Pour illustrer ce paragraphe, nous vous invitons à vous référer au plan d'un magasin M1 type et des magasins M1 des ouvrages de Soetrich et de Bréhain proposé dans l'onglet 'documents' de cette page.
Le magasin M1 est le magasin à munitions principal des ouvrages de la fortification Maginot. Il renferme à lui seul environ la moitié de la dotation de l'ouvrage en munitions d'artillerie comme d'infanterie.
Ce magasin est greffé sur la galerie principale de l'ouvrage à proximité de l'entrée munitions.
Il est normalement constitué de deux galeries parallèles reliées entre elles par les alvéoles (ou cellules) servant au stockage des munitions.
- des locaux techniques en entrée ou dans la galerie semi-circulaire
- une galerie de liaison pour piétons, en début de magasin, permettant d'aller de la galerie d'arrivée à la galerie de départ.
- deux rideaux métalliques coulissant permettant d'obturer chacune des deux entrées du magasin.
La protection contre l'incendie qui était le principal risque identifié n'ayant pas été traitée par la CORF a été définie par la STG dans la Notice relative à la protection contre l'incendie des cellules à poudre des magasins M1 des ouvrages de fortification (n° 4929 2/4 S) parue le 19 Juin 1936.
Cette notice décrit un système d'extinction automatiques permettant aussi d'isoler les alvéoles entre elles grâce à des rideaux d'eau alimentés depuis des réservoirs sous pression, mais ces prescriptions sont toutefois restées lettre morte puisque ce type de système - supposé d'être installé à partir de 1938 - n'a à priori été mis en place dans aucun ouvrage, ou dans un nombre limité.
A ce titre, le livre "Combat sur la ligne Maginot" de Mr R. Rodolphe décrit la présence d'un tel système dans le magasin de l'ouvrage du Hochwald. Signalons aussi le rapport du Cne Kasper commandant le Génie de l'ouvrage d'Anzeling, qui confirme l'existence d'un tel dispositif dans son ouvrage mais limité à une seule cellule du M1, celle qui stocke la poudre (gargousses de 135 mm).
D'autres dispositifs avaient été envisagés mais sont aussi restés sans suite comme par exemple celui de l'ouvrage du Galgenberg qui bien que doté d'une réserve d'incendie de 40m3 installée à mi-hauteur du puit de l'un des blocs n'est pas équipé du réseau d'incendie qui aurait du desservir le magasin M1.
Afin de parer les effets dévastateurs du souffle en cas d'explosion, les galeries donnant accès au magasin forment un angle avec la galerie principale permettant d'orienter le souffle vers l'entrée munitions dont les portes sont laissées ouvertes tant que l'ouvrage n'est pas attaqué par les gaz.
Un Dispositif d'obturation (communément appelé porte pare-souffle) installée dans la galerie entre le M1 et le reste de l'ouvrage permet d'isoler la partie avant (blocs, usine et casernement) de la partie arrière et de limiter à cette dernière les effets d'une explosion dans le magasin. Ce dispositif dont le déclenchement est manuel est actionnée par le personnel du M1 en cas de début d'incendie dans le magasin.
Par ailleurs, les renfoncement situés dans les galeries du magasin face à chaque alvéole et où sont stockées les caisses de munitions vides permettaient elles aussi d'absorber une partie des effets du souffle en cas d'explosion dans une alvéole.
Pour éviter tout risque lié aux munitions sensibles et aux artifices, ceux ci sont stockés séparément des munitions classiques dans des locaux distants du magasin M1. Ces locaux nommés Annexes M1 sont de petites alvéoles de quelques mètres carrés chacune réparties le long d'un couloir et très espacées les unes des autres de manière à limiter le potentiel contenu dans chacune et éviter l'explosion des alvéoles voisines par sympathie en cas de déflagration dans l'une d'entre elles.
La gestion et la compatibilité mutuelle de stockage entre les différents types de munitions était décrite dans une notice "Instructions provisoires sur les services de l'artillerie dans les ouvrages..." qu'on trouvera dans la section Documents de cette fiche.
Le fonctionnement du magasin M1 est assuré par le Service des Munitions composé de personnels de l'artillerie placés sous les ordres directs de l'officier chef du Service de l'Artillerie ayant son bureau au M1. Ces personnels sont chargés de la gérance du magasin M1, de son approvisionnement depuis l'extérieur et de de la fourniture des munitions nécessaires pour les magasins M2 des blocs. Ils sont aussi responsables de l'évacuation des caisses de munitions vides et des douilles usagées.
Le magasin M1 est approvisionné en munitions depuis l'extérieur, soit par des plateformes Péchot Mle 1888 circulant sur voie de 60 pour les ouvrages raccordés au réseau militaire extérieur, soit par camion dans le cas contraire. Les plateformes Péchot pénétraient dans l'ouvrage et étaient prises en charge au niveau de la gare de l'entrée munitions par un des locotracteur de l'ouvrage pour être poussées jusqu'au magasin M1. Dans le cas de la livraison par camion, ceux ci étaient déchargés dans le hall d'entrée de l'ouvrage et les munitions chargées sur des wagonnets de l'ouvrage pour être acheminées jusqu'au magasin M1.
Le quai de déchargement utilisé pour les opérations d'approvisionnement depuis l’extérieur était celui de la galerie du M1 la plus proche de l'entrée munitions, l'autre quai étant réservé aux opérations d'approvisionnement des magasin M2 des blocs de l'ouvrage via les wagonnets Mle Nord-Est internes à l'ouvrage. Les rames de wagons Péchot étaient refoulées dans le magasin en marche arrière, les locotracteurs n'ayant pas le droit d'y pénétrer du fait des étincelles qu'ils produisaient au niveau de la caténaire et des risques que cela présentait au niveau incendie. Les wagons étaient ensuite poussés à la main ou, dans les magasins les plus importants, tractés par des cordes grâce à un système de cabestans motorisés installés dans une des niches face aux alvéoles.
Seuls douze ouvrages d'artillerie tous situés dans le Nord Est ont été dotés d'un magasin à munitions M1. Sur ces douze magasins, tous correspondent aux besoins effectifs des ouvrages tels que construits mais certains auraient du être étendus si les blocs dont la construction prévue 2° cycle avait été réalisée.
Ces magasins M1 sont souvent cités comme 'inachevés', ce qui n'est dans les faits pas le cas. En exemple:
Ouvrage de Fermont
Le magasin M1 serait passé de 2 cellules complètes et 2 partielles à 3 cellules complètes et 3 partielles.
Ouvrage de Latiremont,
Une cellule partielle du magasin M1 aurait été transformée en cellule complète
Ouvrage d'Anzeling
Le magasin M1 aurait compté une cellule complète de plus.
Ouvrages du Simserhof et du Hochwald
Les magasins M1 auraient compté 2 alvéoles de plus.
Ouvrage du Galgenberg
Le magasin aurait été complété d'alvéoles supplémentaires si la Bretelle de Cattenom avait été construite ( à vérifier).
Ouvrage du Hackenberg
Ouvrage du Hochwald
Ouvrage du Simserhof
Ouvrage de Métrich
Ouvrage de Rochonvillers
Le magasin est cintré entre la 1° et la 2° alvéole, pour permettre de s'insérer entre les galeries de l'EH et de l'EM.
Ouvrage de Molvange
Ouvrage de Bréhain
Ouvrage d'Anzeling
Ouvrage de Latiremont
Ouvrage de Fermont
Ouvrage de Soetrich
Ouvrage du Galgenberg
Le magasin est constitué de deux cellules complètes et d'une demi-cellule
Il ne possède qu'une seule galerie d'approvisionnement pour alimenter ses 2 alvéoles et demi de stockage. Une galerie piétonne de liaison relie l'arrière des alvéoles.
Dans les ouvrages non dotés de magasin M1, les munitions dont le stockage était initialement prévu dans le magasin M1 sont stockées dans les magasins M2 en supplément de la quantité qui y est normalement prévue.
Dans ce cas, les alvéoles des magasins M2 étaient de taille double par rapport à celles d'un M2 d'ouvrage disposant de M1, soit typiquement 15m de profondeur contre 7 normalement.
Pascal Lambert
Derniers documents rajoutés Magasin M1 & annexes
14 messages, le dernier est de jolasjm le 09/07/2016