Le mortier de 50 mm modèle 35 appelé aussi en phase conception et étude Lance grenade pour région fortifiée est une arme à tir courbe dont l'étude a été initiée par la MAC ( Manufacture d'Armes de Chatellerault ) dès 1931.
Le général Reibel, employé comme en tant que civil chargé d'études à la MAC, présente en avril 1932 à la Commission d’Expérience de Versailles un lance-grenades de 50mm destiné à la cloche de guetteur fusilier-mitrailleur de régions fortifiées.
Le prototype amélioré est expérimenté au camp de Chalons le 18 juillet 1934.
Cette arme est adoptée officiellement par DM N° 4721-1/12 du 14 juin 1935 sous l’appellation : Mortier de 50 mm Mle 1935
L'emploi du mortier de 50mm modèle 1935 était simple, mais cette arme s'est toutefois révélée très vulnérable lorsqu'elle était mise en place dans le créneau de cloche GFM du fait de sa trop forte exposition aux coups directs de l'ennemi (1).
Calibre: 50 mm
Poids: 11 kg (arme nue, sans support)
Chargement spécial par la culasse
Tir sous angle fixe de 14°, 20°, 45° ou 54 ° selon montage
Variation de la portée par réglage de l'échappement des gaz
Cadence de tir:
- 10 à 12 coups par minute avec un seul servant (cas des cloches GFM),
- 25 à 30 coups par minute avec deux servants (mortier sous casemate).
Portée maximale: 750 m (cloches GFM) / 1065 m (Créneaux de façade)
Portée pratique: 320 m
Portée minimale: 53 m (Cloches GFM) / 69 m (Créneaux de façade)
Le mortier est composé de 7 parties principales, assemblées les unes aux autres.
Pièce repère 1
Longueur initiale de 450 milimètres (augmentée de 240 mm dans le cas du mortier pour créneau pour FM type A )
Le canon est doté d’un pas de vis interrompu (repère 1a) permettant sa mise en place dans le support
Pièce repère 2.
Constitué d’une soupape réglable par vis à pas fin dotée d’une tige graduée (repère 2b) et d’un volant de commande (repère 2c). Le volant est solidaire d’un tambour gradué (repère 2d) divisé en 4 secteurs de 4 graduations (soit 16 divisions).
Coté extérieur, le dispositif est prolongé par le canon. Au dessus de ce dernier, un manchon permet le raccordement du tube d’échappement des gaz.
Coté intérieur, le dispositif est prolongé par la boite à culasse qui est vissée sur un manchon et bloquée par une vis pointeau
En partie basse, elle est dotée d’un anneau (repère 2e) permettant la mise en place d’un dispositif de pointage latéral ainsi que d’un orifice permettant l’évacuation des crasses sous l’effet d’une partie des gaz passant par le logement du percuteur dans la tige de tête mobile.
Pièce repère 3
Vissée sur le dispositif réglable d’échappement des gaz et bloqué par un grain, elle comporte en partie supérieure une large échancrure (repère 3c) permettant de placer le projectile.
Elle est doté de rainures et échancrures permettant la translation de la culasse, son blocage en position fermée (échancrure repère 3b) et son arrêt en position ouverte grâce à l’arrêtoir de culasse (repère 3c).
Elle comporte en partie basse le logement du pontet (repère 3a).
La culasse mise en position arrière dans la boite de culasse permet le chargement de la munition. Une fois celle-ci engagée dans la boite de culasse, la culasse et ramenée vers l'avant et introduit la munition dans le canon. La rotation du verrou de culasse permet de la verrouiller en position chargée.
L'arme est prête à faire feu.
La culasse se compose des sous-ensembles suivants :
La tête mobile (Repère 4)
Elle sert d’appui au culot de la cartouche . Elle comporte la tranche antérieure avec sa cuvette d’amorce (repère 4a), le champignon (repère 4b) , la tige de tête mobile (repère 4c) dotée de 3 tenons permettant l’assemblage de la culasse. C’est dans cette tige que sont logés le percuteur et son ressort et dans lequel le percuteur coulisse.
L’obturateur (repère 5)
Ce joint assure l’étanchéité entre la culasse et la boite à culasse. Il est formé de Dermatine (matière plastique) et comporte une face plane et une face incurvée qui est au contact de la tête mobile.
Le cylindre antérieur (repère 6)
Le cylindre postérieur (repère 7)
Le verrou (repère 8)
Le verrou pouvant effectuer une rotation dans la boite de culasse est doté de tenons (repère 8c) permettant le verrouillage de la culasse en position fermée . Il est doté d'un levier de manoeuvre (repère 8b)
Le manchon (9)
C'est la pièce dans laquelle vient se verrouiller la tige de tête mobile une fois culasse une fois assemblée. Il est repoussé par le ressort d’assemblage(repère 10)
Le percuteur (repère 11)
Le percuteur coulisse dans la tige de tête mobile et est rappelé à sa position de repos par le ressort de rebondissement (repère 12). Son diamètre est réduit sur une partie de sa longueur afin de permettre le passage de gaz provenant de la mise à feu destinées à chasser d'éventuelles crasses et ressortant par l'orifice présent en partie basse du dispositif réglable d’échappement des gaz (figure 1, repère 2)
Le pontet support de mécanisme comporte le dispositif de détente ainsi que les sécurités de tir empêchant la mise à feu.
Le pontet support de mécanisme (repère 13) est doté d’une poignée pistolet et comporte le dispositif de mise à feu et de sécurité de tir et est maintenu en place sur la boite de culasse par la clavette repère 19.
Le mécanisme est composé de la sécurité de tir (pièces repères 14, 14c et 14d), du chien (repère 15) et de son axe (repère 15b), de la détente gâchette (repère 16) avec son axe (repère 16c), de la sécurité bloquant le passage du doigt (repère 18)
Figure 1, repère 20
Celui-ci se fixe par son embase échancrée (repère 20a) sur le raccord du dispositif d’échappement des gaz et traverse le support sur lequel l’arme est mise ne place afin de permettre l’évacuation des gaz vers l’extérieur.
L’étanchéité au niveau de cette liaison est assurée par un joint plastique. Son extrémité extérieure est biseautée.
Chaque utilisation implique un support différent qui est adapté au montage prévu et définit l’angle de tir de la pièce. Les supports comportent un percement pour le passage de l’arme doté d’un filetage interrompu permettant la mise en place de cette dernière par quart de tour. Un second percement permet le passage du tube d’évacuation des gaz, doté en partie supérieure d’une vis permettant le blocage du tube.
Le support comporte, selon le type, une fente ou des orifices permettant la visée.
La coupe ci-dessous est celle d’un dérivé du mortier de 50 utilisé en forteresse, il en diffère par des détails mais permet de comprendre aisément le fonctionnement de l’arme.
Sur cette figure, l’arme est représentée en position chargée, la culasse étant verrouillée. Pour le détail des pièces en jeu, consultez les figures 4 et 5 ci-dessus.
Deux systèmes de sécurité représentés en rouge sont présents.
Sécurité culasse ouverte:
Le premier système interdit la mise à feu tant que la culasse n’est pas verrouillée en position fermée . Cette sécurité est assurée par la pièce repère 14 visible en haut à droite du pontet. Cette dernière appuie alors sur la pièce de sécurité au niveau de l’ergot 14b et celle-ci se déplace alors vers la droite, son taquet 14 a cessant alors de verrouiller le chien (repère 15).
Sécurité de doigt:
Ce système interdit d’actionner la détente gâchette repère 16 lorsqu’il est en position ’sécurité’.
Il est basé sur l’utilisation d’un axe muni d’un méplat (repère 18) visible au milieu du pontet. Lorsque la sécurité est en place (position représentée sur le schéma ci-dessus), l’axe interdit d’actionner la gâchette. De plus, dans cette position la manette qui permet de l’actionner empêche le passage du doigt dans, le; pinte, indiquant ainsi que la sécurité est en place.
Une fois la manette relevée, l’axe tourne et présente alors son méplat du coté de la détente, autorisant cette dernière à basculer suffisamment pour libérer le chien.
La mise à feu n'est possible que si les deux sécurités sont désactivées.
L’appui sur la détente gâchette (repère 16) libère le chien (repère 15) qui sous l’action d’un ressort vient frapper l’arrière du percuteur (repère 11) lequel se déplace alors vers la droite et vient percuter l’amorce de la munition, effectuant ainsi la mise à feu.
Lorsque la culasse est ramenée en arrière, elle repousse le chien et celui-ci vient se revérouiller en position armé, maintenu en place par la sécurité culasse ouverte ainsi que par la détente gâchette .
Le réglage de la portée est effectué par échappement des gaz. Cet échappement est variable et est réalisé par l’ouverture réglable d’une soupape placée dans la boite d’échappement.
Le degré d’ouverture de la soupape se règle par le biais d’un volant de commande agissant sur une tige filetée solidaire de la soupape. Cette tige est graduée et comporte 10 graduations sur la partie dépassant du volant, correspondant chacune à un tour de ce dernier.
Le volant est lui-même solidaire d’un disque gradué divisé en quatre secteurs comportant chacun quatre divisions, soit un total de 16 divisions pour un tour.
La position ouverte de la soupape correspond à «tige 0 et disque 0»; elle donne la portée minimale, , une grande partie des gaz produits s’échappant au travers du dispositif .
La position fermée correspond à «tige 10 disque 0» et donne la portée maximale puisque l’intégralité des gaz produits sont utilisés pour la propulsion du projectile.
Les valeurs indiquées par le disque permettent d'affiner la portée entre deux graduations de la tige.
Dans la version ayant fait l'objet du rapport d'essai, le mortier était conditionné dans une boite métallique comportant le nécessaire d’entretien et des pièces de rechange. Rien n'établi à ce jour que ce conditionnement soit celui définitivement retenu, un conditionnement en boite en bois ayant aussi existé mais pouvant être un reconditionnement postérieur au conflit.
Selon l'instruction provisoire sur l'armement dans les casemates de région fortifiée, le nécessaire d’entretien est constitué de :
Clef spéciale pour le démontage et le remontage de la culasse
Clef spéciale pour la fixation du tube d’échappement des gaz sur le raccord prévu sur le boitier d’échappement des gaz
Crochet extracteur destiné à retire les projectiles engagés dans le canon en cas de long-feu ou d’annulation de tir.
Ecouvillon en acier,
Ecouvillon en soie
Hampe d'écouvillon en une pièce
Crochet de suspension de l'étui de culasse et du crochet extracteur pour l'utilisation dans la cloche GFM type A
Anneau à crochet pour la suspension de la hampe d'écouvillon pour l'utilisation dans la cloche GFM type A
Toujours selon cette même instruction, les pièces de rechanges fournies sont :
Mortier avec bloc-support
Culasse complète dans un étui en toile
Joint du tube d'évacuation des gaz
Clavette d'assemblage du pontet
4 ressorts d’assemblage de la culasse
2 percuteurs
4 ressorts de percuteurs
4 obturateurs en Dermatine
2 axes pour le chien
2 ressorts de chien et de détente
La dotation prévue en 1936 était répartie de la façon établie par le tableau suivant daté de juillet 1936. On notera la séparation par type d’emploi, région et ancien ou nouveaux fronts et que ce tableau ne tient pas compte de certains des montages en cours d'étude comme le créneau de FM type A.
A cette même date, 1 150 mortiers avaient été mis en fabrication.
1008 mortiers avec supports pour cloches GFM type A (2)
6 mortiers avec supports pour montage sous tourelle arme-mixte et mortier de 50 (TAM50)
14 mortiers pour montage sous casemate.
C’est un total de 1564 mortiers modèle 1935 que les établissements privés suivants fabriquèrent :
Etablissements Rivoire et Marx à Saint-Etienne
Etablissements Bardet à Paris
Compagnie Générale de Construction de Locomotives
Ces armes sont matriculées de 1 à 1479, auxquels il faut ajouter 85 mortiers pour cloches spéciales matriculés de 1 à 85.
La MAC ne fabriqua que les prototypes et les exemplaires nécessaires à la mise au point de ce matériel.
Les différents montages réalisés ou prévus sont détaillés dans la page Mortier de 50 - Montages du Dico
Le mortier de 50mm Mle 1935 tire les projectiles empennées de 50mm FA Mle 1935 et Mle 1938.
Ces munitions sont décrites dans la page Munitions du mortier de 50 mm mle 1935
Pascal LAMBERT avec (heureusement) l'aide précieuse de Eric KLAMEREK
DGA - Notice provisoire sur le fonctionnement du service dans les casemates de région fortifiée - Projet pour le chapitre V du titre III - Mortier de 50 mm mle 1935 - Janvier 1936
DGA - Notice provisoire sur l’armementen service dans les casemates d’infanterie de régions fortifiées du 12 aout 1937
La manufacture d’armes de chatellerault 1819-1968 – Claude Lombard - Editions Brissaud 1987
SHD 7 N 3787 - Lettre 147 T:3 du 3 juillet 1936 - Gal Belhague - Etat des besoins
Note 20.391-3/12 du 29 juin 1936 - Direction des fabrications de l’armement
Philippe Truttmann,
Alain Hohnadel,
Eric Klamerek,
Pascal Lambert
Support pour créneau de porte.
7 messages, le dernier est de Pascal le 29/10/2021
Mortier de 50 mle 1935
6 messages, le dernier est de Pascal le 06/07/2016