Contrairement aux ouvrages de la CORF, dans la fortification de campagne renforcée, seules les casemates STG devaient être équipées de façon à neutraliser mecaniquement les gaz de combats.
Dans les autres constructions, la protection contre les gaz ne devait être assurée que par les masques individuels.
Pour les constructions dotées de moyens mécaniques de ventilation, les ventilateurs ne devaient permettre que le renouvellement d’air que pour les moments où les armes faisaient feu .
Pour les constructions dépourvues de ventilateur mécanique, le renouvellement était obtenu par ventilation naturelle.
Ces deux principes sont exposés ci-après.
Les concepteurs devaient placer l’embrasure et l’entrée de manière à permettre l’aération naturelle, particulièrement en période de tir. A cet effet les portes des blockhaus disposent fréquemment d’ouvertures équipées d’un volet pour permettre ou non à l’air de circuler naturellement entre l’entrée et l’embrasure.
Ne disposant pas d’éléments d’archives traitant de ce sujet, je ne passerai que très rapidement ce procédé au moyen de quelques photos.
Plusieurs modèles de portes comportent des ouvertures permettant la ventilation. Sur la photo ci dessous, l’ouverture est légèrement en dessous du linteau de la porte et se compose de perforations verrouillées par une « guillotine » (Abri de Reimerswiller, SF Haguenau).
Contrairement à la CORF, dans la fortification de campagne renforcée, seules les casemates STG devaient être équipées de façon à neutraliser les gaz de combats. Dans les autres constructions, la protection contre les gaz ne devait être assurée que par les masques individuels. Les ventilateurs ne devaient permettre que le renouvellement d’air, au moment où les armes faisaient feu.
Les éléments en ma disposition permettent de supposer que la ventilation avait été particulièrement délaissée jusqu’au début de l’année 1939, voire jusqu’au début de la guerre. Tous les documents consultés à ce jours sont postérieurs à la déclaration de guerre, et les notices et plans ne sont diffusés qu’au printemps 1940
Dans son ouvrage, « la ligne Maginot aquatique », Paul MARQUE va dans le même sens et ne mentionne que « tout au plus des ventilateurs à main » (sans mention de date), des expérimentations de ventilation dans des casemates de 75 en 1936-37 et « là ou le matériel faisait défaut, on conseillait de laisser ouverte la porte du blockhaus pour créer un courant d’air qui assurait la ventilation ».
Pour exemple, dans une notice descriptive d’un abri bétonné pour canon antichar de 47mm de Marine, datée de 1936, « il n’est pas prévu de système de ventilation artificielle. L’évacuation des fumées et le renouvellement de l’air dans la chambre de tir sont à rechercher en réalisant une circulation naturelle de l’air. A cet effet, la fermeture de l’abri est assurée par une porte blindée dont la partie supérieure est remplacée par une grille sur une hauteur de 30 cm. »
Une note de la STG datée du 6 octobre 1939 précise d’ailleurs que « les blockhaus STG construits en 1937 et 1938 ne pourront en général recevoir aucun dispositif de ventilation, leurs dimensions étant trop exiguës et leurs embrasures n’étant pas obturées ». Le Général de Corps d’Armée Philippe, inspecteur général du Génie, ordonne néanmoins que « les divers blockhaus construits ou à construire sur la 1ère position recevront des ventilateurs… ». Le document ne semble pas totalement exhaustif et certains ventilateurs retrouvés, ou épaves de ventilateurs, ne semblent pas correspondre à ceux présentés dans les notices retrouvées.
L’on peut retenir qu’il existait trois familles de ventilateurs :
- Ventilateurs destinés au renouvellement d’air a petit débit (500 m3/h) réservés aux petites constructions: ventilateurs type LP17 ou ventilateur type V22
- Ventilateurs destinés au renouvellement d’air à grand débit supérieur ou égal à 1000 m3/h: ventilateur type T , ventilateur type A30M et sa variante.
- Ventilateurs avec filtres à gaz: ventilateur type T.
Un ventilateur est un appareil qui est destiné à permettre le renouvellement de l'air. Il se compose généralement d’un équipement de propulsion (moteur électrique, manivelle), d’un ventilateur centrifuge et d’un mécanisme de transmission direct pour un entraînement électrique, ou avec démultiplication pour l’entraînement manuel. En effet, dans le cas d’un entraînement manuel, la vitesse de rotation donnée par la manoeuvre à main doit être augmentée pour que la turbine atteigne sa vitesse de fonctionnement et ait le rendement nécessaire.
Pour les petites constructions, seul le ventilateur et son diffuseur étaient livrés « prêt à monter » (le matériel était certainement stocké dans les dépôts du génie et distribué par le service électromécanique du Génie). Les gaines de prises d’air devaient être livrées brutes, l’ajustage des raccords et des coudes étant à la charge des organes locaux en fonction de l’emplacement et de l’architecture de la construction.
A noter au passage que les gaines de prise d’air avaient une épaisseur de 3mm pour augmenter leurs résistance aux effets de souffle, soit une épaisseur double de celle des conduites de distribution.
Toujours dans les petites constructions, il n’était que très rarement prévu de mettre en place des gaines de distribution car les dimensions relativement réduites des constructions MOM permettaient à l’air de se répartir naturellement en se dirigeant vers les ouvertures d’évacuation (créneaux, cloches, etc.).
Le diffuseur se trouvait donc directement sur le ventilateur.
Ces constructions ne pouvaient pas être mises en surpression, les créneaux n’étant pas étanches.