Édouard Louis Frédéric Japy est né le 22 mai 1749 à Beaucourt (Doubs) et décédé le 4 janvier 1812 peu après le décès de son épouse.
Issu d'une famille d'horlogers, il sera formé en France et en Suisse et entrera comme ouvrier en 1770 chez Jean-Jacques Jeanneret-Gris, horloger et créateur de machines-outils.
Il monte en 1771 un atelier d'horlogerie à Beaucourt qu'il déménage ensuite après son mariage à Grange-la-Dame chez son beau-père avec lequel il est associé.
En 1777, il se met à son compte et construit un nouveau bâtiment à Beaucourt, la fabrique d'ébauches de montres qui sera appelée la Pendulerie.
Il se lance dans la production horlogère industrielle après le rachat des machines-outil de son ancien patron Jeanneret-Gris qui n'avait pa su les imposer à ses ouvriers réticents à la mécanisation.
Cette usine sera agrandie vers 1892
Les établissements Japy connaitront une forte croissance du fait de l'industrialisation de sa production, la plupart des entreprises concurrentes en étant restées au travail manuel.
Frédéric Japy se retire des affaires en 1806 et passe la main à ses cinq fils, dont Jean-Pierre, Fritz et Louis-Frédéric qui tiendront les rôles principaux. Les deux benjamins, Jean-Charles et Frédéric ne feront qu’un bref passage dans l’entreprise familiale.
L'entreprise change de nom et devient Japy Frères. Elle emploie 500 ouvriers.
Les fils puis leurs descendants diversifieront l'activité dans de nouveaux domaines comme la serrurerie (1816), la quincaillerie (1822), les plaques publicitaires ou de rue émaillées (1824), les articles de cuisine en fer battu et en tôle émaillée qui les feront connaitre du grand public (1825), les moulins à café (1848), les pompes manuelles et électriques (1850), moteurs thermiques (de 1890 jusqu'en 1940) et électriques, articles de bureau... La liste est aussi longue que variée. Il fabriqueront également au titre de l'effort de guerre lors du premier conflit mondial les casques Adrian équipant l'armée française (2,5 à 3,5 Mio d'unités), des quarts et des obus.
L'éclatement des Etablissements Japy Frères en 1955 donne naissance à quatre sociétés indépendantes et entraîne l'abandon du département horlogerie, qui est cédé à la société Jaz de Wintzenheim (68).
La société de Mécanographie Japy reprend les activités de l'ancien département machines à écrire.
Toute la fabrication de ces machines, dont l'usinage des pièces s'effectuait à Beaucourt et le montage à Arcueil (94) , est regroupée dans l'usine des Fonteneilles.
La société ést rachetée en 1971 par la société Hermès-Paillard.
La société d'Electromécanique Japy reprend la fabrication des moteurs électriques, alternateurs, groupes convertisseurs, mais aussi des pompes semi-rotatives pour eau et hydrocarbures.
Elle occupe l'usine de la Fonderie ainsi que l'usine des Prés, l'usine de la gare et une partie du site des Fonteneilles.
Elle sera absorbée par Alsthom en 1959 et donnera naissance à la Société Beaucourtoise de Moteurs (Sobemo), contrôlée par Alsthom et sa filiale Cie Générale d'Electricité (CGE).
L'usine cesse en 1964 la fabrication des pompes et cède cette activité à la société d'Equipements Ménager Japy.
En 1965, Sobemo change de nom et devient Unelec qui sera absorbé par Alsthom-Atlantique en 1980.
Rebaptisée CEB (Constructions Electriques de Beaucourt) en 1982, la société devient société anonyme en 1984, filiale du groupe Leroy-Somer et est depuis 1990 propriété du groupe américain Emerson.
La société d'équipement ménager Japy reprend la fabrication des articles ménagers et la quincaillerie. Elle exerce son activité dans l'usine du Gros-Prés , celle de la Casserie et une partie du site de la Feschotte du Haut
A partir de 1957, la société produit des vis à tête cruciformes (brevet Philips) destinés à la construction mécanique et reprend à partir de 1964 la fabrication des pompes semi-rotatives Japy cédée par la société d'Electromécanique Japy.
En 1963, La société d'équipement ménager Japy change de nom et devient Japy-Marne.
En 1968, l'usine de L'Isle-sur-le-Doubs spécialisée dans la visserie est cédée au groupe GFD (Générale de Forgeage et Décolletage).
Devenue propriété du groupe italien Fontana, elle ferme ses portes en 2009
La liquidation judiciaire de Japy Marne sera prononcée en 1979, et avec elle s'éteint alors le dernier morceau de l'empire Japy.
Pour autant, ce ne sera pas la fin de toutes ces activités, les fabrications les plus viables seront reprises par les employés qui se regroupent et créent deux SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production).
La première dénommée Japy Pompes reprend l'activité pompes de Japy-Marne et se spécialisée dans le pompage et le comptage de fluides.
Elle est établie à Feschles-le-Chatêl dans dans un des bâtiments de l'usine de la Casserie et produit toujours les pompes semi rotatives qui restent un produit phare dans le monde industriel.
En 2011, Japy Pompes emploie 12 personnes; elle est toujours en activité en 2020.
Une seconde SCOP reprend reprend en 1983 l'activité produits ménagers et se spécialise dans les articles de cuisson haut de gamme en inox.
Face aux difficultés financières, cette Scop passera en société sous le nom Cristel en 1987 et est aujourd'hui devenu le numéro un des articles de cuisson haut de gamme fabriqués en France.
Frédéric Japy laisse à ses enfants la fabrique d'ébauches de montres qui sera appelée la Pendulerie construite en 1777, une usine à Badevel (Doubs)(serrures, cadenas, visserie et boulonnerie) et l'usine Rondelot à Feschles-le-Chatel (Doubs).
Frédéric Japy sera pour ses employés un patron paternaliste, autant par conviction que parce qu'il avait compris l'intérêt mutuel qu'il y avait pour l'entreprise et son personnel à ce que ces derniers bénéficient de bonne conditions de vie, évitant ainsi les conflits sociaux et permettant de s'assurer une main d'oeuvre fidèle à l'entreprise.
Il ne sera pas le seul à appliquer ces principes et d'autres industriels de la même époque comme les De Wendel, Bata ou encore Peugeot feront de même.
Le coté social de l'entreprise se concrétise avec la construction de cités ainsi que de lieux de culte pour les employés, la construction ou le soutien financier de commerces, d'écoles et dispensaires et la création de caisses de secours mutualistes afin de couvrir les frais médicaux et pharmaceutiques de leur personnel.
La première cité édifiée fut la cité Octave Japy à Fesches-le-Châtel, construite en 1892 -1893.
Bien d'autres suivront jusqu'en 1928 comme la cité ouvrière Japy Frères et Cie (dite cité aux Lannes) en 1899, les cités Pierre Japy et Adolphe Japy à Beaucourt, la cité D à Fesches-le-Châtel, la cité ouvrière Mont-Bart à Bart (1920-1928), la cité des Voironnes (dite cité Bonnami) à Fesches-le-Chatel (1920), la cité pour cadres Japy Frères et Cie à Voujeaucourt (1924), la cité ouvrière Bellevue pour le personnel des usines Japy de la vallée de la Feschotte(1926), la cité ouvrière du Champ de l'oeuil à Fesches-le-Chatel et la cité ouvrière Japy n°4 en 1227
Les Etablissements Japy Frères ont fourni un grand nombre de pompes semi-rotatives manuelles pour l'équipement de la fortification.
Leur gamme de produits comportait aussi des pompes pour puits profond, mais celles ci ne semblent pas avoir été retenues dans le cadre des marchés passés pour l'équipement de la Ligne Maginot.
Pour l'anecdote, ils fabriqueront aussi des casques Adrian mle 1926 en quantité.
Initiale 2020 - Pascal Lambert
Wikipedia
Pompes-japy.fr
Musée Japy
Est républicain.fr
Archives région Bourgogne-Franche-Comté
Contrepoints : Gérard-Michel Thermeau - Les Japy : l’empire horloger des rois de la quincaillerie
Cancoillotte.net