Dans le Nord-Est, du fait de l'étendue importante des ouvrages non contrainte par la géographie, les plans inclinés présentent une pente moyenne de 25 ou 28 % permettant la descente directe des plateformes pour voie de 60 type 1888 ou de wagons type Nord-Est ou Sud-Est sans risquer de voir le chargement basculer ni nécessiter d'arrimage spécifique, sauf le cas particulier de l'ouvrage du Four à Chaux.
Cinq ouvrages ont été dotés d'un plan incliné avec une pente faible reliant leur entrée munitions ou entrée mixte aux parties souterraines, le Four à Chaux étant lui doté d'un plan incliné ascendant tel que ceux utilisés dans le Sud-Est.
Trois modèles de systèmes de treuils ont été retenus pour les entrées munitions ou mixtes des ouvrages, dépendant du tonnage à approvisionner et de l’électrification ou non de la voie de 60 dans l’ouvrage.
Six ouvrages ont vu leurs plans inclinés équipés de ces treuils , ils sont passés en revue ci-après.
Dans tous les cas, un système de sécurité permettait de bloquer le ou les wagons descendant en cas de problème de survitesse (rupture de câble, décrochage….
Lorsque le système ne montait qu'un wagon avec un chariot porteur, c'est ce dernier qui était équipé de ce système.
Lorsque c'était un système de treuil qui permettait la montée ou la descente de rames de wagons, ce sont ces dernières qui comportaient en partie basse un wagon parachute assurant cet office.
Le plan incliné équipé d'un treuil grand modèle est celui correspondant aux gros ouvrages d’artillerie supposant un tonnage journalier d’approvisionnement important, dotés de voie de 60 électrifiée pour la desserte intérieure et ravitaillés par le réseau extérieur de voie de 60. Ce plan incliné est présent dans les ouvrages de Rochonvillers, de Molvange et d’Anzeling.
L'équipement de ces ouvrages a fait l'objet d'un marché passé en juillet 32 à la société Crozet-Fourneyron et Cie et d'une régularisation de travaux datée de juillet 36 (SHD 3V483, 3V564).
Le plan incliné lui-même présente une pente de 28% et est équipé d’une voie de 60 et de rails spécifiques pour le wagon parachute à l’extérieur de cette dernière. En partie centrale de la voie de 60, des rouleaux permettent de guider le câble de treuillage pour éviter que celui ci ne frotte au sol.
Les plans inclinés grand modèle fabriqués par de marque Crozet-Fourneyron étaient équipés d'un treuil principal permettant la montée et la descente des rames et d'un système de manoeuvre auxiliaire permettant la manoeuvre de ces dernières au niveau de la gare de l'entrée munitions et permettant de les engager sur le plan incliné.
Ce plan incliné est équipé d’un système de treuil à grande puissance capable de hisser 13,5 tonnes et de descendre 37,5 tonnes. Ces tonnages représentent en descente 3 plateformes d’artillerie Mle 88 chargés ou de 6 wagons type Nord-Est chargés et en montée de trois plateformes mle 88 vides ou de 2 plateformes mle 88 charges de douilles vides ou d'une plateforme mle 88 pleine ou de 6 wagonnets type Nord-Est chargés ou d'un locotracteur electrique, compositions auxquelles il convient de rajouter le wagon parachute.
Il était prévu en 1939 de modifier ce type de treuil afin de lui permettre de remonter une rame composée de deux plateformes mle 88 pleines et d’augmenter sa sécurité de fonctionnement.
Le treuil permet la descente et la remontée des locotracteurs électriques utilisés dans l’ouvrage, il est équipé d’un moteur électrique de 15 CV et d’un système de frein à palette.
Lors de la montée, le moteur électrique se charge de fournir l’énergie nécessaire, un contrepoids vertical glissant dans un puit spécifique permet d'équilibrer les charges.
Pendant la descente, le treuil se dévide du fait du poids de la rame. Le moteur électrique est entrainé et si sa vitesse dépasse sa vitesse initiale (600t/mn), le moteur est débrayé et le frein à ailettes limite alors la vitesse de descente à 0,80 m/s.
Le treuil est commandé à partir d'un tableau de commande et de signalisation situé dans l'entrée. Il est doté d'un automatisme permettant son arrêt automatique une fois la position haute ou basse atteinte. La position de la rame est détectée grâce à une vis sans fin entraînée par le treuil. Cette vis entraine une came qui actionne des fins de course permettant de marquer les positions hautes et basses de la rame et d'entrainer l'arrêt du moteur. Cette même came actionnait un système de sécurité constitué par un sabot mobile situé au milieu de la voie de 60 en haut du plan incliné qui une fois levé interdisait le passage d'un wagon.
Le poids d'une rame chargée interdisait sa manoeuvre à la main et ni les locotracteurs électriques ni les locotracteurs extérieurs ne pouvant circuler dans l'étage supérieur de l'entrée munitions, il a été nécessaire de faire appel à un système de manoeuvre auxiliaire afin de pouvoir déplacer la rame constituée dans l’entrée et de l'envoyer vers le plan incliné.
Il a été fait appel soit à un système de cabestan motorisé électrique ou de treuil électrique.
Le câble auxiliaire étant renvoyé par le cabestan fou situé au niveau du haut du plan incliné et accroché en tête de la rame au même endroit que le câble du treuil principal. En ré-enroulant son câble, le système auxiliaire tirait la rame vers le haut du plan incliné. Une fois cette dernière engagée dans la descente, le câble auxiliaire était décroché et le treuil principal assurait la descente de l'ensemble (supposition de fonctionnement).
La photo ci-dessous est celle de l’ouvrage d’Anzeling qui était équipé d’un système de cabestan (moteur et renvois) dans l'entrée munitions pour permettre la manœuvre des wagons et acheminer la rame constituée vers le haut du plan incliné.
Dans les ouvrages de Molvange et de Rochonvillers, la manoeuvre était assurée par un treuil auxiliaire et un cabestan de renvoi. Le principe de fonctionnement était similaire à celui du cabestan motorisé, ce dernier étant avantageusement remplacé par un treuil électrique offrant une sureté de fonctionnement meilleure.
Le câble de ce treuil était renvoyé par un cabestan fou placé en haut du plan incliné et permettait de ramener la rame constituée dans l'entrée munitions vers le haut du plan incliné et d'engager cette dernière dans la descente. Pendant cette opération, les deux treuils fonctionnaient de concert, le treuil principal se dévidant alors que le treuil auxiliaire se ré-enroulait.
Une fois la rame engagée en haut de la descente, le câble du treuil auxiliaire était décroché de la rame et le treuil principal prenait le relais
Aucun système de sécurité n'ayant été prévu lors de la conception initiale, un marché supplémentaire a été passé en décembre 1938 auprès de la Sté Crozet-Fourneyron pour la fourniture de wagons parachute.
Ces wagons parachute placés en partie basse de la rame de wagon permettaient le blocage de la rame par serrage de mors sur des rails spécifiques placés à l'intérieur de la voie de 600 en cas de survitesse.
Le plan incliné petit modèle est celui correspondant aux ouvrages d’artillerie supposant un tonnage journalier d’approvisionnement moyen ravitaillés par camions.
Il présente une pente de 25% et est équipé d’une voie de 60. En partie centrale de la voie de 60, des poulies de renvoi permettent de guider le câble de treuillage et d’éviter que celui ci ne frotte au sol.
Selon que l’ouvrage est doté ou non de voie de 60 électrifiée pour la desserte intérieure, deux modèles de treuils de marque Hillairet-Huguet de capacité différente ont été utilisés dans le Nord-Est. La différence de capacité s’explique par la nécessité de pouvoir remonter les locotracteurs dans le cas de la voie électrifiée ainsi que par l’utilisation de wagon de type Nord-Est dans les ouvrages à voie électrifiée plus lourds que les wagons du type Sud-Est dont l’utilisation était prévue dans les ouvrages à voie non électrifiée.
Ces deux treuils étaient prévus pour une vitesse de descente à pleine charge d'environ 0,3 m/s, le freinage étant assuré par le moteur asynchrone débitant sur des résistances électriques.
En cas de panne électrique, le treuil pouvait être actionné à la manivelle et permettait la descente d'un wagon plein, du type NE ou SE et la remontée du même wagon vide selon le modèle de plan incliné.
Le plan incliné est composé d’une voie de 60 cm sur une rampe de 25% et du treuil de tirage mono câble.
Le treuil de marque Hillairet - Huguet permet de remonter des rames pesant au maximum 6 tonnes, ce qui correspond à une rame de 3 wagonnets de type nord-est et du wagonnet parachute ou d’un locotracteur électrique Vetra ou SW.
Ce type de treuil n’a été installé que dans l’ouvrage d’artillerie du Billig
Le plan incliné est composé d’une voie de 60 cm sur une rampe de 25% et du treuil de tirage mono câble.
Le treuil de marque Hillairet - Huguet permet de remonter des rames pesant au maximum 3 tonnes, ce qui correspond à une rame de 3 wagonnets de type sud-est et du wagonnet parachute.
Ce type de treuil n’a été installé que dans l’ouvrage d’artillerie du Mont des Welches.
L’entrée de l’ouvrage du Four à Chaux est la seule dans le Nord-Est à être dotée d’un plan incliné ascendant, les blocs étant plus hauts que l’entrée. La pente est supérieure à 28% et le système de monte-wagonnets est similaire à ceux utilisés dans le Sud-Est avec le recours à un chariot spécifique ne permettant le transport que d’un seul wagon type Sud-Est à la fois.
Il est composé d’une voie de 60 avec des rouleaux en partie centrale pour éviter que le câble ne frotte au sol et d’une voie parallèle de faible écartement (+- 30 cm) destinée au contrepoids. Il est dépourvu de wagon parachute, cette fonction étant assurée par le chariot porteur.
Dans le Sud-Est l’usage du plan incliné n’est pas limité aux entrées et il s’applique aussi aux blocs de combats. Les ouvrages étant beaucoup plus ramassés que dans le Nord-Est du fait du relief du terrain en montagne, leurs plans inclinés ont une pente beaucoup plus importante (50-70%). Cette forte pente interdisant la circulation directe des wagons sur le plan incliné implique de recourir à un système de monte-wagonnets composé d'un treuil electro-mécanique et d'un chariot spécial de transport permettant de maintenir le chargement à l’horizontale.
Ce chariot ne prenant en charge qu'un seul wagonnet type sud-est à la fois, le tonnage journalier transporté se trouve considérablement diminué par rapport à celui permis par les plans inclinés utilisés dans le Nord-Est.
Six ouvrages ont été équipés de plans inclinés et quatre modèles différents de monte-wagonnets ont été utilisés. Il ne semble pas que des types standardisés aient été prévus mais que plutôt que chaque chefferie ait passé ses propres marchés pour l’équipement des plans inclinés de son secteur. Les fournisseurs connus pour ces équipements sont Applevage , Baudet-Donon-Roussel (BDR) , Coupé-Hugo , Simplex et la Société de Constructions de Voies Aériennes .
L’ouvrage de Saint-Gobain est doté d’un plan incliné descendant permettant l’approvisionnement du bloc 4. Sa pente est de 50% ou 45° selon les sources.
L’ouvrage du Lavoir est équipé d’un plan incliné ascendant entre l’entrée munitions en bord de route et les parties souterraines situées de l'ouvrage situées 97 mètres plus haut. Le plan incliné présente une pente de 61% et une longueur de 185 mètres.
Trois plans inclinés ascendants ont été construits dans l’ouvrage reliant les blocs d’artillerie 3 et 4 et les blocs d'infanterie 1 et 2 aux parties souterraines de l'ouvrage. Les deux plans inclinés des blocs 3 et 4 ont été équipés de monte-wagonnets fournis par la société Voies Aériennes, le troisième plan incliné de l'ouvrage desservant les blocs d’infanterie 1 et 2 n’a pas été équipé et est resté au niveau du génie civil du fait d'une commande passée trop tardivement.
Le treuil est un treuil mono-câble.
Le marché a été passé avec la société Voies Aériennes le 14 juin 1937 pour les deux premiers monte-wagonnets et un avenant signé pour le troisième destiné à l'équipement des blocs 1 et 2 en juillet 1939.
Les ouvrages de Roche-la-Croix et de Saint-Ours Haut sont chacun équipés d’un plan incliné descendant entre son entrée et ses parties souterraines. Ces deux plans inclinés sont équipés du même système de monte-wagonnets, seule la pente diffère avec 51% (ou 60% selon les sources) pour Roche-la-Croix et 70% pour Saint Ours Haut.
Le système est composé d’un treuil mono-câble et d'un chariot de transport pour un wagon. Le moteur électrique du treuil est d'une puissance de 2 CV et le freinage semble assuré par le bouclage de ce moteur sur des résistances électriques. Le chariot est muni d’un système de parachute permettant son freinage et son arrêt par serrage sur un rail central en cas de survitesse. La charge utile du système serait de 250 Kg (?)
L’ouvrage de Saint-Roch est doté d’un plan incliné ascendant permettant l’approvisionnement du bloc 4. Sa pente est de 45° ou de 50% (26°) selon les sources.
Ce plan incliné est équipé d'un monte wagonnet de marque Applevage constitué d’un treuil d'une puissance de 2.6KW tirant un chariot de transport pour un wagon. Ce chariot est muni d’un système de parachute permettant son freinage et son arrêt par serrage sur un rail central en cas de survitesse.
Le treuillage est assuré par un câble unique et un contrepoids circulant sous la voie permet d’équilibrer les charges.
- wikimaginot
- JM Jolas - tableau de synthèse des marchés
- SHD, 3V 483,556,564,571,582
- Notices générales relatives au fonctionnement et à l’entretien des installations des ouvrages de régions fortifiées (STG 1939)
- La muraille de France - Ph Truttmann
- Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot, tomme 5 - JY Mary, A Hohnadel et J Sicard
Recherche docs, infos et photos sur les plans inclinés.
15 messages, le dernier est de Pascal le 05/09/2019