltigeurs : Asp DELOBEAU


  • 2° CM : Cne OBERLE

    • 2° Section Mitrailleurs : Slt ESCOFFIER

    • 3° Section Mitrailleurs :Asp LECLERC

    • Section Fusiliers Voltigeurs : Slt BLUMENROEDER


  • 1°CEFV : Cne LEFRANCOIS

    • 1° Section : Lt MARCHAND

    • 2° Section Adjc RECTENWALD

    • 1° Section Fusiliers Voltigeurs :Lt SOUBROULLARD

    • Section de Mortiers : Asp WOLF


  • 2°CEFV : Cne WURTZ

    • 1° Section Fusiliers Voltigeurs : Asp MAIRE


    • 2° SectionFusiliers Voltigeurs :Adj PERROT

    • 1° Section Slt CUVIN

    • 2° Section Asp ROBICHEZ

    • Section de Mortiers : Lt MAILLARD


À 20 h, l’ensemble du bataillon se met en mouvement vers Dieulouard, intégrant une colonne commandée par le colonel du 169° RIF. Au fil de sa progression, des éléments de diverses unités viennent renforcer la colonne.

16 juin :
Arrivé à 9 h à Dieulouard, le bataillon se positionne à la sortie sud du village. La marche a été éprouvante, et certains éléments sont restés en arrière sur la route.
À 13 h, le bataillon embarque à bord de camions en direction du sud-ouest de Nancy, tout en étant survolé par l’aviation allemande. Sur ordre de la division, les éléments restants du bataillon se positionnent en défense entre Pierre-la-Treiche et Pont-Saint-Vincent. L'étendue de la zone ne permet cependant de tenir que les points de passage et les gués de la Moselle

17 juin :
Les éléments du I/168ᵉ RIF, positionnés entre Pierre-la-Treiche et Maron, sont relevés par des unités du 42ᵉ CA. Le Gal POISOT inspecte les positions à Maron.
Le poste de commandement du bataillon s’installe à Neuves-Maisons, tandis que ses unités prennent position entre Maron et Pont-Saint-Vincent.

18 juin :
L’avance allemande se poursuit. De violents bombardements frappent Pierre-la-Treiche et la forêt de la Haye. Les Allemands ont franchi la Moselle à Fontenoy-sur-Moselle et se dirigent vers Nancy par la forêt de la Haye.
À 10 h, la ville de Nancy est prise par les Allemands, et le I/168° RIF reçoit l’ordre de franchir la Moselle et de se mettre en position de défense entre Sexey-aux-Forges et Méréville, face au nord. Les travaux de défense de ces nouvelles positions débutent. Le bataillon est divisé en deux groupements :

  • Le groupement de Saint-Vincent, sous les ordres du Cne WURTZ

  • Le groupement de Méréville, sous les ordres du Cne LEFRANCOIS


19 juin :
Le bataillon envoie une section en direction du nord-est, avec pour mission de prendre contact avec les troupes allemandes. À 10 h, la section ouvre le feu sur un convoi en provenance de Nancy. Deux automitrailleuses allemandes sont détruites. Un combat violent oppose les deux camps.
La section, commandée par le Sgt LIBESSANT de la 2° CM, est composée uniquement de volontaires. Les Allemands sont contenus jusqu’à 12 h 40, heure à laquelle la section du 2° CM est débordée, bien qu’elle parvienne à se replier.

À 12 h 41, les trois ponts de Saint-Vincent sautent. À 13 h, les Allemands se trouvent sur la rive opposée à celle tenue par les éléments du 168° RIF. Durant toute l’après-midi, le 168° RIF empêche le passage des unités allemandes.
La section du Sgt LIBESSANT rejoint le reste du régiment durant la nuit. Le Cba JUILLAGUET constate qu’après ce premier jour de combat réel pour ses troupes, le moral reste élevé et combatif.
20 juin :
Le bataillon passe sous l’autorité de la DI Besse, mais n’arrivant pas à établir le contact avec le PC de cette dernière, il se place sous les ordres de la 51° DI. La nuit est calme, mais à 09 h, un violent tir d’artillerie s’abat sur le carrefour N/S de Méréville-sur-Moselle.
L’avance allemande se poursuit malgré l’action des éléments du bataillon, qui subissent de nombreux blessés. Le groupement Lefrançois se repositionne à Blanville et travaille à ses nouvelles positions.

21 juin :
Le village de Blanville est bombardé. Les troupes allemandes complètent l’encerclement des unités françaises du secteur. La dernière route de communication entre les éléments du I/168° RIF et le reste de la division n’est plus utilisable. Un combat violent d’infanterie débute, accompagné de bombardements, entraînant de nombreux blessés au PC sanitaire du bataillon, tenu par le médecin Lt DAUCHY, qui assure le suivi de 140 blessés.
À 11 h, la pression exercée par les troupes ennemies sur les groupements Lefrançois et Wurtz se renforce. Le Cne JUILLAGUET obtient des renforts sous forme d’une compagnie du 310° RT. Malgré les pertes, les éléments du I/168ᵉ RIF résistent, et le moral de la troupe reste excellent, permettant de maintenir la position.
L’après-midi est marqué par de nouvelles tentatives de débordement de la part des troupes allemandes. En fin de journée, le PC du bataillon se replie sur ordre de la division au fort de Pont-Saint-Vincent.

Dans la soirée, après 20 h, le capitaine Juillaguet et une partie du PC du bataillon sont capturés par les Allemands après avoir tenté une action sur le fort.

22 juin :
La convention d’armistice est signée à 1 h. À cette heure, la 2° CM, la 2° CEFV et la CHR résistent toujours sur leurs positions.




Notes :

1) Historique du 168°RI Librairie CHAPELOT Paris
2) Journal de Marche du 168°RI de 1919 à 1934 SHD 34 N 159
3) Journal de Marche du 168°RI janvier 1935 à juillet 1939 SHD 34 N 159
4) Encadrement du 168°RIF au 25 septembre 1939 SHD 35 N 159
5) Rapport d’activités du Lcl FERRONI SHD 34 N 159
6) Rapport d’activités du Lt POBEAU
7) Lcl FERRONI, note du 13/09/1939 sur l’organisation du service Z SHD 34 N 159
8) Lcl FERRONI, courrier au Col O’SULLIVAN du 12 octobre 1939 SHD 34 N 159
9) Lcl FERRONI, note de service du 23 octobre 1939 SHD 34 N 159
10) Rapport d’activité de l’Asp. VANTHUYNE du 11 septembre 1945 SH 34 N 159
11) Lettre Gal CONDE à Cdt le C.A.C du 24 mars 1940 SHD 34 N 159
12) Témoignage Roland MERLEN, La reddition Départ en captivité Wikimaginot
13) Rapport d’activités du Lt Roger DECOU II/168°RIF 7°CM 10 août 1940 SHD 34N159
14) Rapport du Cdt CHARNAL du 18 mars 1942 - SHD 34N159
15) Rapport du Lt LESSIEUX du 20 février 1941 – SHD 34N159







Rédaction

Pascal Lambert - Emmanuel Horny






Sources :

Faites sauter la Ligne Maginot, Roger BRUGE, Edition Fayard
On a livré la Ligne Maginot, Roger BRUGE, Edition Fayard
Les combats du 18 juin, Roger BRUGE, Edition Fayard
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot T1 - JY Mary, A Hohnadel, J Sicard
SHD 34 N 159; 33N1 - Liste des officiers ayant servi dans les SF de la Ligne Maginot




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