Ligne Maginot - PONT SAINT LOUIS (Barrage Rapide)



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PONT SAINT LOUIS (Barrage Rapide)

( Blockhaus pour canon )









Secteur Fortifié
SFAM - SF Alpes-Maritimes

Sous Secteur
Corniches

Quartier
Menton

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
1933

Commune
MENTON (06500)

Lieu-dit / Parcelle
Pont Saint Louis

Coordonnées
43.786404 - 7.529229

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Notes et informations



ARMEMENT, Infanterie

L'armement du Barrage Rapide de Pont Saint Louis était le suivant :
- Un créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 37 mm
- Un créneau pour fusil mitrailleur/observation
- Une goulotte lance grenade

La commande de mise à feu du dispositif de mine préparé (DMP) du carrefour de Garavan se faisait à partir de l'avant poste.


CONSTRUCTION, Cout

L'ouvrage a été construit pour un coût de 340 000 de francs de l'époque.


CONSTRUCTION, Description

Le barrage rapide de Pont Saint Louis est composé d'un blockhaus d'infanterie d'action frontale au standard CORF, d'une entrée séparée et d'une barrière de route.

L'entrée présente la particularité de faire face à la frontière.

La barrière antichar était renforcée par des jambes de force et doublée par deux rangés de 6 trous dans la chaussée prévus pour y loger des piquets Ollivier (Voir le glossaire du site).


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'équipage de Pont Saint Louis était composé d'un officier, d'un sous-officier et de sept hommes, originaires du 96° BAF

-Sergent BOURGOIN,
-Caporal Lucien ROBERT
Alpins
-Gaston CHAZARIN,
-Marcel GUZZI,
-Nicolas PETRIO,
-André GARON,
-Paul LIEUTAUD

Il était commandé par l'adjudant GOUEZ puis à partir du 17 juin 1940 par le sous-lieutenant Charles GROS.

L'adjudant GOUEZ, sous officier estimé, a été relevé de son commandement par le Gal MONTAGNE le 17 juin pour avoir laissé passer deux officiers italiens qui, sous couvert de vouloir parlementer avec un officier des conditions de l'armistice, ont pu passer l'avant poste en se dirigeant vers l'ouvrage de Cap Martin et profiter de ces circonstances pour reconnaitre les abords de l'avant poste et les destructions effectuées.


EQUIPEMENT, Electrique

Le barrage rapide n'étant pas raccordé au réseau électrique civil ni équipé de groupe électrogène, est dépourvu de toute installation électrique.
L'éclairage était assuré par des lampes à pétrole et la ventilation par un système de ventilateur à pédalier.


EQUIPEMENT, Transmissions

Le barrage rapide était équipé d'un poste émetteur récepteur OTCF (Ondes Trés Courtes de Forteresse) fonctionnant entre 40 et 75 MHz
Il était relié au réseau téléphonique de la fortification Maginot par un câble souterrain cheminant le long de la route.

Ce câble a été coupé lors de la mise à feu de la DMP de Garavan le 10 juin et réparé le 12 juin par les sapeurs téléphonistes du Génie


EQUIPEMENT, Ventilation

Le blockhaus était équipé d'un système de ventilation à pédalier type B .
Un filtre permettait de se prémunir contre les attaques par gaz.


ETAT ACTUEL , Etat - utilisation actuelle

Cette construction était propriété des Douanes (Domaine public de l'état), qui ont accepté de le rétrocéder à la commune de Menton.

Il a été sauvegardé en 1995 par Raymond CIMA avec l'aide de Michel TRUTTMANN qui ont créé l'association AMICORF.

2015 - Aujourd'hui l'ouvrage de Pont St Louis souffre de mouvements de terrain qui empêchent la fermeture de la porte d'entrée. Sans travaux importants concernant la reprise de sa façade, il est condamné à terme, cette dernière s'affaissant progressivement.

A noter qu'en fin d'année, des travaux de remise en état ont été réalisés, incluant notamment la réfection/fermeture de sa porte.

2023 - Suite aux mouvements du terrain et à la dangerosité qu'ils occasionnent, l'ouvrage n'est plus visitable et son matériel sera enlevé.
Source(s) :
AMICORF



HISTORIQUE, Chronologie

L'équipage du Barrage Rapide du Pont Saint-Louis sera cité à l'ordre de l'Armée en date du 28 juin 1940 :

« Garnison 117 (96e BAF)
Sous les ordres du sous-lieutenant Gros Charles, ayant pour mission d’'interdire le passage du Pont Saint-Louis et de la route entrant en France et ayant été encerclée peu après le début des hostilités avec l'Italie, a continué à assurer sa mission jusqu'à la signature de l'armistice en infligeant des pertes à l'ennemi. Soumise à un violent bombardement d'artillerie puissante n'a pas failli, bien que pouvant se croire entièrement sacrifiée.
Après l'armistice a continué encore à imposer le respect de sa mission à l'ennemi qui ne pouvait ni ouvrir la barrière coupant la route ni relever le champ de mines antichars, si bien que l'adversaire a admis sa relève par une troupe en armes de même effectif.
Général René Olry
général commandant l'Armée des Alpes »
Source(s) :
wikipedia


Le blockhaus passe en état de guerre le 10 juin 1940, date de la déclaration de guerre de l'Italie à la France.
La barrière de route sera fermée ce jour à 18h30 et le dispositif de DMP du carrefour Garavan actionné à 19h15

Extraits du journal du sous-lieutenant Charles Gros, commandant du barrage rapide du pont Saint Louis :

20 juin 1940 :
Vers 8 heures du matin, un colonel du Génie italien et quelques hommes sont aperçus dans la baraque des gendarmes près du pont. L'alerte est donnée : 'Tout le monde dedans'.
A 8 h 20, un coup de mortier retentit et 200 hommes en colonne débouchent, appuyés par le feu de deux mitrailleuses. Vite un coup de téléphone au Cap- Martin pour faire tirer le 75 du bloc de barrage. Le sergent Bourgoin utilise le FM et tire 15 chargeurs. Les Italiens refluent, abandonnant morts et blessés. A 9 h, un petit drapeau blanc se montre : ils reviennent chercher les leurs. L'ouvrage laisse faire les brancardiers. Cap-Martin tire par intermittence autour de l'ouvrage pendant la journée.

23 juin 1940 :
A 10h50, une attaque se précise par derrière, venant du boulevard de Garavan. Les Italiens arrivent par les WC. Par le périscope fait d'une glace placée au bout d’un bâton, le sous-lieutenant observe l'approche. L'ennemi lance des grenades puis monte à l'escalade par les WC, par le mur de soutènement et par la douane. Il est à 3 mètres de l'ouvrage. Nos FM tirent sans arrêt et nos grenades jaillissent. En 20 minutes tout est réglé : le combat prend fin.
Désormais, les Italiens sont circonspects.

25 Juin 1940 :
Jour de l'armistice.
A 6h, les Italiens essaient de lever la barrière du pont. Une rafale les dispersera.
A 7h30, cinq cyclistes viennent par la route, côté France. Une nouvelle rafale les couche au sol.
A 8h15, un officier et un homme, sans casque, apparaissent au bas Aquarone. L'officier s'avance vers le pont. On n'entend plus aucun bombardement. Il y a donc quelque chose d'insolite.
A 8h45, un immense drapeau blanc apparait. 7 à 8 officiers et 250 hommes armés s'avancent. Le sous-lieutenant Gros décide de sortir seul et interpelle le chef, un colonel de Génie. Celui-ci annonce la signature de l'armistice. Le sous-lieutenant Gros, perplexe, l'invite à se retirer et menace d'ouvrir le feu. Les Italiens finissent par céder.
A ce moment-là, deux officiers français de liaison arrivent. L'ouvrage du pont Saint-Louis est resté inviolé.

Et deux jours durant, sa garnison montera la garde, interdisant tout transit aux Italiens déjà installés dans Menton.
Avant de se retirer, l'équipage emportera ses armes et fermera la porte de l'ouvrage au nez des adversaires en emportant la clé.

Voir le témoignage complet du SLt Charles Gros sur wikimaginot.eu
Source(s) :
Journal du sous-lieutenant Charles Gros, commandant de l’'ouvrage d'’avant poste du pont Saint Louis


Aprés l"armistice, l'ouvrage sera utilisé par les italiens dans le cadre de la propagande du régime.

Des cérémonies seront organisées et une sépulture-monument à la gloire des troupes italiennes érigée.

Après guerre, le service des Douanes demande en 1949 la destruction du massif bétonné de réception de la barrière roulante, qui empiète d'un bon mètre et demi sur la chaussée et qui constitue un gène à la circulation à la frontière. L'état-major estime à l'époque que la barrière doit encore pouvoir être activée et n'autorise cette destruction que sous réserve que les Ponts et Chaussées construise à ses frais un bâti métallique de réception de la barrière côté aval. L'affaire reste sans suites à l'époque, mais 6 ans plus tard (en mai 1955), le service des Douanes revient à la charge du fait du flux routier touristique croissant.

La réponse initiale de la Direction du Génie de Nice est de reprendre textuellement les échanges de 1949 et d'appliquer le principe "même motif, même punition"... Mais sous la pression des autorités civiles locales, le commandement du Secteur de Défense des Alpes finit par céder(*) et accepte la destruction du massif sans remplacement, mettant un terme à la carrière pratique de cette barrière mobile.


(*) au motif du fait que "... l'obstacle est de peu de valeur..." (sic)
Source(s) :
SHD - 4V1096



HISTORIQUE, Construction

Le barrage rapide de PONT SAINT LOUIS est envisagé sous la forme d'un avant-poste alpin dés les études de défense de la frontière Sud-Est effectuées sous la direction du général DEGOUTTE en 1926-27. Il est intégré dans le programme de défense de Nice, mais se trouve rejeté à une date ultérieure dans le cadre du programme réduit de défense approuvé en Septembre 1927.

Suite à la prise de contrôle de la conception de la défense des Alpes par la CORF, ce sujet revient sur la table au travers d'une demande de définition d'un programme général de destructions et barrages de route pour les Alpes-Maritimes. Cet avant-projet général est défini par la Délégation locale CORF (CG de Nice) le 1er Novembre 1929. La localisation alors de ce barrage de route n'est pas là où on le connait actuellement, mais plus en arrière au niveau de la douane moderne. Cette localisation est reconnue par le Mal PETAIN lors de son importante reconnaissance de 1930 dans les Alpes-Maritimes dans le cadre des arbitrages du conflit entre la CDF/CORF et l'état-major de l'armée des Alpes. Le maréchal suggère à cette occasion de rapprocher cette construction au plus près de la frontière devant le Pont Saint-Louis.

L'ouvrage de PONT SAINT LOUIS est proposé par le Gal DEGOUTTE dans la liste de 7 avant-postes prioritaires à construire par la MOM début Juin 1930 (fruit de la négociation entre le Gal et le Mal PETAIN pour faire valoir ses idées). Mi-juillet, l'Etat-Major de l'Armée sort cet avant-poste de la liste prioritaire de DEGOUTTE pour le transférer sous responsabilité de la CORF car cette même position fait partie des barrages de route prioritaires du programme de défense des frontières.

L'avant-projet de Barrage Rapide sur ces nouvelles bases CORF date du 18 Juillet 1930. Ce projet est approuvé sous fortes réserves le 8 Septembre 1930 (DM 2148 2/4-S). Il lui est reproché une barrière coulissante trop faible, mal ancrée à son extrémité côté mer, et un blockhaus de défense sous protégé (mur exposé de 0,6 m d'épaisseur de béton, incapable de résister au tir de canons de chars lourds) et sous armé avec simplement des FM. Il est suggéré de passer les murs du blockhaus à 1 m d'épaisseur et de revoir le principe de la barrière. Enfin, il est recommandé de déplacer la barrière de quelques mètres vers le blockhaus pour éviter d'avoir à construire un logement souterrain mais plutôt à la place un bâtiment contre la paroi, défilé et moins couteux.

Le marché de construction du gros-œuvre est approuvé le 29 Novembre 1930, et passé à l'entreprise De LORENZI de Nice le 21 Janvier 1931. Celui de la barrière effaçable est confié à l'entreprise DUFOUR & MARTIN. Le chantier démarre sur place le 2 Mars 1931.

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L'affaire du rocher :

Les travaux à peine engagés côté barrière mi-Mars, le Génie constate la présence d'une fissure importante et récente dans le rocher surplombant le local futur de la barrière et pouvant même atteindre la douane en cas de chute. Le bloc près à se détacher représente 1000 m3 de roc... Il faut donc purger d'urgence le rocher, et les travaux de construction du local pour la barrière sont arrêtés derechef.

La question intéresse quatre administrations, ce qui va rendre les palabres autour de cette affaire plutôt longs… Si on s'accorde assez vite sur qui fait le travail (les Ponts et Chaussée ont l'habitude de traiter cela et l'armée refuse de le faire compte tenu de la proximité de la frontière et le risque d'incident diplomatique), la question de qui paye quelle part de la dépense est épineuse : l'armée vient juste d'acheter le terrain, donc le rocher dangereux lui appartient, les Douanes et la Sureté (Intérieur) possèdent le bâtiment le plus proche du point de chute du rocher et susceptible d'être endommagé, et la route (Ponts et Chaussées) sera dans tous les cas endommagée elle aussi…

Dans ce contexte, les autorités civiles s'attendent à ce que l'Armée prenne à son compte la moitié de la dépense (20.000 Fr) au motif qu'il est probable que cette fissure soit apparue suite à l'amorce des travaux militaire... Le Génie ne l'entend évidemment pas de cette oreille, mais finit par céder quatre mois plus tard au regard de l'urgence de la chose. Les choses trainent malheureusement encore en longueur car dans l'intervalle, les Ponts & Chaussées ont remis en cause leur accord initial de réaliser les travaux devant la prise de position des Douanes de leur présenter la facture des réparations si un incident durant la purge du rocher devait endommager leur bâtiment ! Excédé de ces arguties, le ministre de la guerre finit par écrire directement à son homologue des Ponts & Chaussées le 3 Novembre 1931 pour que cette affaire soit enfin soldée.

Elle le sera en fin de mois, l'accord trouvé confiant bien au Ponts & Chaussée la réalisation du travail, mais au prix d'une augmentation de la cote part du ministère de la Guerre, qui passe de 20.000 à 30.000 Fr !

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Les projets amendés se succèdent de leur côté jusque fin 1931. En Octobre, la CORF change son fusil d'épaule : alors que jusque là il n'avait pas été jugé utile d'équiper les barrages rapides d'un canon antichar, le Génie impose cela dorénavant. Or seul barrage rapide alors en construction à cette date est celui de PONT SAINT LOUIS, et les travaux de fouilles et de revêtement sont achevés. Comme la chambre de tir du blockhaus ne fait que deux mètres de profondeur et qu'il n'est pas question de tout casser pour recommencer, pas question d'accommoder un 47mm AC… Il va falloir se rabattre sur l'ajout d'un 37mm, plus petit. Début 1932 donc, la décision est prise de remplacer les créneaux FM par des trémies n°1 permettant l'ajout d'un JM et d'un canon antichar de 37mm. Cette disposition est approuvée par le Génie ultérieurement.

Un nouveau projet d'aménagement du blockhaus défensif, présenté par la DTF de Nice en Septembre 1932, propose :
- le retour de l'un des deux créneaux JM à un simple créneau FM/Observation permettant de gagner de la place et de réaliser l'observation du champ de tir.
- la mise en place d'une fosse sous radier pour recevoir les étuis de JM et douilles du canon de 37mm.
- l'adjonction d'une filtration simplifiée et non standard dans une niche dans le couloir parallèle à la falaise.
Ce projet sera approuvé en Octobre 1932 sous réserve de la mise en place d'une filtration standard dans un local à rajouter au plan de l'ouvrage dans l'axe du couloir d'entrée.

Fin Aout 1932, les locaux souterrains et le bloc actif sont achevés, mais le logement de la barrière et l'installation de celle-ci est en retard, arrêtés le temps que les Ponts & Chaussées ne purgent le rocher avoisinant ceux-ci. L'avancement global du gros-œuvre est estimé à 88%. L'équipement du blockhaus s'étalera sur une bonne partie de 1933, et il sera considéré "occupable" en Avril 1934.

Les embrasures furent modifiées et pour le canon de 37 AC, une trémie modèle 1929 type 1 est mise en place. Cette trémie présentant un champ de tir réduit interdisant au canon de couvrir la route jusqu'à la frontière, la Direction des Travaux de Nice demande de remplacer cette trémie par une trémie de type 2 offrant un débattement vertical de l'arme plus étendu (pour les détails, voir les trémies mle 1929 dans la partie wiki du site). Cette modification sera faite en 1934 et le barrage rapide de Pont Saint Louis recevra enfin son armement définitif; un canon antichar de 37 mm, un jumelage de mitrailleuses Reibel MAC31 et un FM24/29 sous béton

Un projet du 14 mars 1940 portant sur la création de locaux supplémentaires ne sera jamais réalisé.
Source(s) :
SHD - 2V246, 2V260, 9NN4449





Fils de discussion



A propos du monument du Pont Saint-Louis
2 messages, le dernier est de Azogue le 30/10/2023

Citerne ?
6 messages, le dernier est de jolasjm le 23/10/2023

pont saint louis effectif
2 messages, le dernier est de Pascal le 20/12/2022

barrière antichar
4 messages, le dernier est de alainH le 14/12/2021

Ouvrage d'infanterie ?
5 messages, le dernier est de jolasjm le 05/04/2021



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